Le grand jeu

minard_le-grand-jeu

Le grand jeu
Céline Minard
Rivages
Roman
192 p., 18 €
EAN : 9782743637507
Paru en août 2016

Où?
Le roman se déroule sur un territoire situé à 2871m, vraisemblablement aux Etats-Unis. New-York est a seule ville qui y est évoquée.

Quand?
L’action se situe de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Installée dans un refuge high-tech accroché à une paroi d’un massif montagneux, une femme s’isole de ses semblables pour tenter de répondre à une question simple: comment vivre ?
Outre la solitude, elle s’impose un entraînement physique et spirituel intense fait de longues marches, d’activités de survie, de slackline, de musique et de la rédaction d’un journal de bord.
Saura-t-elle « comment vivre » après s’être mise à l’épreuve de conditions extrêmes, de la nature immuable des temps géologiques, de la brutalité des éléments ? C’est dans l’espoir d’une réponse qu’elle s’est volontairement préparée, qu’elle a tout prévu.
Tout, sauf la présence, sur ces montagnes désolées, d’une ermite, surgie de la roche et du vent, qui bouleversera ses plans et changera ses résolutions…
Avec son style acéré, Céline Minard nous offre un texte magnifique sur les jeux et les enjeux d’une solitude volontaire confrontée à l’épreuve des éléments.

Ce que j’en pense
***
Disons que cette période de l’année se prête volontiers à l’introspection et que le temps des bonnes résolutions est souvent l’occasion d’un retour en arrière pour aborder ce nouveau roman de Céline Minard.
Pour la narratrice, il s’agit en effet de se livrer à une expérience ultime, vivre seule dans un environnement hostile et se rapprocher de la nature pour mieux appréhender la vie, pour mieux comprendre son rapport au monde.
Au début du livre, on assiste à l’aménagement de sa maison sur un pic montagneux situé à quelques 2871 m d’altitude.
En fait de maison, c’est par hélicoptère qu’on lui livre « un habitacle thermo-réfléchissant, des panneaux photovoltaïques, deux plaques de cuisson performantes, une douche à thermostat » ainsi que des outils de jardinage, des vêtements, des livres et du matériel divers. Car elle a tout calculé, tout réfléchi, tout envisagé. Il ne s’agit pas de se retrouver tel un naufragé sur une île déserte, mais de s’installer avec un certain confort dans cette nature qu’il va falloir apprendre à connaître afin de la maîtriser.
« L’odeur, le volume de l’air, le son feutré de mes pas, la sérénité m’ont cueillie tous ensemble, et l’espace a subitement changé de texture. J’ai eu conscience de mon poids, de ma présence, de l’échange gazeux que j’entretenais avec mon milieu. »
Tout en préparant ses plates-bandes, en pêchant, en chassant afin de préparer l’hiver, elle est plus que jamais attentive au milieu qui l’entoure. Très vite elle constate : «La vie était partout à mes pieds et autour de moi, le désert n’existait pas. » Mais alors qu’elle semble prendre ses marques, un curieux incident vient gripper cette étude personnelle. Au cours de ses expéditions, elle découvre non seulement une bâtisse sur son vaste territoire, mais elle voit aussi «un bras maigre s’agiter au-dessus d’un tas de laine sombre».
Pour elle, qui n’avait pas prévu être dérangée par un être humain, cette rencontre est des plus déstabilisantes, même s’il s’agit en l’occurrence d’un moine muet ou plutôt d’une ermite qui entend, elle aussi, continuer à vaquer à ses occupations.
Cependant, et comme dans Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier, elle se rend très vite compte qu’il «n’y a pas de non-relation entre humains», que l’autarcie qu’elle entendait construire se heurtait à cette présence. Que sa théorie du rapport à l’autre, « Je veux imaginer une relation humaine qui n’aurait aucun rapport avec la promesse ou la menace. Qui n’aurait rien à voir, rien du tout, avec la séduction ou la destruction.» restera une vie de l’esprit.
Il en ira de même du programme qu’elle avait élaboré, «Les habitudes aussi, il faut les construire. Effectuer les gestes de l’autarcie, les gestes simples, quotidiens, voilà ce que je m’étais proposé de construire pour habitude.» et que les circonstances et la météo vont bousculer.
Si la promesse qu’elle s’était faite « est peut-être au fond une promesse de cohérence», force est de constater que les impondérables dictent davantage le quotidien et que la quête devient au fil des jours non plus mystique, mais existentielle. Comme l’écrit avec beaucoup d’à-propos Céline Minard, «le vide est une étude personnelle.» À vous de le ressentir. Vous en sortirez bouleversé !

Autres critiques
Babelio 
Blog Motspourmots.fr (Nicole Grundlinger)
20 minutes (Laurent Bainier)
L’Express (Éric Libiot)
BibliObs (David Caviglioli)
Culturebox (Laurence Houot)
Télérama (Nathalie Crom)
La cause littéraire (Zoé Tisset)
En attendant Nadeau (Pierre Beletti)
Blog Sur la route de Jostein 

Extrait
« Je ne peux pas, personne ne le peut, ne pas prêter attention à la présence humaine. D’une coccinelle, d’un geai, d’un isard, d’une souris, oui, mais pas d’un humain. C’est un fait. Dès que je vois un humain, j’ai l’idée d’une relation entre lui et moi. Je m’en rends compte. Je ne peux pas faire comme s’il n’existait pas. Encore moins dans la position isolée dans laquelle je me trouve. Que j’ai choisie. Dans laquelle je m’exerce et cherche à savoir si on peut vivre hors-jeu, en ayant supposé qu’on le peut et que c’est une des conditions requises pour obtenir la paix de l’âme. C’est une hypothèse que j’ai faite et que je m’efforce de vérifier. Et tout à coup il y a un moine, enfin une nonne, disons. Qui ne ressent pas la menace. Qui plonge son regard dans le mien comme elle le plonge dans le lac. Est-ce un contact visuel ? Est-ce qu’elle a un contact visuel avec le lac aussi ? Tout à coup, il y a une nonne qui vous chie au nez.
Chacun chez soi et les poules seront bien gardées, c’est le début d’une société, d’une règle sociale. Il n’y a pas de non-relation entre humains. »

A propos de l’auteur
Lauréate du prix Inter (2014) pour Faillir être flingué, Céline Minard, née le 13 novembre 1969 à Rouen, est également l’auteur du Dernier Monde (2007), Bastard Battle (2008), et So long, Luise (2011). Elle est considérée aujourd’hui comme l’une des voix les plus originales de la littérature contemporaine. (Source : Éditions Rivages)

Site Wikipédia de l’auteur 

Commandez le livre en ligne sur Amazon (il suffit de cliquer sur la couverture)

Mes livres sur Babelio.com


Focus Littérature

Tags :
#RL2016 #celineminard #editionsrivages #legrandjeu #roman #rentreelitteraire

Notre château

REGNIEZ_notre-chateau68_premieres_fois_Logo

Notre Château
Emmanuel Régniez
Le Tripode
Roman
128 p., 15 €
ISBN: 9782370550781
Paru en janvier 2016

Où?
Le roman se déroule principalement dans le Château situé dans une ville qui n’est pas nommée.

Quand?
L’action se situe de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Un frère et une sœur vivent reclus depuis des années dans leur maison familiale, qu’ils ont baptisée « Notre château ». Seule la visite hebdomadaire du frère à la librairie du centre-ville fait exception à leur isolement volontaire. Et c’est au cours de l’une ces sorties rituelles qu’il aperçoit un jour, stupéfait, sa sœur dans un bus de la ligne 39. C’est inexplicable, il ne peut se l’expliquer. Le cocon protecteur dans lequel ils se sont enfermés depuis vingt ans commence à se fissurer.
On pourrait penser aux films Les Autres de Alejandro Amenábar, Shining de Kubrick, ou à La Maison des feuilles de Danielewski. En reprenant à son compte l’héritage de la littérature gothique et l’épure de certains auteurs du nouveau roman, Emmanuel Régniez réussit un roman ciselé et singulier, qui comblera les amateurs d’étrange.
« Je soigne ma mélancolie en me racontant des histoires qui pourraient me faire peur.» Emmanuel Régniez.

Ce que j’en pense
***
Pour ses débuts en littérature, Emmanuel Régniez s’est souvenu des contes de son enfance. Quand, entouré de ses parents, il rêvait sa vie plutôt qu’il ne la vivait. Entouré de ses sœurs, il aimait de raconter des histoires, accompagner son père dans des parties de chasse mémorables. « Nous étions si heureux au sein de notre château, au milieu des bois, sur la pente d’une colline. »
Cependant Octave n’est pas dupe. «En réalité je n’allais pas à la chasse mais j’accompagnais mon père au marché et l’aidais à vider le coffre de la voiture. Ma mère souvent râlait car mon père n’avait pas acheté ce qu’elle voulait.» On ajoutera que le château n’existait pas davantage. Du moins jusqu’au jour où un notaire annonça que la famille héritait d’une grande et belle maison, en ajoutant qu’une clause dudit testament interdisait au père d’y habiter. Cette bizarrerie a-t-elle provoqué l’accident de voiture mortel sur la route du retour ? Personne ne le saura jamais. Toujours est-il que les orphelins purent dès lors prendre possession du château.
Octave, le narrateur, et Véra vont y aménager une grande bibliothèque et y vivre quasiment reclus. « Notre monde est contenu dans Notre Bibliothèque. Notre monde est notre bibliothèque. »
Octave s’autorise une sortie par semaine, à la librairie du centre-ville, afin d’acheter quelques ouvrages supplémentaires. C’est à ce moment, très précisément le jeudi 31 mars à 14h 32, que leur existence si paisiblement réglée, va basculer.
Octave voit Véra, qui ne sort jamais et à fortiori jamais dans un bus, « dans le bus n°39 qui va de la Gare à la Cité des 3 Fontaines, en passant par l’Hôtel de ville. »
Un incident somme toute banal, mais qui mettre à mal toutes les certitudes, entrainer toute une série d’autres phénomènes étranges.
Qui a tort ? Qui a raison ? Où se situe la frontière entre l’étrange, le fortuit et l’irréel ? En choisissant de répéter certaines phrases, comme pour les marteler, l’auteur réussit à installer une atmosphère très prenante, qui nous fait douter de nos certitudes. Véra a-t-elle raison de reprocher son entêtement à Octave ? «Coupable comme tu sais l’être, tu es prêt à inventer n’importe quelle histoire».
Voilà le lecteur pris au piège, incapable de trancher. Ce couple énigmatique dans cette demeure mystérieuse a quelque chose d’hypnotique. À l’image du cahier photo de Thomas Eakins rassemblé en fin de volume. Seul petit bémol, la couverture qui est à mon sens totalement manquée et ne poussera sans doute pas à l’achat spontané en librairie. Du coup, les blogueurs sont là…

68 premières fois
Blog motspourmots.fr (Nicole Grundlinger)
Blog Tout ce qui se lit (Marie-Blanche xxx)
Blog Domi C lire (Dominique Sudre)
Blog Alias Noukette (Françoise Lavabo)
Blog Les Jardins d’Hélène (Laure xxx)
Blog Entre les lignes (Bénédicte Junger)
+ Interview de l’auteur
Blog Le chat qui lit (Nathalie Cez)
Blog Les livres de Joëlle (Joëlle xxx)
Libfly (Catherine Airaud)

Autres critiques
Babelio
L’Opinion (Bernard Quiriny)
Blog Mes Imaginaires
Blog Charybde 27
Blog Le Labo de Benoît
Blog Un dernier livre avant la fin du monde

Les premières pages du livre

Citation
« Une maison qui contient beaucoup de livres est une maison ouverte au monde, est une maison qui laisse entrer le monde. Chaque livre qui entre est un fragment du monde extérieur et, tel un puzzle, quand nous posons ensuite le livre dans les rayons de Notre Bibliothèque, nous recomposons le monde, un monde à notre image, à notre pensée. » (p. 39)

A propos de l’auteur
Emmanuel Régniez est un écrivain de langue française. Notre Château est son premier roman. Il est aussi l’auteur de l’Abc du gothique aux éditions Le Quartanier. (Source : Éditions Le Tripode)

Compte Twitter de l’auteur

Commandez le livre en ligne
Amazon

Mes livres sur Babelio.com


Focus Littérature