Le monde entier
François Bugeon
Éditions Le Rouergue
Roman
176 p., 17,80 €
ISBN: 9782812610318
Paru en mars 2016
Où?
Le roman se déroule dans un petit village de France qui n’est jamais nommé, mais proche de « l’étang Marchand ». Le Bénin y est aussi évoqué.
Quand?
L’action se situe de nos jours.
Ce qu’en dit l’éditeur
« Chevalier préférait aller à son travail en Mobylette quand il faisait beau, et il portait toujours le même casque, orange, sans visière. Ce jour-là, il avait sur le dos une chemise à manches courtes que le vent de la course faisait flotter autour d’un genre de bermuda. De loin, on voyait d’abord le blanc livide de ses mollets, puis son ventre laiteux que la chemise découvrait par saccades. »
Il n’y a pas de femme dans la vie de Chevalier, pas qu’on sache en tout cas. De même qu’il n’y a pas beaucoup de tendresse entre sa mère et lui. Pourtant, il n’a jamais eu l’envie d’aller s’installer ailleurs que dans ce village où il a grandi, où il aime aller pêcher dans les étangs, avec son vieux copain Ségur. Jusqu’à ce soir d’août où son chemin a croisé une voiture renversée sur le bord de la route…
Dans ce premier roman d’une grande délicatesse, François Bugeon saisit une vie au moment où elle bascule.
Ce que j’en pense
***
Oublions le titre et la couverture du livre pour souligner d’emblée les qualités cinématographiques de ce roman. François Bugeon réussit dès les premières lignes à planter un décor, une atmosphère. Si bien que le lecteur-spectateur ne va plus lâcher les basques de Chevalier, le personnage au cœur de cette histoire, jusqu’au mot fin. Et qu’il aura bien souvent l’impression de voir défiler la filmographie de Jean Becker avec notamment des scènes tout droit sorties des Enfants du marais, de Dialogue avec mon jardinier, de La tête en friche pour finir avec l’intensité de L’été meurtrier.
Tout commence sur une petite route de campagne. À la tombée du jour, Chevalier rentre chez lui. Bien campé sur sa Mobylette, il est dépassé par une limousine circulant vite. Trop vite sans doute, parce qu’il la retrouve sur le toit au prochain virage. Il décide de sauver les occupants, un homme et deux femmes, et parvient non sans mal à les désincarcérer. Quand les secours arrivent, il est lui-même blessé et hospitalisé. C’est à son réveil que les choses se gâtent : « Il sentait que ce qu’on lui racontait depuis son réveil à l’hôpital ne correspondait pas à ses souvenirs. Tout cela le troublait, lui donnait l’impression d’être deux dans la même peau, et introduisait dans son esprit un doute sournois sur la réalité des choses qui l’entouraient. »
Grâce à son copain Ségur une partie du mystère va se lever. Parti à la pêche, il avait retrouvé près de l’étang la mobylette de son ami et, à une centaine de mètres de là, la fille que Chevalier avait sorti de la voiture. « Ségur se demanda s’il fallait amener la fille aux urgences, à la gendarmerie ou bien chez Chevalier. C’est l’heure qui fit la différence, ni les gendarmes ni les médecins ne sont très aimables au petit matin, tandis que chevalier servirait le café et qu’il aurait une raison d’être heureux, puisqu’il aurait récupéré sa veste.»
Les deux amis vont « apprivoiser » cette fille perdue qui va décider de loger quelques temps chez son sauveteur. Meune, son voisin, voudra aussi faire la connaissance de la jeune fille.
Dans un petit village où il ne se passe pas grand-chose, l’accident puis l’arrivée de cette jeune fille vont alimenter les conversations, faire de Chevalier un héros avant de s’interroger sur cette invitée un peu particulière.
Après une nuit de sommeil et un bon repas, Salomé va se livrer. Elle est la fille des pharmaciens de la ville d’à côté. « Le père de Salomé était venu du Bénin pour faire ses études en France, c’est là qu’il avait rencontré sa future femme qui arrivait de Guadeloupe. » Au moment où tout semble s’arranger, la voisine se saoule, Chevalier s’accroche avec Claudie, l’infirmière qui le soigne et dont il est secrètement amoureux, son copain Ségur veut se suicider, un cocufiage devient notoire.
Le tout culminant dans un épilogue aux rebondissements aussi nombreux qu’inattendus.
Voilà comment François Bugeon peut conquérir Le monde entier !
68 premières fois
Blog Le chat qui lit (Nathalie Cez)
Blog Les lectures d’Antigone (Antigone Héron)
Autres critiques
Babelio
Les 15 premières pages
Extrait
« – Tu parles des gens de la voiture ? Dis-moi comment vont les femmes ? Bien ? Et l’homme ? Son bras ? J’avais fait un garrot. Son bras ? Il avait le bras en bouillie, j’espère qu’on ne le lui a pas coupé, son bras. Il était coincé à l’extérieur, c’est pour ça que j’ai dû la renverser cette putain de bagnole, pour le dégager. Bordel, quand j’y pense… Son bras. Et la voiture qui allait prendre feu. Les pompiers ne seraient jamais arrivés à temps pour éteindre l’incendie, fallait que je les sorte.
– Il n’y a pas eu d’incendie.
– Ah bon ? Merde… Tout ça pour rien.
– Pour quelque chose quand même ! Mine de rien, tu as peut-être sauvé le conducteur parce qu’il n’est pas du tout certain que son cœur aurait tenu le coup. Et c’est grâce à toi qu’il a gardé son bras, il mettra seulement pas mal de temps avant de s’en resservir correctement. Je n’ai pas encore revu la passagère, elle a eu plus de chance, elle a juste été secouée, il lui restera un gros gnon sans plus.
– Il y en avait deux.
– Deux ?
– Deux femmes, il y en avait deux. J’en ai sorti deux. Une jeune et une moins jeune. Je me souviens. »
A propos de l’auteur
Né en 1960 dans une famille de paysans et de maçons, François Bugeon a grandi à Preuilly sur les rives du Cher près de Vierzon. Tout d’abord céramiste, puis ingénieur pour la physique fondamentale et l’astrophysique, il est aujourd’hui chargé de communication dans un grand centre de recherche scientifique. Le Monde entier est son premier roman publié. (Source : Éditions Le Rouergue)
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