La plume

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En deux mots
Entre les deux tours de la présidentielle, le Président en exercice perd les pédales durant le débat télévisé. Une journaliste va essayer de comprendre la raison de ce suicide en direct et nous entraîner dans un suspense politique éclairant.

Ma note
etoileetoileetoile (beaucoup aimé)

La plume
Virginie Roels
Stock
Roman
320 p., 20 €
EAN : 9782234082618
Paru en mars 2017

Où?
Le roman se déroule principalement à Paris, mais aussi à Nanterre et à Brinon-Sur-Sauldre, un petit village de Sologne et à Rabat, au Maroc. Bruxelles, Marseille et Tunis sont également évoquées.

Quand?
L’action se situe de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
« Le président était à moins d’un mètre quand il se mit à dévisager le public. Il s’arrêta net sur un jeune homme assis au deuxième rang. Ce dernier le fixa d’un sourire de Joconde. Le président baissa les yeux, puis se tourna vers son ministre de l’Intérieur. La suite, nous la connaissons tous, les images ont fait le tour du monde : à vingt-deux heures trente, devant cinquante millions de téléspectateurs, le président de la République française a littéralement perdu les pédales.
Quelques secondes qui brisèrent sa carrière ; jamais humiliation ne fut si foudroyante. Dès cet instant, nous fûmes des centaines de journalistes cherchant à savoir ce qui s’était passé. La chance voulut que je sois la seule à avoir identifié l’objet de son effroi : le jeune au sourire de Joconde. »
Une fable contemporaine sur la classe politique, où tout est fiction, mais presque tout est vrai… Un roman inventif, brillant et audacieux.

Ce que j’en pense
Voilà ce que l’on pourrait appeler un roman de circonstances, car il a pour sujet de départ le débat entre les deux postulants au poste de président de la République, entre les deux tours de la présidentielle. D’un côté le président Debanel qui brigue un second mandat, porté par des sondages euphoriques alors que quelques mois plus tôt, il battait des records d’impopularité, et d’autre part son adversaire de l’opposition, dont la pugnacité, l’agressivité est presque du pain bénit pour le sortant, calme et olympien. Mais un petit grain de sable va venir enrayer la machine. Soudain, pris de panique, le Président dérape et va perdre, face à des millions de téléspectateurs, toute chance de s’assurer un second mandat. Une jeune journaliste flaire alors le scoop : « Pour la première fois de ma médiocre carrière, j’avais une intuition, un indice, et la conviction d’en avoir été l’unique témoin. J’ai tiré les fils, patiemment, jusqu’à reconstituer le puzzle. Après des mois passés à écouter tous les acteurs de cet affreux quoique jouissif naufrage, celui d’un président, en voici le récit. »

Chacun se souviendra de ces joutes et de ces petites phrases qui ont, paraît-il fait l’élection « Vous n’avez pas le monopole du cœur » assené par Giscard d’Estaing à Mitterrand ou encore le « Je vous regarde dans les yeux et je vous le répète, vous êtes un menteur » de Mitterrand face à Chirac. On pardonnera à Virginie Roels d’avoir ici forcé un peu le trait et d’avoir, tout au long du livre, ajouté quelques scènes qui tiennent plus de l’invraisemblable que de la fine analyse politique, car ce premier roman sait d’une part entretenir le suspense et d’autre part nous entraîner dans les arcanes d’un pouvoir qui exacerbe d’autant les passions que chacun sait qu’il est éphémère, qu’il y a des centaines de personnes qui lorgnent une place sous les lambris de la République.
David Joli est l’un d’eux. Il a su gravir un à un les échelons jusqu’à devenir celui un sherpa du Président, rédigeant ses discours. Ou plutôt profitant de sa double casquette de prof pour faire plancher ses élèves, sans qu’ils le sachent, sur les thèmes qu’il doit développer. Pris par le temps, il donne même tel quel le texte de l’un de ses élèves, Julien Le Dantec, au ministre qui le lui réclamait d’urgence, le président ayant choisi de modifier son emploi du temps. Ce texte, qui rend leur dignité aux ouvriers de Micelor, permet au Président de regagner des points. Au fil de ses déplacements, y compris à l’étranger, sa Plume fait des merveilles.
David Joli grimpe les échelons jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir tout en jouant avec le feu. Car Julien Le Dantec va flairer l’entourloupe.
L’enquête de la journaliste va lui permettre peu à peu de dénouer les fils d’une intrigue qui va bientôt mêler les services de renseignements, le viol d’une enfant, une filière djihadiste, et les plus hautes personnages de l’Etat dans le financement occulte de leur campagne.
Mais arrêtons-nous là pour souligner les vertus de ce roman, à commencer par celle de nous ouvrir les yeux sur ces jeux de pouvoir ou l’angélisme n’a pas cours, ou l’éthique est bafouée par l’appât du gain, ou la morale est balayée d’un revers de main pour assouvir une soif inextinguible de pouvoir. Pour un peu, je dirais que cela me rappelle bien quelqu’un…
Au moment où la France se choisit un nouveau Président, voilà en tout cas une satire qui donne à réfléchir. Bienvenue et peut-être salutaire !

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Les premières pages du livre 

Extrait
« Mon rédac chef avait peut-être raison, on ne s’improvise pas journaliste d’investigation. Incapable de me remettre à la tâche, j’interrogeais le ciel, y dessinant des bonshommes à la Magritte, espérant qu’on y lâche des lanternes, une fois la nuit tombée. Les semaines passèrent sans que la presse ne soulève l’hypothèse qui était la mienne : l’implication du jeune étudiant dans le naufrage du président. J’écrivis de nouveaux articles sur les présentateurs télé, interviewai quelques acteurs de séries B, mais le cœur n’y était plus. Mon rédac chef s’en aperçut et, en fin de contrat, préféra ne pas « me garder », précisant que c’était peut-être pour moi « l’occasion de vous lancer ! ». « Par la fenêtre ? » aurais-je pu répliquer, mais la repartie, sur le moment, me manqua. »

À propos de l’auteur
Longtemps journaliste d’investigation pour la télévision et la presse écrite, Virginie Roels est directrice de la publication du magazine Causette. La Plume est son premier roman. (Source : Éditions Stock)
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