Triangle à quatre

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Sélectionné pour le « Prix Orange du livre 2019 »

En deux mots:
Élise et Ludovic sont amoureux fous, mais leur couple se brise lorsque Ludovic fait un AVC et meurt. Éric va alors pouvoir bénéficier d’une transplantation cardiaque et poursuivre sa vie de père de famille aux côtés de Bénédicte et de ses enfants Gustave et Amandine. Jusqu’au jour ou Élise rencontre Éric…

Ma note:
★★★ (bien aimé)

Ma chronique:

Ce cœur qui bat pour toi n’est pas le mien

Dans ce nouveau roman, Matthieu Jung va faire se rencontrer Élise, qui vient de perdre son mari victime d’un AVC et Éric, qui a bénéficié d’une transplantation cardiaque. Une attirance quasi animale s’empare d’eux.

Élise et Ludovic filent le parfait amour. Entre eux, tout est allé très vite. Ils se sont jetés furieusement l’un contre l’autre, éprouvant une envie folle de frotter leurs épidermes, de faire l’amour. Ce n’est qu’après leurs ébats qu’ils ont fait connaissance. «Ils avaient tout fait à l’envers, comme dans un film dont les scènes auraient été montées dans le mauvais sens. Au premier repas avaient succédé des sorties au spectacle et des confidences échangées sur les berges de la Seine. Un matin, Élise avait reçu des fleurs chez elle. Ils se découvraient chaque jour de nouveaux points communs.»
Ce matin-là, ils seraient bien restés enlacés dans leur lit, mais Ludovic a promis de rejoindre son ami Fabrice pour sa partie de tennis hebdomadaire. Après quelques échanges, il s’effondre sur le court.
«Les urgentistes arrivèrent vite, mais, quand ils prodiguèrent les premiers soins à Ludovic, vingt minutes s’étaient écoulées depuis la survenue de son malaise. L’accident vasculaire cérébral avait causé au cerveau des lésions irréversibles.
À l’hôpital, les médecins ne purent que constater la mort.» Un drame qui va laisser Élise exsangue.
Du côté de l’hôpital Georges Pompidou une course contre la montre s’engage. Un cœur est désormais disponible pour une greffe. Éric, agent d’assurances de 39 ans, est l’heureux élu. Le message espéré le soulage et l’angoisse en même temps. Mais sa transplantation cardiaque se passe bien et après quelques semaines, il peut même recommencer à faire du vélo. Bénédicte, son épouse, et ses enfants Gustave et Amandine voient avec plaisir ses progrès.
Dans son nouveau roman, Matthieu Jung imagine que Éric croise Élise et que, la belle jeune femme éprouve une curieuse attirance pour cet homme au physique plutôt ordinaire. Bis repetita, ils se jettent littéralement l’un sur l’autre avant d’imaginer faire plus ample connaissance. Un SMS laconique va toutefois faire douter Éric des intentions d’Élise: « Monsieur, si vous voulez, on peut se retrouver demain vers 16 h 30 aux Sièges d’Alésia. Élise Pellet. »
En fait, il l’ignore, mais «en une seconde, sa vie vient de changer». Quand ils se rencontrent, Éric oublie Bénédicte et les enfants, tandis qu’Élise retrouve… Ludovic.
Matthieu Jung se base sur la controversée théorie de la mémoire cellulaire pour expliquer ce besoin irrépressible des amants à se retrouver et à frotter leurs épidermes. Apprenant qu’Éric a été transplanté, Élise est sûre que c’est le cœur de Ludovic qui bat dans sa poitrine. Même si le médecin entend la dissuader, elle affirme n’avoir pas besoin d’études scientifiques pour savoir ce qu’elle ressent.
De son côté Bénédicte, qui voit que son mari rajeunit à mesure qu’elle se renfrogne, va engager un détective privé, Guénolé Dumas, pour savoir ce qui se trame.
Qui aura le dernier mot entre Bénédicte et Élise? Qu’en est-il de la théorie de la mémoire cellulaire? Autant de questions qui pimentent la dernière partie de ce roman habilement construit.

Triangle à quatre
Matthieu Jung
Éditions Anne Carrière
Roman
238 p., 18 €
EAN 9782843379314
Paru le 03/01/2019

Où?
Le roman se déroule en France, principalement à Paris et environs, du côté de Malakoff, Clamart, Viroflay, Meudon et Versailles. On y évoque aussi Nantes et Luynes ainsi que Cabourg, mais aussi la Sicile.

Quand?
L’action se situe de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Éric, 39 ans, agent d’assurances, a survécu à une transplantation cardiaque. Le jour de cette greffe, Ludovic, le fiancé d’Élise, est mort. On a prélevé son cœur. Élise a sombré dans une grave dépression.
Quelques années plus tard, lorsqu’elle rencontre Éric, elle renaît à la joie.
À cause de cette romance, l’épouse d’Éric, Bénédicte, voit son mari s’éloigner d’elle et décide de se battre.
Mais Élise n’a jamais vraiment fait le deuil de Ludovic. Peu à peu, elle se convainc que c’est son cœur qui bat dans la poitrine d’Éric.
Si elle a raison, l’amour appartient-il au destin? Si elle a tort, se résume-t-il à une farce?
Un seul cœur a changé, et trois vies vont être propulsées dans une ronde terriblement drôle et un brin cruelle où tout le monde s’aime pour les plus mauvaises raisons. On rit beaucoup et, comme dans tous les romans de Matthieu Jung, on admire la capacité de l’auteur à croquer nos vies jusqu’aux pépins pour en extraire l’essence littéraire.

Les critiques
Babelio 
Lecteurs.com 
L’Express (Jérôme Dupuis)


Matthieu Jung présente Triangle à quatre © Production Librairie Mollat

INCIPIT (Les premières pages du livre)
« – Comme ton cœur bat fort…, dit-elle, l’oreille collée à sa poitrine.
Au creux du berceau des côtes, l’infatigable pompe vendait son bruit assourdi de grosse caisse, sur deux temps, auquel succédait un silence d’une demi-seconde, jusqu’au cognement suivant.
– Ah bon? Pourtant mon toubib trouve que j’ai un pouls lent.
– Je n’ai pas dit vite, j’ai dit fort.
Elle serra le poing.
– On sent que c’est un cœur solide, qui tient le coup. Après quelques secondes, elle ajouta:
– Quand même, quel prodige qu’une vie humaine! L’ensemble des phénomènes qui se produisent simultanément dans un corps pour entretenir son existence… Cette machinerie fragile et perfectionnée…
– C’est vrai. Quand on y réfléchit, la vie humaine est un miracle permanent.
Elle se redressa sur un coude, se mit à caresser le ventre de son homme, lissant la toison implantée en triangle, du pubis au nombril.
– Tu es vraiment sûr que tu as envie d’aller au tennis?
– J’ai promis à Fabrice.
– Appelle-le. dis-lui que tu t’es chopé une gastro. Il y en a plein, en ce moment.
– Je ne sais pas mentir, il va sentir que je pipeaute.
– Envoie-lui un texto.
Il descendit à sa hauteur, embrasse ses aisselles épilées, douces comme des lèvres. Elle avait transpiré. Les effluves sudoraux de la femelle ranimèrent les ardeurs du mâle. Pendant quelques secondes, il fut tenté de céder, mais l’image d’un Fabrice furieux, claquant des services contre un demi-court vide pour se réchauffer et pestant contre les retards répétés de son partenaire, l’en dissuada.
– Non.
Elle bascula sur le dos, avec une moue boudeuse.
– Au moins, tu pourrais jouer le matin, comme ça nos dimanches après-midi ne seraient pas systématiquement amputés.
– Systématiquement amputés… Je rêve! Il est cinq heures et demie. On en a quand même bien profité, de l’après-midi. De toute façon, quand je jouais le matin, tu me demandais de jouer plutôt le soir.
Elle le serra dans ses bras et lui mordit la lèvre inférieure.
– Monsieur, vous avez raison! Votre future épouse est d’une mauvaise foi épouvantable. Mais elle a une bonne excuse: c’est parce qu’elle va se languir de vous.
Il regarda le réveil.
– Voilà, je suis à la bourre… C’est malin.
Il se déplaça vers le bord du matelas, se tourna sur le flanc gauche, plia les genoux, remonta les jambes en mettant ses cuisses à l’équerre, puis, s’appuyant à la fois sur son coude gauche et sur sa main droite, il se redressa latéralement pour se retrouver en position assise.
– Alors, je l’ai bien fait?
– Très bien! Si tout le monde sortait de son lit de cette manière, les gens souffriraient moins du dos.
– Et ton cabinet serait vide.
– Pas nécessairement. Je vois défiler toutes sortes de patients.
Il se dirigea vers l’armoire et en sortit sa tenue de sport. Pendant qu’il déambulait nu dans la chambre, il vit dans leur psyché qu’elle s’adossait au mur pour mieux lui reluquer les fesses. Elle les admirait, aimait à lui répéter qu’elles étaient musclées, adorablement bombées en leur milieu. La sangle abdominale n’était pas mal non plus, grâce à la série de cinquante «relevés de buste au sol» qu’il s ’infligeait avant chaque petit déjeuner.
Il laça ses tennis et passa dans la cuisine. Pour se donner du tonus avant l’effort, il mangea une banane. Trois défaites d’affilée suffisaient. Durant la semaine, il avait mûri une stratégie pour neutraliser le coup droit de Fabrice, grâce auquel ce salopard avait marqué au moins vingt points directs, le dimanche précédent. Ludovic allait distiller des balles hautes, longues et molles sur le point fort de son adversaire, pour le déporter vers sa droite et s’ouvrir ainsi la partie gauche du terrain. Ensuite, à la première occasion, il attaquerait Fabrice sur son revers. Seulement la tactique était risquée car, dès qu’il enverrait une balle trop courte ou pas assez liftée, en face, la riposte de Fab fuserait: missile sol-sol, soit croisé, soit le long de la ligne. Presque aucun déchet, la semaine passée. Insupportable. On ne devrait pas jouer tout le temps contre le même gars. À force, chacun connaît les failles de l’ autre, le scénario devient répétitif, donc on s’amuse moins sur le court et on peine à se concentrer. Cette envie de varier les partenaires turlupinait Ludovic maintenant que Fabrice le battait quatre fois sur cinq. »

Extraits
« Ils avaient tout fait à l’envers, comme dans un film dont les scènes auraient été montées dans le mauvais sens. Au premier repas avaient succédé des sorties au spectacle et des confidences échangées sur les berges de la Seine. Un matin, Élise avait reçu des fleurs chez elle. Ils se découvraient chaque jour de nouveaux points communs. Comme ils savaient déjà qu’ils se plaisaient, le souci de séduire ne bridait plus leur naturel, de sorte qu’ils se charmaient davantage encore. »

« Les urgentistes arrivèrent vite, mais, quand ils prodiguèrent les premiers soins à Ludovic, vingt minutes s’étaient écoulées depuis la survenue de son malaise. L’accident vasculaire cérébral avait causé au cerveau des lésions irréversibles.
À l’hôpital, les médecins ne purent que constater la mort. Élise tint le choc, au début, grâce au soutien indéfectible d’une famille aimante et d’amis fidèles. »

« Mais moi, professeur, je n’ai pas besoin d’études scientifiques pour savoir ce que je ressens. J’ai découvert le témoignage d’une receveuse qui, quand elle s’est réveillée, a su immédiatement qu’elle vivait désormais avec le cœur d’un homme. Elle a fait part de cette impression à son cardiologue, elle lui a demandé s’il lui avait greffé le cœur d’un homme, et il a refusé de répondre. Le mois suivant, elle a reposé la question: «Est-ce que vous m’avez greffé le cœur d’un homme? » Et il a refusé de répondre. Et, le mois suivant, quand elle a reposé encore la même question, le médecin l’a regardée avec un sourire en coin et il lui a dit: «Oui, c’est le cœur d’un homme.»
Lefebvre, qui ignorait cette anecdote se dit que son collègue aurait été mieux inspiré en la bouclant. »

À propos de l’auteur
Matthieu Jung est né à Nancy et vit à Paris. Il est l’auteur de Principe de précaution (Stock, 2009) et de Vous êtes nés à la bonne époque (Stock, 2011). (Source : Éditions Anne Carrière)

Site Wikipédia de l’auteur 

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