Celui-là est mon frère

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Celui-là est mon frère
Marie Barthelet
Éditions Buchet-Chastel
Roman
176 p., 14 €
EAN : 9782283029749
Paru en août 2016

Où?
Le roman se déroule dans un endroit d’Orient, proche d’un désert, qui n’est pas nommé.

Quand?
L’action n’est pas située dans le temps. Disons que les armes mentionnées font plutôt référence à l’arsenal utilisé de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
« En te voyant, j’ai pensé que tu étais revenu pour moi, puis que tu avais vieilli. Je me trompais. Déjà tu souhaitais repartir. Et ce n’était pas tant que tu avais vieilli, tu étais transformé – défiguré, allais-je dire, par la brûlure d’une foi neuve. J’ai aussi cru que je délirais. Mais ton nom susurré par tous ceux qui étaient présents a craquelé le silence. J’ai compris que je n’étais pas le seul à te voir. Que c’était vrai. Que c’était toi. »
Un jeune chef d’état reçoit la visite de son frère tant aimé, disparu dix ans plus tôt. La brève joie des retrouvailles cède très vite la place à l’amertume et à l’indignation : celui qui est revenu a changé. Il est désormais l’Ennemi. À cause de lui, le pays va s’embourber dans une crise sans précédent.
Celui-là est mon frère, premier roman de Marie Barthelet, est un véritable conte qui déroule, avec sensibilité, le récit envoûtant d’une affection mortelle.

Ce que j’en pense
***
Depuis Montesquieu et Voltaire la tradition du conte philosophique oriental avait disparu de nos lettres. Grâce à la plume de Marie Barthelet qui signe ici un premier roman aussi court que savoureux, ce tort est réparé. Il met aux prises deux frères, les fils du souverain d’un État oriental dont on comprend vite qu’il est régi d’une main de fer depuis des générations par cette famille régnante.
Après avoir donné naissance à un héritier, le souverain – comprenant que son épouse ne pourrait plus enfanter – a décidé d’adopter un second fils afin qu’il ne grandisse pas seul. Choix judicieux puisque les deux frères vont tout partager jusqu’au jour où «l’adopté» s’enfuit, provoquant le désarroi de la famille et de son frère : «En partant tu m’amputais de toi. Il y avait la vie d’avant et d’après ce départ. La vie avec et sans toi. Un âge d’or, une ère de plomb.»
On imagine la joie au moment de l’annonce du retour, après dix ans d’exil, de ce fils prodigue. Sauf que, à l’image des combats de serpents, les retrouvailles vont vite se transformer en confrontation. «J’ai songé : le «nous» d’hier, c’était toi et moi ; aujourd’hui, c’est toi et eux seuls. Eux. La triste minorité de mon pays.»
L’oiseau de mauvais augure qui promet le soulèvement du peuple opprimé – de cette triste minorité – déstabilise le pouvoir. Bien vite, ses menaces vont se traduire dans les faits. Une «vague pourpre» empoisonne le fleuve et le réseau d’eau causant de nombreux décès dans la population, notamment parmi les plus démunis. La lèpre fait également des ravages. Un peu comme les sept plaies d’Egypte.
Les vieilles recettes ne semblent plus fonctionner. Les promesses, les visites aux malades pour les assurer du soutien du gouvernement ne font que retarder la révolte qui grande. Mais les beaux discours finissent par sonner creux :«L’Histoire s’écrit mal à cause de littérateurs comme toi qui ne savent pas la grammaire des hommes.»
Le Palais finit par être envahi et l’heure des règlements de compte sanglants a sonné. «Tu peux museler les médias, assommer les consciences à coups de bêtes slogans et de publicités mensongères, comme les empereurs d’autrefois gaber les panses de pain, organiser des fêtes et des courses à l’hippodrome, en bref jeter de la poudre aux yeux, tu le peux bien sûr, tu peux tout. Mais voici la vérité : tu es l’assassin de ton peuple.»
L’acte final de cette tragédie entre en résonnance avec bien des événements et nous propose une réflexion sur l’aveuglement du pouvoir, sur la justesse des causes défendues, sur la frontière tenue qui existe entre l’ordre et la liberté, entre un asservissement qui assure une certaine stabilité et une liberté, d’autres diront un chaos, qui ouvre la voie à bien des excès.
Marie Barthelet, en ne donnant ni références historiques, ni géographiques, ni même religieuses, livre au lecteur toutes les nuances du possible. S’agit-il d’une cause juste ou d’un combat d’intégristes ? Chacun se fera son opinion…

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Extrait
« Ta mémoire à toi, tes registres personnels, nous n’y avions pas pensé. Tu es devenu instable, refusais de manger, de dormir, de parler d’autre chose que du pouls de cet homme s’affolant sous ta poigne, de sa salive dégoulinant sur tes phalanges. Mille fois par jour tu te lavais les mains. Tu regardais au-dessus de mon épaule, dans le vide. Tu répétais: « Non et non, il ne faut pas, il ne faut pas…
Un matin, tu es parti. Personne ne t’a vu quitter le palais. Tu n’as rien dit, rien emporté, pas même ton chien, pas même moi. Dieu sait que tu m’emmenais toujours avec toi, dans toutes tes errances. Tu es parti pour ne jamais revenir.
Jamais. » (p. 32-33)

A propos de l’auteur
Marie Barthelet a 27 ans. Elle est animatrice du patrimoine et responsable du musée de la Charité-sur-Loire. Celui-là est mon frère est son premier roman. (Source : Éditions Buchet-Chastel)

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