Septembre

MATTERN_Septembre

Septembre
Jean Mattern
Gallimard
Roman
144 p., 13,90 €
ISBN: 9782070147588
Paru en janvier 2015

Où?
L’action se déroule en Allemagne, à Munich et à Londres.

Quand?
Le récit commence à la veille des Jeux Olympiques de Londres, mais se situe principalement du 25 août au 12 septembre 1972, durant les Jeux de Munich avec un ajout le 6 septembre 1973.

Ce qu’en dit l’éditeur
«Cela fera bientôt onze ans que notre fille est morte, mais je crois qu’elle aurait aimé mon idée, qu’elle aurait été fière de moi. Cette pensée en a amené une autre, j’ai allumé mon ordinateur et j’ai su alors que je devais écrire le récit de ces journées au gré de ma mémoire, en oubliant la chronologie officielle. Pour honorer ces onze athlètes dont on n’ose même pas rappeler les noms publiquement par peur de gâcher la fête ; mais aussi pour ramener à la lumière un homme dont je n’ai jamais parlé à personne, un homme qui a disparu avec les onze cercueils aussi sûrement que s’il avait été tué lui aussi sur le tarmac de Fürstenfeldbruck.
Cet homme s’appelait Sam Cole.»

Ce que j’en pense
***

L’épisode tragique de la prise d’otages des athlètes israéliens lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972 fait désormais partie de l’Histoire. L’auteur, qui avait sept ans au moment des faits, suivait les compétitions à la télévision et a été profondément marqué par ce drame, au point d’en faire la matière principale de ce court roman. La bonne idée tient dans la construction du livre et dans le choix du narrateur. Le récit est confié à Sebastian, un journaliste du service culturel de la BBC qui est chargé de couvrir les à-côtés des Jeux, de rendre compte de l’ambiance plus que des performances. A l’image de ces semaines particulières qui rassemblent la planète tous les quatre ans, il va vivre à Munich une parenthèse qui va à tout jamais le transformer.
Dans cette ambiance festive – le but affiché des autorités allemandes et bavaroises était de faire oublier les Jeux de 1936 et de monter au monde que la République fédérale allemande savait monter un tout autre visage – il va croiser le regard insistant d’un collègue américain : Sam Cole. Le hasard fait qu’ils sont logés au même étage, que Sam travaille pour le Jewish Week, qu’il est bel homme.
Sam et Sebastian écrivent les premiers gestes d’une belle histoire.
Mais la prise d’otages va tout changer. « Les circonstances m’interdisaient de parler de mes sentiments à Sam. Alors comment braver le monde quand tout ce que l’on peut faire, c’est attendre ? »
Un peu pour ne pas perdre son ami mais aussi par qu’il sent bien qu’il détient des informations de première main, Sebastian va se lancer dans la réalisation d’un documentaire qui détaillera les circonstances et les détails du drame, démontrant notamment les énormes failles du dispositif de sécurité mis en place qui aboutira à la mort de tous les otages. Sans oublier les victimes collatérales.
Ecrit sans fioritures, parfaitement documenté , ce roman est bouleversant à plus d’un titre.

Résonances
C’est à double titre que ce roman m’a marqué. D’abord pour avoir sans doute vécu cette histoire avec la même intensité au moment des faits. Mon père faisait partie des milliers de bénévoles venus aider le comité olympique et logeait non loin du village olympique. Ma mère et mon frère aîné ont pu le rejoindre quelques jours pour vivre au cœur de l’événement. Resté en France, je suivais presque minute par minute les Jeux, puis la prise d’otage, devant ma télévision. Avec cette impression étrange de découvrir avec presque trente ans d’avance la télévision d’information en continu. Avec la même absence de recul, la même confusion dans le récit des faits – info ou intox – et la même charge émotionnelle.
Le court récit de Jean Mattern m’interpelle également dans mon travail d’écrivain, puisque j’ai aussi choisi de partir d’un fait divers tragique pour tisser la trame de mon premier roman. Liaisons s’articule autour des attentats du 11 septembre et traite aussi de la manière dont les médias se sont appropriés cet événement. A la fois pour la recherche documentaire et pour le traitement des informations recueillies, c’est-à-dire ne garder que ce qui soutient le récit, je me retrouve dans son écriture.

Autres critiques
Babelio
Le Point (interview de Jean Mattern)
Un livre, un jour (Olivier Barrot)
Chronicart
Entre les lignes (Anik Schuin Espace 2, radio suisse)

Extrait
« À mon arrivée au centre de presse, à quelques encablures du village olympique, j’ai immédiatement remarqué son air concentré, presque sombre. Il attendait son
tour pour remplir les formalités et prendre sa clef, comme moi. Deux réceptionnistes faisaient de leur mieux pour accélérer la procédure, mais il fallait prendre son mal en patience. Nous étions nombreux à affluer d’un coup, en cette veille de cérémonie d’ouverture. Plus de quatre mille journalistes répartis en un peu plus de mille appartements de deux à quatre chambres chacun. Du fait de mon accréditation tardive, je n’étais pas logé dans le même immeuble que mes collègues de la BBC, mais cela me convenait aussi bien. D’après les bribes de conversation que j’entendais, les deux files d’attente étaient surtout composées de journalistes de la presse écrite, de toutes origines. J’entendais du portugais, du russe, de l’anglais.
Je me demandais d’où pouvait venir le jeune homme au regard si préoccupé. » (p. 19)

A propos de l’auteur
Né en Allemagne, Jean Mattern, après des études de littérature comparée à la Sorbonne (Paris IV), devient responsable des droits étrangers aux éditions Actes Sud de 1990 à 1998. Depuis octobre 1998, il est responsable des acquisitions de littérature étrangère aux éditions Gallimard, principalement pour la collection Du monde entier. Il coordonne le programme de littérature étrangère, il est l’éditeur de certains auteurs notamment de langue allemande. Il est également éditeur de la collection « Arcades ».
Ses langues de travail sont l’allemand, l’anglais, l’italien, le néerlandais, l’hébreu.
Jean Mattern a publié deux romans : Les Bains de Kiraly (2008) et De lait et de miel (2010) aux éditions Sabine Wespieser, qui ont été traduits en huit langues. (Source : SGDL)

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