Lucie ou la vocation
Maëlle Guillaud
Éditions Héloïse d’Ormesson
Roman
208 p., 17 €
EAN : 9782350873749
Paru en août 2016
Où?
Le roman se déroule à Paris
Quand?
L’action se situe de nos jours.
Ce qu’en dit l’éditeur
Lucie est amoureuse. Éperdument. Mais pour imposer celui qu’elle a choisi, elle va devoir se battre. Ne pas céder face à l’incompréhension et à la colère des siens. Malgré les humiliations quotidiennes, les renoncements et l’ascèse, elle résiste et rêve d’absolu. Un jour, pourtant, le sacrifice qu’elle a durement payé est ébranlé par la découverte d’un secret. Le doute s’immisce. S’est-elle fourvoyée ou est-elle victime d’une manipulation ?
Avec une sensibilité et une justesse infinies, Maëlle Guillaud nous entraîne dans un monde aux règles impénétrables. En posant la question de la foi et en révélant sa puissance à tout exiger, Lucie ou la vocation entre en résonance avec l’actualité.
Ce que j’en pense
***
Il en va de certains romans comme pour certaines spécialités culinaires : on n’est pas trop sûr de vouloir essayer tout en se disant que l’on passe peut-être à côté de quelque chose de délicieux. Je dois à la sélection proposée par les «68 premières fois» la découverte ce premier roman étonnant à bien des égards et qu’il ne me serait jamais venu à l’idée d’acheter. L’histoire d’une jeune fille qui choisit de consacrer sa vie à Dieu en entrant dans les ordres n’est à priori pas fait pour m‘enthousiasmer outre-mesure.
Mais si le premier roman de Maëlle Guillaud mérite le détour, c’est qu’il est bien plus que cela. Au fil des pages la quête spirituelle va se transformer en enquête, l’amour de Dieu en une réflexion sur la «vraie» vie de cette communauté. Disons-le tout net, le livre est de plus en plus passionnant au fil des pages.
Quand Lucie décide d’abandonner ses études supérieures pour «se marier avec Dieu», c’est l’incompréhension qui domine. L’incompréhension de sa famille, sa mère qui imaginait un tout autre avenir pour sa fille, sa grand-mère qui va la perdre à tout jamais, l’incompréhension pour son amie Juliette, qui va tenter à plusieurs reprises de lui faire changer d’avis : « Je dois la convaincre que la vraie vie est ailleurs. Dans les baisers, l’amour, la maternité, tous ces instants qui embellissent nos nuits et nous portent vers autre chose qu’une cellule austère et un époux qu’elle ne pourra jamais toucher. » L’incompréhension du lecteur aussi qui partage les interrogations de ses proches. Comment peut-on s’orienter vers un tel choix sans éprouver le moindre doute ? N’y-a-t-il pas quelque chose de l’ordre de l’emprise sectaire dans l’attitude des religieuses et du père Simon, un jésuite qui lui explique combien son engagement est merveilleux, qui explique à Julie que «le monde qui s’ouvre à toi est d’une beauté dont tu n’as pas idée», qui la pousse à tous les sacrifices.
La jeune fille ne fera pas marche arrière : « Je me souviens, maman. Je t’ai vue tellement souffrir. Je refuse de commettre la même erreur. J’ai choisi la solitude. Je refuse de dépendre de quelqu’un. De me perdre dans le désir, dans tout ce qu’il a d’imprévisible, de sauvage. »
Les premières semaines, les premiers mois de celle qui deviendra Sœur Marie-Lucie vont bien se passer. Elle s’engage totalement dans cette nouvelle vie, n’a de cesse d’apprendre, de tout partager pour l’amour de Dieu. Elle va jusqu’à trouver Juliette puérile dans son combat pour la faire changer d’avis. Les années passent et petit à petit un malaise s’installe. Car plus on s’élève dans la hiérarchie, plus on en apprend sur les principes de gestion d’une telle communauté, sur le caractère des mères supérieures et sur les petits secrets des unes et des autres. Et il y a là bien de quoi ébranler les certitudes. Comment posséder quelque chose quand on a fait vœu de pauvreté ? Pourquoi faut-il tout noter, quelles remarques peuvent faire des religieuses qui sont censées ne pas parler ? Quelle confiance accorder à une personne qui vous ment ostensiblement ?
Vient alors pour Sœur Marie-Lucie l’heure de la remise en cause et pour nous, pauvres lecteurs, le basculement du roman d’une vocation vers un thriller au suspense haletant.
Laissons le voile du mystère se lever et saluons la jolie performance de Maëlle Guillaud !
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Extrait
« – Comme un ami parle à un ami, j’ai confié à Dieu mes doutes et j’ai compris que tant qu’on n’a pas pris conscience de l’amour qu’Il nous porte, le Lui rendre semble impossible. Pourtant, il faut chaque jour essayer. Vivre cet amour, c’est s’abandonner comme un enfant dans les bras de son père. C’est accepter d’être tout petit en Sa présence.
Lucie acquiesce. Elle ne s’est jamais sentie aussi démunie, aussi fragile.
– Accepte la démaîtrise.
Elle fronce les sourcils.
– Tu dois lâcher prise, oser adopter une attitude déroutante dans notre société où tout est planifié. Probité et vertu sont les maîtres mots. Le zèle sincère d’une âme qui se cherche… Cela requiert un grand courage, et un esprit libre. »
A propos de l’auteur
Née en 1974, Maëlle Guillaud est éditrice. Lucie ou la vocation est son premier roman. (Source : Éditions Héloïse d’Ormesson)
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