En deux mots:
Eliza Donneley a dû fuir Chicago pour trouver refuge à Paris. Au fil de ses rencontres dans la capitale, elle va tenter de se reconstruire, de progresser dans l’art de la photographie, tout en gardant en elle l’espoir de pouvoir un jour rentrer en Amérique pour y revoir son fils.
Ma note:
★★★★ (j’ai adoré)
Ma chronique:
La photographe, loin des clichés
Gaëlle Nohant la magicienne a à nouveau réussit l’un de ses admirables numéros. Après La part des flammes et Légende d’un dormeur éveillé, elle nous entraîne en 1950 entre Paris et Chicago sur les pas d’une photographe.
Gaëlle Nohant poursuit son exploration de notre passé, avec toujours le même talent et le même sens de la narration, le même style addictif qui entraine le lecteur à ne plus vouloir lâcher les personnages. Après La part des flammes et Légende d’un dormeur éveillé nous voici dans les années cinquante, entre Paris et Chicago. L’occasion d’évoquer les clubs de jazz de la capitale et les combats pour les droits civiques aux États-Unis, le combat des femmes pour leur émancipation et celui des minorités pour davantage d’égalité, les peines de l’exil forcé et le besoin de racines.
Quand s’ouvre le roman, Eliza Donneley est à Paris où elle a trouvé refuge sous un nom d’emprunt, Violet Lee.
Si on ne saura qu’au fil de récit les raisons impérieuses qui l’ont poussée à s’exiler, on apprend très vite qu’elle a laissé derrière elle un mari violent, sa mère et son fils Tim, âgé de quelques années. «Désormais, je me raccrochais à l’espoir que si j’étais assez patiente, je trouverais le moyen de rentrer chez moi. Ce chez moi n’était pas la maison de mon mari. Plus vaste et imprécis, il épousait les contours de ma ville natale, du lac qui la bordait, de ses frontières mouvantes. La ville où mon fils, Martin Timothy Donnelley, était venu au monde par une journée froide et grise de novembre 1942, réveillant de ses premiers cris notre rue engourdie par les prémices de l’hiver. »
Mais cette promesse va devenir de plus en plus difficile à tenir, car elle se pressent que son ex-mari ne la lâchera pas, que ses sbires veulent l’empêcher de nuire à leurs petites affaires aussi immorales que rentables. On y retrouve du reste aussi La Part des flammes, le feu assassin.
Après avoir réussi à trouver un toit et quelques personnes prêtes à l’aider, notamment ses voisines les prostituées, elle se décide à sortir le Rolleiflex qu’elle avait acheté avant de quitter les États-Unis et qui va lui permettre d’ouvrir un nouveau chapitre de sa vie. Dans les rues, les cafés, les clubs de jazz, elle va photographier de nombreux personnages, témoigner de la société de l’époque.
Comme pour ses précédents romans, on comprend très vite que Gaëlle Nohant s’est énormément documentée, que son évocation de Paris aussi bien que de Chicago est le fruit de lectures, de témoignages rassemblés mais aussi de séjours effectués ces dernières années, y compris avec un appareil photo en bandoulière (ceux qui suivent la romancière sur les réseaux sociaux ont auront des preuves tangibles).
À l’image de la photo qu’elle découvre après son passage dans le révélateur, Violet va se révéler petit à petit à elle-même. Volontaire et courageuse, elle comprend que les clés de son destin sont entre ses mains, mais aussi dans celles qui à ses côtés sont prêts à l’aider. Battante, elle découvre qu’il y a des causes qui sont plus grandes qu’elle, mais aussi qui rapprochent ceux qui les partagent.
Après Paris, c’est à Chicago qu’elle voudra suivre sa route, bien des années après avoir fui.
La femme révélée est un formidable voyage dans le temps, un magnifique portrait de femme, un panorama des combats menés de part et d’autre de l’Atlantique pour plus d’égalité et de Droits, pour davantage de solidarité et pour dégager l’horizon. Ce qui est fait, on l’aura compris, une œuvre qui résonne avec les problématiques d’aujourd’hui et qui se lit comme un chant d’espoir. Tout simplement superbe!
La femme révélée
Gaëlle Nohant
Éditions Grasset
Roman
400 p., 20,90 €
EAN 9782246819318
Paru le 2/01/2020
Où?
Le roman se déroule en France, à Paris ainsi qu’aux Etats-Unis, principalement à Chicago.
Quand?
L’action se situe de 1950 à1970, mais on évoque aussi les années précédentes depuis la crise de 1929.
Ce qu’en dit l’éditeur
Paris, 1950. Eliza Donneley se cache sous un nom d’emprunt dans un hôtel miteux. Elle a abandonné brusquement une vie dorée à Chicago, un mari fortuné et un enfant chéri, emportant quelques affaires, son Rolleiflex et la photo de son petit garçon. Pourquoi la jeune femme s’est-elle enfuie au risque de tout perdre?
Vite dépouillée de toutes ressources, désorientée, seule dans une ville inconnue, Eliza devenue Violet doit se réinventer. Au fil des rencontres, elle trouve un job de garde d’enfants et part à la découverte d’un Paris où la grisaille de l’après-guerre s’éclaire d’un désir de vie retrouvé, au son des clubs de jazz de Saint-Germain-des-Prés. A travers l’objectif de son appareil photo, Violet apprivoise la ville, saisit l’humanité des humbles et des invisibles.
Dans cette vie précaire et encombrée de secrets, elle se découvre des forces et une liberté nouvelle, tisse des amitiés profondes et se laisse traverser par le souffle d’une passion amoureuse.
Mais comment vivre traquée, déchirée par le manque de son fils et la douleur de l’exil? Comment apaiser les terreurs qui l’ont poussée à fuir son pays et les siens? Et comment, surtout, se pardonner d’être partie?
Vingt ans plus tard, au printemps 1968, Violet peut enfin revenir à Chicago. Elle retrouve une ville chauffée à blanc par le mouvement des droits civiques, l’opposition à la guerre du Vietnam et l’assassinat de Martin Luther King. Partie à la recherche de son fils, elle est entraînée au plus près des émeutes qui font rage au cœur de la cité. Une fois encore, Violet prend tous les risques et suit avec détermination son destin, quels que soient les sacrifices.
Au fil du chemin, elle aura gagné sa liberté, le droit de vivre en artiste et en accord avec ses convictions. Et, peut-être, la possibilité d’apaiser les blessures du passé. Aucun lecteur ne pourra oublier Violet-Eliza, héroïne en route vers la modernité, vibrant à chaque page d’une troublante intensité, habitée par la grâce d’une écriture ample et sensible.
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INCIPIT (Les premières pages du livre)
« Au réveil, elle a oublié l’enchaînement des événements qui l’ont conduite dans cet hôtel miteux où elle s’efforce de se rendre invisible. Un bruit incongru la tire du sommeil, ou une odeur inexplicable. Elle se tourne sous le drap rêche, se cogne contre un mur. Que fait-il là, ce mur ? Elle ouvre les paupières, acclimatant sa vue à la pénombre, striée par les tranches de jour qui entrent par les vieilles persiennes. Le papier peint défraîchi la frappe comme une anomalie, réveille sa mémoire. Remontent tous les détails de sa fuite, le temps étiré, suspendu, précipité dans les battements du sang. Les veilles enroulée dans son imperméable, ses pieds brisés par les longues stations dans les escarpins, cette application à fuir les regards, donner le change, paraître savoir où elle allait.
Eliza Bergman, née trente et un ans plus tôt par une nuit de chaos, s’est évanouie dans les brumes du lac Michigan, qui escamotent les cadavres et les charognes. Tout ce qu’il est préférable de cacher.
Elle a longtemps différé sa fuite, tergiversé, dressant des arguments objectifs et des peurs irrationnelles contre son instinct. Elle a attendu de n’avoir plus le choix pour s’armer de courage, descendre dans les soubassements de la ville, affronter ceux qui pouvaient l’aider. Le genre d’amis qu’on préfère ne pas cultiver, qui font payer cher leurs services et ne vous laissent jamais quitte. Elle le savait déjà, à l’instant où le petit voyou italien lui a tendu le passeport au-dessus du comptoir d’un bistrot borgne. Elle l’a ouvert et étudié en silence, frappée par la ressemblance physique.
La propriétaire du passeport s’appelait Violet Lee. Elle était née le 11 mars 1919 à Chicago, quelques mois avant qu’Eliza ajoute son premier cri à ceux d’une ville à feu et à sang. Sur la photo, Violet a des yeux marron-vert, des cheveux châtains aux épaules : elles pourraient être jumelles. Pas très grande : un centimètre de plus qu’elle. Le passeport ne mentionne pas sa fin prématurée. Eliza ignore tout de celle dont elle porte le nom. Jusqu’aux circonstances d’une mort qui l’a frappée en pleine jeunesse, si tant est que ce mot ait eu un sens pour elle. Durant sa brève existence, Violet Lee devait ressembler à ces pauvres filles que la ville avale en bâillant, sans y prendre garde. Une gentille paumée accrochée à un rêve hors d’atteinte, ou qui ne rêvait pas plus loin qu’une paire de chaussures neuves, un prince de comptoir qui la traiterait un peu mieux que les autres. A-t-elle fini poignardée dans une ruelle du South Side, au coin d’un de ces rades où des truands minables échangent leurs dernières combines ? Étranglée par un amant de fortune ? L’a-t-on tuée pour quelques dollars, ou pour la violer plus commodément ? Pour ce qu’elle en sait, Violet Lee est peut-être morte de froid sur un banc de Jackson Park, ou d’une dose de trop pour survivre à la nuit. Son fantôme accapare les pensées d’Eliza. Comme si usurper son identité l’avait chargée d’une responsabilité à son égard, d’un mystérieux devoir qu’il lui incombe d’élucider.
Si elles s’étaient croisées par hasard, qu’auraient-elles pensé l’une de l’autre ? Violet Lee aurait sans doute envié son allure, celle d’une femme dont le moindre accessoire représentait deux mois de salaire d’une vendeuse de chez Marshall Field. Au premier coup d’œil, elle aurait mesuré la distance entre leurs mondes : l’abîme qui sépare les manoirs de la Gold Coast des meublés crasseux de Wicker Park.
« Si tu me voyais maintenant, Violet… », sourit Eliza du fond de son refuge aux murs lézardés. « En héritant ton nom, j’ai dû hériter la vie qui va avec… »
Désormais, elle doit oublier jusqu’à son prénom. Sans se retourner, trancher les émotions et les souvenirs qui s’y rattachent.
Au pied du lit étroit, son imperméable froissé témoigne du chemin parcouru. Le cuir de ses escarpins est marqué de cicatrices. Mais dans le double-fond de sa valise dorment des bijoux que peu de fugueuses peuvent s’offrir. De quoi tenir un temps, si elle arrive à les revendre. Pour l’instant, ils constituent un butin encombrant pour une femme qui ne doit pas se faire remarquer. Sur la table, un Rolleiflex l’observe de ses yeux éteints. Son bien le plus précieux, avec la photo de son fils.
C’est étrange, pendant des années elle a rêvé que la maison prenait feu, qu’elle devait fuir, décider en quelques secondes de ce qu’elle emportait. Elle se précipitait dans la chambre de l’enfant et l’arrachait au sommeil, trésor brûlant contre sa poitrine. Mais toujours elle revenait sur ses pas dans le couloir aveuglé de fumée, au risque de rester prisonnière, retournait dans sa chambre et tâtonnait à la recherche de son appareil photo.
Elle ne l’a pas oublié dans sa fuite, mais elle a laissé le petit derrière elle. Cette pensée lui coupe le souffle et les jambes. Il faut la repousser tout de suite le plus loin possible. Respirer.
Ou la laisser tout incendier, et ne plus jamais dormir.
Chapitre un
À la réception de l’hôtel, la patronne au regard de fouine est en grande conversation avec un livreur de primeurs. Elle a forcé sur le maquillage, comme on repeindrait un immeuble en train de s’effondrer. Le rouge à lèvres qui bave aux commissures de ses lèvres sans chair, les boucles d’oreilles et les sourcils redessinés au crayon trahissent un souci des apparences qu’elle n’applique pas à son hôtel. Elle attrape la clef que je lui tends et l’accroche au tableau. Tout est poisseux ici, les meubles et les gens. Je lui demande la direction de la place de la Madeleine. Même s’il y a longtemps que je parle et lis le français, mon accent du Midwest chahute les syllabes et bute sur le genre des noms. Quand la gérante me répond, elle avale la moitié des consonnes et je dois déployer une concentration épuisante pour la comprendre. Pendant qu’elle m’indique la direction à grand renfort de gestes, le livreur à la casquette enfoncée sur les yeux lui lance :
— Dis-moi, la Petite Mère… tu loges des Amerloques maintenant ?
Elle répond en plissant les yeux que sa réputation a dû franchir l’Atlantique. Ils partent dans un fou rire. Le livreur enlève sa casquette pour nous saluer et repart, sa cargaison de légumes sous le bras, vers la gare Saint-Lazare.
Je suis soulagée de retrouver l’air libre et la rue. Je me retourne vers l’hôtel minable où j’ai pris une chambre, parce qu’il faut bien s’installer quelque part. Il transpire la crasse et l’avarice. Si j’y restais, je sens qu’il finirait par déteindre sur moi.
Hier, arrivant en train du Havre à la nuit tombée, j’étais brisée de fatigue. J’ai erré longtemps aux abords de la gare, dans ce mélange de faux clinquant et de sordide, et j’ai fini par décider de m’échouer ici. J’avais envie de pleurer. J’ai tendu quelques billets français à cette femme en échange d’un mauvais lit, d’une chambre aux murs de papier, d’un bidet et d’un lavabo sans eau chaude. Je me console en me disant que la dégringolade entre mon ancienne vie et ce lieu est si vertigineuse que ceux qui sont à mes trousses ne penseront pas à m’y chercher. Ce n’est qu’une étape de plus après les gares, le bateau, les heures d’attente sur des quais encombrés de valises et d’enfants. Ma première nuit a été aussi tumultueuse qu’une traversée en mer par gros temps.
Réveillée en sursaut par le vacarme de mes voisins de palier, j’ai dormi par courtes redditions traversées de cauchemars où je ne cessais de perdre Tim dans une foule qui me bousculait sans m’entendre.
Au réveil, quand j’ai retraversé le couloir, le calme n’était troublé que par des ronflements irréguliers qui me rappelaient ceux d’Adam quand il avait trop bu.
Je me suis éloignée vers la Madeleine, rassérénée par l’air vif. Le soleil soulignait les arêtes des toits et redessinait les visages. Moi qui viens d’un monde si orgueilleusement vertical, j’observais ces façades alignées comme des vieilles dames prenant le thé, les lignes Art déco qui venaient rompre l’ensemble, et partout la pierre des musées, des églises et des monuments, patinée par les siècles. Ici, le passé se fait obsédant. Les plaques au-dessus des porches rappellent que tel poète ou tel homme politique a vécu là, les statues veillent sur les squares et les carrefours. Je me demande si tous ces bras de pierre ne finissent pas par vous ligoter. À Chicago c’est l’inverse, on ne courtise que le futur. Comme s’il fallait oublier le sang versé pour bâtir la ville, ce sang venu de tous les coins du monde se mêler à celui des abattoirs. On se hâte de détruire pour reconstruire de nouveaux symboles de fierté et de puissance, toujours plus hauts, plus arrogants. Le passé est cette boue qui s’accroche à nos chaussures, cet accent qui trahit notre origine. Ce sont ces souvenirs qui nous déchirent. »
Extraits
« J’espère que les photos seront bonnes. C’est toujours un pari, il n’y a pas de deuxième chance. Observant l’étrange faune qui se presse sur la chaussée, je me demande comment j’ai pu ne pas me rendre compte que j’étais dans une rue de prostitution, et que j’avais choisi un hôtel de passe. Ma mère y verrait la bouche de l’Enfer. Elle préférait ignorer tout ce qui se rapportait au Near North Side de Chicago. La seule évocation des artères mal famées de la ville lui faisait quitter la table. Étonnamment, je ne me sens ni choquée ni effrayée, plutôt fascinée par ce que je ne connais pas et que j’ai envie de comprendre. Je me réjouis d’avoir été là au bon moment pour capter l’affrontement, la révolte animale de la prostituée aux cheveux rouges et le charme magnétique de l’autre, la Louise Brooks de trottoir qui m’a observée tout du long de ses yeux imperturbables, sous les paupières cernées de khôl. »
« Depuis le jour où j’ai pris ma première photo, je n’ai jamais réussi à m’en passer. Quand je tiens une image et alors il me la faut, rien d’autre ne compte. C’est un mélange d’instinct et d’urgence, une excitation très particulière. » p. 40
« Désormais, je me raccrochais à l’espoir que si j’étais assez patiente, je trouverais le moyen de rentrer chez moi. Ce chez moi n’était pas la maison de mon mari. Plus vaste et imprécis, il épousait les contours de ma ville natale, du lac qui la bordait, de ses frontières mouvantes. La ville où mon fils, Martin Timothy Donnelley, était venu au monde par une journée froide et grise de novembre 1942, réveillant de ses premiers cris notre rue engourdie par les prémices de l’hiver. » p. 49
À propos de l’auteur
Née à Paris en 1973, Gaëlle Nohant vit aujourd’hui à Lyon. Elle a publié L’Ancre des rêves, 2007 chez Robert Laffont, récompensé par le prix Encre Marine, La Part des flammes, Légende d’un dormeur éveillé et La femme révélée. Elle est également l’auteur d’un document sur le Rugby et d’un recueil de nouvelles, L’homme dérouté. (Source: Grasset)
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