Amine

AZZAM_amine  RL_Hiver_2022

En deux mots
Amine est un jeune garçon, fils d’immigrés, qui débarque à Annecy en classe de 6e. il ne parle quasiment pas français. Madame Maya, sa prof, va alors déployer toute son énergie et ne pas économiser ses heures pour lui permettre de s’intégrer, de parler, lire et écrire. 20 ans après, il revient sur les bords de lac, où son histoire française a commencé.

Ma note
★★★ (bien aimé)

Ma chronique

Le petit prince venu d’ailleurs

Avec Amine Mona Azzam raconte la rencontre d’un jeune immigré avec une professeur de français déterminée à lui construire un avenir. Une rencontre déterminante, bouleversante.

Vingt ans après avoir franchi les grilles du collège Camille Claudel d’Annecy pour la première fois, Amine est de retour afin d’assister aux obsèques de sa professeur de français, Madame Maya. S’il a fait le voyage depuis Marseille, c’est qu’il doit tout à cette femme. Quand elle a fait la connaissance d’Amine, elle vivait seule. Son mari l’avait quittée après la mort de leur enfant. Dans sa classe de 6e le jeune immigré venait tout juste de débarquer du Sahel et ne parlait quasiment pas français. Une situation qui laissait l’enseignante tout à la fois révoltée, désemparée et attendrie.
Révoltée parce qu’il n’y a pas de place pour lui dans les structures dédiées et que ses collègues baissent les bras. Désemparée, parce qu’elle n’a pas de baguette magique ou même d’outils pédagogiques pour lui venir en aide. Et attendrie devant le désarroi et la tristesse du garçon.
Un garçon qui, en ce jour glacial de 1995, préfère mentir à son père et lui dire que tout va bien plutôt que de reconnaître qu’il est incapable de suivre les cours, qu’il peut à peine comprendre les quelques mots bienveillants de Madame Maya, la seule qui semble lui accorder un peu d’intérêt.
Mona Azzam a eu la bonne idée de faire alterner les voix des différents acteurs. Celle de l’enseignante et celle du jeune immigré, pour raconter leurs parcours respectifs l’un vers l’autre, mais aussi celle du principal de l’établissement. Il se souvient avoir fermé les yeux quand une fronde malsaine s’est propagée pour empêcher Amine d’aller en classe de neige. Celle de son copain de classe Théo qui par solidarité a prétexté une rage de dents pour ne pas partir à la montagne avec sa classe. Celle d’Elsa Bonnet, que je vous laisse découvrir.
À force de travail, d’heures de soutien, y compris durant les vacances, Madame Maya va réussir son pari. Amine va réussir à maîtriser la langue française et pouvoir progresser dans toutes les matières. Jusqu’à réussir à écrire une nouvelle qui sera primée (et reproduite en intégralité dans ce récit). Mona Azzam réussit fort bien à montrer dans cette histoire les lacunes de notre système éducatif, pas ou peu enclin à faire les efforts nécessaires pour pouvoir mieux intégrer les immigrés ou les élèves en difficulté. Mais on pourra aussi avoir une lecture plus réjouissante, celle qui met en avant une volonté inébranlable, une forte motivation et un engagement qui tient du sacerdoce. Un roman tout en nuances, j’allais écrire très loin du noir et blanc.

Amine
Mona Azzam
Éditions de La Trace
Roman
120 p., 18 €
EAN 9791097515577
Paru le 7/01/2022

Où?
Le roman est situé en France, principalement à Annecy, mais aussi à Chambéry, Marseille et Montpellier. On y évoque aussi Mbour au Sénégal et le Mali.

Quand?
L’action se déroule de 1995 à nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
« Madame Maya.
C’est le nom de mon professeur de français.
Le français, cette langue qui m’est inconnue, en ce premier jour d’école ; mon premier jour d’école en France, au milieu de tous ces Français qui s’expriment dans un langage mystérieux, inconnu de moi, moi, la graine de cacao… »

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
goodbook.fr
Mare Nostrum (Christiane Sistac)
Blog Mémo Émoi
Blog A l’ombre du noyer

Les premières pages du livre
« La façade du collège Camille Claudel n’a pas changé.
Vingt ans se sont écoulés. Comme si le temps n’est pas passé. Comme si les années ne comptent pas.
Vingt ans. Cela change un homme. Cela ne change pas la façade d’un collège.
Serais-je revenu à Annecy sans ce courriel reçu la veille ? Aurais-je fini par revenir après toutes ces années d’absence ?
J’en doute.
Un mail, formel, poli, neutre. Maya B. Décédée. Maître Bonnet. Merci de bien vouloir me contacter en urgence.
Vingt ans après notre départ pour Marseille, la cité phocéenne, terre de soleil et de mer, le hasard me ramène en ces contrées savoyardes sur ordre de Madame B., mon professeur de français de l’époque.

Arrivé par le train, mes premiers pas, au sortir de la gare, m’ont mené ici, au collège. Un lieu déserté en ce mois de juillet, synonyme de vacances scolaires. Mon regard, fixé résolument sur le grand portail vert foncé, passe au travers, s’aventure, en franchit le seuil, en un éblouissement.
Je me revois, vingt ans en arrière, franchissant cette même porte, d’un pas hésitant, la peur au ventre, croulant sous les diverses couches de vêtements, en cette lointaine et froide matinée de décembre.
Je me revois, gauche et timide, craintif, les jambes tremblantes, ignorant tout de ce qui m’attendait, de l’autre côté.
Je me revois, moi, le petit Amine, fraîchement débarqué en France, parlant à peine deux mots de français.

Vingt ans déjà. Le portail s’ouvre. Je m’avance à petits pas. Je franchis le seuil.
Ils sont tous là, dans la cour enneigée.
Ils sont tous là ; tignasses blondes, brunes, rousses, défiant le froid, emplissant l’enceinte de la cour de leurs rires aussi légers que les flocons de neige.
Foule de manteaux et de bonnets de toutes les
couleurs. Ils sont tous là.
Elle est là. Madame Maya B. Personnage féerique dans son écrin de lavande.
De sa main droite revêtue d’un gant jaune, elle me fait signe. Je m’avance vers elle.
Le portail se referme dans mon dos.
Les souvenirs m’accompagnent telle une besace
emplie d’un bric-à-brac de fragments de vies.

Maya, 10 décembre 1995
Premier jour d’école pour le nouvel arrivant.
Un petit de dix ans, en provenance du Sahel et qui vient s’ajouter à mes vingt-trois élèves de 6ème.
Tremblotant malgré la chaleur diffusée par le radiateur en classe, je l’observe qui hésite tandis que les autres élèves s’installent dans un brouhaha de chaises tirées. Il attend que je lui indique sa place, le jeune Amine, dont j’ai juste été informée de l’arrivée, le matin même.
— Bonjour Amine, je suis Madame Maya, votre professeur de français. Bienvenue parmi nous.
Les élèves l’observent avec une forte curiosité.
Sa voix qui répond “bonjour” n’est qu’un murmure, à peine perceptible.
— Amine, vous vous installerez sur la table de devant, à côté de Théo. Théo, tu lui fais de la place?

À propos de l’auteur
AZZAM_mona_©AM_midi_LibreMona Azzam © Photo AM – Midi Libre DR

Mona Azzam est née dans la brousse en Côte d’Ivoire. Après une enfance africaine et des études littéraires, elle prend la direction de Beyrouth où elle enseigne au lycée français. Elle résidera au Liban pendant une dizaine d’années tout en poursuivant des études d’ingénierie de la formation et de littérature. Puis elle pose ses valises à Montpellier où elle vit et où elle a fondé Erasme, un organisme de formation linguistique pour adultes. Grande lectrice, spécialiste de Dante auquel elle consacre un premier Essai, Nerval dans le sillage de Dante, De la Vita Nuova à Aurélia (Éditions Cariscript), elle élabore également une Trilogie des Fables de La Fontaine (Cariscript) regroupées selon une thématique enrichie de commentaires. Cette passionnée de voile et des embruns marins se définit comme une «citoyenne des mots». Après un recueil de nouvelles, Dans le Silence des Mots Chuchotés où elle évoque l’Afrique, Paris et Beyrouth, elle rassemble ses créations poétiques dans Le Sablier des mots avant d’en venir au roman. Après Sur l’oreiller du sable, Nous nous sommes tant aimés et Ulysse a dit… elle publie Amine en 2022. (Source: Éditions portrait-culture-justice.com / Babelio)

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Trop beau

HEIDSIECK_trop_beau
  RL2020

En deux mots:
Marco a un problème, il est trop beau. Ce qui est censé être une qualité le handicape fortement puisqu’il est licencié à trois reprises. Alors il décide de sa battre pour faire reconnaître cette ségrégation. Un pari qui est loin d’être gagné.

Ma note:
★★★ (bien aimé)

Ma chronique:

Les malheurs du trop beau Marco

Dans une tragi-comédie fort bien documentée, Emmanuelle Heidsieck raconte les déboires d’un homme trop beau pour être honnête. Un roman qui est aussi une réflexion piquante sur la judiciarisation croissante de notre société.

À priori Marco Bueli a tout pour réussir. Sorti ingénieur de l’école polytechnique de Lausanne, il trouve rapidement un emploi. Mais son expérience professionnelle va être courte durée, tous comme les suivantes. Trois licenciements consécutifs qui le poussent à réagir. Car il a cerné les causes du mal, il est trop beau! La preuve? «La première fois, sa supérieure hiérarchique lui a fait des avances. Elle était séduisante, il a cédé, il a fini par avoir une aventure avec elle. Elle avait un petit côté Pénélope Cruz. Elle semblait très accrochée. Ce n’était pas du harcèlement, elle lui plaisait. Naturellement, elle était mariée. Cela ne se termine jamais bien ce style d’histoires dans l’entreprise. C’est toujours le subordonné qui trinque. Licencié pour motif personnel.» Du coup, il a voulu changer d’univers et, sur le conseil de son oncle, s’est orienté vers une banque privée. Mais cette fois le poste n’était pas fait pour lui. L’erreur de casting étant dû à une chef des RH qui a succombé à ses beaux yeux. Le troisième fois, au sein de la direction Stratégie et Développement du groupe Daym, il a été victime de la jalousie de ses collègues qui n’ont cessé de la harceler jusqu’à ce qu’il cède la place. Un triple échec qu’il entend ne pas laisser sans suites et engage le combat sur le terrain juridique.
Après tout, il n’est pas le seul dans son cas et peut s’appuyer sur de nombreux cas similaires, notamment aux États-Unis où, plus qu’en France, on n’hésite pas à porter plainte pour à peu près tout et n’importe quoi et réclamer des millions de dommages et intérêts. En portant l’affaire devant les prud’hommes, il veut se persuader que la «discrimination fondée sur l’apparence physique» fera jurisprudence.
Tout le sel du récit tient ici aux références à des faits divers, des livres, des séries télévisées et des films et mêmes des contes dont on peut imaginer comment un juge pourra traiter l’argument.
Et à propos d’arguments, la seconde partie du roman, baptisée «Making-of», va pouvoir les détailler et en tester la pertinence à travers un groupe de parole qui, comme un chœur de tragédie grecque, va servir ici de caisse de résonnance avant un épilogue dont je vous laisse goûter la teneur et découvrir si les «Trop beaux» auront gain de cause.
Emmanuelle Heidsieck a le style efficace, sans fioritures, l’ironie mordante et un ton moderne, mâtiné d’anglicismes. Autrement dit, le texte colle parfaitement au propos pour le plus grand plaisir du lecteur.

Trop beau
Emmanuelle Heidsieck
Éditions du Faubourg
Roman
120 p., 15 €
EAN 9782491241001
Paru le 16/01/2020

Où?
Le roman se déroule en France, principalement à Paris. On évoque aussi la Suisse et Lausanne.

Quand?
L’action se situe de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Cette histoire pourrait être intitulée Les Malheurs de Marco Bueli . Qu’on se rende compte: trois licenciements à 36 ans quand on est issu d’une grande école d’ingénieur! Il faut dire qu’il a tout pour agacer, faire des envieux, car cet homme est beau, très beau. Mais il est fatigué de faire des sourires, de séduire malgré lui et de finir par se faire avoir. Marco a décidé de se défendre et d’aller en justice pour discrimination liée à l’apparence physique. Après tout, les Américains ont montré la voie et la législation française le permet.
Croyez-le, sa beauté ne l’a pas aidé dans sa carrière, il a souffert. À travers le personnage du sublime Marco Bueli et de sa détermination à obtenir réparation, ce roman dépeint ironiquement les excès d’une politique de lutte contre les discriminations qui permet, aujourd’hui, à tout un chacun de se considérer comme victime, légitime à se plaindre. Dans la continuité de ses précédents romans, Emmanuelle Heidsieck pointe ici avec acuité le démantèlement du modèle social français face à la montée de l’individualisme. La concurrence des plaintes entre les discriminés de tous ordres n’annonce-t-elle pas la dislocation de la société?

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Libération (Alexandra Schwartzbrod)
Les Inrocks (Gérard Lefort)
Avoir à lire (Cécile Peronnet)
Blog L’Or des livres 
Le blog de Pierre Assante 
Blog Au fil des livres 


Emmanuelle Heidsieck présente Trop beau © Production Librairie Mollat

INCIPIT (Les premières pages du livre)
« PLAINTE EN JUSTICE
On a le droit de se plaindre? On peut en vouloir à la terre entière? C’est cela dont il parlait? La rage? Je la sens qui vient. J’en ai assez de faire des sourires. Je peux parler de lassitude? Je peux dire que ce n’est pas un fait exprès? Je n’y suis pour rien. C’est de naissance. Et pourquoi? Je n’en ai aucune idée. Personne n’en a aucune idée. Personne ne s’est d’ailleurs jamais posé la question. Mes parents m’ont accueilli comme une bénédiction, ont remercié le Ciel, les fées, ont fini par considérer que ce cadeau venait les récompenser. De quoi? On ne sait pas. Parce que vous croyez que c’est un cadeau? Ce serait une chance! Mais on la paye combien? Pendant combien de mois, combien d’années? Ad Vitam. C’est cela, la vérité. Vous ne savez rien de ce que l’on vit, rien de ce que l’on subit quand, par le plus grand des hasards, on attire tous les regards, quand on est, je vais finir par le dire, quand on est beau. Ma tante Inès, je m’en souviendrai toujours, a dit un soir en parlant de Villepin qu’il était d’une trop grande beauté. « C’est mauvais en politique, cela n’est pas passé », a-t-elle dit. « Nous, on a pu penser que son discours de l’ONU était un grand moment, glorieux, mais la presse anglaise l’a éreinté en le traitant de bellâtre. C’est mauvais. » C’est ce que disait tante Inès. « La mort de Gérard Philipe? Non, cela n’a rien à voir avec son physique, quoique… » m’a-t-elle dit. Quoique! Un cancer du foie à trente-six ans. Quoique ! Vous voyez le soupçon absurde, il faut l’entendre. C’est le sort du jeune premier. Elle racontait que sa mère, médecin des dispensaires antituberculeux de l’Oise dans l’Entre-deux-guerres, disait souvent : « Ce sont les plus beaux types qui attrapent la tuberculose. » Elle en a vu pendant vingt-cinq ans… elle en a vu… les plus beaux types. C’est tout, elle ne donnait pas d’explication. Il fallait voir ma tante affirmer des choses pareilles à son sublime neveu de trente-deux ans. Le mettre en garde, le chercher, lui prédire la peste. Il fallait rester détaché, penser qu’elle déraillait, lui garder son affection. C’est mauvais. Les bronches, les poumons. Vous ne pouvez pas comprendre.
(Je croyais qu’elle était moche madame Pompidou, elle était pas mal, en fait)
Pardon, une pensée m’a traversé, je reprends, je reprends. Bien. Donc. Est-ce qu’on peut dire qu’on n’a rien demandé? Ce n’est pas la peine, ce regard narquois. Justement, je veux dire la difficulté, je sais très bien que cela peut paraître insensé, mais pour une fois, pour la première fois depuis que je suis né, je veux dire. Écoutez-moi. Personne ne m’a jamais écouté. De toute façon, je n’ai pas osé. On reste silencieux, avec sa veine, son don de la nature. On a intégré très vite, à deux ans, c’est fini, on a compris que l’on devait se taire. Qui pourrait bien s’intéresser à ce que l’on peut ressentir? À trois ans, on teste, on reteste, on rereteste, encore et toujours le même succès. Après, c’est bien ancré, ça marche, l’institutrice, le copain, la grand-mère, je ne parle pas des parents, ils planent, toujours en contact avec les fées, ils croient aux miracles, ils méritent ce présent. La vie est bonne avec eux. Ils sont radieux. C’est marquant, ce n’est pas neutre. C’est une vie étrange. Aujourd’hui, je prends mon courage à deux mains, je me lance. Oui, tant de facilité, c’est perturbant pour nous autres. Depuis tout ce temps – j’ai trente-six ans –, depuis toujours, être adulé. Vous ne pouvez-vous figurer les multiples dangers. Le plus grand? C’est de sourire sans réfléchir. Personne ne peut y résister, c’est un chef-d’œuvre que l’on éclaire, la bonne lumière. Rosalind le dit si bien : Cécélia chérie, tu ne sais pas comme il est dur d’être… ce que je suis. Si je baisse la voix, les yeux ou que je lâche mon mouchoir dans un bal, mon cavalier m’appelle au téléphone tous les jours de la semaine. Que de malentendus… Le sourire doit être maîtrisé, rarement utilisé, avec précaution, intention. Savez-vous ce que cela nous fait d’être présenté? Tiens, Lola, je te présente Marco, Camille, je te présente Marco, Samia, je te présente Marco, Marie, je te présente Marco, Luce, je te présente Marco, Thelma, je te présente Marco, Anne-Laure, je te présente…
Ne pas trop sourire, ne pas trop sourire. Savez-vous ce que c’est d’avoir grandi, d’avoir eu quatorze ans, d’avoir eu seize ans, les premières sorties, d’avoir eu vingt ans en prépa, dans les bars, les fêtes, les dîners? Clac, d’un regard, on repart avec celle que tous convoitaient, clac on décide de repartir sans elle et la voilà désespérée. »

Extraits
« Un groupe qui se penche sur les discriminations subies par les gens comme nous et envisage la beauté comme un critère aussi valable qu’un autre. Elle détermine et façonne les vies, elle n’est pas choisie, elle n’est pas le résultat d’une volonté. Avant de me lancer dans l’aventure, j’étais au plus bas. Trois licenciements, vous imaginez? Major de promotion de l’École polytechnique de Lausanne et trois
licenciements. Le groupe de parole, je ne vais pas vous raconter, c’est très spécial, il faut le vivre. Le seul lieu où l’on n’est pas considéré comme des enfants gâtés. Ce n’est pas comme une thérapie avec un psy. On a développé des thèmes: la jalousie que l’on suscite, les effets dans le monde du travail, la violence du vieillissement. Après, avec ceux du groupe, on est liés, pour l’éternité. On dit des choses incroyables, il y a des sanglots, de l’émotion.
Vous ne mesurez pas la richesse de l’expérience. C’est pour cela que vous me voyez déterminé. Je suis fort, je suis incroyablement décidé. Je vais vous faire réfléchir.
Je vais parvenir à modifier vos pensées, à bousculer vos certitudes. Les discriminations en raison de l’apparence physique sont une réalité. Vous vous devez d’en tenir compte. Sur d’autres portes, j’ai vu marqué « typés-noirsarabes-basanés », j’ai vu « femmes », j’ai vu « seniors », j’ai vu « handicapés », j’ai vu « anorexie-obésité », j’ai vu « chauves-crépus », j’ai vu « arrestations au faciès », j’ai vu « étrangers », j’ai vu « travestis-transsexuels », j’ai vu « voilées », j’ai vu « quartiers-cités », j’ai vu « grandes- trop grandes », j’ai vu « chirurgie-lifting-Botox », j’ai vu « trop vieux », j’ai vu « délégués syndicaux », j’ai vu
«salariés protégés», j’ai vu «gros culs», non qu’est-ce que je dis, je n’ai pas vu «gros culs».» p. 19

« Je vous lis ce témoignage d’une attachée de presse de trente-trois ans, Anne, une bombe. Question : Quel est l’impact de votre physique sur votre vie professionnelle? Réponse: Cela me nuit. Dès que je change de poste, je dois toujours prouver que je ne suis pas complètement décérébrée. Je n’invente rien. Catherine Millet le pense aussi: Pour l’esprit commun, on ne peut pas tout avoir et il est entendu qu’une personne qui a la beauté ne saurait avoir en même temps l’intelligence. – J’ai moi-même partagé cet esprit commun… J’ai manqué d’ambition ; sans renoncer à lire Claudel, Balzac et Lamartine, j’aurais dû me faire refaire
le nez. On ne peut plus clair. Et que dites-vous donc des sarcasmes qui ont accompagné la nomination, il y a quelques années, de ce trentenaire à la tête d’un grand média? N’est-ce pas dégradant d’avoir suggéré qu’il n’avait pas la formation, l’aptitude, le profil? N’est-ce pas condamnable d’avoir laissé entendre que c’est sa beauté, une beauté à couper le souffle, qui expliquait la décision? Il aurait fait chavirer un ministre. Il faut s’y arrêter. C’est un exercice. Imaginez seulement que le poste ait été attribué à un quinqua, bedonnant et rougeaud. Qui donc serait allé lui reprocher son IEP de province? Ça va? Vous commencez à me suivre? Il y a quelque chose d’imparable, non? » p. 31

« Beauty Pays, c’est le titre de l’ouvrage de l’Américain Daniel Hamermesh, professeur d’Université. L’économie de la beauté, aux États-Unis, est une matière, une science enseignée, elle se nomme «pulchronomics». On étudie les liens de causalité physique-rentabilité. Nous sommes au service des actionnaires, nos traits parfaits gonflent leurs chiffres d’affaires. Comment ne pas s’indigner? Le cours de bourse d’une société est en partie corrélé à la beauté de son PDG. C’est ce que révèle l’étude de deux chercheurs du Wisconsin qui ont examiné l’effet beauté-cotation de six-cent-soixante-dix-sept dirigeants, via leur site anaface.com, créé pour définir, en toute objectivité, l’indice d’attractivité faciale. Comment ne pas protester? Laissez-nous tranquilles. Ne faites pas d’argent avec nos nez, nos jambes, nos fesses, nos narines, nos fossettes, nos mentons. Ce n’est pas humain. Entendez-le, par pitié, par pitié. » p. 35

« La première fois, sa supérieure hiérarchique lui a fait des avances. Elle était séduisante, il a cédé, il a fini par avoir une aventure avec elle. Elle avait un petit côté Pénélope Cruz. Elle semblait très accrochée. Ce n’était pas du harcèlement, elle lui plaisait. Naturellement, elle était mariée. Cela ne se termine jamais bien ce style d’histoires dans l’entreprise. C’est toujours le subordonné qui trinque. Licencié pour motif personnel. » p. 54

À propos de l’auteur
Emmanuelle Heidsieck est une romancière qui mêle la fiction littéraire aux questions politiques et sociales. Elle décrit, souvent de façon grinçante, des héros se débattant dans un monde qui tourne de moins en moins rond. Elle a également publié des nouvelles et a participé à des ouvrages collectifs, en particulier Les Jours heureux, sur le démantèlement du programme du Conseil national de la Résistance. Elle a été membre du comité d’administration de la Société des Gens de Lettres (SGDL) de 2015 à 2019. Plusieurs de ses œuvres ont été adaptées à la radio (France Culture) ou au théâtre. (Source: Éditions du Faubourg)

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Femme qui court

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En deux mots:
Dans son pensionnat de jeunes filles, Violette Morris passe son temps à faire du sport. Au début du XXe siècle, sa passion suscite plus l’opprobre que l’approbation, mais elle va se battre dans de nombreuses disciplines pour gagner une reconnaissance qui va tarder. Championne et homosexuelle, elle va s’engager dans tous les combats.

Ma note:
★★★ (beaucoup aimé)

Ma chronique:

Battling Violette

Gérard de Cortanze a choisi de nous faire découvrir une femme d’exception. Violette Morris va devenir au début du XXe siècle une grande championne, une artiste de music-hall, une homosexuelle engagée et une féministe qui ne s’en laissait pas conter.

Après Laisse tomber les filles qui explorait les années Yé-Yé, Gérard de Cortanze a choisi de remonter un peu plus le temps avec ce roman qui est une biographie romancée de Violette Morris, femme hors du commun.
On la découvre au début du XXe siècle, vers la fin de l’adolescence. Elle est alors pensionnaire dans un institut religieux en Belgique et va devoir subir les assauts d’Octave, l’un des seuls hommes de l’établissement. Pour tourner la page, elle va s’adonner à la pratique sportive et trouver dans ce loisir une raison de vivre. Très vite, elle devient championne et accumule les bons résultats. Son corps se transforme et dans les douches elle va pouvoir évaluer son physique à ceux de ses amies et trouver du charme à certaines, à commencer par son amie Claire, qui n’a pas froid aux yeux non plus. Leur relation va devenir de plus en plus torride jusqu’à les pousser à faire l’amour dans le bureau de Clotilde Honoré. La responsable du pensionnat va les surprendre et décider de chasser sa championne.
Si cet épisode traumatise la jeune fille, elle va aussi l’aguerrir.
Car il n’est pas question pour elle d’abandonner ses disciplines de prédilection, bien au contraire. À l’athlétisme (dans des disciplines aussi curieuses que le saut en hauteur sans élan, le 600 mètres par équipes de trois ou encore le lancer du poids bras droit et gauche), elle va ajouter la boxe, et à la boxe le football, sans oublier le cyclisme.
Gérard de Cortanze, en allant dénicher les archives de la presse, nous dépeint alors avec force détails ce que la France d’avant la Première Guerre mondiale pensait de ces femmes. Au fur et à mesure de ses exploits, Violette Morris dérange de plus en plus une société patriarcale et machiste.
Quand elle vient affronter les hommes sur leur terrain, les adeptes de la discrimination s’en donnent à cœur-joie sur le thème des femmes trop fragiles, sur leur corps qui n’est pas fait pour la pratique sportive, sur leur place à la maison plutôt que sur les terrains de sport. Des débats enflammés qui baisseront à peine d’intensité après la Guerre de 14-18 au cours de laquelle violette, ambulancière et motocycliste, démontrera tout son courage avant d’être démobilisée pour une pleurésie.
La paix revenue, elle caresse un nouveau rêve, les sports mécaniques. De la moto à l’auto, elle voudra mener de front cette nouvelle carrière, n’hésitant pas à chercher du soutien auprès d’un homme, alors qu’elle entend aussi se battre pour la reconnaissance de l’homosexualité. Un combat, ô combien difficile quand on sait les nuages qui commencent à s’accumuler, venus d’Allemagne.
C’est pourtant dans le pays qui va conduire les nazis au pouvoir et organiser les Jeux Olympiques de Berlin qu’elle va trouver une alliée, Greta Fassbinder.
Sa rivale lors d’une compétition épique à Magdebourg va devenir son amante. Mais le poids de l’Histoire aura raison de leur passion. À moins que Violette, par ses excès et ses provocations, ne soit elle-même responsable de son éviction des terrains de sport.
Mais déjà elle s’imagine rebondir sur une scène de music-hall. Et de fait, son tour de chant est un succès. Elle croise alors Cocteau, Jean Marais, Yvonne de Bray et s’éprend de Joséphine Baker et devient l’une des reines des nuits parisiennes. Mais déjà la Seconde Guerre mondiale s’annonce. Elle lui sera fatale…
S’il faut concéder quelques longueurs à ce roman, il n’en reste pas moins un témoignage puissant et un portrait étonnant d’une femme inclassable, dont les extravagances auront sans doute servi les causes qu’elle défendait, même si il lui aura fallu pour cela encaisser bien des coups. Sans doute parce que cette Femme qui court allait bien plus vite que son temps.

Femme qui court
Gérard de Cortanze
Éditions Albin Michel
Roman
416 p., 22,90 €
EAN : 9782226400215
Paru le 2 janvier 2019

Où?
Le roman se déroule en France, principalement à Paris, Levallois-Perret, Montmorency, Montreuil, sur les champs de bataille de l’est de la France, puis à Châlons-sur-Marne et sur de nombreux stades et circuits automobiles. On y évoque aussi la Belgique, notamment Huy, Liège, Bruxelles, Uccle et l’Allemagne avec Magdebourg et Berlin.

Quand?
L’action se déroule du début du XXe siècle à 1944.

Ce qu’en dit l’éditeur
En 1910, Violette, âgée de 17 ans, est élève au couvent de l’Assomption. Encadrées par des professeures d’éducation physique anglaises, les jeunes pensionnaires y découvrent le sport. Les années passant, devenue une sportive exceptionnelle, elle enchaîne les championnats d’athlétisme, se passionne pour le cyclisme, le football, le water-polo, la boxe, la compétition automobile… Quand la guerre de 1914 survient, elle est ambulancière puis motocycliste de liaison.
Violette, boulimique de vie, court derrière un bonheur qui lui semble inaccessible. Elle s’essaie au music-hall, au théâtre, devient l’amante de Joséphine Baker puis d’Yvonne de Bray, l’ami de Cocteau et de Marais. Mal aimée, rejetée, elle va là où on l’accepte. Quand la guerre éclate, elle prend la direction du garage Pershing réquisitionné par la Luftwaffe et pratique le marché noir. Violette est une combattante du féminisme qui épouse les revendications des femmes inexorablement retardées par la Grande Guerre puis, dans les années trente, par la crise économique et la montée des périls.
Garçonne aux cheveux courts, en monocle et pantalon, qui n’hésite pas par provocation à pratiquer une radicale mastectomie. Fascinante, scandaleuse, Violette Morris cristallise les fantasmes et les conflits culturels dans lesquels notre époque peut se reconnaître.

Les critiques
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INCIPIT (Les premières pages du livre)
« La chambre de Violette donnait sur un parc divisé en autant de terrains de jeu, clos par un haut portail qui ouvrait sur une rue pavée. Dans le ciel, des nuages d’un gris anthracite coulissaient les uns sur les autres, poussés par le vent. En contrebas, derrière une haie de cormiers, tachetés de baies brunes, une courbe de la Meuse paressait, couleur de carême. Si elle avait dû compter toutes les fois où, depuis son arrivée dans ce couvent de l’Assomption à Huy, Violette s’était postée derrière les vitres de cette fenêtre, sa mémoire aurait atteint un chiffre qu’elle n’aurait pu retenir.
Sa chambre révélait ses goûts. Des coupes, gagnées en Angleterre et en France, et plusieurs médailles qui tenaient lieu de garniture de cheminée. Aux murs s’étalaient des trophées glanés dans les championnats. Un ordre parfait régnait dans la pièce meublée avec une note de modernisme et une certaine austérité. Seule marque de désordre : le costume des Amazones, bleu ciel comme le manteau de la Vierge, qui traînait sur une chaise – uniforme revêtu par les pensionnaires du couvent lors de leurs compétitions sportives. Violette avait dix-sept ans.
Parmi les éclats de mémoire qui dérivaient comme des icebergs, depuis son installation dans ce pensionnat pour jeunes filles de la haute bourgeoisie européenne, il en était qui revenaient sans cesse, tel ce matin du 20 avril 1903, jour anniversaire de ses dix ans où son père, le baron Pierre Jacques Morris, capitaine de cavalerie en retraite et fils du fameux général Morris, acteur de la conquête de l’Algérie dans les années 1830, l’avait laissée derrière les murs du pensionnat. Si petite, si fragile, sa minuscule valise à la main, sous les hautes colonnes de la puissante façade palladienne de l’édifice. Elle avait alors longuement observé les élèves, ses futures congénères, se promenant en petits groupes, ou deux par deux, tête contre tête, en une procession sans fin, ou bien buvant leur lait avec une paille, adossées aux murs de la pension. Puis, lorsqu’elle était montée dans sa chambre, elle s’était précipitée à la fenêtre. Elle avait vu son père s’éloigner, raide, d’un pas décidé, dans son habit militaire. Elle aurait tant aimé qu’il se retournât : il ne l’avait pas fait, préférant remonter dans sa voiture, une Ader 8 CV jaune bouton d’or qu’il conduisait lui-même, rappelant à qui voulait l’entendre que son concepteur, prénommé Clément, avait construit des téléphones et fait voler un avion à vapeur avant de se lancer dans l’automobile ! Anecdotes inutiles dont il était friand et dont Violette se disait qu’elle eût préféré les lui voir abandonner au profit sinon d’un intérêt accru, du moins d’un semblant d’attention qu’il lui aurait parfois accordé. Mais elle savait que c’était peine perdue. Et cela d’autant plus qu’à l’indifférence polie de ce père venait s’ajouter la franche hostilité de sa mère. De vingt ans plus jeune que son mari, Élisabeth Sakakini, dite « Betsy », ne s’était jamais remise de la mort de son petit Paul, survenue deux ans avant la naissance de Violette, à l’âge de huit mois. Ce décès prématuré, elle le faisait payer chaque jour à sa fille.
Oui, c’est à cette même place que, vigie inquiète, Violette avait vu pour la première fois le parc, le mur, la rue pavée, les cormiers, la Meuse et, comme jaillissant de la brume, tel un dieu païen, un cerf si vieux que ses bois semblaient des candélabres. Et c’est cette même veduta, telle qu’auraient pu la peindre Vermeer ou Canaletto, changeante au fil des saisons et de ses états d’âme et pourtant identique, presque rassurante, seule pérennité à laquelle se raccrocher, qu’elle regardait pour la dernière fois aujourd’hui, postée à la fenêtre de sa chambre ; car, bien qu’il lui restât encore une journée à passer au couvent de l’Assomption, elle s’était promis que cette station devant la fenêtre serait sa dernière.
Comment avait-elle fait pour survivre toutes ces années ? Voilà une terrible question à laquelle, après avoir mûrement réfléchi, elle ne trouva que deux réponses – contradictoires et complémentaires.
La première touchait au sport, mot étrange aux senteurs de soufre qu’il ne faut utiliser qu’avec parcimonie lorsqu’il est appliqué à la femme. Mauvaise élève, excepté en allemand, langue rugueuse dont elle aimait traquer les douceurs, que de fois ses professeurs l’avaient raillée pour son incapacité à faire ses devoirs avec application, la contraignant, pour la punir, à réciter ses leçons debout sur une chaise, devant ses camarades. Quant aux surveillantes, toutes nonnes britanniques, n’intimant leurs ordres qu’en anglais, elles avaient fustigé son goût de l’indépendance et son refus obstiné de suivre des règles auxquelles ses coreligionnaires se soumettaient avec, il faut le reconnaître, plus ou moins d’entrain.
Ce qui aurait pu se transformer en catastrophe prit un tout autre chemin grâce à une certaine Miss Eliss, adepte de l’éducation physique féminine. La jeune professeur dont le livre de chevet aurait dû être la Sainte Bible lui préférait Muscle et beauté plastique féminine de Georges Hébert, officier de marine et éducateur. Alors que les patronages catholiques et l’école publique proposaient aux jeunes filles des activités physiques se résumant à la marche, à la danse ou à la callisthénie, Miss Eliss avait, avec l’aide de sa hiérarchie, doté le couvent de l’Assomption d’une salle de gymnastique, d’un court de tennis, d’un bassin nautique, de pistes où pratiquer footing et athlétisme, et même d’un terrain modulable pour le basket, le hockey, voire le football ! Se considérant comme une « pionnière doublée d’une conquérante », elle n’hésitait pas à gratifier les jeunes filles dont elle avait la charge de discours récurrents dans lesquels elle rappelait que les Égyptiennes avaient concouru entre elles dans des épreuves de lancers et d’haltères, que la Grèce antique avait très tôt cultivé le mythe de la femme athlète, et qu’Atalante, fille d’Iasos et de Clymène, abandonnée par son père et grandissant au milieu des bêtes sauvages, aimait à défier les hommes à la course. Pourvue d’une culture sportive inépuisable, elle avait même un jour rapporté que chaque année à Markt Groningen, localité du Wurtemberg, « et cela dès le XVIe siècle », des courses étaient ouvertes aux jeunes bergères, ajoutant, après un théâtral temps d’arrêt dans sa péroraison : « Certaines années, mesdemoiselles, la hargne des concurrentes était telle que le bourgmestre en personne, monté sur son cheval et armé d’un bâton, n’hésitait pas à s’en servir afin d’empêcher ces Perrettes en furie de se pousser, de se tirer les cheveux, de se donner des coups dans la poitrine pour couper la respiration de leurs rivales. Je ne vous en demande pas tant, mais soyez fermes dans vos convictions ! »
Rejetant avec vigueur les préceptes avancés par Mme Irène Popard laquelle, dans La Gymnastique harmonique, affirmait avoir mis au point une méthode de culture physique complète, « spécialement adaptée à la femme », mais qui en réalité n’était qu’une suite de mouvements improbables faits de lancers de jambes, de culbutes, d’équilibres sur les mains, de sautillements et de mouvements respiratoires, le tout au son de musiques folkloriques vives « genre farandole ou fandango », Miss Eliss pensait intimement que la gymnastique ne suffisait pas à l’épanouissement de la femme, qu’il fallait lui ajouter le goût de la compétition, de la victoire et que cette alliance révolutionnaire – « oui, vous m’avez bien entendue, mesdemoiselles, révolutionnaire » – ne rendrait la femme que plus belle.
Avec 1,66 mètre pour 66 kilos, son tour de cou de 40 centimètres, son tour d’épaules de 1,20 mètre, ses biceps de 29 centimètres et ses mollets de 40 ; avec sa capacité respiratoire de 4 litres, ses longs cheveux noirs que toutes ses amies lui enviaient mais qu’elle détestait car ils la gênaient pour courir, et sa luxuriante poitrine déjà fort développée pour son âge, Violette s’était très vite révélée être une championne accomplie.
Dès la première compétition elle avait fait des merveilles. Il s’agissait d’une épreuve de natation pratiquée dans une des rivières affluentes de la Meuse. Alors que certaines de ses camarades ne cherchaient qu’à s’amuser, Violette, après s’être débarrassée de son blazer, de ses sandales et s’être attaché son bonnet de bain en caoutchouc sous le menton, avait plongé dans l’eau avec la ferme attention d’arriver première sur l’autre rive. Métamorphosée par le froid vif de l’eau qui s’emparait de ses bras et de ses jambes, dépassant une à une ses concurrentes qui n’en étaient encore qu’au stade de la nage du chien, elle avait ondulé dans l’eau comme un saumon gracile et, nageant le crawl à six battements de pied, avait, avec une célérité incroyable, atteint l’autre bord de la rivière. Là, dans son maillot de bain rouge, baissé jusqu’à la taille, elle s’était essuyé les épaules, frictionnant le reste de son corps luisant avec une serviette et avait savouré sa première victoire.
Au fil des mois et des années, elle avait accumulé les premières places, remporté pour son école nombre de coupes et de trophées, en natation, en basket, en tennis, mais surtout en athlétisme où, dans les courses de demi-fond, elle aimait assurer un train excessif qui poussait ses adversaires à l’abandon et elle-même à se dépasser, arrivant exténuée, au bord du malaise mais victorieuse. Fêtée par certaines, jalousée par d’autres, elle était incontestablement devenue le porte-drapeau du couvent de l’Assomption, à tel point que les plus enthousiastes des élèves lui prédisaient un avenir sur les pistes poussiéreuses des stades et les plus rêveuses sur les écrans muets du cinématographe. »

Extrait
« Elle avait divisé, ou plutôt son imprésario, avait construit son récital en quatre parties. Dans un premier temps, elle proposa des tangos qu’elle enfila les uns après les autres comme jadis les mètres de ses courses de demi-fond: à grandes enjambées souples et efficaces. Dans un second, elle s’appliqua à des reprises de «Negra Noche», «Swing Troubadour» et «La Rumba triste », qui mirent la salle en joie, car elle en donnait une interprétation très personnelle pleine d’humour et d’assurance acquise au fil des minutes qui passaient et qui lui prouvaient qu’elle pouvait chanter sans se ridiculiser. Puis vint le tour de son hommage très personnel à Suzy Solidor, surnommée l’«Amiral», super-garçonne impressionnante surtout lorsqu’elle portait smoking, reine incontestée des cabarets-dancings féminins, comme La Coquito l’était du Danzòn cubain. À peine avait-elle entamé «Obsession» que la salle l’écouta religieusement. Plus aucun verre ne tintait, plus aucune discussion ne venait perturber l’écoute : «Chaque femme je la veux/ Des talons jusqu’aux cheveux/ J’emprisonne dans mes vœux les inconnues.» L’hommage était composé des deux chansons en passe de devenir les deux hymnes du monde lesbien. Dans la salle, des couples s’embrassaient, se tenaient les mains, une émotion réelle, un trouble circulaient de table en table…» p. 252-253

À propos de l’auteur
Ecrivain, éditeur aux éditions Albin Michel, membre de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique, Gérard de Cortanze a publié plus de 80 livres, traduits en vingt-cinq langues. Parmi eux, des romans (Les Vice-Rois, prix du roman historique; Cyclone, prix Baie des Anges Ville de Nice; Assam, Prix Renaudot; Banditi; Laura; Indigo, prix Paul Féval; L’An prochain à Grenade, prix Méditerranée; Les amants de Coyoacan…, Zazous, des essais (Jorge Semprun, l’écriture de la vie; Hemingway à Cuba; J.M.G. Le Clézio, le nomade immobile; Pierre Benoit, le romancier paradoxal, prix de l’Académie française), et des récits autobiographiques (Une chambre à Turin, prix Cazes-Lipp; Spaghetti!; Miss Monde; De Gaulle en maillot de bain; Gitane sans filtre…). On lui doit également des livres sur les peintres Zao Wou-ki, Antonio Saura, Richard Texier, et notamment Frida Kahlo, la beauté terrible.
Si l’ensemble de son œuvre, divisée en cycles, a pour thèmes de prédilection ses origines italiennes mêlées – vieille famille aristocratique piémontaise du côté du père, classe ouvrière napolitaine du côté de la mère, une descendante directe de Frère Diable, dit Fra Diavolo – on lui doit aussi plusieurs ouvrages sur l’automobile. Né au sein d’une famille de pilotes de courses il a publié La Légende des 24 heures du Mans, livre pour lequel il a reçu le Prix des écrivains sportifs, ainsi que Les 24 Heures pour les nuls. Nombre de ses livres ont pour personnage principal une héroïne. Frida Kahlo, dans Les amants de Coyoacan; Gâlâh, dans L’an prochain à Grenade; Josette, dans Zazous; Michèle, dans Laisse tomber les filles et Violette Morris dans Femme qui court. Il est chroniqueur à Historia et président du Prix Jean Monnet de Littérature européenne. (Source: Éditions Albin Michel)

Site Wikipédia de l’auteur 

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Une mère modèle

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En deux mots:
Florence vit une relation compliquée avec William. Elle est à Paris, lui à New York où il aimerait qu’elle la rejoigne avec leur garçon. Mais il y a son travail à l’opéra, Moussa, le copain de son fils, et… un amant éphémère. Quel sera son choix?

Ma note:
★★★ (bien aimé)

Ma chronique:

«Être une femme libérée, c’est pas si facile»

Pour son premier roman, Pierre Linhart s’est glissé dans la peau d’une femme en proie au doute. Doit-elle quitter Paris, où elle vit avec leur fils, pour rejoindre son mari à New-York?

Florence fait partie de ces femmes qui se sont battues pour pouvoir mener de front une vie professionnelle et une vie de famille épanouissantes. À quarante ans, elle est mariée, travaille à l’opéra de Paris comme chef de chant et est mère d’un garçon de 10 ans. Bref, tout serait parfait si William, son mari, pouvait partager son quotidien. Mais ce dernier enseigne à l’université de New York et communique via Skype en attendant de pouvoir retrouver son épouse et son fils.
Une situation qui lui laisse l’entière responsabilité de l’éducation de son fils et limite son emploi du temps. Du coup, elle doute.
Avec beaucoup d’à-propos Pierre Linhart nous offre de partager, outre le quotidien de Florence et Joachim, les réflexions qui lui passent par la tête. Quand elle fait la connaissance de Moussa, le nouveau copain de son fils, elle ne peut – par exemple – s’empêcher de penser qu’il est beaucoup plus facile à vivre que le sien. Autant Moussa est curieux et passionné, est ravi qu’elle lui propose de lui apprendre le piano, autant Joachim semble grincheux, voire jaloux de l’intérêt que porte sa mère à son copain. Et quand elle invite les deux enfants à assister à la représentation de Pelléas, l’enthousiasme du premier est inversement proportionnelle au désintérêt du second.
Un jour – sans doute pour évacuer la tension – elle cède aux avances de Michel, un collègue qui lui avait déjà fait à plusieurs reprises des avances. Mais, une fois de plus, elle s’interroge. « Mettre sa vie de couple en danger pour une simple pulsion sexuelle. Il fallait arrêter tout de suite, avec ce… Michel. Avant qu’elle ne se sente obligée de tout dire à William et de tout détruire. À moins que cela soit ce qu’elle recherche, briser son couple. »
Elle se confie alors à son frère Romain, lui avoue qu’elle ne sait plus très bien ce qu’elle veut. Pourtant William, à chaque fois qu’il la retrouve, semble toujours aussi épris et rêve d’accueillir sa femme et son épouse aux Etats-Unis. Il a même trouvé un emploi pour Florence au MET.
Mais Florence a du mal à se projeter dans cette vie américaine, à quitter Moussa dont elle constate les progrès jour après jour. Aussi est-ce plutôt par lassitude qu’elle accepte le projet, qu’elle confie à William le soin de leur trouver une maison.
«La sincérité complique tout. On s’enfonce dans des explications. On se noie. Dire que tout va bien est tellement plus facile.»
Au fur et à mesure que le voyage se précise, la tension croît, le combat intérieur se fait plus douloureux, mêlant les traumatismes passés aux interrogations présentes.
Réconciliation? Séparation? Avec finesse et une vraie finesse d’analyse, Pierre Linhart réussit son pari – se mettre dans la peau d’une femme – et nous livre un premier roman qui nous prouve que le courage consiste à ne pas de se conformer aux diktats d’une bien-pensance qui voudrait faire de toutes les femmes des mères-modèle.

Une mère modèle
Pierre Linhart
Éditions Anne Carrière
Roman
250 p., 18 €
EAN : 9782843379086
Paru le 2 mars 2018

Où?
Le roman se déroule en France, à Paris et à New-York avec l’évocation de voyages à Boston et à travers le Mississipi.

Quand?
L’action se situe de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
C’est l’histoire d’une mère qui se prend d’un élan de maternité pour le copain de son fils, âgé de dix ans, avec lequel elle entretient une relation complexe. Alors qu’elle s’attache à cet «enfant d’une autre» au risque de blesser le sien, son couple aussi est fragilisé. Portrait subtil d’une femme en crise qui s’est toujours conformée aux diktats sociétaux et intimes, Une mère modèle est un roman d’émancipation. Son héroïne, assoiffée de liberté, y emprunte un chemin inattendu pour redéfinir sa place dans le monde.

Les critiques
Babelio
L’Express (Delphine Peras)
Marianne (Nedjma Vanegmond et C.D.-M)
Actualitté.com (Clémence Holstein)
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Pierre Linhart présente Une mère modèle © Production Librairie Mollat

Les premières pages du livre
« Elle détaille les pères qui attendent à la sortie de l’école, sourit à ceux qui croisent son regard. En ce moment, ils portent tous la barbe et des vêtements bleu nuit. Les mères s’évaluent les unes les autres, certaines discutent entre elles. Elle ne compte pas d’amie parmi ces femmes. Pas encore. Elle n’a guère de temps pour l’amitié. Ou n’en ressent pas la nécessité.
Son fis sort du bâtiment en chahutant avec un garçon qu’elle ne connaît pas, noir et maigrichon. Joachim adresse un vague signe à Florence, ne manifeste ni joie ni hostilité. Il prend note qu’elle est là.
– On y va? lance-t-il sans même l’embrasser, en filant devant elle avec son nouveau copain.
– Tu ne me présentes pas?
– Il s’appelle Moussa. L’enfant lève furtivement ses grands yeux tristes, aux cils recourbés, avant de baisser la tête. Elle l’observe marcher à côté de son fils, cheveux presque rasés, un blouson bleu électrique et un jean trop grand pour lui. C’est la première fois qu’elle voit Joachim avec un enfant noir et, étrangement, cette idée lui plaît.
Elle fait voler les crêpes pour les retourner dans la poêle. Tout est dans le mouvement du poignet, comme pour les staccatos. Vif et souple. Joachim veut essayer.
– À Moussa d’abord, honneur aux invités.
Celui-ci décolle timidement la crêpe qui atterrit sur le bord de la poêle, et se déchire en deux avant d’échouer lamentablement au sol. Joachim éclate de rire, un peu méchamment, et Moussa affiche un air désolé.
– C’est normal, la première fois. Tiens, essaie à nouveau!

Moussa refuse. Il laisse la place à Joachim qui, comme dans tout ce qu’il entreprend, veut aller trop vite et tente de faire voler la crêpe alors qu’elle n’est pas encore cuite et ne se décolle qu’à moitié. Lassé par une activité qu’il ne maîtrise pas d’emblée, il rend la poêle à sa mère.
Après avoir avalé une quatrième crêpe, Moussa ose regarder Florence pour la première fois, sans détourner les yeux. Elle se sent transpercée par ce regard. Pour masquer son trouble, elle range les assiettes dans le lave-vaisselle. Les enfants filent jouer.
Elle répète Pelléas depuis un long moment, lorsqu’elle découvre Moussa en retrait, qui l’observe. Depuis combien de temps?
– Tu aimes? demande-t-elle.
Il hoche la tête.
– C’est du Debussy. Tu as déjà entendu parler de lui?
Il fait non.
– Et ça, tu connais?
Tournée vers lui, elle joue de la main droite le début de la Marche turque. Il ne connaît pas davantage Mozart mais le rythme sautillant de la mélodie le fait sourire. »

À propos de l’auteur
Diplômé en 1993 de la FEMIS, département scénario, Pierre Linhart complète sa formation dans l’atelier de réécriture FEMIS dirigé par Jacques Akchoti en 2008. Il réalise son premier court métrage en 1993 qui reçoit notamment la prime à la qualité du CNC. Pierre Linhart a écrit des documentaires, des longs-métrages, des séries télévisées; Les inséparables qu’il co-réalise et qui recevra le prix de la meilleure série africaine en 2008, puis Clash (6×52) pour France 2 coécrit avec Baya Kasmi. Danbe qu’il a écrit pour Arte a été désignée Meilleure fiction française au Festival de La Rochelle 2014. Pierre Linhart dirige l’atelier Initiation à l’adaptation de romans de la FEMIS. Une mère modèle est son premier roman. (Source : agence-adequat.com)

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La Maison des Turner

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Voici trois bonnes raisons de lire ce livre:
1. Parce que l’on retrouve avec ce roman les belles sagas populaires, avec le portrait d’une famille de treize enfants tout au long du dernier demi-siècle qui vient de s’écouler jusqu’à la dernière grave crise économique de la fin des années 2000.

2. Parce que, comme l’écrit «MadameOurse», « c’est un récit de fratrie, d’amour, d’amitié, de condition sociale, d’héritage. Les relations dans cette grande fratrie sont complètement différentes de ce qui peut exister dans une famille traditionnelle avec moins d’enfants car il y a énormément d’interactions à gérer et c’est ça qui fait la touche spéciale du roman. »

3. Parce que nous sommes loin de l’eau de rose. Tout au contraire l’auteur aborde tous les sujets – difficiles – sans tabou : l’alcoolisme, la drogue, la dépendance au jeu, sans oublier pour une famille afro-américaine les tensions entre la communauté et la police, les problèmes économiques ainsi que le rapport à la religion.

La maison des Turner
Angela Flournoy
Éditions Les Escales
Roman
traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne-Laure Tissut
352 p., 21,90 €
EAN : 9782365692014
Paru en août 2017

Ce qu’en dit l’éditeur
Cela fait plus de cinquante ans que la famille Turner habite Yarrow Street, rue paisible d’un quartier pauvre de Detroit. La maison a vu la naissance des treize enfants et d’une foule de petits-enfants, mais aussi la déchéance de la ville et la mort du père.
Quand Viola, la matriarche, tombe malade, les enfants Turner reviennent pour décider du sort de la maison qui n’a désormais plus aucune valeur, la crise des subprimes étant passée par là.
Garder la maison pour ne pas oublier le passé ou la vendre et aller de l’avant ? Face à ce choix, tous les Turner, de Cha-Cha, le grand frère et désormais chef de famille, à Lelah, la petite dernière, se réunissent. Et s’il fallait chercher dans les secrets et la mythologie familiale pour trouver la clef de l’avenir des Turner et de leur maison ?

Les critiques
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Jeune Afrique (Nelly Fualdes)
Blog La rousse bouquine
Blog Café Powell 
Blog Carobookine
Blog A Domi mots 
Blog Totalybrune 
Blog Dans ma liseuse hyperfertile 
Blog Voyages au fil des pages

Les premières pages du livre

Extrait
« La lumière du jour qui inondait le salon l’arrêta sur le palier du rez-de-chaussée. Lelah savait que presque tout le mobilier de la maison avait été partagé, à l’exception du vieux lit et de la commode, dont personne n’avait voulu. Elle n’avait jamais songé que les murs eux aussi seraient dépouillés. Des dizaines de silhouettes marron – ovales et rectangulaires – indiquaient sur le papier peint jaune l’emplacement de photos encadrées. Il n’y avait pas si longtemps, chaque descendant de Francis et de Viola Turner vous souriait depuis les murs du salon. Quatre générations, presque une centaine de visages. Certains coiffés afro, d’autres Jehri curl, quelques chauves, davantage de dégarnis. Toques de fac, blouses d’infirmières, ventres replets et robes de mariée. »

À propos de l’auteur
Diplômée de Iowa Writers’ Workshop et de l’Université de Californie du Sud, Angela Flournoy a enseigné à l’Université de l’Iowa, à la The New School et à l’Université Columbia. La maison des Turner (The Turner House, 2015), son premier roman, a obtenu le First Novelist Award. (Source : Éditions Les Escales)

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