La blancheur qu’on croyait éternelle

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La blancheur qu’on croyait éternelle
Virginie Carton
Stock
Roman
224 p., 18 €
ISBN: 9782234076204
Paru le 19 mars 2014

Où?
Principalement situé à Paris, le roman fait des escapades à Deauville, sur une plage du Sud de la France, en Bretagne et à Avignon.

Quand?
De l’hiver 2009 à l’été 2010, le récit propose aussi quelques retours en arrière sur les épisodes marquants de l’enfance et de la vie des deux principaux protagonistes.

Ce qu’en dit l’éditeur
Mathilde aimerait bien devenir chocolatière mais elle est trop diplômée pour ça. Elle ne sort pas beaucoup et n’aime pas se déguiser. Ce qu’elle préfère, c’est regarder le concours de Miss France à la télé en mangeant des palets bretons trempés dans du lait. Quand elle avait sept ans, Mathilde a été traumatisée par la mort de Romy Schneider. À trente-quatre ans, elle pense encore à Julien, et Éléonore, sa meilleure amie, est décidée à lui trouver un bon parti.
Lucien est pédiatre, il aime les films avec Jean-Louis Trintignant, et Deauville. Il n’aime pas tellement danser. Ça remonte à son enfance, à l’époque des premières boums ratées. Chaque année, au Nouvel An, il envoie une carte de voeux à ses parents. À trente-cinq ans, il est célibataire. Il aimerait bien que ça change. Mais il n’est pas très à l’aise avec les SMS, alors c’est pas gagné.
Mathilde et Lucien habitent le même immeuble mais ne le savent pas.
Un jour, le nouveau voisin les invite à sa soirée déguisée. La Blancheur qu’on croyait éternelle est l’histoire de deux solitudes, deux sentimentaux perdus dans un monde plus vraiment sentimental.

Ce que j’en pense
****

« On porte en soi des images de films, des chansons qui surgissent à des moments inattendus de nos vies, qui font de nous quelqu’un ayant appartenu à une époque. Il nous reste des empreintes de ces histoires qui nous ont marqués, de ce temps où nos vies étaient vierges et où l’on croyait la blancheur éternelle. On voulait que notre vie ressemble à ce moment là, à ce plan parfait. » C’est Virginie Carton elle-même qui nous donne les clés de ce roman, tout en nous expliquant le titre emprunté à Alain Souchon. Le chanteur fera du reste une apparition dans ce roman que j’ai lu d’une traite et qui restera l’un de mes coups de cœur de 2014.
Deux personnages vont se croiser au fil de ces pages. Il y a d’un côté Lucien qui s’imagine bien en Jean-Louis Trintignant, au point de louer une Ford Mustang 1966 pour aller se promener sur la plage de Deauville. Mais rien ne se passe comme dans le film…
De l’autre côté, il y a Mathilde, tombée amoureuse de la Romy Schneider de César et Rosalie, une référence qui manquera à sa coiffeuse bien décidée à lui faire une tête de Sissi. Deux solitudes qui sont à la fois si proches et si lointaines. Lucien et Mathilde habitent le même immeuble, vont se retrouver sans vraiment pouvoir faire connaissance lors de la soirée costumée organisée pour faire connaissance avec les voisins. Ils vont poursuivre leur existence à la recherche de l’âme sœur, l’un en se distrayant avec ses nouveaux amis, en allant faire un tour du côté du Festival d’Avignon, l’autre en s’appliquant à fabriquer des chocolats, alors que sa mère la voit à un poste de cadre supérieur et en allant retrouver ses camarades de classe lors d’une soirée Copains d’avant. L’occasion pour l’un comme pour l’autre de constater le décalage entre leur vie et celle de leur entourage.
« Le temps pouvait passer, sa vie s’enliser dans un quotidien que rien ne bousculait. Chaque année les arbres demeuraient à leur place, immuables. Chaque année, ils redonnaient des feuilles, des fleurs. Imperturbables aux dépressions des hommes, ils marquaient le retour de la belle lumière, dans un silence plein d’humilité et une constance admirable. La nature était sans nul doute le seul élément de la vie de Lucien qui restait en phase avec ses convictions. »
Accompagnés par la bande-son qui a bercé leur jeunesse, Mathilde et Lucien vont finir par se retrouver et Virginie Carton nous prouver avec un humour léger que la nostalgie est bien ce qu’elle était.


Autres critiques

Babelio
L’Express
Culturebox (FranceTVinfo)

Citations
« Lucien se persuadait qu’il était différent des autres. Contrairement à la plupart des gens qui venaient en touristes, lui avait choisi la saison morte. Aucune cabine de plage n’hébergeait plus de jeune fille lisant face à la mer. Les cafés désertés paraissaient tristes et gris, plus une ombre ne se devinait derrière les vitres assombries et nues de toute publicité. Les volets des maisons normandes, grands ouverts l’été, s’étaient refermés pour l’hiver, et un vilain crachin balayait désormais la digue esseulée, mouillant les traces de neige. » (p. 14-15)

A propos de l’auteur
Virginie Carton est née en 1972 à Lille. Elle écrit ses premiers poèmes à 8 ans, son premier roman à 12 ans à la main sur des cahiers qu’elle envoie en cachette à Jean-Claude Lattès…(!) A 15 ans, elle découvre les livres d’Henri Troyat et entame avec lui une correspondance. Dans l’une de ses lettres, l’écrivain lui conseille de ne jamais cesser d’écrire : « l’écriture vous procurera de grandes joies tout au long de votre existence ». Des mots qu’elle n’oubliera pas.
Passionnée de littérature, elle passe un bac philo, entreprend des études de lettres modernes, écrit parallèlement deux recueils de poésie – à 19 ans, elle est finaliste du prix de la vocation poésie de la Fondation Bleustein Blanchet et publie quelques poèmes dans la revue Après dissipation des brumes et brouillards matinaux -, puis obtient une maîtrise de communication. Elle commence sa vie professionnelle au service communication du théâtre (La Métaphore) dirigé par Daniel Mesguich, fait un bref passage au service de presse de TF1. En 1996, elle devient journaliste à La Voix du Nord. De 2002 à 2013, elle y sera chroniqueuse musicale.
Elle se consacre aujourd’hui à l’écriture.
Son premier roman Des Amours dérisoires a paru chez Grasset en mai 2012. Il a été traduit en allemand et en espagnol. (Source : Site officiel)
Site de l’auteur

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L’Enquête russe [Les enquêtes de Nicolas Le Floch t. 10]

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Les enquêtes de Nicolas Le Floch
L’Enquête russe

Jean-François Parot
Jean-Claude Lattès
Thriller historique
500 p. 18,5 €
ISBN: 2709636940
Paru en janvier 2012

Où?
L’action se déroule en France, principalement à Paris et à Beauvais, Versailles et en Russie, à Tsarskoïe Selo.

Quand?
Nicolas Le Floch enquête en 1782

Ce qu’en dit l’éditeur

1782. La France et les Insurgents américains sont en passe de l’emporter sur l’Angleterre. Le tsarévitch Paul, sous le nom de comte du Nord, séjourne incognito à Paris, étape de son tour d’Europe. Versailles entend se concilier les faveurs de l’héritier de l’empire russe. Nicolas Le Floch reçoit mission de Sartine et de Vergennes de monter un subterfuge lui permettant de gagner la confiance du fils de Catherine II. Qui assassine au même moment le comte de Rovski, ancien favori de la tsarine, exilé à Paris ?
Au cours d’une enquête minutieuse, et tout en participant aux divers événements de la visite princière, Nicolas Le Floch et l’inspecteur Bourdeau vont avancer pas à pas, de surprise en surprise, dans les milieux parisiens du jeu, de la galanterie, du négoce et de l’espionnage. Y a-t-il un lien entre ce crime et des meurtres à l’ambassade russe ? Qui massacre des filles galantes des boulevards ? Quel jeu pratiquent les entours du prince ? Qui est la mystérieuse princesse de Kesseoren, escroc de haut vol ? Que vient faire dans cet imbroglio un agent du Congrès américain protégé par Benjamin Franklin ?
Nicolas parviendra-t-il à dénouer les écheveaux mêlés de ces intrigues ? Quelle découverte lui réserve une quête qui mettra une nouvelle fois en cause ses fidélités ? Entouré des siens sous la houlette incertaine d’un Sartine tortueux, le commissaire des Lumières affrontera périls et trahisons…

Ce que j’en pense
***

Voilà déjà douze volumes des enquêtes de Nicolas Le Floch parus et, bien que figurant depuis de longs mois sur ma liste, je n’avais pas encore eu l’occasion découvrir cette série. Voilà qui est chose faite avec ce volume dont je peux tout d’abord confirmer qu’il peut se lire indépendamment des précédents. On se met d’emblée dans les pas de Nicolas Le Floch dans le Paris de 1782. Le Comte de Rovski y est assassiné au moment où le royaume de France cherche à s’attirer les bonnes grâces de la Russie. Du coup l’enquêteur doit faire preuve de tact et agir avec célérité, car les choses risquent de s’envenimer si on ne découvre pas très vite le fauteur de troubles.
Malheureusement, les choses se compliquent encore davantage avec une série de meurtres successifs. Il est plus aisé de dire des choses nouvelles que de concilier parfaitement et de réunir sous un seul point de vue toutes celles qui ont été dites, dira Nicolas, exposant par la même occasion sa méthode. Elle va faire merveille. Grâce aux indices dont il dispose et aux renseignements transmis par ses informateurs, il va dénouer l’affaire.
Ce thriller au temps de Louis XVI, on l’aura compris, n’a rien à envier aux bonnes histoires à suspense contemporaines. Ici, en revanche, le polar côtoie l’Histoire et nous permet d’une part de comprendre comment l’on vivait à l’époque, mais nous fait aussi découvrir les intenses tractations diplomatiques et le monde du renseignement à cette époque. On y découvre, par exemple, que le réseau français du renseignement tissait sa toile jusqu’à Saint-Pétersbourg. Les informations transmises de Russie seront du reste très utiles pour mettre la main sur un assassin de jeunes femmes à Paris. Même si quelquefois le récit tire un peu en longueur tant les détails foisonnent, gage au reste d’une excellente documentation, on ne peut en tenir rigueur à Jean-François Parot.
On trouve notamment, à côté de quelques recettes de cuisine de l’époque, la chronique des arts et lettres et notamment une critique très pertinentes des Liaisons dangereuses qui venaient de paraître : « Un livre qui a le mérite fort rare dans ce roman par lettres de conserver à chacun de ses protagonistes, en dépit de la multiplicité de leurs origines, son style particulier et son ton distinct. Mais ces menées perverses, cette immoralité dont je n’ignore pas qu’elle est commune aujourd’hui chez ceux qui devraient tenir à honneur de donner l’exemple de leurs mœurs me sidèrent par leur perversité ! » Une remarque qui s’appliquerait fort bien à mon premier roman qui est, rappelons-le, une adaptation moderne de ce roman épistolaire et que je vous invite aussi à découvrir…

Autres critiques
Babelio
L’Express
Le Figaro
Les Echos

Citations
« Après avoir remercié et salué Sanson, ils rejoignirent le bureau de permanence. Nicolas s’attela à la table pour écrire les messages que devait porter Bourdeau à Versailles.
Que dire à Aimée qu’elle ne sût déjà? Que sa charge une nouvelle fois l’empêchait de courir la rejoindre? Que le parfum du jasmin dans l’ombre de son cou le rendait fou? Qu’il l’aimait avec une sorte de désespoir? Il écrivit au fil de la plume avec fièvre. Dans ce désordre, espérait-il, elle saurait déchiffrer l’ardeur soutenue de la passion. Und oute cependant l’effleura alors ques a plume noircissait le papier. Ne jouait-il pas un jeu insincère? Sa charnelle attirance, que rien n’était venu diminuer, n’emportait-elle pas avec elle la passion amoureuse qui avait présidé naguère à leur liaison? Il chassa ses pensées importunes. Il devait pour l’heure ne réfléchir qu’à l’enquête et au cours délicat qu’elle allait désormais prendre. Il serait plus que malaisé de trouver un coupable au sein d’une ambassade étrangère, sous le double contrôle de ses chefs mais encore d’un prince étranger. Un srcupule ressurgit dans son cœur d’honnête homme. D’une certaine manière, hélas, il se savait immanquablement conduit à tromper l’héritier d’un empire qui lui avait sans précaution ouvert ses sentiments les plus secrets. Comment lui, Nicolas Le Floch, marquis de Ranreuil, homme d’honneur, était-il sur le point de se livrer à ce qu’il fallait bien nommer par son nom, un double jeu, une forfaiture ? Que cela se fît au service du roi ne changeait rien à la chose. » (p. 254-255)

Site internet de la série
nicolaslefloch.fr

A propos de l’auteur
Ancien diplomate, spécialiste d’Histoire, Jean-François Parot développe une œuvre qui s’appuie sur la vie et les mœurs du XVIIIe siècle. (Source: Jean-Claude Lattès)
Fiche Wikipédia

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Le retour de Bouvard & Pécuchet

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Le Retour de Bouvard & Pécuchet
Frédéric Berthet
Belfond – coll. Remake
Roman
192 p. 17 €
ISBN: 9782714458735
Paru le 18 septembre 2014

Où?
L’action se déroule en Normandie et à Paris.

Quand?
Ce polar est situé dans les années 80.

Ce qu’en dit l’éditeur
« À sa mort, en 1880, Gustave Flaubert laissait inachevés Bouvard & Pécuchet. On a donc imaginé qu’une centaine d’années plus tard, ceux-ci étaient, un instant, de retour. »
Ainsi Frédéric Berthet présentait-il en 1996 Le Retour de Bouvard & Pécuchet, cinquième et dernier de ses livres publiés en l’espace de dix ans. Cette réédition accompagnée des notes de l’auteur, inédites à ce jour, se propose d’ouvrir une nouvelle perspective. Et, dans ce cas précis, quel meilleur révélateur d’expérience que le, va-et-vient de l’écriture, d’une oeuvre à l’autre ? Bouvard et Pécuchet furent les acteurs d’une farce encyclopédique sans limites. En habits de circonstance, ils traversent ici et sans ambages la scène des années 1980. Un hommage au style de Flaubert comme à l’actualité de son œuvre, sur le mode des contes drolatiques d’autrefois, candides et enfantins.

Ce que j’en pense
***
« Certains personnages traversent, par deux, les siècles : ils sont des archétypes, des mythes littéraires, comme Don Quichotte et Sancho Pança, le docteur Jekyll et Mister Hyde, Sherlock Holmes et Watson, Don Juan et Leporello, le capitaine Achab et la baleine blanche… Bouvard et Pécuchet font partie de cette increvable famille.
Gustave Flaubert songeait à eux depuis longtemps. […] Puis ces deux lascars lui sont apparus, en 1872, et il passa les huit dernières années de sa vie à écrire ce livre, qu’il ne put terminer – en toute simplicité. » Dans la riche partie de notes et documents qui clôt cette réédition, Frédéric Berthet explique sa démarche qui est à la fois un hommage au grand maître du style, un pastiche de cette œuvre et une tentative de lui donner une suite contemporaine.
Cet ouvrage, qui lance la collection «Remake» des éditions Belfond, est paru en 1996, quelques années avant la mort de l’auteur. Il raconte comment Bouvard et Pécuchet se réveillent d’un long sommeil et se retrouvent au seuil des années 80, bien décidés à laisser leur trace dans l’Histoire.
Pour ce faire, ils vont tout d’abord essayer de se lancer dans la grande aventure des radios libres afin de pouvoir éclairer le monde de leurs pensées. Mais l’expérience va vite tourner à la catastrophe. Qu’à cela ne tienne, le monde de la finance trouvera dans nos deux acolytes leurs nouveaux héros. Là encore, il ne suffit pas de lire l’interview d’un grand patron dans un journal économique pour pouvoir reproduire son parcours. D’échec en échec, Bouvard et Pécuchet se disent que Paris sera à même de combler leurs rêves de gloire. Mais à l’image de ce court roman, la belle décapotable qui devait les mener vers la gloire arrivera sur une dépanneuse dans la capitale.
Si on s’amuse beaucoup à suivre les pérégrinations de nos deux compères, c’est que l’auteur a parfaitement su s’inscrire dans la trace de Flaubert et donner ses premières lettres de noblesse à cette nouvelle collection qui trouvera sans doute ses détracteurs. Pourtant au cinéma, le « remake » est monnaie courante et a déjà permis la création de quelques belles œuvres.
C’est du reste, à titre personnel, dans cette même lignée que s’inscrt mon premier roman, Liaisons, qui réadapte les Liaisons dangereuses de choderlos de Laclos dans le milieu des médias au début du XXIe siècle.

Autres critiques
Babelio
Télérama
Un livre, un jour
Présentation par Olivier Barrot de l’édition originale du livre paru en 1996
Le nouveau blog de Pierre Ahnne

Citations

« – Ça a tout de même changé, dit Pécuchet.
– Allons, donc, dit Bouvard.
– Mais, on disait que c’était éternel !
– La plus belle ville du monde ne peut donner que ce qu’elle a !
Pécuchet était mal à l’aise, voir tant de monde en si peu de temps lui causait le tournis.
Bouvard voulut l’égayer, le détendre, lui montrer les lieux de sa jeunesse.
– Ah, mon pauvre vieux, la campagne, d’accord, mais sais-tu que c’est ici, dans cet immeuble même, au deuxième étage, que j’ai passé une nuit… Une nuit !
Bouvard envoyait, lyrique, un baiser dans le ciel, déclamait des vers, ne donnait pas de détails.
Cependant il dut accepter le fait que des petites échoppes avaient disparu, des cordonniers, des librairies, des zincs auvergnats qui tous avaient été refaits sur le même modèle, en vague imitation des années 30, peut-être par le même décorateur ?
L’abondance des restaurants, et surtout des magasins de vêtements, les stupéfia. » (p. 91-92)

A propos de l’auteur
Ecrivain à l’œuvre rare mais saluée par de nombreux de ses contemporains, Frédéric Berthet est mort en 2003, à 49 ans. Il laisse cinq romans cultes dont les merveilleux Daimler s’en vaet Felicidad. Ce Retour de Bouvard et Pécuchetest son dernier livre publié. Comme c’était le cas de l’original, resté inachevé à la mort de Flaubert, en 1880.  » L’auteur le plus doué de sa génération « , Philippe Sollers  » Frédéric Berthet ne vivait que pour son absolu de la littérature « , Pierre Assouline. (Source: Belfond)
Fiche Wikipédia

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Opération Sweet Tooth

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Opération Sweet Tooth
Ian McEwan
Gallimard
Roman
440 p.
ISBN: 2070140725
Paru le 9 janvier 2014

Où?
L’action se déroule en Grande-Bretagne, principalement à Londres, Camden et à Bristol.

Quand?
Ce roman est situé en 1973.

Ce qu’en dit l’éditeur
En Grande-Bretagne, au début des années 1970, la guerre froide est loin d’être finie. Diplômée de Cambridge, belle et intelligente, Serena Frome est la recrue idéale pour le M15. La légendaire agence de renseignements anglaise est en effet bien décidée à régner sur les esprits en subvenant aux besoins d’écrivains dont l’idéologie s’accorde avec celle du gouvernement. L’opération en question s’intitule Sweet Tooth et Serena, lectrice compulsive, semble être la candidate tout indiquée pour infiltrer l’univers de Tom Haley, un jeune auteur prometteur. Tout d’abord, elle tombe amoureuse de ses nouvelles. Puis c’est de l’homme qu’elle s’éprend, faisant de lui l’autre personnage central de cette histoire.
Mêlant finement réalité et fiction, le romancier souligne l’influence de la littérature sur nos existences, pour le plus grand plaisir du lecteur, qui finira par comprendre que toute cette histoire était avant tout… un grand roman d’amour.

Ce que j’en pense
***

Qui manipule qui? Cette question résume à la fois l’intrigue, car depuis Solaire, on sait que tous les romans de Ian McEwan se construisent sur une base de roman policier, et l’idée maîtresse de cette «opération dent douce».
La première réponse semble évidente puisque Serena devient agent des services secrets, en grande raison parce qu’elle aime bien lire. Car il s’agit de financer des écrivains prometteurs qui raconteront comme il fait bon vivre de ce côté-ci du rideau de fer. Cette guerre psychologique menée sur un fond historique bien réel: on y voit notamment défiler les premiers ministres conservateur puis travailliste, on y découvre un Londres bien plus sale et morne qu’aujourd’hui et enfin, on redécouvre cette sorte de phobie anticommuniste qui occupait alors le MI5.
Après avoir découvert les nouvelles du jeune Tom Haley, Serena décide de rencontrer cet écrivain et de le recruter. Mais de l’amour de l’écriture à l’amour de l’écrivain, il n’y a qu’un pas que la jeune Anglaise franchit allègrement.
Très vite, il s’avère que son choix a été excellent, mais plus le succès se dessine et plus le cas de conscience devient difficile à Gérer pour Serena, d’autant que sa hiérarchie n’apprécie guère l’idylle entre son agent et sa «victime».
Avouons que le début du roman tire un peu en longueur et qu’il faut savoir mériter le plaisir d’un dénouement formidablement bien construit. Vous vous rappelerez alors la question posée au début de cette chronique.

Autres critiques
Babelio
L’Express
Libération
BibliObs
Télérama
ELLE

Citations
« En allant au travail, je méditais sur l’abîme entre la description de mon poste et la réalité. Je pouvais toujours me dire à moi-même – faute de pouvoir le révéler à quiconque que j’appartenais au MI5. Ca sonnait bien. Aujourd’hui encore, je m’émeus à la pensée de cette pâle petite jeune femme qui voulait se dévouer pour son pays. Je n’étais toutefois qu’une secrétaire en minijupe parmi tant d’autres ces milliers d’entre nous qui se déversaient dans les couloirs crasseux de la station de métro de Green Park, où les détritus la poussière et les courants d’air pestilentiels que nous acceptions comme notre lot quotidien nous giflaient le visage nous décoiffaient. (Londres est tellement plus propre, désormais.) Et lorsque j’arrivais au bureau, je restais une secrétaire qui tapait, le dos bien droit, sur une Remington gigantesque dans une salle enfumée, pareille à des centaines de milliers d’autres dans toute la capitale, qui allait chercher des dossiers déchiffrant des écritures masculines, revenait en courant de la pause déjeuner.
J’étais moins bien payée que la plupart d’entre elles.
Et, à l’image de cette jeune ouvrière dans un poème de Betjeman que Tom m’avait lu un jour, je lavais moi aussi mes dessous dans le lavabo de ma chambre. »

A propos de l’auteur
Né en 1948, Ian McEwan a passé une grande partie de sa jeunesse en Extrême-Orient, en Afrique du Nord (en Libye), et en Allemagne, où son père, officier dans l’armée britannique, était envoyé. Il a fait ses études à l’université du Sussex et l’université d’East Anglia, où il a été le premier diplômé du cours d’écriture créative créé par Malcolm Bradbury. Insolite et insolente, provocatrice, hautement originale, l’œuvre de Ian McEwan surprend par ses tours de force de concision et d’humour. L’auteur joue avec les énigmes qui sont l’essence de la narration. Tous ses romans affichent une parenté lointaine, sous forme de simulacre, avec l’énigme policière. Il a publié plusieurs nouvelles et romans pour adultes et, en 1994, «Le Rêveur», un recueil de nouvelles pour la jeunesse. (Source: Gallimard)

Fiche Wikipédia

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Le Triangle d’hiver


Le Triangle d’hiver
Julia Deck
Minuit
Roman
176 p., 14 €
ISBN : 9782707323996

Où?
Le Havre, Saint-Nazaire, Marseille en passant par les gares parisiennes

Quand?
Le roman est situé de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Mademoiselle ne veut plus travailler. Mademoiselle est criblée de dettes. La vie serait tellement plus simple sous une nouvelle identité. Qu’à cela ne tienne, elle emprunte celle de la romancière Bérénice Beaurivage, change de ville et rencontre l’Inspecteur, dont elle tombe aussitôt amoureuse. C’est sans compter la journaliste Blandine Lenoir, éprise du même homme et résolue à la confondre. Bientôt le soupçon gagne sur tous les côtés du triangle que forment ces trois-là, parfaitement équilatéral.

Ce que j’en pense
***

Avec ce nouveau roman, Julia Deck confirme le talent qu’elle démontrait dans son premier opus Viviane Elisabeth Fauville. On y retrouve cette fois encore une femme qui nous entraîne dans un récit qui tient à la fois de l’enquête policière, de l’introspection identitaire et de la quête initiatique. La scène d’ouverture, un entretien dans une agence de pôle emploi, donne d’emblée le ton, entre misère sociale et désir d’émancipation. La jeune fille en a assez des petits boulots et entend vivre une autre vie que la sienne dans les grandes barres d’immeubles du Havre.
Elle ne veut plus écouter ceux qui n’ont guère mieux à lui proposer que de poursuivre son existence précaire, à essayer de boucler ses fins de mois.
Une ressemblance avec Arielle Dombasle dans un film d’Eric Rohmer et voilà qu’elle s’imagine dans la peau du personnage, Bérénice Beaurivage, une romancière à la vie qu’elle imagine beaucoup plus agréable que la sienne.
Après un enième épisode décevant avec un steward d’un paquebot de croisière, elle décide de mettre son plan à exécution et prend un billet pour Saint-Nazaire.
L’Inspecteur qu’elle rencontre dans cette seconde ville portuaire veut bien tenter de la croire et faire un bout de chemin avec elle. Mais peu à peu le doute s’instille. D’autant qu’une amie journaliste n’a jamais vraiment cru à ce scénario.
N’a-t-il pas à faire avec une mythomane? Se poser la question, c’est déjà y répondre. Car le doute va bien vite miner leur relation.
Mais plutôt que de constater son échec, l’inspecteur entend donner une nouvelle chance à la fausse suivante. Pour cela, ils partent vers Marseille. Mais même le soleil de la Méditerranée ne pourra permettre à Bérénice Beaurivage d’exister. La parenthèse, ou plutôt le triangle Le Havre, Saint-Nazaire, Marseille va se refermer.
Mais la romancière, vraie ou fausse, aura enrichi sa vie d’une nouvelle expérience.

Autres critiques
Babelio
L’Express
Culturebox
Politis

Citations
« Vous avez,mettons, une trentaine d’années. Cela fait environ trois cent mille heures que vous apprenez à vous connaître, en comptant le temps de sommeil qui n’a guère moins de raisons de fournir des informations sur la personne du dormeur que les instants de veille. Ainsi, vous possédez de vous-même une certaine idée, fondée sur une pratique quotidienne, des habitudes, une manière d’éprouver les émotions, de telle sorte que vous n’êtes pas bien dans votre tête – il n’y a que les magazines de salles d’attente pour aspirer à de tels sommets –, mais comme à la maison dans votre crâne. Et voici que vous êtes contrainte d’en changer. De vous extraire de votre abri le plus intime pour élire domicile ailleurs, dans la tête de Bérénice Beaurivage, dont vous ne savez rien sinon qu’elle paraissait, à l’écran, une femme que cela vaudrait la peine d’être, avec une vie facile, un bel amant, beaucoup d’argent.» (p. 74-75)

A propos de l’auteur
Julia Deck est née en 1974 à Paris. (Source: Editions de Minuit)

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La Fractale des Raviolis

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La Fractale des Raviolis
Pierre Raufast
Alma
Roman
268 p., 18 €
ISBN: 2362791215
Paru le 21 août 2014

Où?
De Maubeuge à Marseille, en passant par Martigues et de nombreux autres lieux

Quand?

Le roman est situé de nos jours, avec des incursions dans plusieurs périodes historiques, notamment en 1699, quand une épidémie de peste ravage le Sud de la France.

Ce qu’en dit l’éditeur
Il était une fois une épouse bien décidée à empoisonner son mari volage avec des raviolis. Mais, alors que s’approche l’instant fatal, un souvenir interrompt le cours de l’action. Une nouvelle intrigue commence aussitôt et il en sera ainsi tout au long de ces récits gigognes. Tout ébaubi de voir tant de pays, on découvre les aventures extraordinaires d’un jeune garçon solitaire qui, parce qu’il voyait les infrarouges, fut recruté par le gouvernement ; les inventions stratégiques d’un gardien de moutons capable de gagner la guerre d’Irak ; les canailleries d’un détrousseur pendant l’épidémie de peste à Marseille en 1720 ou encore la méthode mise au point par un adolescent sociopathe pour exterminer le fléau des rats-taupes.
Véritable pochette surprise, le premier roman de Pierre Raufast ajoute à la géométrie rigoureusement scientifique, la collision jubilatoire du probable et de l’improbable.

Ce que j’en pense
****

Si vous êtes un lecteur-joueur, alors vous allez adorer ce premier roman. Imaginez que l’on vous donne une bonne douzaine d’histoires qui n’ont à priori rien à voir entre elles et, comme pour le spièces d’un puzzle, votre mission sera de les attacher les uns aux autres pour en faire un ensemble cohérent. Sans oublier qu’avec la dernière pièce posée, vous découvrirez la cohérence de l’ensemble.
C’est ce qui vous attend avec « La Fractale des raviolis ». Après avoir découvert son infortune conjugale, une femme – la narratrice – décide de tuer son mari. Mais comme elle n’a pas envie de moisir en prison, elle élabore un scénario aussi efficace que fatal: l’empoisonnement. Tout semble se dérouler on ne peut mieux, le mari étant ravi de pouvoir déguster le plat de raviolis concocté avec soin par son épouse.
C’est alors que le fameux grain de sable vient enrayer la machine: le fils de la voisine s’invite inopinément à l’heure du repas. Le plat de raviolis a déjà pris la direction de la table… Du coup, la question n’est plus de tuer le mari, mais de sauver le jeune innocent. L’innocence, parlons-en justement. Et voilà comment l’auteur passe d’un sujet à l’autre, non pas du « coq-à-l’âne », mais des moutons aux rats-taupes serait-t-on tenté de dire. Car tout un bestiaire va venir égayer le récit, par exemple les sauterelles que l’on prend un malin plaisir à éliminer de quelque 50 manières différentes.
En dire ici plus sur ce récit-gigogne serait dommage, tant on prend de plaisir à passer de chapitre en chapitre dans un autre univers, voire dans une autre époque sans que jamais cela paraisse incongru.
L’auteur est ingénieur et informaticien. On dira qu’il a parfaitement assimilé le principe de l’hyperlien. Vous savez, c’est ce formidable outil qui vous permet sur internet d’en savoir immédiatement plus sur le « sujet dans le sujet » et qui, de clic en clic, vous entraîne de plus en plus loin de l’endroit où vous vouliez initialement aller. Avec Pierre Raufast, cela se passe de la même manière, sauf que vous avez la garantie de retomber sur vos pieds à la fin du livre. Et connaître le dénouement de cette vengeance machiavélique.

Autres critiques
Babelio
L’Humanité
Cultur’elle (Caroline Doudet)
Page des libraires (Jean-François Delapré)

Citations
« J’aurais dû prendre cette décision beaucoup plus tôt.
Mais tuer son premier amour – fût-il le plus abject des êtres – mérite toujours un temps de réflexion, d’acceptation et de préparation. Ne pas le rater. Ne pas être soupçonnée. Ne pas perdre l’assurance-vie. Il me fallut plusieurs mois pour trouver un plan sûr garantissant ses trois points.
Au début, je me suis cassé la tête sur la question du cadavre. Où cacher le corps? Les solutions fournies par les romans policiers me semblaient trop compliquées.» (p. 19-20)

A propos de l’auteur
Né en 1973 à Marseille, Pierre Raufast a grandi à Martigues. Il a suivi une formation d’ingénieur à l’École des Mines de Nancy. Informaticien, il vit et travaille à Clermont-Ferrand. (Source: Alma Editeur)
Blog personnel

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La Chute des Princes

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La Chute des Princes
Robert Goolrick
Anne Carrière
Roman
Littérature étrangère
230 pages, 20 €
ISBN: 2843377374
Paru en août 2014

Version poche parue en janvier 2016
ISBN: 9782264068293

Où?
Aux Etats-Unis, à New-York, avec des escapades dans les Hamptons et à Las Vegas.

Quand?
Le roman est situé dans une période allant des années quatre-vingt au début des années 2000.

Ce qu’en dit l’éditeur
New York, années 1980. Robert Goolrick nous invite au bal des vanités, où une bande de jeunes hommes vont vendre leur âme au dollar et se consumer dans une ronde effrénée, sublime et macabre. Ils ont signé pour le frisson, une place sur le manège le plus enivrant que la vie ait à leur offrir.
Et ces princes vont jouer toute la partie: les fêtes, les drogues, l’alcool, les corps parfaits des deux sexes, les pique-niques dans la vaisselle de luxe, les costumes sur mesure taillés par des Anglais dans des tissus italiens, les Cadillac, le sexe encore et toujours, les suites à Las Vegas, des morts que l’on laisse en chemin mais pour lesquels il n’est pas besoin de s’attarder parce qu’on va les retrouver vite. Vite, toujours plus vite, c’est la seule règle de ce jeu. Aller suffisamment vite pour ne pas se laisser rattraper. Parce que les princes sont poursuivis par de terrifiants monstres : le sida, les overdoses, le regard chargé de honte de leurs parents, le dégoût croissant de soi-même, un amour s’excusant de n’avoir sauvé personne.

Ce que j’en pense
****

Sexe, drogue et pas de rock-n-roll. Dans un style sans fioritures, le narrateur nous raconte comment il est devenu trader, subitement très riche et comment il a, tout aussi subitement, tout perdu. Entre «Wall Street» et «Le Bûcher des vanités», Robert Goolrick ajoute sa pierre à l’édification des «gens normaux», de ceux qui ne dépensent pas plusieurs milliers de dollars lors d’un repas avec des amis, qui conçoivent très bien que l’on peut s’amuser sans une ligne de coke et qu’une soiröer peut se terminer agréablement sans avoir recours à l’amour tarifé.
J’imagine ici les cris d’orfraie de ceux qui pensent qu’une accumulation de clichés ne font pas un bon roman. Sauf que la réalité à ici dépassé la fiction et que l’auteur a pris bien soin de raconter l’histoire da manière très factuelle, sans vouloir ni jugement, ni considération morale. C’est ce qui le rend si terrifiant: un peu comme dans une spirale infernale, il n’y a guère moyen d’échapper à cette existence. Le jour où, après une partie de poker avec le patron, on signe son contrat, il faut se plier aux règles non écrites de la corporation: littéralement se tuer au travail pour gagner de plus en plus d’argent et ensuite se tuer dans les compensations pour dépenser de plus en plus d’argent. Le libéralisme dans tous ses excès peut faire rêver…
En refermant ce livre, on se dit qu’il tient avant tout du cauchemar. Un cauchemar aussi inéluctable que la fin promise à ses collègues flambeurs qui ont contracté le Sida. Osons du reste le parallèlle avec la crise financière. On n’ose pas imaginer que devant un tel carnage, le monde va rester les bras ballants. Mais après les belles déclarations d’intention, force est de constater que rien n’a vraiment changé. Un roman salutaire à mettre entre les mains des forcenés du capitalisme.

Autres critiques
Babelio
Le Point
L’Express
Le JDD
ELLE

Citations

« Quand vous craquez une allumette, la première nanoseconde elle s’enflamme avec une puissance qu’elle ne retrouvera jamais. Un éclat instantané, fulgurant. L’incandescence originelle.
En 1980, j’ai été l’allumette et je me suis embrasé pour n’être plus qu’une flamme aveuglante. Cette année-là, j’étais un missile pointé droit sur vos tripes – dégage de mon chemin ou je t’abats. Je n’en suis pas fier. En fait, j’en rougis de honte rien que d’y penser. Mais c’était comme ça. Aujourd’hui je ne suis plus le même homme, tout est différent. À l’époque j’étais cette pointe de lumière ardente vers laquelle tout et tous convergeaient. On pouvait me voir distinctement depuis l’espace, étincelle blanche et pénétrante, traçant sans pitié ni culpabilité son sillon dans le coeur de la ville la plus chaude et la plus flamboyante du monde. Si vous aviez été de sortie dans le cosmos un de ces soirs-là, vous vous seriez retrouvé aux premières loges de mes outrances publiques et de mes excès privés. Sous la couette à mille dollars, sur le matelas à quinze mille, dans ma douche carrelée de marbre, ou dans la veste sur mesure en cachemire noir qui me tenait chaud les soirées neigeuses d’hiver – dans ma vaste illumination, j’étais incontournable.
Je ne le dis pas avec fierté. Je ne présente pas d’excuses. Je décris des faits irréfutables. J’avais tellement de charme que j’aurais convaincu un poussin d’éclore, ou vendu la clim à un Esquimau mort.
Après des milliers d’heures passées entre les mains des meilleurs entraîneurs dans la salle de sport la plus chère du monde, mon corps avait atteint une telle perfection que les femmes se bousculaient pour entrer dans ma chambre où elles restaient littéralement bouche bée, à remercier la chance qui les avait placées dans ma ligne de mire, qui avait fait d’elles, ne serait-ce qu’une nuit, les plus belles créatures de la terre, avec leurs bras graciles, leur épiderme aussi doux que la peau de chamois, leur odeur – mon Dieu, cette odeur – et leur chevelure dorée cascadant sur leurs épaules pour venir effleurer mon torse. Il suffisait d’un regard pour qu’elles sentent la chaleur et la faim tirailler leur ventre, avant même de connaître mon nom. D’ailleurs, elles s’en moquaient, j’aurais aussi bien pu être tueur en série qu’évêque.
Il fallait me voir, fermement campé dans mes chaussures Lobb directement envoyées de Londres, avec mes jambes puissantes, capables de soulever cent trente kilos de fonte ou de franchir les gratte-ciel d’un bond félin, et tout le reste de mon corps – bassin et hanches souples, ventre aussi dur et plat qu’un lac gelé et pourtant si chaud sous la paume. Peu importait à ces femmes de se faire marquer au fer rouge. Pareilles à ces toxicos incapables de s’arrêter avant la dernière dose, elles savaient bien qu’ensuite il y aurait le supplice du sevrage, et malgré ça n’aspiraient qu’à la jouissance aiguë de la piqûre, qu’à être pénétrées par l’aiguille incandescente – moi.»

A propos de l’auteur
Robert Goolrick vit dans une petite ville Virginie avec ses deux chiens Preacher et Judge. Son roman Une femme simple et honnête, N°1 sur la liste du New York Times, fera prochainement l’objet d’une adaptation cinématographique confiée au réalisateur David Yates. Féroces a reçu en france un accueil prodigieux de la part des critiques, des libraires et des lecteurs.. (Source: Editions Anne Carrière)

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Vieux, râleur et suicidaire – La Vie selon Ove

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Vieux, râleur et suicidaire
La Vie selon Ove

Fredrik Backman
Presses de la Cité
Roman
Littérature étrangère
343 pages, 21,50 €
ISBN: 2258103665
Paru le: 13.03.14

Où?
En Suède.

Quand?
Le roman est situé de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
La nouvelle comédie irrésistible venue de Suède !
« Ove et le chat se sont rencontrés un matin à six heures moins cinq. Le chat a détesté Ove sur-le-champ. Le sentiment était plus que réciproque. »
Dans le lotissement où il vit depuis quarante ans, Ove est connu pour être un râleur de la pire espèce. Mais depuis qu’il est sans travail, il se sent seul et inutile. Il erre dans sa maison, fait des rondes de quartier pour relever les infractions des habitants. Jusqu’au jour où, las de cette routine, il décide d’en finir. Corde au cou, debout dans le salon, il est prêt à passer à l’acte…
C’est sans compter l’arrivée de nouveaux voisins et d’un chat abandonné. Interrompant involontairement ses tentatives de suicide, ceux-ci vont peu à peu pousser Ove dans ses derniers retranchements et le ramener à la vie !
Tel un chat de gouttière amoché et craintif, à la fois drôle et touchant, Ove réveille l’instinct protecteur qui sommeille en chacun de nous. Mais attention, il griffe !

Ce que j’en pense
****

J’ai succombé à mon tour au charme de ce roman. Si je suis à priori plutôt hésitant devant les modes qui tendent à nous faire croire que les meileurs auteurs de thrillers glaçants viennent du froid et qu’il existe aussi en Scandinavie une veine d’auteurs de comédies mettant en scène de vieux ronchons aussi excentriques que philosophes.
D’un autre côté, il suffit de prendre la peine de se plonger dans le livre pour se faire une opinion. C’est ce que j’ai donc fini par faire. Force est de constater que l’on s’attache très vite au personnage principal de cette comédie grinçante, car on connaît tous un Ove autour de nous. Suivant notre âge il est comme notre frère, notre oncle, notre père ou notre grand-père.
Un de ces «vieux» qui ne comprennent rien aux technologies numériques et à la génération Y, qui ne jurent que par l’ampoule à filament, le moteur à explosion – surtout celui de la Saab – ou la tondeuse à gazon thermique.
Ove se retrouve donc veuf et incompris, au milieu de voisins qui ont des modes de vie bien différents du sein, sans véritables perspectives sinon de mettre fin à ses jours.
Sauf qu’un suicide n’est pas forcément aisé, surtout dans un monde où on ne peut même plus faire confiance dans la solidité d’une corde, où les voisins ont toujours quelque chose à vous demander et où les voyageurs n’arrivent même plus à attendre patiemment les trains sur les quais de gare.
Bref, s’il vous est déjà arrivé de rouspéter devant un dysfonctionnement quelconque, voire une administration tâtillone, sachez que grâce à Ove vous pourrez savourer l’heure de la vengeance. Avec délectation!

Autres critiques
Babelio
Psychologies
Femina
Elle
France bleu (La grande librairie)

Citations
« La société actuelle ne jure plus que par l’informatique ; on ne peut plus bâtir de maison avant qu’un consultant engoncé dans une chemise trop petite n’ait compris comment allumer un ordinateur portable. Les gens croient-ils que le Colisée et les pyramides de Gizeh ont été construits de cette façon ? Bon Dieu, on avait érigé la tour Eiffel en 1889, mais à présent, personne n’est fichu de tracer le plan d’un simple pavillon de plain-pied sans s’interrompre pour recharger un téléphone ! »

A propos de l’auteur
Né à Stockholm en 1981, Fredrik Backman enchaîne les petits boulots avant de devenir journaliste. En 2012, il publie son premier roman, Vieux, râleur et suicidaire – La vie selon Ove, qui remporte un succès retentissant en Suède, avec plus de 500 000 exemplaires vendus en un an. Actuellement en cours de publication dans une douzaine de pays, cette nouvelle comédie qui vient du froid place d’emblée son auteur parmi les écrivains suédois sur lesquels il faut compter. (Source: Presses de la Cité)

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