Une histoire des loups

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Voici trois bonnes raisons de lire ce livre:
1. Parce que ce premier roman a été accueilli par une critique dithyrambique aux Etats-Unis, le New York Times écrivant, par exemple, que ce roman en comporte de nombreux autres possibles, avec quelques thèmes très forts. On peut y réfléchir sur la façon dont les enfants deviennent en quelque sorte les otages des dogmes de leurs parents, comment on peut faire confiance à des personnes qui nous sont totalement étrangères ou encore comment on définit une famille, si ce n’est pas par la chair et le sang.

2. Parce que la narratrice du roman, Madeline, est une adolescente qui va vivre une année hors du commun. Un roman de formation en quelque sorte, mais davantage basé sur la destruction que sur la construction. Le petit garçon qu’elle garde va mourir, la communauté qui s’était installée là a déserté et ceux qu’elle appelle ses parents ne le sont peut-être pas vraiment. Du coup, il lui reste la forêt et les esprits qui la peuplent.

3. Parce que ce roman s’inscrit dans la lignée de The Girls d’Emma Cline, un roman qui m’a beaucoup plu.

Une histoire des loups
Emily Fridlund
Éditions Gallmeister
Roman
traduit de l’anglais (États-Unis) par Juliane Nivelt
296 p., 22,40 €
EAN : 9782351781289
Paru en août 2017

Ce qu’en dit l’éditeur
Madeline, adolescente un peu sauvage, observe à travers ses jumelles cette famille qui emménage sur la rive opposée du lac. Un couple et leur enfant dont la vie aisée semble si différente de la sienne. Bientôt, alors que le père travaille au loin, la jeune mère propose à Madeline de s’occuper du garçon, de passer avec lui ses après-midi, puis de partager leurs repas. L’adolescente entre petit à petit dans ce foyer qui la fascine, ne saisissant qu’à moitié ce qui se cache derrière la fragile gaieté de cette mère et la sourde autorité du père. Jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Troublant et poétique, best-seller dès sa parution aux États-Unis, le premier roman d’Emily Fridlund a été acclamé par la critique.

Les critiques
Babelio 
Fragments de lecture… les chroniques littéraires de Virginie Neufville
Blog Addict culture
Blog Tu vas t’abîmer les yeux 
Blog Polar Zone livre
Blog Une souris et des livres 
Blog Léa Touch Book 

Les premières pages du livre
« Ce n’est pas que je ne pense jamais à Paul. Il vient à moi de temps à autre avant que je sois complètement réveillée, mais je ne me souviens presque jamais de ce qu’il a dit, de ce que je lui ai fait ou pas. Dans mon esprit, le gamin s’affale simplement sur mes genoux. Boum. C’est comme ça que je sais que c’est lui : il n’a aucun égard pour moi, aucune hésitation.
On est assis dans la salle du centre d’information du service des forêts, une fin d’après-midi semblable à toutes les autres, et son corps glisse instinctivement vers le mien – pas par amour ni respect, mais simplement parce qu’il ne connaît pas encore les convenances régissant les limites entre deux corps. Il a quatre ans, un puzzle de hibou à terminer, ne lui parlez pas. Je ne lui parle pas. Une avalanche d’aigrettes plumeuses flotte devant la fenêtre, silencieuses et légères comme l’air. Le soleil décline, le puzzle s’assemble en hibou avant d’être désassemblé à nouveau, je demande à Paul de se lever. C’est l’heure d’y aller. C’est l’heure. Mais avant que nous nous levions, avant qu’il se mette à protester en geignant pour rester encore un peu, il se laisse aller contre ma poitrine et bâille. Et ma gorge se serre au point de se fermer. Parce que c’est étrange, vous comprenez? C’est merveilleux, et triste aussi, combien il est bon parfois de sentir quelqu’un d’autre s’approprier votre corps. »

Extrait
« Après avoir commencé puis abandonné un premier cycle au centre universitaire, après avoir été embauchée par une agence d’intérim dans les Twin Cities, je trouvai sur Internet une base nationale de données permettant de saisir le nom de n’importe quel délinquant sexuel pour le pister à travers le pays. On pouvait suivre sa trace marquée d’une ligne rouge sur une carte de chaque État tandis qu’il errait de ville en ville, de l’Arkansas au Montana, en quête d’appartements sordides, tandis qu’il retournait en prison, était libéré à nouveau. On pouvait le voir donner un faux nom et se faire repérer, une vague de messages furieux apparaissant sur la toile chaque fois que cela se produisait. On pouvait observer l’indignation morale. On pouvait le voir retenter sa chance. On pouvait le suivre jusqu’au sud de la Floride, dans les marais où, parmi les mangroves, il ouvrait une petite boutique d’antiquités dans un coin perdu, vendant n’importe quoi, des babioles. Des lanternes rouillées et des canards empaillés, de fausses dents de requin, des boucles d’oreilles en or bon marché. On savait ce qui était à vendre parce que les internautes rafraîchissaient constamment leurs messages, donnant tous les détails. Il y avait tant de gens sur Internet. Ils postaient sans arrêt.»

À propos de l’auteur
Emily Fridlund a grandi dans le Minnesota, où se déroule l’action de son roman, Une histoire des loups, et vit actuellement dans la région des Finger Lakes dans l’État de New York. Titulaire d’un doctorat en littérature et creative writing de l’Université de Californie, professeur à Cornell, elle a remporté plusieurs prix pour ses écrits publiés dans diverses revues et journaux. Une histoire des loups est son premier roman. (Source : Éditions Gallmeister)

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Soyez imprudents les enfants

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Soyez imprudents les enfants
Véronique Ovaldé
Éditions Flammarion
Roman
352 p., 20 €
EAN : 9782081389441
Paru en août 2016

Où?
Le roman est principalement situé en Espagne dans la région de Bilbao, à Barales, Uburuk, Zumaburga, Izoriaty, Salvatierra, Puerto Carasco, Punte del Rey, Ayotzinapa, mais il va aussi nous entraîner en France, à Paris, Toulouse, Bordeaux, Brest, Saint-Jean-de-Luz ou en Lozère. L’Afrique y est présente, du Congo au Niger en passant par le Gabon, de Brazzaville à Tombouctou, à Birni n’Konni, Dankori, Fort Crampel ou encore Dakar et Alger. Les Amériques sont également présentes avec Barsonetta, «une île clapotant dans la mer des Caraïbes», Pie de la Cuesta sur la Côte Pacifique, mais aussi Miami, New York et Mexico. En Europe, on évoque aussi Berlin, Rome, Londres, Sheffield, Hanovre et Santa Colonna. L’Asie est présente avec Zolotoï en Mandchourie

Quand?
L’action se déroule de 1983 à 1990, mais l’auteur va remonter la généalogie familiale jusqu’au XVIIe siècle et retracer le parcours de ses ancêtres.

Ce qu’en dit l’éditeur
« Soyez imprudents les enfants », c’est le curieux conseil qu’on a donné à tous les Bartolome lorsqu’ils n’étaient encore que de jeunes rêveurs – et qui explique peut-être qu’ils se soient aventurés à changer le monde.
« Soyez imprudents les enfants », c’est ce qu’aimerait entendre Atanasia, la dernière des Bartolome, qui du haut de ses 13 ans espère ardemment qu’un événement vienne bousculer sa trop tranquille adolescence.
Ce sera la peinture de Roberto Diaz Uribe, découverte un jour de juin au musée de Bilbao. Que veut lui dire ce peintre, qui a disparu un beau jour et que l’on dit retiré sur une île inconnue ? Atanasia va partir à sa recherche, abandonner son pays basque natal et se frotter au monde. Quitte à s’inventer en chemin.
Dans ce singulier roman de formation, Véronique Ovaldé est comme l’Espagne qui lui sert de décor : inspirée, affranchie et désireuse de mettre le monde en mouvement.

Ce que j’en pense
****
Voilà un roman comme je les aime! Une de ces histoires qui vous emmènent là où vous n’imaginiez pas aller, qui vous apprend des tas de choses et qui vous donne à réfléchir. Un roman riche qui prétend nous raconter la vie d’Atanasia Bartolome et va en fait nous faire faire le tour de monde tout en remontant le cours des siècles passés.
« Tout avait commencé quand j’avais treize ans. Avant mes treize ans il n’y avait rien. Seulement la longue attente de l’enfance. Le sommeil et l’ennui dévorés de mauvaises herbes. L’histoire d’Atanasia Bartolome pourrait donc avoir débuté, me disais-je, lors de la grand exposition de 1983 au musée d’Art et du Patrimoine de Bilbao. »
L’émotion que ressent la jeune fille devant un tableau du peintre Roberto Diaz Uribe va en effet conditionner toute sa vie. Comme de nombreux adolescents, elle entend désormais déployer ses ailes, s’affranchir du carcan familial ou des règles trop rigides de la société. Comme de nombreux adolescents, elle va se jeter à fond dans cette nouvelle passion. Comme de nombreux adolescents, elle va se sentir incomprise et faire de chaque remarque, de chaque indignation un moyen de renforcer sa détermination.
La disparition de sa grand-mère, suivie un an plus tard de celle de son père, va d’une part la priver d’une confidente et d’une autorité morale et d’autre part lui offrir une voie royale vers l’émancipation. « Elle avait lu quelque part que 15% des gens ne se remettaient jamais d’un deuil ou d’une rupture. Ce genre de considération permettait à Atanasia de justifier sa ferveur maniaque. Elle se disait qu’il était tout aussi possible que 15% des gens vouent l’entiereté de leur vie à une obsession. »
C’est alors que le roman de formation va se transformer en roman d’aventures. Elle part pour Paris où vit Vladimir Veledine «le plus éminent spécialiste de Roberto Diaz Uribe» et entend bien tout savoir de ce peintre aussi mystérieux que fascinant.
Avec un talent de conteuse qui avait déjà fait merveille dans Ce que je sais de Vera Candida et La grâce des brigands, Véronique Ovaldé va faire de cette quête une exploration de l’histoire familiale dont il serait bien dommage de révéler ici l’issue. Mais bien vite, on va voir se tisser des liens entre les ancêtres d’Atanasia et le parcours de Roberto Diaz Uribe. Entre le guérisseur qui n’hésite pas à rebrousser chemin pour tenter de sauver les malades de la peste, entre le compagnon d’expédition de Savorgnan de Brazza qui va tenter de lutter contre les exactions des colonisateurs, entre l’oncle et le père qui vont chercher à soulever la chape de plomb franquiste.
Une preuve supplémentaire qu’il n’y a pas de hasard, que l’on se construit aussi du parcours de ses ancêtres, qu’il n’y a aussi souvent qu’un pas entre la passion et le drame : « Je suis en train de me faire dévorer par mon obsession, je n’ai pas d’ami(e)s et je ne sais même pas si j’arriverais un jour à recoucher avec un homme après ma première et décevante expérience avec Rodrigo. Je pleurais et il pleuvait. Je dégoulinais. Tout allait mal. Je me laissais un peu aller. Je me suis redit que certaines plaies ouvertes sont comme des friandises. »
À la fois violent et lumineux, ce roman démontre avec brio que l’injonction de la tante de Brazza, la marquise d’Iranda «Soyez imprudents, les garçons» doit être suivie.

Autres critiques
Babelio
France Inter (Boomerang – Augustin Trapenard)
L’Express (Hubert Artus)
Télérama (Christine Ferniot)
Culturebox (Anne Brigaudeau)
RTL (Les livres ont la parole – Bernard Lehut)
Journal de Montréal (Karine Vilder)
Revue culturelle «délibéré» (Nathalie Peyrebonne)
Blog Cultur’Elle (Caroline Doudet)
Blog Dans la bibliothèque de Noukette 
Blog Lily lit 

Les premières lignes du roman
« Ce n’est qu’en rentrant hier soir de l’Institut de Barales, tandis que je conduisais lentement, le bras gauche à l’extérieur de la portière afin de goûter au vent chaud qui vient du sud et de l’Afrique, que j’ai pensé à ce qui m’avait amenée précisément ici, dans cette voiture qui remontait la colline. Tout avait commencé quand j’avais treize ans. Avant mes treize ans il n’y avait rien. Seulement la longue attente de l’enfance. Le sommeil et l’ennui dévorés de mauvaises herbes.
L’histoire d’Atanasia Bartolome pourrait donc avoir débuté, me disais-je, lors de la grande exposition de 1983 au musée d’Art et du Patrimoine de Bilbao. Je pourrais écrire que cette exposition avait marqué un tournant, mais ce ne serait pas assez fort puisque juste avant cette exposition tout était immobile et pétrifié, et pour marquer un tournant il eût déjà fallu être en marche. En fait, ma visite à la grande exposition de 1983 avait été la conséquence du désir d’émancipation de mademoiselle Fabregat, mon professeur d’histoire de l’art. J’aimerais pouvoir dire que c’est par elle que tout est arrivé. J’aimerais utiliser cette formule si satisfaisante et si catégorique. Mais c’est simplement que mademoiselle Fabregat, en plus d’avoir des accointances indépendantistes, rêvait d’un monde où personne n’aurait considéré que vous n’aviez plus qu’à rôtir dans les feux de l’enfer si vous aviez ressenti une bouffée de désir – de concupiscence – envers votre voisin de palier. »

A propos de l’auteur
Véronique Ovaldé est née en 1972. Elle a publié huit romans dont, aux éditions Actes Sud, Les hommes en général me plaisent beaucoup et Déloger l’animal (2003, 2005) et, aux éditions de l’Olivier, Et mon coeur transparent (prix France Culture-Télérama 2008), Ce que je sais de Vera Candida (prix Renaudot des lycéens 2009, prix France Télévisions 2009, Grand Prix des lectrices de Elle 2010) et, plus récemment, La Grâce des brigands (2013). (Source : Éditions Flammarion)

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Anguille sous roche

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Anguille sous roche
Ali Zamir
Éditions Le Tripode
Roman
320 p., 19 €
EAN : 9782370550941
Paru en septembre 2016

Où?
Le roman se déroule dans l’Océan indien, d’abord aux Comores – plus précisément sur l’île d’Anjouan – dans des lieux tels que Mutsamudu, Mirontsi, Domoni puis à Mayotte.

Quand?
L’action se situe de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Quelque part dans l’océan Indien, une jeune femme se noie. Ses forces l’abandonnent mais sa pensée, tel un animal sur le point de mourir, se cambre : dans un ultime sursaut de vie et de révolte, la naufragée nous entraîne dans le récit de sa vie…
Roman aussi étourdissant qu’envoûtant, qui n’est pas sans rappeler L’Art de la joie de Goliarda Sapienza par la beauté de son héroïne et la force de sa langue, Anguille sous roche est un miracle littéraire :
« On entre dans Anguille sous roche comme en eaux troubles. Je l’ai lu debout, gîtant comme un mât dans la houle, ballotté par le flux verbal de la mélopée obsédante et hypnotique d’Anguille, l’héroïne narratrice. Je me suis laissé emporter dans les flots de sa prose organique et vivante, une seule longue phrase rythmée par la nécessité et l’urgence, proche de la tradition orale. Et j’ai glissé sur les lames de sa pensée, avec ses errements, ses certitudes et ses cris de colère. […] Dans cette histoire de jeune fille pas sage, de passage, de traversée et de passeur, la voix ultramarine d’Anguille sous roche ouvre un sillon qui n’est pas près de se refermer. » (Laurent Boscq)
Anguille sous roche se trouve en bonne compagnie dans la première sélection pour le Prix du Roman Fnac 2016, du Livre sur la place (Nancy), Hors Concours 2016 et le Prix de Littérature Francophone Senghor 2016.

Ce que j’en pense
***
La meilleure image qui me vienne à l’esprit pour résumer ce roman qui est composé d’une seule phrase de plus de 300 pages est celui du filet de pêche. Sauf que celui-ci est tissé d’une manière bien particulière. Les mailles y sont quelquefois très serrées afin de pouvoir attraper le plus petit des poissons – des souvenirs très précis – et quelquefois elles sont très lâches, laissant passer de gros poissons – des épisodes dont il vaut mieux ne pas s’encombrer. Dans ce filet, on va trouver tous les personnages du roman, puisqu’ils ont tous leur équivalent dans la mer « un cachalot comme Vorace, une daurade comme cette garce qui était dans sa chambre, un thon comme Connaît-Tout, un dauphin comme Tranquille et son mari, un cœlacanthe comme Crotale, un requin comme Cobra ». Et s’il y a aussi des langoustes, des crevettes, des tortues, des crabes. Il ne manque que la mère de la narratrice, décédée au moment de mettre au monde des jumelles, l’anguille du titre et sa sœur Crotale.
Si Ali Zamir a jeté son filet dans la mer, c’est qu’il y a urgence. Anguille lance sa longue phrase parce qu’elle est en train de sombrer. C’est pour elle une nécessité de témoigner, de laisser une trace, comme un dernier souffle. « Quand on perd son antre on perd aussi son silence, donc sa vraie vie, avec tous ses secrets, cela est une évidence criante, je n’ai pas à vous faire une leçon de morale là-dessus, me voici devenue une minable apatride pour avoir été un sordide foutriquet, laisse-moi donc me déboutonner jusqu’au vertige du sommeil éternel ».
Voici, après le drame originel, l’histoire de sa famille. Autour de Connaît-Tout, le père, on va voir s’agiter les souvenirs scolaires, les différences se creuser avec Crotale, une sœur plutôt dissipée. Mais les premiers émois amoureux et l’arrivée de Vorace, le beau pêcheur, vont changer la donne. Anguille entend vivre pleinement sa passion, quitte à sacrifier son avenir.
Là voilà fuyant vers Mayotte, ballottée entre colère et espoir. Plus que l’exercice de style et cette longue phrase ponctuée de virgules et de points-virgules, c’est la langue qui vous emporte.

68 premières fois
Blog Entre les lignes (Benedicte Junger)
Blog Les carnets d’Eimelle
Le Blog du petit carré jaune (Sabine Faulmeyer)

Autres critiques
Babelio
Libération (Virginie Bloch-Lainé)
Télérama (Marine Landrot)
Le Point Afrique (Valérie Marin La Meslée)
Africultures.com (Laurent Boscq)
Blog Les carnets du Pr. Platypus
Blog L’or des livres

Les premières pages du livre

Extrait
« moi qui pensais que j’étais la plus maligne de ces créatures qui portent des masques pour mener avec aise leur vraie vie, il y avait, il y a et il y aura toujours des masques qui traîneront partout dans ce monde tant qu’il y aura, pour nous tous, des endroits secrets, silencieux, intimes et semblables aux entrailles de la mer, qui sait ce qui se passe même dans son ventre tous les jours déjà, personne, il faut chercher d’abord une armada d’appareils pour tenter de le savoir alors que le ventre nous appartient et qu’il est limité, pensez-vous alors connaître la mer, cette immensité, j’avais donc oublié que j’étais dans la mer, »

A propos de l’auteur
Ali Zamir est né en 1987 à Mutsamudu (Comores). Grâce à l’obtention d’une bourse, il a étudié les lettres modernes à l’Université du Caire (Egypte), où il obtient un master en 2010. C’est en exil dans cette ville qu’il conçoit, entre 2009 et 2010, la première version du roman Anguille sous roche. Il est retourné vivre à Mutsamudu en 2001 et occupe depuis 2014 la fonction de directeur de la Culture et des Affaires associatives de l’île autonome d’Anjouan. (Source : Livres Hebdo)

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Blasmusik Pop

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Blasmusik Pop
Vea Kaiser
Presses de la Cité
Roman
Traduit de l’allemand (Autriche) par Corinna Gepner
528 p., 22 €
ISBN: 9782258113374
Paru en août 2015

Où?
Le roman se déroule en Autriche, dans un village oublié des Alpes : Saint-Peter-sur-Anger. Lenk, la principale ville des alentours est également évoquée, tout comme la capitale ainsi que quelques villages alentour ainsi que Sankt-Pauli, un quartier de Hambourg.

Quand?
Le récit se situe sur deux périodes en parallèle : d’une part la chronique historique du village qui remonte à la nuit des temps et principalement la seconde moitié du XXe siècle jusqu’à nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Au commencement était le ver.
Johannes se destinait à autre chose qu’à cette vie fruste dans le village de ses ancêtres. Son grand-père, Johannes premier du nom, avait lui-même quitté Saint-Peter-sur-Anger pour aller étudier en ville – et observer le développement des vers solitaires ! –, avant de revenir et de s’établir comme médecin. C’est ce dernier qui a communiqué à son petit-fils son goût du savoir et sa passion pour Hérodote, qui font de lui aussi un original dans ce microcosme alpin où se cultiver est considéré comme hautement suspect. Ainsi, lorsque le jeune homme échoue au baccalauréat, quel drame ! Le voici condamné à rester parmi les « barbares ». Et il ne tarde pas à se faire embrigader dans l’un des événements majeurs de la localité : la venue d’un grand club de football hambourgeois…
Des dialogues savoureux, une langue inventive, tantôt désuète, tantôt moderne, des personnages hauts en couleur, un luxe de détails, de l’esprit, beaucoup d’esprit. Avec son premier roman, très remarqué au moment de sa parution, Vea Kaiser s’en est donné à coeur joie.
«Un premier roman épique sur la vie d’un village, racontée avec fraîcheur et audace.» Zeit Literatur
«Vea Kaiser s’impose comme l’un des plus passionnants auteurs débutants de cette rentrée littéraire.» SonntagsZeitung

Ce que j’en pense
****
La chronique d’un village perdu dans les Alpes autrichiennes, la tentation du repli sur soi, la difficulté à s’extirper de son milieu, la crainte du progrès et la science, les raisons du développement de l’extrême-droite et du populisme, le combat entre la ville et la campagne : le premier roman de la jeune Autrichienne Vea Kaiser nous offre une belle palette de thèmes et de réflexion. Le tout sous couvert d’une histoire de famille contée avec beaucoup d’érudition et de fantaisie.
Dans la version originale, le sous-titre du livre est «Comment la science arriva dans les montagnes». Dans la version française, ce sous-titre se transforme en «Comment un ver solitaire changea le monde». Autrement dit, on peut mettre à la fois l’érudition en avant ou la fantaisie.
Pour incarner ce récit, l’auteur imagine Johannes Gerlitzen, un descendant de cette longue lignée de «barbares des montagnes». Trois événements vont pousser ce sculpteur sur bois à sortir du moule imposé par l’histoire et par la géographie : une blessure qui va l’empêcher de courir les bois, la naissance d’un enfant qui ressemble davantage au voisin et surtout la maladie qui le ronge : un ver solitaire qui s’ébat dans ses entrailles et qu’il parviendra à extraire après seize heures d’un combat douloureux. « Lorsqu’il eut enfin sous les yeux l’animal dûment nettoyé, quatorze mètres quatre-vingts de longueur et presque aussi large que l’annulaire d’Elisabeth, il rayonna de fierté, comme s’il avait réalisé la première ascension du Grand Sporzer.»
Marqué par cette expérience, il décide de se consacrer à l’étude des vers : «J’allons dans la capitale por devegnir docteur. » (Saluons à ce propos le talent de Corinna Gepner, la traductrice de l’ouvrage, qui a su inventer un patois susceptible de rendre le curieux langage des autochtones et qui parsèment le récit de dialogues savoureux).
A force de petits boulots et de persévérance, Johannes parvint à son but et une décennie plus tard put revenir auréolé de gloire dans son village où il accompagna sa femme atteinte d’une maladie incurable et aida sa fille Ilse à grandir. Au printemps 1974 Elisabeth meurt et Ilse entre dans l’âge de la puberté. Un double choc pour Johannes qui se retranche dans ses études et note dans observations dans ses carnets qui mélangent l’analyse scientifique et le journal intime.
C’est a peu près à cette période qu’Alois Irrwein, apprenti charpentier, va s’amouracher d’Ilse. Une liaison qui, à l’instar de celles de nombreux autres jeunes du village, ne peut déboucher que sur un mariage. Si Johannes ne voit pas cette union d’un bon œil, il y trouvera cependant quelques années plus tard une belle satisfaction : la naissance de son petit-fils Johannes, le vrai héros du livre.
Car ce dernier va pousser plus loin encore sa différence. Suivant les pas de son grand-père, il entend lui aussi s’émanciper en étudiant. Une façon aussi de rendre hommage à son aïeul, qui disparait tragiquement en venant au secours d’un villageois qu’il ne portait pas vraiment dans son cœur.
On va suivre avec délectation les pérégrinations du jeune homme dans la grande ville. Nous sommes en 2002. Au sein du monastère bénédictin où il va poursuivre ses études, il va apprendra bien davantage que les sciences naturelles, la philosophie ou les mathématiques. Sous l’égide d’Hérodote, il a aussi apprendre la compromission, la trahison, l’injustice et le sens du secret. C’est avec ce bagage, et un examen de baccalauréat qui le marquera sans doute à vie, qu’il retourne dans son village. Et découvre que les Saint-Pétruciens méritent toute son attention. «En son temps, docteur Papi (son grand-père) avait étudié leurs corps. Johannes comprenait qu’il devait, lui, se pencher sur leur esprit.»
La dernière partie du livre est sans doute la plus riche et la plus entraînante. Johannes devient un homme, tombe amoureux, va changer les mentalités, devenir une sorte de sauveur et faire entrer son village dans la modernité. Mais il serait dommage de dévoiler ici comment tout cela va arriver. Laissez-vous plutôt emporter par le souffle de ce premier roman étonnant.

Autres critiques
Babelio
L’Express
Métronews
RTBF culture (Thierry Bellefroid)
Blog huit plumes (Véronique Poirson)
Blog Café Powell
Blog Le brocoli de Merlin

Extrait
Les 20 premières pages du livre

A propos de l’auteur
Vea Kaiser est née en 1988 en Autriche. Blasmusik Pop, son premier roman, a enthousiasmé la presse et s’est vendu à plus de 80 000 exemplaires. Une adaptation cinématographique est en cours. (Source : Presses de la Cité)

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