L’été en poche (62)

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Cannibales

En 2 mots
Une jeune artiste qui vient de rompre s’allie avec sa belle-mère pour mettre fin aux jours de leur amant et fils et… le manger. Contrairement aux apparences, ce roman épistolaire est une belle histoire d’amour, un brin surréaliste.

Ma note
etoileetoileetoileetoile (j’ai adoré)

Si vous voulez en savoir plus…
Ma chronique complète publiée lors de la parution du roman en grand format

Les premières lignes

L’avis de… Jérôme Garcin (L’OBS)
« A mi-chemin entre «les Liaisons dangereuses» et «le Silence des agneaux», ce roman, qui réconcilie la Marquise de Merteuil et Hannibal Lecter, est savoureux de férocité, onctueux de préciosité (on ne compte plus les mots anciens, de «comptée» à «souventes fois», de «hoirie» à «faquin») et délicieux d’absurdité. Bref, un Jauffret aux petits oignons. A servir brûlant. Végétaliens, s’abstenir. »

Vidéo


A l’occasion de la 38e édition du Livre sur la Place à Nancy, rencontre avec Régis Jauffret autour de son roman «Cannibales». © Production Librairie Mollat

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La ferme (vue de nuit)

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En deux mots:
Après une séparation de quinze ans, Annie retrouve Étienne. Elle a envie de croire qu’elle peut effacer le passé et recommencer leur histoire. Mais est-il si facile d’oublier le passé? Et les années qui passent changent-elles une personnalité? Un roman qui pose tout en finesse des questions essentielles.

Ma note:
★★★★ (j’ai adoré)

La ferme (vue de nuit)
Anne-Frédérique Rochat
Éditions Luce Wilquin
Roman
208 p., 20 €
EAN : 9782882535351
Paru en août 2017

Où?
Le roman se déroule dans un endroit non précisé, mais que l’on peut imaginer sur les hauteurs de Lausanne ou les contreforts du Jura. Un voyage à Venise y est également évoqué.

Quand?
L’action se situe de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
En réalité, la ferme n’avait rien d’une ferme, sauf peut-être l’éloignement, la campagne, le silence. Sous un soleil de plomb, Annie monte un interminable escalier pour aller retrouver l’homme avec qui elle a vécu sa première grande histoire d’amour. Mais est-il seulement possible de reprendre le fil là où il s’est cassé, de passer par-dessus les blessures, d’oublier les rancœurs? Dans la chaleur étouffante de l’été, Annie continue d’avancer, marche après marche, un pied devant l’autre, dans des sandales trop étroites, pour rejoindre cet homme dans sa curieuse maison, faite de grandes baies vitrées et de stores automatiques. Que pensera-t-il en la voyant? La trouvera-t-il vieillie après toutes ces années ? Remarquera-t-il qu’elle n’est plus la même, plus la petite Annie d’autrefois? Et s’il ne la reconnaissait pas?

Ce que j’en pense
Précise comme une montre suisse, Anne-Frédérique Rochat a pris l’habitude de nous livrer un nouveau roman à chaque rentrée. Après Le chant du canari en 2015 et L’autre Edgar en 2016, voici son sixième opus qui démontre une fois encore son grand talent de narratrice. Elle continue d’y explorer les relations de couple, le sens d’une union, la notion de famille, le désir d’enfant.
Le début du roman est marqué par l’arrivée d’une lettre ou plutôt d’un pli contenant un bristol blanc et vierge. Mais pour Annie, la destinataire, il n’y a aucun doute sur l’expéditeur. Car elle reconnaît d’emblée cette écriture sur l’enveloppe comme celle d’Étienne, son amant quitté quinze ans plus tôt. Un homme qu’elle n’a pas oublié et avec lequel elle a vécu quelques années heureuses à La Ferme. La maison qui porte ce nom est en fait une bâtisse à l’architecture moderne avec de grandes baies vitrées donnant sur la forêt. Située sur un promontoire, on y accède par un interminable escalier. On ne va pas tarder à y retrouver Annie pour laquelle ce courrier surprenant n’est rien d’autre qu’un appel à tirer un trait sur le passé et à rejoindre l’homme qui l’a accueillie alors qu’elle était serveuse dans un café et l’a encouragée à reprendre ses études et devenir enseignante. Mais au moment d’accéder au bout, le doute l’assaille : « Et s’il n’était pas seul? Et si elle le dérangeait? Si elle avait mal compris son message, ou plutôt son non-message, sa carte vierge? Elle frissonna, l’air s’était rafraîchi, ce qui n’était pas désagréable, mais ses pieds continuaient de la torturer. Elle songea qu’elle n’aurait peut-être pas dû venir, pas si vite en tout cas, accourir comme un chien-chien fou de joie à l’idée de retrouver son maître: quelle bêtise! Elle aurait mieux fait de rester chez elle, n’avait plus l’âge de jouer à ce genre de jeu; elle était une femme à présent, une femme accomplie qui n’avait pas besoin du regard des autres pour se sentir belle et justifier son existence, elle était forte et indépendante! »
Quand Étienne apparaît, c’est comme si le temps s’était soudain accéléré. En quelques secondes défilent des pans entiers de son existence, de leur rencontre à leur premier rendez-vous, de leur emménagement à La Ferme aux habitudes qui s’installent jusqu’à ce jour où elle avait pris la décision de partir sans se retourner. Mais pour l’heure, les retrouvailles se font presque sans paroles, avec un instinct très animal… « « Annie », susurra-t-il avec émotion.
Il porta ses doigts aux ongles ronds et nacrés à ses lèvres, les huma longuement, les yeux fermés, avant de les embrasser, les goûter. Ça avait commencé, ils s’étaient retrouvés. Pas besoin d’interminables discours, d’explications compliquées, sa carte à lui et sa venue à elle quelques jours après avaient suffi pour exprimer l’essentiel.
Il l’emmena à l’étage, éteignit la lumière, se rappelant qu’elle préférait sans, la guida jusqu’à son lit dans la pénombre. Une même crainte les envahit au moment du déshabillage: que penserait-il/elle de ce corps vieilli de quinze ans?; celui qu’il/ elle avait connu était-il très différent? Ces craintes ne durèrent qu’un instant, très vite la soif et les caresses de l’autre eurent raison de leurs appréhensions. » Si les (bonnes) vieilles habitudes reviennent assez vite et si Annie décide d’emménager à nouveau dans la ferme, on commence à sentir quelques points de crispation. Car si les corps se retrouvent, il n’en est pas forcément de même pour le cœur. C’est du reste la grande force d’Anne-Frédérique Rochat: Il lui suffit d’instiller quelques détails, comme les stores ouverts ou baissés, la préparation du repas ou encore la lumière qui reste allumée, pour nous faire comprendre que le couple n’est pas à l’unisson. D’appréhension en réaction épidermique – au vrai sens du terme – le lecteur découvre les failles et va les voir se creuser. Ainsi présence de plus en plus marquée de Lucien le lama pourrait prêter à rire, si elle n’était pas le signe d’une conception diamétralement opposée de concevoir le rôle de cet animal de compagnie. Pour Étienne, il fait partie intégrante de la famille au point de l’inviter à manger sa salade dans la maison. Pour Annie, il devient un rival. Il va en aller de même des voisins et en particulier d’un petit garçon qui s’invite un soir chez eux. S’il est bien accueilli, il va cependant cristalliser toute la frustration d’Annie et son envie de fonder une vraie famille. Elle se rappelle que c’est lorsqu’elle a annoncé qu’elle était enceinte qu’elle a dû quitter la ferme, Étienne ne se sentant pas capable d’assumer le rôle du père. Quinze ans plus tard, les choses ont-t-elles vraiment changé ? C’est tout l’enjeu de la fin du roman… qui vous réserve une belle surprise !

Livre_sur_les_quais_2017

Anne-Frédérique Rochat sera présente durant les trois jours du Livre sur les quais à Morges du 1 au 3 septembre 2017.

Autres critiques
Babelio
Le blog de Francis Richard 
Blog Le coin lecture de Nath 

Les premières lignes du livre

Extrait
« C’était censé être une bonne nouvelle!!! éclata-t-elle soudain. Heureux papa, tu n’avais qu’à suivre l’injonction!!! Ce n’est quand même pas très compliqué!!! Tu sais combien de personnes rêvent de ce qui est en train de nous arriver ?!
Annie, dit-il avec un calme déroutant, inquiétant, en détachant chaque syllabe, il n’a jamais été question de ça entre nous, tu le sais bien.
Et alors je fais quoi, maintenant que c’est là ?!
– Dieu merci, à notre époque, on a encore le choix.
– Le choix de quoi ?! ‘
– De revenir en arrière. »
Elle sentait des milliers de larmes se bousculer à l’orée de ses paupières, mais elle ferma le passage, de toutes ses forces, verrouilla la porte.
– Je n’avorterai pas.
– Annie, je ne veux pas d’enfant, je te l’ai toujours dit… »

À propos de l’auteur
La comédienne suisse Anne-Frédérique Rochat, née en 1977 à Vevey, alterne écriture dramatique et narrative depuis quelques années, trouvant un plaisir différent, mais complémentaire, dans l’exercice de ces deux genres littéraires. En 2016, le Prix Littérature de la Fondation Vaudoise pour la Culture a couronné l’ensemble de son œuvre. La ferme (vue de nuit) est son sixième roman. (Source : Éditions Luce Wilquin)

Site Internet de l’auteur 

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Focus Littérature

  RLN2017

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L’été en poche (61)

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The Girls

En 2 mots
À 14 ans, Evie – qui vit seule avec une mère qui la délaisse – s’attache à un groupe de filles, adepte d’un gourou qui va les entraîner dans une randonnée meurtrière. L’un des faits divers les plus retentissants de la Côte Ouest durant le Flower Power, revisité par une nouvelle plume étincelante.

Ma note
etoileetoileetoileetoile (j’ai adoré)

Si vous voulez en savoir plus…
Ma chronique complète publiée lors de la parution du roman en grand format

Les premières lignes

L’avis de… Marguerite Beaux (ELLE)
« Dans une prose qui caresse les détails et saisissante d’intensité lyrique, « The Girls » rend compte à quel point ces filles, et surtout Evie, espérant changer leur existence, n’ont été que les poupées obéissantes d’un pauvre type. Ce roman magistral agit comme un grand frisson révélateur sur la manière dont on se fabrique. »

Vidéo


Emma Cline présente son roman «The Girls». © Production Librairie Mollat

Ces rêves qu’on piétine

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En deux mots :
Que peuvent avoir en commun Ava, une enfant née à Auschwitz et Magda, la femme de Goebbels? On va le découvrir en suivant leurs parcours respectifs au moment où le régime nazi s’effondre. Un premier roman solidement documenté et construit comme une tragédie grecque.

Ma note :
★★★★ (j’ai adoré)

Ces rêves qu’on piétine
Sébastien Spitzer
Éditions de l’Observatoire
Roman
304 p., 20 €
EAN : 9791032900710
Paru en août 2017
Lauréat du Prix Stanislas 2017

Où?
Le roman se déroule principalement en Allemagne, à Berlin, Auschwitz, Buchenwald, Stöcken et Mieste, mais également en Hongrie, à Komarom, en Belgique, à Bruxelles et Vilvoorde, en Moravie, entre Brno et Olomouc, en Russie, à Nemmersdorf

Quand?
L’action se situe en 1945.

Ce qu’en dit l’éditeur
Sous les bombardements, dans Berlin assiégé, la femme la plus puissante du IIIe Reich se terre avec ses six enfants dans le dernier refuge des dignitaires de l’Allemagne nazie. L’ambitieuse s’est hissée jusqu’aux plus hautes marches du pouvoir sans jamais se retourner sur ceux qu’elle a sacrifiés. Aux dernières heures du funeste régime, Magda s’enfonce dans l’abîme, avec ses secrets.
Au même moment, des centaines de femmes et d’hommes avancent sur un chemin poussiéreux, s’accrochant à ce qu’il leur reste de vie. Parmi ces survivants de l’enfer des camps, marche une enfant frêle et silencieuse. Ava est la dépositaire d’une tragique mémoire : dans un rouleau de cuir, elle tient cachées les lettres d’un père. Richard Friedländer, raflé parmi les premiers juifs, fut condamné par la folie d’un homme et le silence d’une femme : sa fille.
Elle aurait pu le sauver.
Elle s’appelle Magda Goebbels.

Ce que j’en pense
La Seconde guerre mondiale continue de hanter les écrivains, qu’il s’agisse d’en faire le thème central de leur livre où en y intégrant cette période dans une fresque plus large. Historien de formation, Sébastien Spitzer a choisi pour son premier roman un angle bien particulier, celui des derniers jours du régime nazi, va à la fois du côté des vainqueurs (mais dans quel état !) et des vaincus (mais dans quel état !).
Ava incarne la première catégorie. Cette toute jeune fille est née dans le bloc 24-A à Auschwitz d’une mère qui servait au divertissement de ses geôliers. Pour elle la vie dans le camp, mais aussi après avoir réussi à fuir, ne se limite qu’à une chose : survivre.
En un contraste saisissant, la seconde catégorie est incarnée par Magda, une icône du régime: « Magda rajuste son chignon du plat de la main. Elle plisse ses yeux gris d’orage. Elle est un peu cernée. Redresse et gonfle sa poitrine, teutonique. Elle n’a jamais été la plus belle femme du pays, mais elle a de l’allure. Une beauté hors d’âge, imperméable. Magda se plaît encore. Elle lisse son tailleur sur ses hanches. »
Très vite, le lecteur va comprendre que cette femme qui vient prendre ses quartiers dans le bunker berlinois d’Adolf Hitler au moment où la vie ville subit un bombardement en règle, n’est autre que l’épouse du ministre de la propagande nazie, Joseph Goebbels. Grâce à une construction astucieuse, le lecteur est invité à suivre successivement le destin de l’une et de l’autre. Le lien entre les deux récits, aussi inattendu qu’historiquement avéré s’appelle Richard Friedländer.
Issu d’une famille de commerçants juifs berlinois, il est le père adoptif de Magda et l’une des victimes du plan d’épuration des juifs. Sébastien Spitzer nous offre de lire les lettres qu’il envoie à sa fille depuis le camp de concentration où il a été interné et où la mort l’attend. « Richard Friedländer a été. Il a lié son destin à celui de votre famille. Je suis Markus Yehuda Katz, fils de Salman et d’Olga Sternell. Et cette chaîne de mots, de moi, de nous, de noms infalsifiables, vous rattrapera, où que vous soyez. Il n’y aura pas d’oubli. Nous sommes le peuple qui doit durer, celui qu’on ne peut pas éteindre… Un jour, on se souviendra de lui comme de tous ceux qu’on a voulu faire disparaître, en vain. »
Et même si ces lettres sont apocryphes, les faits qu’elles relatent sont tout autant documentés que les dernières heures du régime et qui prendre la dimension d’une tragédie grecque en faisant de Magda une Médée moderne, soucieuse de ne pas offrir à ses enfants les images de la capitulation. « Elle a porté beaucoup d’enfants. Sept en tout : Harald, Helga, Hildegarde, Helmut, Holdine, Hedwig, Heidrun. Les prénoms des six derniers commencent par un « H », à la gloire de ce régime qui a fait d’elle une grande dame. Celui aussi de Harald, son aîné, né quand rien n’était encore, avant le putsch de la Brasserie, avant les premiers faits divers qui feraient parler d’eux. Ses enfants servent la grande cause. La sienne, bien sûr, mais aussi celle de l’Allemagne tout entière. Ils seront sacrifiés. Ils tomberont avec elle. »
Pendant ce temps, Ava tente de se relever. Elle fuit avec Judah qui a été raflé, embarqué brutalement avec son père, ses deux oncles et ses cousins.
« Je n’ai même pas eu le temps de l’embrasser, dit-il.
— Qui ça ? demande-t-elle.
— Ma mère. Je n’ai pas pu l’embrasser! Les soldats nous ont tassés dans des trains pour la Pologne. Mon cousin est mort de froid, à côté de moi. C’était la première fois que je voyais un mort. Et il avait mon âge ! Sur le quai de l’arrivée, on a reçu d’autres coups. Olejak nous a sélectionnés, mon père et moi, pour son camp. Je suis devenu un homme au fond d’une mine. »
Là encore, l’ironie de l’histoire vient confronter les deux destins. Les matières premières extraites dans les monts du Hartz par Judah et ses compagnons d’infortune feront la fortune de Harald, le fils de Magda, et de ses descendants. Après avoir produit les piles Varta pour l’armée du Führer, cer derniers possèdent aujourd’hui la plupart des actions du groupe BMW. La notion de vainqueur et de vaincu est donc toute relative, comme le montre ce roman qui va creuser dans l’âme des personnages les raisons qui les font agir, dans le paroxysme des situations leurs motivations les plus intimes. Un premier roman qui est d’abord un grand roman!

Sébastien Spitzer est lauréat du Prix Stanislas, doté de 3.000 euros, qui sera remis en public samedi 9 septembre à 10h30 à Nancy, à l’occasion de la manifestation Le livre sur la Place.

68 premières fois
Blog Entre les lignes (Bénédicte Junger)
Blog Les livres de Joëlle

Autres critiques
Babelio
livreshebdo.fr (Léopoldine Leblanc)
Page des libraires (Sarah Gastel) Avec un entretien avec l’auteur
Blog Sur la route de Jostein 
Blog Les lectures du mouton (Virginie Vertigo)
Blog L’Albatros (Nicolas Houguet)
Blog D’une berge à l’autre
Blog Bricabook 
Blog Le boudoir de Nath
Blog Litteratum Amor (Chantal Lafon)

Les premières pages du livre

Extrait
« Deux autres silhouettes attendent. Judah devine celle d’une enfant. À ses flancs, c’est la femme qui s’est tournée vers lui, et l’observe au milieu du chaos. Elle semble si calme. Elle murmure quelques mots à l’oreille de la petite. Elles attendent quelque chose… On dirait qu’elles ont un plan.
Judah entend les chiens rendus fous. Les soldats rôdent dehors. Ils traquent les fuyards. Combien de chiens? Un. Deux. Peut-être trois. Ils clabaudent, grognent, grattent, claquent leurs canines à vide et labourent de leurs griffes les parois extérieures. Puis les bêtes à fuyards se détendent et s’élancent à l’affût d’une nouvelle proie. C’est le moment. Judah a repéré une fracture entre deux planches. Il la palpe, éprouve sa résistance.
C’est jouable.
Le souvenir de sa mère lui redonne des forces. Elle est restée chez eux, à Komarom. Son visage. Ses mains. Ses paroles et ses caresses. »

À propos de l’auteur
Journaliste indépendant, l’auteur a publié des enquêtes sur l’Iran, les Etats-Unis et le terrorisme international : Raisons d’Etat, contre-enquête sur le juge Bruguière (éditions Privé, 2007) et Ennemis intimes, les Bush, le Brut et Téhéran (éditions Privé, 2006). (Source: http://www.livreshebdo.fr)

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Focus Littérature

   Livre-sur_la_place_NancyRLN2017

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L’été en poche (60)

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Petit pays

En 2 mots
Gabriel, père français et mère rwandaise, se remémore son enfance au Burundi, le bonheur puis les tensions et la guerre avant l’exil. Sensible et poignant.

Ma note
etoileetoileetoileetoile (j’ai adoré)

Si vous voulez en savoir plus…
Ma chronique complète publiée lors de la parution du roman en grand format

Les premières lignes

L’avis de… Valérie Marin la Meslée (Le Point Afrique)
« Roman d’initiation intimement singulier qui embrasse en même temps le continent tout entier, Petit pays est, bien sûr, habité par la musique sur laquelle son héros danse, reprenant confiance en l’avenir, le jour de son anniversaire, dans « l’instant, l’éternité de mes onze ans, ici sous le ficus cathédrale de mon enfance […] ». Avec raison. »

Vidéo


Le lauréat du prix du roman Fnac 2016 Gael Faye présente son premier roman «Petit pays». © Production La Grande librairie

Cet autre amour

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En deux mots:
La psychanalyse illustrée. Séance après séance, une l’analyse est détaillée, du trouble né avec le transfert à l’incompréhension des proches. Un «roman» devenu nécessaire pour l’auteur et éclairant pour le lecteur.

Ma note:
★★★ (beaucoup aimé)

Cet autre amour
Dominique Dyens
Éditions Robert Laffont
Roman
234 p., 18 €
EAN : 9782221197453
Paru en août 2017

Où?
Le roman se déroule en France, principalement à Paris. Un voyage en Suisse, à Morges est également évoqué.

Quand?
L’action se situe de nos jours, de 2013 à 2016.

Ce qu’en dit l’éditeur
Tu crois que c’est normal d’être amoureuse de son psy ?
« L’histoire que je m’apprête à raconter est une histoire d’amour. Une vraie, une incroyable histoire d’amour, qui m’a saisie par surprise et à laquelle il m’a été impossible de résister. Pendant deux longues années, peut-être davantage, j’ai mené une double vie. Je parlerais plutôt d’une vie double, c’est-à-dire fragmentée, divisée entre une vie conjugale heureuse, ouverte au regard des autres, et une vie intime, secrète, qui a puisé son inspiration dans les profondeurs de mon inconscient. »
Quel est ce lien d’«amour» unique qui unit un(e) patient(e) à son (sa) psychanalyste? C’est donc ça, le transfert? Telle est la question que tente de cerner la narratrice de Cet autre amour lorsque, amenée à entreprendre une thérapie à la suite d’un choc émotionnel violent, elle tombe amoureuse de son analyste. Ce récit à la fois pudique et cru d’un amour hors du commun rend un vibrant hommage à la fascinante aventure affective et intellectuelle qu’est la psychanalyse.

Ce que j’en pense
« L’histoire que je m’apprête à raconter est une histoire d’amour. Une vraie, une incroyable histoire d’amour, qui m’a saisie par surprise et à laquelle il m’a été impossible de résister. Pendant deux longues années, peut-être davantage, j’ai mené une double vie. Non pas dans le sens où on l’entend généralement, car je n’ai pas eu d’amant. Je parlerais plutôt d’une vie double, c’est-à-dire fragmentée, divisée entre une vie conjugale heureuse, ouverte au regard des autres, et une vie intime, secrète, qui a puisé son inspiration dans les profondeurs de mon inconscient.
Tout a commencé avec la fausse mort de M. Sans elle, sans cet événement qui m’a proprement désagrégée, rien ne serait jamais arrivé. Nous sommes le 8 février 2013. C’est le milieu de la matinée. À cette heure notre petit immeuble parisien a retrouvé son calme, l’appartement est silencieux, notre fille cadette est au lycée, les deux aînés n’habitent plus la maison. » Dès les premières lignes, tout est dit, ou presque. Si ce nouveau livre de Dominique Dyens se revendique comme un roman, il s’agit d’abord d’une confession, d’un témoignage d’autant plus fort qu’il s’est quasiment imposé. Car, comme l’explique la narratrice, Cet autre amour a phagocyté tout autre projet littéraire. Il n’était alors plus possible de poursuivre l’écriture d’un roman déjà commencé, no même de se lancer dans un nouveau projet tant ses séances lui «prenaient la tête».
Tout avait pourtant commencé sans à priori, simplement dans l’idée que la consultation d’un psychanalyste pourrait la soulager après le choc subi suite à la découverte de son mari inanimé dans l’appartement et la prise de conscience qu’il était passé près de la mort. Une issue «impensable». Voici donc la narratrice au seuil d’une aventure inédite: «C’est étrange, cette impression de me retrouver dans une situation presque analogue à celle d’une consultation médicale, sans toutefois parler d’autre chose que des douleurs de l’âme. Je lève les yeux vers l’homme assis en face de moi. Je ne décèle sur son visage aucune trace d’ennui ni d’ironie. Il m’écoute au contraire avec attention. Et sa sollicitude me touche. » Voilà comment ce fameux transfert se met en place. Le praticien instaure une relation de confiance, la patient commence à se laisser aller. Très vite, les confidences affleurent, y compris celles qu’on avait promis de ne pas dire. En l’occurrence, ne pas dire qu’on est écrivain. Une mission impossible, tant la création littéraire est indissociable de son existence, de son quotidien et vient brouiller l’analyse en cours.
« À force d’inventer des vies, je ne suis plus capable de penser la mienne. Je peux m’immiscer dans la tête de mes personnages, les faire parler, pleurer, rire, mais dès qu’il s’agit de moi, j’éprouve une sensation de vide. J’ai effectivement l’impression de ne plus savoir ordonner et structurer mes pensées, encore moins les formuler.
La solution va finir par s’imposer d’elle-même, évidente. Il faut traiter ces séances comme le ferait un écrivain. Il fait prendre des notes, dresser der compte-rendus des séances, essayer de comprendre ce qui a été dit – et ce qui n’a pas été dit – et les raisons de ce choix. Une analyse de l’analyse en quelque sorte. Exercice salutaire, mais aussi terreau très fertile du livre qui prend ainsi forme.
« C’est dans ce café, sur les notes de mon iPhone, que je consigne mes séances. L’écriture me sert d’exutoire et m’aide à classer et clarifier mes pensées. Et ce n’est qu’une fois la séance couchée sur le papier et mes émotions calmées que je peux m’en aller, avec l’impression d’avoir laissé sur la banquette un autre de ces anciens vêtements dont le poids m’encombrait. Que la séance ait été douloureuse ou joyeuse, que j’en ressorte frustrée ou au contraire emplie de satisfaction, entre le moment où je descends les escaliers du cabinet de mon psychanalyste et celui où je pénètre dans ce café, je ne suis liée à personne, ni affectivement ni socialement, mais ne suis définie que par mon vécu et mes émotions. Et cela aussi est une nouvelle plage de liberté intemporelle que je découvre et savoure. »
Reste que ces rendez-vous permanents chez le psychanalyste commencent à intriguer. Aux interrogations de la fille viennent s’ajouter les méfiances, voire la jalousie du mari. Cet «M» qui a tout déclenché et qui ne sera pas davantage nommé tout au long du livre. Pourtant le lecteur attentif le retrouvera dans les remerciements et comprendra combien le récit qu’il vient de lire est autobiographique, bien davantage que pour toute l’œuvre de Dominique Dyens et quand bien même elle se rendra compte que La femme éclaboussée contient beaucoup plus d’elle qu’elle ne se l’était imaginée. De découvertes en surprises, comme ce traumatisme durant l’adolescence, voici la narratrice en train de se (re)découvrir, en train de se (re)construire et en train de tomber à nouveau amoureuse. C’est bien entendu là le point central du livre que le titre résume clairement. Et qui sera lui aussi résolu par la littérature, par les «Fictions de la psychanalyse» et notamment par la lecture de Stefan Zweig, suivi de celle de sa correspondance avec Freud. Le tout s’achevant en apothéose lors d’un salon du livre, celui qui se déroule au bord du lac Léman, à Morges.
Si le livre est aujourd’hui bouclé et nous offre une plongée saisissante dans un cabinet de psychanalyse, l’auteur reste très discrète sur la suite des événements. Mais qu’importe, on comprend que désormais elle est prête à reprendre la plume et à poursuivre sa belle carrière.

NB. Pour les Suisses et ceux qui feront le déplacement sur les bords du Léman, Dominique Dyens sera (forcément) présente au livre sur les quais du 1er au 3 septembre à Morges.
Pour les Parisiens, signalons que Dominique Dyens présentera son livre à la Librairie Gallimard, 15 Boulevard Raspail, 75007 Paris le mardi 5 septembre à partir de 18h30.

Autres critiques
Babelio
Le littéraire (Jean-Paul Gavard-Perret)
Pluton magazine (avec entretien)
Blog A book is always a good idea
Blog Lis-moi si tu veux 
Blog Au pouvoir des mots


Dominique Dyens présente «Cet autre amour» © Production Librairie Mollat

Les premières pages du livre

Extrait
« Je rédige effectivement des sortes de comptes rendus de mes séances depuis que j’ai commencé ce travail, mais je m’autocensure et ne transcris jamais quoi que ce soit de mes sentiments. Est-ce ce jour-là que vous me suggérez de faire quelque chose de mes séances, de les écrire, de les transformer ? Je ne sais plus mais vous me parlez de dialogue, me dites de réfléchir à la forme, au nombre de personnages. Je vous fais remarquer qu’il n’y a jamais rien d’autobiographique dans mes romans. Cela vous fait sourire. Vous n’en croyez pas un mot. Je vous écoute poliment, persuadée du contraire. L’avenir vous donnera raison, quand, au détour de plusieurs séances et d’interprétation de rêves, je réaliserai que j’ai distillé quelque chose de ma vie dans mon premier roman, La Femme éclaboussée. Mais je n’en suis pas encore là. Pour l’heure, je me dis juste que vous ne savez pas que jamais je n’écrirai de livre aussi intime et cela me désole un peu. Cependant j’aime bien que vous me parliez d’écriture. Et si je n’écarte pas complètement la possibilité de commettre un jour un roman autobiographique, je suis bien loin d’imaginer alors que celui-ci pourrait revêtir la forme d’un récit sur le transfert amoureux. »

À propos de l’auteur
Écrivain, Dominique Dyens est notamment l’auteure de huit romans, parmi lesquels La Femme éclaboussée (Héloïse d’Ormesson 2000), Intuitions (Héloïse d’Ormesson 2011), Délit de fuite (Héloïse d’Ormesson 2008), Lundi noir (Héloïse d’Ormesson 2013) et Cet autre amour (Robert Laffont, 2017). (Source: Éditions Robert Laffont)

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  RLN2017   Livre_sur_les_quais_2017

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L’été en poche (59)

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La Chute des Princes

En 2 mots
Sexe, drogue et pas de rock-n-roll. Grandeur et décadence d’un trader, portrait du capitalisme sauvage où rien n’a changé depuis la crise.

Ma note
etoileetoileetoileetoile (j’ai adoré)

Si vous voulez en savoir plus…
Ma chronique complète publiée lors de la parution du roman en grand format

Les premières lignes

L’avis de… Olivia de Lamberterie (ELLE)
« Ce manuel de grandeur et de décadence ne serait que cendres si Goolrick, dans la lignée de sa magnifique œuvre autobiographique, « Féroces », n’arrivait à y trouver une certaine beauté. La rencontre avec Holly, prénommée comme l’héroïne de « Breakfast at Tiffany’s », le déjeuner final avec Carmela donnent à ce roman une élégance morale qui est la marque des princes. Demain sera peut-être un autre jour. »

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Robert Goolrick vous présente «La chute des princes» Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie de Prémonville. © Production Librairie Mollat

L’été en poche (58)

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Black-Out

En 2 mots
Le réseau électrique européen interconnecté est victime d’une attaque de grande ampleur. L’Europe, puis l’Amérique vont devoir survivre et se défendre.

Ma note
etoileetoileetoileetoile (j’ai adoré)

Si vous voulez en savoir plus…
Ma chronique complète publiée lors de la parution du roman en grand format

Les premières lignes

L’avis de… Blaise Gauquelin (Libération)
« Sans rebuter les non-initiés, dans une langue sobre et claire, il a le mérite d’avoir été écrit avant la catastrophe de Fukushima et l’attaque des réseaux nucléaires iraniens par le virus américano-israélien Stuxnet. Depuis, il n’a de cesse d’être rattrapé par la réalité. C’est ce qui le rend à la fois intéressant et effrayant. »

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Marc Elsberg présente son thriller «Black-Out» © Production Éditions Piranha

L’été en poche (57)

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Quand le diable sortit de la salle de bain

En 2 mots
Journaliste, écrivain et chômeuse : les malheurs de Sophie la Lyonnaise ne sont pas près de se terminer, malgré la famille, un ami, une éditrice et… le diable !

Ma note
etoileetoileetoile (beaucoup aimé)

Si vous voulez en savoir plus…
Ma chronique complète publiée lors de la parution du roman en grand format

Les premières lignes

L’avis de… Estelle Lenartowicz (Lire)
« Traitant du thème de la précarité comme un stimulus au récit, une matière à travailler dans la forme comme dans le style, l’auteure s’amuse avec l’écriture et livre un roman drolatique. […] Parce qu’elle est novatrice ambitieuse et généreuse, son œuvre est à découvrir sans condition. »

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Sophie Divry présente «Quand le diable sortit de la salle de bain» © Production librairie Mollat

L’été en poche (56)

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Le liseur du 6h 27

En 2 mots
Guylain Vignolles passe son temps à broyer les livres mis au pilon, mais va pourtant se retrouver au bout de quelques péripéties le sauveur des livres et d’un premier roman. Belle réussite !

Ma note
etoileetoileetoileetoile (j’ai adoré)

Si vous voulez en savoir plus…
Ma chronique complète publiée lors de la parution du roman en grand format

Les premières lignes

L’avis de… Joséphine Rouaud (Le Figaro)
« À la monotonie relative de la vie de Guylain Vignolles est appliquée une légèreté et une poésie qui réconfortent en des temps de crises économique et identitaire,. Peut-être que ce phénomène destiné au succès s’est ainsi créé en contrecoup d’une humeur maussade généralisée, comme le film Intouchables réconciliait les uns avec les autres. »

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Le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent © Production WebTVculture