Torrentius

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RL_automne-2019  coup_de_coeur

En deux mots:
Le roi Charles Ier d’Angleterre dépêche Rigby, son émissaire particulier aux Pays-Bas pour y dénicher des œuvres d’art pour sa collection particulière à caractère pornographique. Ce dernier va tomber sur un artiste du nom de Torrentius dont l’art le fascine. Mais les autorités néerlandaises n’apprécient guère ce personnage truculent…

Ma note:
★★★★ (j’ai adoré)

Ma chronique:

Le peintre qui se moquait des conventions

À partir des quelques éléments biographiques connus, Colin Thibert nous fait découvrir la vie et l’œuvre du peintre néerlandais Torrentius et nous offre tout à la fois un roman d’aventures et un manifeste pour la liberté de création.

Sa fiche Wikipédia est très concise: «Johannes Symonsz (Jan) van der Beeck, né en 1589 à Amsterdam et mort le 17 février 1644 à Amsterdam, mieux connu sous le nom de Johannes Torrentius, est un peintre néerlandais. Soupçonné d’être membre des Rose-Croix, il est arrêté, torturé et condamné en 1627 à 20 ans d’emprisonnement. Le roi Charles Ier d’Angleterre qui admirait ses œuvres intervint en sa faveur et obtint sa relaxe après deux années de prison. Torrentius resta 12 ans en Angleterre comme peintre de la Cour, puis retourna en 1642 à Amsterdam, où il mourut deux ans plus tard. Son tableau le plus célèbre (et a priori le seul à lui avoir survécu par miracle après la destruction de toute sa production hollandaise sur ordre de la justice après sa condamnation pour hérésie et immoralité), Nature morte avec bride et mors (ci-dessous), conservé au Rijksmuseum d’Amsterdam, a donné son titre à un recueil d’essais sur la Hollande du XVIIe siècle du poète polonais Zbigniew Herbert (réédition Le Bruit du temps, 2012).

TORRENTIUS_nature_morteIl connaissait personnellement Jeronimus Cornelisz, un apothicaire frison devenu négociant pour le compte de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC), connu pour avoir été en juin 1629 l’instigateur d’une des mutineries les plus sanglantes de l’histoire, à bord du navire Batavia et après son naufrage dans les Houtman Abrolhos, archipel corallien au large de l’Australie, le bourreau de son équipage et de ses passagers.»
À partir de cette biographie succincte l’imagination de Colin Thibert va faire merveille. Il va imaginer que le personnage de Rigby, l’émissaire personnel du roi Charles Ier d’Angleterre à qui ce dernier va confier la mission d’écumer les cabinets d’artistes néerlandais pour le fournir en œuvres d’art pour ses collections royales. Mais, derrière ce mandat officiel, il devra aussi chercher pour son cabinet privé des œuvres licencieuses, que la morale très rigoriste de l’époque interdit formellement.
Ce dernier va tomber à Haarlem sur un sacré personnage. Torrentius, qui signe ses tableaux V.d.B. (son vrai nom est Van der Beeck), est un épicurien, fort en gueule, amateur de bonne chère et de femmes légères. Son œil pétillant et ses joues couperosées peuvent en témoigner. Mais cela ne l’empêche nullement d’être un artiste remarquable, notamment dans la réalisation de gravures à caractère pornographique, dans lesquelles il n’hésite pas à se représenter lui-même. Sûr de lui et de ses alliés, il n’hésite d’ailleurs pas à la provocation, en particulier lorsqu’il a trop bu.
Mais bientôt les choses vont se gâter et les autorités s’intéresser à ce sulfureux concitoyen. En faisant parler Klaas, son assistant, ils vont trouver matière à procès :
«Suborner le domestique de Torrentius, l’amener à témoigner contra son maître, c’est l’une des idées que Van Sonnevelt, assoiffé de vengeance, est venu proposer un jour au bailli nouvellement désigné. Velsaert a estimé l’offre recevable. Il s’agit, après tout, de confondre un blasphémateur, un être amoral et pervers, peut-être même un athée. Quand on œuvre pour la cause qui est la sienne, tous les moyens sont bons.»
Torrentius n’a que faire des avertissements, il travaille avec ardeur pour satisfaire les commandes. Mais le filet se resserre et il finit «par se faire coffrer». Ce qu’il pensait n’être qu’une simple péripétie va le conduire à un procès inique et à une condamnation d’une sévérité exemplaire. Il faudra l’intervention du roi d’Angleterre pour lui permettre de prendre l’exil. Mais cet épisode l’aura marqué durablement et il ne retrouvera plus son regard pétillant et son inspiration.
Colin Thibert a trouvé le style qui sied à ce genre d’épopée. Parfaitement documenté, son imagination a fait le reste pour nous offrir un roman où l’aventure et la truculence des personnages prend le pas sur la biographie. Ce faisant, il donne au lecteur beaucoup de plaisir à suivre cet artiste et, comme le graveur, à nous livrer une réflexion sur le rôle de l’artiste, sur la rigueur protestante, mais aussi sur la duplicité des hommes et des âmes. On se régale !

Torrentius
Colin Thibert
Éditions Héloïse d’Ormesson
Roman
128 p., 15 €
EAN 9782350875378
Paru le 22/08/2019

Où?
Le roman se déroule aux Pays-Bas, à Haarlem et en Angleterre.

Quand?
L’action se situe au XVIIe siècle.

Ce qu’en dit l’éditeur
Dans l’austère Haarlem du XVIIe siècle, Johannes van der Beeck peint, sous le nom de Torrentius, les plus extraordinaires natures mortes de son temps et grave sous le manteau des scènes pornographiques qui se monnayent à prix d’or…

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com

INCIPIT (Les premières pages du livre)
« C’est une petite eau-forte d’une obscénité remarquable. Dans le désordre d’un lit, une femme nue, cambrée, qu’un homme prend par-derrière, une main lutinant le téton gauche, l’autre soulevant la jambe droite à la pliure du genou. Les seins, le ventre et les cuisses ont le luisant des charcuteries de qualité. La gravure est si fine que l’on pourrait compter les poils du pubis. La femme a un visage enfantin et doux, ses lèvres sont gonflées par le plaisir. L’homme parait avoir le double de son âge: cheveux longs, frisés, bouc hérissé, face congestionnée. Sous la broussaille des sourcils, ses yeux brillent autant que le gros diamant qu’il porte à l’oreille.
– Alors, monsieur Brigby? Que voyez-vous?
Avec sa longue barbe, ses cheveux blancs et sa calotte, Houtmans a l’air d’un sage docteur du sanhédrin. Trompeuse apparence, il n’est qu’épicier.
– Je vois… je vois l’accouplement d’un satyre et d’une nymphe, répond Brigby dont le teint a viré au carmin. Oppressé, il respire à petits coups dans la touffeur de la boutique.
– C’est bien plus que cela, monsieur.
– Que voulez-vous dire? Cette scène aurait-elle un sens caché?
Après un temps, Houtmans chuchote:
– Il s’agirait d’un autoportrait…
– Comment cela?
– Eh bien, l’artiste s’est représenté en fornicateur.
– Vous m’en direz tant ! Et la femme?
– Quelle importance? C’est une putain connue sous le nom de Zwantie.
– Elle paraît si jeune, murmure Brigby, reportant son attention sur la gravure.
– Le vice n’a pas d’âge.
– Certainement.
Brigby toussote et demande:
– Vous en avez d’autres?
Houtmans retire avec précaution l’un des tiroirs du grand meuble à épices et le pose sur le comptoir. Des parfums de poivre et de girofle se répandent. D’une cache, il sort une liasse de papier vélin nouée d’un ruban de satin vert qu’il défait. Lissant les estampes du plat de la main, il les présente, l’une après l’autre, à la curiosité avide de son client. Toutes figurent d’énergiques scènes de copulation traitées avec la même crudité, le même souci du détail. Le blanc laiteux des chairs féminines est mis en valeur par des noirs veloutés, profonds. Les hommes sont en demi-teintes. Priapiques et lubriques, tous ressemblent peu ou prou, si Houtmans a dit vrai, à l’auteur des eaux fortes dont le monogramme, V.d.B., figure en has à droite de l’image.
– Combien demandez-vous du lot? s’enquiert Brigby.
Houtmans annonce un prix, l’Anglais se récrie, indigné.
Dans le registre qu’il tient d’une plume appliquée, Brigby note ce soir-là: «Un lot d’estampes de belle facture figurant des scènes mythologiques. Total: soixante florins.» Au terme d’un marchandage serré, il a payé plus de quatre fois cette somme à Houtmans. L’extrême rareté de telles images et leur qualité exceptionnelle justifient leur prix. En détenir est un délit passible de la prison, voire du bûcher selon les juridictions.
Grand amateur d’art, le roi Charles Ier d’Angleterre, qui n’est pas homme à faire les choses à moitié, s’est fixé pour but de constituer la plus belle collection d’Europe. II a commencé par racheter des œuvres de peintres célèbres à des pairs endettés, il a surtout chargé Sir Dudley Carleton, En connaisseur, d’écumer le plat pays pour son compte lorsqu’il y était son ambassadeur. En quittant les Provinces-Unies pour assumer d’autres fonctions, Sir Dudley Carleton a trouvé en Brigby un rabatteur impitoyable et compétent. Il fallait également qu’il fût d’une discrétion à toute épreuve car le roi est aussi friand de pornographie. »

À propos de l’auteur
Né en 1951 à Neuchâtel, Colin Thibert est écrivain et scénariste pour la télévision. Il a longtemps pratiqué le dessin et la gravure. En 2002, il a reçu le prix SNCF du Polar pour Royal Cambouis (Série Noire, Gallimard). Son dernier roman, Un caillou sur le toit, a paru en 2015 chez Thierry Magnier. (Source : Éditions Héloïse d’Ormesson)

Site Wikipédia de l’auteur

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L’Éveil de l’Ange

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L’Éveil de l’Ange
Éva Delambre
Tabou Editions
Roman érotique (public averti)
368 p., 16 €
ISBN: 9782363260338
Paru en novembre 2015

Où?
Le roman se déroule en France, à Paris et dans une belle propriété située dans un petit village au cœur de la Drôme.

Quand?
L’action se situe de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Solange aime écrire, mais elle doute de son talent. Beaucoup trop selon son amie Axelle qui lui déniche un travail un peu spécial : rédiger les mémoires d’un dénommé Tristan Bussy ; et pour ce faire, résider dans sa propriété. Solange finit par se laisser convaincre. Elle était justement à la recherche d’un emploi. Sauf que celui-ci va s’avérer particulier. En effet, Tristan Bussy n’est pas un vieux monsieur et ses récits de vie sont d’un érotisme torride. De plus, il attend d’elle une implication très personnelle dans l’exercice d’écriture qu’il lui confie : il faudra qu’elle aussi se dévoile!
Peu à peu, Solange succombe au charme du séduisant quadragénaire, au point de s’engager lentement dans une relation charnelle aux accents de domination et de soumission. Mais elle est traversée de doutes : Tristan la désire-t-il réellement ou n’est-elle que son jouet ? Qu’attend-il réellement d’elle ?

Ce que j’en pense
***
La littérature érotique est un vaste domaine qui permet toutes sortes de variantes et de fantaisies. En quelques semaines, il nous aura été permis de découvrir deux pratiques totalement opposées, celle d’une femme libre de ses choix et de ses fantasmes, qui n’hésite pas à jeter ses amants comme un mouchoir usagé, quitte à mener une vie Décousue et celle d’une femme soumise, objet consentant des fantasmes de son Maître.
Éva Delambre nous propose en effet une sorte d’initiation au BDSM (abréviation de « Bondage, Discipline, Sado-Masochisme ») à travers le récit de Solange. Cette dernière vient de perdre son emploi de libraire lorsque son amie Axelle lui propose de répondre à un concours de nouvelles qu’elle va finir par remporter. Axelle, en jouant les entremetteuses a toutefois omis de mentionner que le prix consistait en un contrat de rédaction de récits érotiques.
Aussi Solange n’imagine guère ce qui l’attend lorsqu’elle débarque dans la belle propriété drômoise de Tristan Bussy. Mais après tout, elle entend bien profiter de ce voyage pour faire le point : « Quoi de mieux que de retrouver complètement déracinée, loin de tout repère familier et dans un contexte quelque peu déstabilisant, pour savoir ce qui était le mieux pour soi et ses véritables aspirations. »
Sans oublier que Tristan est séduisant et que la rédaction de ces récits est bien payée… Le piège peut se refermer sur Solange.
Car comme le maître dominateur Hieros le rappelle dans un article de Philosophie Magazine : « Le dominateur est un narrateur qui prend le pouvoir avec les mots. »
Alors Tristan parle, raconte et se faisant envoûte Solange qu’il a pris soin de débaptiser pour l’appeler Ange.
Après le premier récit, celle d’une femme rencontrée sur internet et dont on ne saura rien de plus que sa soumission dans une chambre d’hôtel, viendront les histoires de Carène, Camille, Jade, Alice et les autres.
Seule, quasiment obligée de se mettre dans la peau de celles dont elle doit retranscrire les faits et gestes, Solange sent bien qu’elle perd le contrôle de ses actes.
« J’étais pitoyable et le pire était que j’en avais conscience. Je pensais à toutes ces femmes qu’il m’avait racontées, toutes ces soumises si belles et si parfaites qui assumaient avec délice leur condition, qui ressentaient leur appartenance comme un privilège, un honneur. Je les imaginais si fières et si promptes à effectuer n’importe quel geste humiliant et rabaissant avec une élégance et une classe déconcertantes, tant pour elles, cela avait un sens profond, tant c’était là un symbole puissant. »
Après ce que l’on pourrait assimiler à un nettoyage de cerveau, l’ange est prêt à succomber à son tour. Elle veut ressentir à son tour la douleur mêlée au plaisir. Mais le contrat qui la lie à son Maître tient ici davantage de la mise en scène que de la vraie soumission. Il est aussi question de plaisir réciproque durant leurs échanges.
Si l’Ange s’éveille, c’est aussi en prenant conscience que cet épisode ne peut s’inscrire dans la durée : « J’avais aussi envie de partager d’autres choses, d’autres moments. Envie de discuter tard dans la nuit d’un film que nous aurions vu ensemble, envie de lire après lui les mêmes livres pour échanger nos idées, envie de chiner aux puces, envie de soirées, d’expos, de restaurants, envie de voyages à deux, de projets pourquoi pas. »
Là où la soumission aurait pu déboucher sur une expérience sectaire, voire – pour oser une image plus violente – sur un engagement de type djihadiste, on se rapproche des 50 nuances de Grey. L’expérience BDSM devient alors plus un jeu qui utilise les codes du genre sans sombrer dans les extrêmes. L’Ange parviendra-t-il à prendre son envol ? C’est ce que nous découvrirons dans le second tome à paraître.

Autres critiques
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Onirik
Blog Le Monde enchanté de mes lectures
Carla-blog (site d’une soumise)

Extrait
« Il pouvait tout sur elle, il avait tous les droits. Il était son Seigneur et Maître, et jamais elle ne devait l’oublier. Elle était haletante, à la fois honteuse et terriblement excitée par la façon dont il la traitait. Il lui rappela sa condition, ce qu’elle était. Elle ne pouvait rien faire qu’acquiescer, la joue collée au sol.
Il finit par venir derrière elle et après avoir joué un peu avec ses doigts, il se protégea et la pénétra brutalement en la prenant par les hanches. Elle était pleinement passive. Les poignets et les chevilles douloureux à cause des cordes, la joue et l’oreille irritées par le frottement contre la moquette, et pourtant, elle coulait d’un désir hors norme. Ce désir qui naît dans la contrainte, l’humiliation et la douleur, dans l’abnégation et l’abandon de soi. Un désir trouble, que peu peuvent comprendre et encore moins ressentir. Un désir au-delà des conventions et des normes, qui se niche au creux du ventre et qui se nourrit de cette sensation de soumission et d’appartenance. Un désir qui gronde tant et tant en son antre qu’elle gémit de plaisir sans retenue. » (p. 60-61)

À propos de l’auteur
Éva Delambre est une jeune femme bien dans sa tête et bien dans son corps. De nature passionnée et curieuse, elle assume ses envies et ses penchants. Elle a fait ses premiers pas dans le BDSM il y a quelques années. C’est sa découverte de ce monde et son imagination fertile, associées à sa passion pour l’écriture, qui ont donné naissance à l’auteure qu’elle est maintenant. (Source : Tabou Editions)
Page Twitter de l’auteur

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Décousue

RACHEL-decousue

 

 

 

 

 

-18ans

Décousue
Maryssa Rachel
5 sens éditions
Roman érotique
224 p., 15 €
ISBN 9782970104124
Paru en août 2015

Où?
Le roman se déroule principalement à Paris

Quand?
L’action se situe de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
À la manière d’un journal intime, Maryssa Rachel nous emmène à travers les chemins sinueux du libertinage, révélant ainsi toute la complexité de l’être humain et de ses désirs les plus profonds. Déroutant ou dérangeant, ses mots tantôt doux tantôt acerbes continueront de provoquer ou simplement d’exister, sans même se retourner, sous le regard conformiste d’une société en plein questionnement.

Ce que j’en pense
***

Ce roman – à ne pas mettre entre toutes mains, comme il convient de l‘écrire – est avant tout une déclaration de liberté. Celle de Rose, une femme qui entend bien mener sa vie comme elle l’entend, sans notamment subir les humeurs des hommes qui, presque tous, vont le décevoir à un moment ou à un autre : « Dès le premier coup de bite donné, ils se sentent surpuissants et pensent qu’ils pourront enfin m’enfermer, me posséder. Je déteste l’étouffement, je suis indépendante et je compte bien le rester encore longtemps ».
Une déclaration d’indépendance qui se heurte toutefois bien vite à un petit problème : la narratrice, qui est une hédoniste, aime la bonne chère et la bonne chair, la champagne, les entrecôtes saignantes et le sexe. Et pour parvenir à ses fins, elle n’a «pas besoin de phrases ni de longs discours, seuls les corps s’expriment. Exit hypocrisie, mensonge et bla-bla inutile.»
Car le parcours de Rose était jusque là assez classique, depuis la découverte de la sexualité à l’école, puis chez les bonnes-sœurs jusqu’à la rencontre avec Mickael, son premier copain, avec laquelle elle restera sept ans, histoire de faire ses classes.
Histoire aussi de se lasser en découvrant à la fois les servitudes de la vie de couple et la facilité qu’elle a à séduire : « Un homme, c’est mécanique. Un homme, il suffit de la regarder avec envie pour qu’à son tour il ait envie. Un homme, il suffit de lui dire ce qu’il veut entendre pour qu’il nus mange dans la main. Un homme, c’est simple. »
Commence alors le petit catalogue de ses rencontres et de ses fantaisies jusqu’aux clubs échangistes, en passant par la rencontre fortuite ou la fille du bar au regard de braise… qui ne va pas tarder à enlever son «r» au mot braise. Ajoutons une mention pour la scène de la bibliothèque, fantasme commun à de nombreux amateurs de littérature.
Cette addiction va peu à peu l’entraîner sur des chemins un peu plus risqués. Comme pour une droguée en manque, elle va devoir satisfaire sa boulimie de sexe avec des partenaires de moins en moins attirants, des objets plus ou moins vibrants, des pervers plus ou moins violents. Un peu n’importe où et n’importe quand. Nous voilà entraînés vers un remake d’Histoire d’Ô plutôt que vers une Emmanuelle 2.0. Quand Eros s’approche de Thanatos. Quand la douleur, l’humiliation, l’insulte accompagnent la jouissance.
C’est du reste là que réside, à mon sens, l’intérêt de ce roman. On comprend avec la narratrice que la quantité ne saurait se substituer à la qualité : « J’ai trente-cinq ans, un peu fatiguée, usée, blasée par la multitude de ces relations qui s’additionnent chaque jour un peu plus. Je n’ai toujours pas trouvé la personne qui puisse me combler, j’ai toujours peur lorsque je frôle l’amour. »
Rose sent que son chemin est parsemé d’épines. Désormais, c’est avec toutes ses expériences et sa nouvelle lucidité qu’elle affronte la vie.

Autres critiques
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Blog Le monde enchanté de mes lectures (Eloradana2303)
Blog Esprits libres

Extrait
« Combien de fois ai-je entendu des hommes ou des femmes traiter des nanas qui aiment le sexe de nymphomanes ; des jaloux, des envieux sans nul doute, des coincés, des frustrés, des malheureux. Des gens qui n’arrivent tout simplement pas à assumer entièrement leurs propres envies. Il est tellement plus facile de mettre en avant chez l’autre ses propres névroses et de les discriminer. Je suis donc une hypersexuelle, une séductrice, une prédatrice, peu importe en fait les mots qu’on me colle sur la peau. Je me sers de mon corps pour communiquer, les mots ne sont que des mots, il est plus facile de parler que d’agir. Je préfère agir que parler car je déteste la facilité. »
Extrait en vidéo (p. 63-65)

A propos de l’auteur
Ecrivaine, Photographe, Chroniqueuse (LP MAG paris) et scénariste est née dans la Drôme en 1976. Certains la qualifient de « photo_thérapeute ». Elle aide majoritairement les gens qui la sollicitent à retrouver confiance en eux.
Elle jongle entre écrits et travail photographique. Ses expositions sont réalisées aussi bien dans la Drôme, en PACA que sur Paris. Elle a participé à l’illustration de la brochure «Tomber la culotte» financée par l’INPES ainsi que l’article « D’économe je suis devenue écolo » sur TF1 NEWS, en octobre 2011. Son premier roman « Shemale » est sorti en octobre 2012 aux Ed. Kirographaires.
En février 2012, elle est invitée sur le plateau de « la nouvelle édition » sur canal+ pour parler du documentaire d’A.Rawlins. La chaîne W9 la contactera également pour photographier l’héroïne d’une émission TV.
Maryssa Rachel travaille principalement sur des sujets qui dérangent et par le biais de ses œuvres tous supports son but est de faire réagir, d’amener à réfléchir. (Source: 5 sens éditions)

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