Bakhita

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Voici cinq bonnes raisons de lire ce livre:
1. Parce que Véronique Olmi est l’une de nos meilleures prosatrices, ayant publié une douzaine de romans, deux recueils de nouvelles et neuf pièces de théâtre et que son précédent roman, J’aimais mieux quand c’était toi (disponible en livre de poche) m’a beaucoup plu.

2. Parce que la genèse de Bakhita est déjà très romanesque. Comme l’a raconté Véronique Olmi à Pascale Frey, elle a découvert Bakhita par hasard, « alors que je visitais une église en Touraine. Il y avait son portrait. J’ai été happée par ce visage et, une fois rentrée chez moi, je l’ai vulgairement “googlelisée”. Il n’existait rien sur elle, à l’exception d’un ouvrage ancien et officiel, “Storia meravigliosa”. J’étais en train de travailler sur un prochain roman, j’ai tout jeté, et filé en Italie. »

3. Parce que ce roman est basé sur une histoire vraie est le fruit d’une belle enquête. Il nous propose un voyage à la fin du XIXe siècle au Darfour, sur les pas d’une fille arrachée à sa famille à l’âge de 7 ans pour devenir esclave. De propriétaire en propriétaire, elle va passer du consul d’Italie à un couple de Vénitiens avant d’être affranchie et de devenir religieuse. Elle sera finalement canonisée par Jean-Paul II.

4. Pour ce message de l’auteur, pioché dans un entretien accordé à Paris Match: « Ce livre a mis ma vie entre parenthèses pendant deux ans. J’ai été passionnée par Bakhita, je me relevais la nuit pour écrire. Mais je ne voudrais pas recommencer ce parcours. J’espère que mon roman amènera à des réflexions sur le racisme et les différences. Qu’on soit davantage dans le silence et moins dans le jugement. »

5. Parce que l’une de mes romancières préférées, Karine Tuil, est enthousiaste : « Un roman profond et émouvant qui s’annonce déjà comme l’un des textes phares de la rentrée. »

Bakhita
Véronique Olmi
Éditions Albin Michel
Roman
464 p., 22,90 €
EAN: 9782226393227
Paru en août 2017

Ce qu’en dit l’éditeur
Elle a été enlevée à sept ans dans son village du Darfour et a connu toutes les horreurs et les souffrances de l’esclavage. Rachetée à l’adolescence par le consul d’Italie, elle découvre un pays d’inégalités, de pauvreté et d’exclusion.
Affranchie à la suite d’un procès retentissant à Venise, elle entre dans les ordres et traverse le tumulte des deux guerres mondiales et du fascisme en vouant sa vie aux enfants pauvres.
Bakhita est le roman bouleversant de cette femme exceptionnelle qui fut tour à tour captive, domestique, religieuse et sainte.
Avec une rare puissance d’évocation, Véronique Olmi en restitue le destin, les combats incroyables, la force et la grandeur d’âme dont la source cachée puise au souvenir de sa petite enfance avant qu’elle soit razziée.

Les critiques
Babelio 
Paris Match (Valérie Trierweiler)
Le Temps (Lisbeth Koutchoumoff)
Pélerin.com (Muriel Fauriat, entretien avec l’auteur)
Blog Pretty Books
Blog Entre les lignes (Bénédicte Junger)
Blog Une souris et des livres 


Véronique Olmi présente Bakhita lors de la présentation de la rentrée littéraire © Éditions Albin Michel.

Véronique Olmi évoque son roman Bakhita © Europe 1

Les premières pages du livre
« Elle ne sait pas comment elle s’appelle. Elle ne sait pas en quelle langue sont ses rêves. Elle se souvient de mots en arabe, en turc, en italien, et elle parle quelques dialectes. Plusieurs viennent du Soudan et un autre, de Vénétie. Les gens disent : « un mélange ».. Elle parle un mélange et on la comprend mal. On doit tout redire avec d’autres mots. Qu’elle ne connaît pas. Elle lit avec une lenteur passionnée l’italien et elle signe d’une écriture tremblante, presque enfantine. Elle connaît trois prières en latin. Des chants religieux qu’elle chante d’une voix basse et forte.
On lui a demandé souvent de raconter sa vie, et elle l’a racontée encore et encore, depuis le début. C’est le début qui les intéressait, si terrible. Avec son mélange, elle leur a raconté, et c’est comme ça que sa mémoire est revenue. En disant, dans l’ordre chronologique, ce qui était si lointain et si douloureux. Storia meravigliosa. C’est le titre de la brochure sur sa vie. Un feuilleton dans le journal, et plus tard, un livre. Elle ne l’a jamais lue. Sa vie, à eux racontée. Elle en a été fière et honteuse. Elle a craint les réactions et elle a aimé qu’on l’aime, pour cette histoire, avec ce qu’elle a osé et ce qu’elle a tu, qu’ils n’auraient pas voulu entendre, qu’ils n’auraient pas compris, et qu’elle n’a de toute façon jamais dit à personne. Une histoire merveilleuse. Pour ce récit, sa mémoire est revenue. Mais son nom, elle ne l’a jamais retrouvé. Elle n’a jamais su comment elle s’appelait. Mais le plus important n’est pas là. Car qui elle était, enfant, quand elle portait le nom donné par son père, elle ne l’a pas oublié. Elle garde en elle, comme un hommage à l’enfance, la petite qu’elle fut. Cette enfant qui aurait dû mourir dans l’esclavage a survécu, cette enfant était et reste ce que personne n’a jamais réussi à lui prendre »

Extrait
« Ils avancent dans le bruit lourd des chaînes. Ils se traînent, frappent la terre de leur malheur. c’est le bruit du fer qui claque et gémit dans le vent. La longue file des épuisés et des mourants. Leurs grimaces de douleur et leurs lèvres brûlées. Leurs yeux aveugles. Leur peau déchirée. Et on dirait que ce n’est pas une caravane qui passe, mais une seule personne, une seule douleur qui pose son pas sur la plaine et l’écrase. »

À propos de l’auteur
Comédienne, romancière et dramaturge, Véronique Olmi a publié une douzaine de romans, deux recueils de nouvelles et neuf pièces de théâtre. Ses trois derniers romans et deux pièces de théâtre sont parus chez Albin Michel: Nous étions faits pour être heureux (2012), La nuit en vérité (2013), Une séparation (2014), J’aimais mieux quand c’était toi (2015) et Un autre que moi (2016). (Source : Éditions Albin Michel)

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Focus Littérature

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Écoutez nos défaites

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Écoutez nos défaites
Laurent Gaudé
Actes Sud
Roman
288 p., 20 €
EAN : 9782330066499
Paru en août 2016

Où?
Le roman se déroule sur plusieurs théâtres d’opération, à la suite d’Hannibal vers Rome depuis Sagonte, après le franchissement du détroit de Gibraltar, la traversée de Pyrénées puis des Alpes, à travers la Toscane puis vers Rome, Capoue, Cannes et le retour à Carthage. Aux États-Unis, de New York aux États du Sud, passant notamment par Charleston, West Point, Molina del Rey, Chapultepec, Shiloh. En Afghanistan et Pakistan, Irak, Syrie et Lybie, avec Abbottabad, Kawergosk, Bagdad, Erbil, Syrte, Misrata, Falloujah, Tripoli, Palmyre, Hatra, Nimroud. Un autre épisode se déroule en Éthiopie, à Addis Abeba, Adoua, Walwal, Maichew. Enfin les étapes contemporaines passent par Paris, Zurich et Genève, Le Caire, Alexandrie, Jérusalem, Vienne. Khartoum, Beyrouth et Bath sont d’autres étapes dans ce roman qui évoque aussi Mycènes et Troie.

Quand?
De la guerre de Troie aux exactions de l’Etat islamique, le roman couvre de grandes périodes de notre histoire jusqu’à nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Un agent des services de renseignements français gagné par une grande lassitude est chargé de retrouver à Beyrouth un ancien membre des commandos d’élite américains soupçonné de divers trafics. Il croise le chemin d’une archéologue irakienne qui tente de sauver les trésors des musées des villes bombardées. Les lointaines épopées de héros du passé scandent leurs parcours – le général Grant écrasant les Confédérés, Hannibal marchant sur Rome, Hailé Sélassié se dressant contre l’envahisseur fasciste… Un roman inquiet et mélancolique qui constate l’inanité de toute conquête et proclame que seules l’humanité et la beauté valent la peine qu’on meure pour elles.

«Écoutez nos défaites est un livre sur le temps. Celui des quatre époques qui s’entremêlent et construisent le récit : la guerre entre Hannibal et Rome, la guerre de Sécession, la deuxième guerre italo-éthiopienne et enfin l’époque contemporaine. Mais c’est aussi un livre qui essaie de saisir ce continuum qui nous traverse, nous lie aux époques précédentes, dans une sorte de mystérieuse verticalité. Un peu comme le font ces objets archéologiques qui traversent les siècles, surgissent parfois à nos yeux, au gré d’une fouille, nous regardent avec le silence profond des âges et disparaissent à nouveau, vendus, détruits ou engloutis pour quelques siècles encore.
Dans Écoutez nos défaites, chacun espère la victoire. Les généraux réfléchissent, construisent des stratégies, s’agitent, envoient leurs hommes à l’assaut, connaissent des revers, des débâcles, se reprennent et parviennent parfois à vaincre. Mais qu’est-ce que vaincre ? Battre son ennemi ou lui survivre ? Est-ce qu’au fond Hannibal n’a pas vaincu Scipion ? N’est-ce pas lui qui est devenu mythe ? Qu’est-ce que vaincre lorsque la partie ne se joue pas uniquement sur le champ de bataille ? Hannibal, Grant et Hailé Sélassié ne meurent pas au milieu de leurs troupes. Ils survivent à la guerre, traversent cette épreuve et vieillissent. Et avec le temps, l’écho lointain des batailles, si terrifiant au moment où ils les vécurent, devient peut-être le bruit de leur gloire passée ou en tout cas le souvenir d’instants où ils furent vivants comme jamais. Car ce qui vient après la bataille, que l’on ait gagné ou perdu, c’est l’abdication intime, cette défaite que nous connaissons tous, face au temps.
Et si, dès lors, la défaite n’avait rien à voir avec l’échec ? Et s’il ne s’agissait pas de réussir ou de rater sa vie mais d’apprendre à perdre, d’accepter cette fatalité ? Nous tomberons tous. Le pari n’est pas d’échapper à cette chute mais plutôt de la vivre pleinement, librement.
Les deux personnages principaux d’Écoutez nos défaites, Assem, l’agent des services français, et Mariam, l’archéologue irakienne, sont dans cette quête. Ils sont aux endroits où le monde se convulse. Et si la défaite ne peut être évitée, du moins son approche est-elle l’occasion pour eux de s’affranchir. Quitter l’obéissance et remettre des mots sur le monde. Assumer la liberté de vivre dans la sensualité et le combat. C’est cet affranchissement commun qui rend leur rencontre possible et va les unir dans cette traversée d’un monde en feu, où ils seront peut-être défaits mais sans jamais cesser d’être souverains.» L. G.

Ce que j’en pense
****
Après L’insouciance de Karine Tuil qui déjà nous offrait une réflexion sur les conflits actuels et sur le choc que peut représenter pour un combattant le passage du champ de bataille au luxe insolent étalé dans les grandes métropoles occidentales, voilà un roman tout aussi fort, éblouissant et déstabilisant sur cette amnésie coupable qui semble nous habiter encore aujourd’hui.
Comment croire au progrès, comment comprendre qu’au fil des ans l’homme n’a rien appris des conflits passés, comment peut-on commettre aujourd’hui encore des actes aussi barbares que ceux perpétrés par l’armée islamique, s’attaquant non seulement aux populations, mais aussi aux monuments historiques, aux vestiges culturels millénaires.
En ouvrant son roman sur la rencontre à Zurich dans un grand hôtel entre un baroudeur et une archéologue, Laurent Gaudé livre la clé de son propos. L’amour éphémère, la liaison qui sera sans lendemain entre Assem et Mariam est symbolique des combats qu’ils livrent chacun à leur manière et qui ne finiront jamais.
Après l’Afghanistan, la Lybie, Assem doit partir à Beyrouth sur les traces d’un Américain, tête brûlée qui se livre à des trafics variés. Mariam, après Alexandrie et Bagdad où elle a œuvré pour la restitution des objets volés et la réouverture du musée, prend la direction de la Syrie afin de tenter de sauver ce qui peut l’être de la folie destructrice de daesh. Mais leur combat n’est-il pas perdu d’avance ?
C’est pour répondre à cette interrogation que l’auteur convoque quelques combats emblématiques de notre Histoire. Celui d’Hannibal contre Rome, celui d’Ulysse Grant durant la Guerre de Sécession, celui de Hailé Sélassié contre le colonisateur italien. Durant tout le roman, le lecteur est invité à les suivre sur le terrain et à partager ce déferlement de violence. Jusqu’à ce point qui donne raison à Gertrude Stein quand elle explique que «La guerre n’est jamais fatale, mais elle est toujours perdue.»
Avec maestria, l’auteur fait s’entrecroiser les récits, parvient à les mettre en résonnance et nous démontre – sans jamais porter de jugement – qu’on ne sort jamais indemne de telles campagnes. Car au conflit ouvert succède le conflit intérieur. À la justification morale d’un engagement succède l’horreur et la barbarie. En nous montrant que personne, à aucun moment, ne peut sortir indemne d’un tel déferlement de violence, que le temps ne fait rien à l’affaire, l’auteur de La Mort du Roi Tsongor et du Soleil des Scorta nous place en témoins privilégiés des tourments du monde. En empilant les strates de ses différents récits, il parvient aisément à nous éclairer sur l’erreur de jugement majeure que nous faisons en retraçant ces «épopées». Il suffit de changer de point de vue, d’écouter les défaites, pour comprendre la lucidité d’un Jean Jaurès. Non, «on ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre.»
Ce roman est un viatique pour notre début de XXIe siècle.

Autres critiques
Babelio 
L’Express (Interview de Laurent Gaudé)
RFI (Tirthankar Chanda)
Blog Quatre sans quatre
Blog Passion littéraire

Extrait
« Alors, Ferruccio, le fou de la place des Tilleuls, rit de moi car lui seul a compris que quelque chose était né qui m’emmènerait bien au-delà des terres où la France m’envoie depuis dix ans, tuant ou protégeant des hommes sans que j’aie jamais pu dire si nous gagnions ou perdions car il faut toujours recommencer, il y a toujours de nouveaux terrains d’action et de nouveaux ennemis à abattre, toujours de nouvelles zones d’influence à maintenir ou de nouveaux points stratégiques à contrôler, t Ferruccio rit parce qu’il sait, lui, que lorsque l’obscurité tombe, lorsque le dernier adversaire est battu, le pire commence, car c’est le moment où il faut accepter de retourner à ses propres tics et à ses tourments. » (p. 18-19)

À propos de l’auteur
Romancier, nouvelliste et dramaturge né en 1972, Laurent Gaudé a reçu en 2003 le prix Goncourt pour son roman Le Soleil des Scorta. Son œuvre, traduite dans le monde entier, est publiée par Actes Sud. (Source : Éditions Actes Sud)

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