Roman fleuve

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En deux mots
Avec deux amis, Philibert Humm a choisi de descendre la Seine en bateau de Paris jusqu’à la mer. Une fois acquis un canot qui aurait appartenu à Véronique Sanson, les voilà partis pour une Odyssée aussi loufoque que risquée. Ou quand une idée saugrenue devient une ode à l’amitié.

Ma note
★★★★ (j’ai adoré)

Ma chronique

«Bateau, tu es le plus beau des bateaux»

Samuel, François et Philibert sont montés dans un canot à Paris, direction la mer. Ce remake de Trois hommes dans un bateau est drôle, nous en apprend beaucoup tout au long des berges de la Seine et a été couronné par le Prix Interallié.

En se promenant sur les quais de Seine et en s’exclamant «que d’eau !», Philibert Humm, l’auteur-narrateur, se dit qu’il serait peut-être bien d’aller voir jusqu’où va cette eau qui traverse Paris, de monter dans un bateau direction la mer. Une idée qu’il va partager avec ses amis Samuel Adrian, enthousiaste à l’idée de lever l’ancre, et François Waquet, beaucoup plus réticent. Mais quelques tournées de bière finiront par le convaincre. Voilà le trio à la recherche d’une embarcation, bien décidés à mettre leur projet à exécution, même si leurs compagnes respectives ne sont pas de cet avis.
Sur leboncoin et pour 200 euros, ils dénichent un vieux canot en piteux état. Dans un magasin de bricolage, ils trouvent une tringle à rideaux pour faire office de mât et un vieux rideau de douche pour servir de voile. Reste à baptiser leur embarcation. L’idée la plus simple étant souvent la meilleure, voilà le bateau appelé «Bateau». Et vogue la galère… Une expression à prendre ici au sens propre.
Car les quelques jours passés à bord sont loin d’être une partie de plaisir. S’il n’y avait que le fait que cette navigation demandait autorisation, passe encore, mais la méconnaissance du fleuve, des règles et de la navigation entraîneront plusieurs fois ces nouveaux pieds nickelés au bord de l’accident. Mais n’allons pas trop vite en besogne, car «il convient de ménager ce lecteur, de lui réserver des temps calmes qu’on appelle entre nous ventilations narratives. Sans quoi celui-ci s’essouffle, perd haleine, suffoque et meurt parfois. Par conséquent je serai dans les pages qui suivent économe en rebondissements.»
Avec un journaliste, un professeur d’université et un croque-mort à bord, attardons-nous plutôt sur les aspects culturels du voyage. Les bords de Seine nous livrent en effet de nombreuses occasions d’enrichir notre savoir. La géographie et l’environnement ont ici rendez-vous avec l’Histoire, les beaux-arts avec la littérature. L’auteur, qui est friand d’anecdotes, va nous en livrer une palanquée, de la plus futile à la plus enrichissante. Et nous réserver quelques surprises comme cette rencontre du côté de Chatou avec «un aventurier de ses relations» : « Ce qui serait bath, m’avait écrit Sylvain Tesson la semaine précédente, c’est de vous apporter un panier de cochonnailles à Chatou quand vous y passerez. On pique-niquerait devant l’île des impressionnistes, là où venaient Tourgueniev et Maupassant. Ainsi tout le monde saura que la jeunesse rame. Je t’embrasse mon petit vieux, en espérant saluer les valeureux canotiers vendredi…»
Si Philibert Humm fait de ce récit de voyage truculent un hymne à l’amitié – j’y reviendrai – c’est aussi beaucoup une invitation à la rencontre. Tout au long de ce périple, on va croiser de drôles de français, mais fort souvent ils vont se révéler sympa, secourables et même, dans le cas d’un représentant des autorités fluviales, prêts à fermer un œil sur une violation éhontée des règles du tourisme fluvial. Au cours de leurs digressions, on relira Maupassant, on croisera tout à la fois Napoléon et Jean-Pierre Pernaut, les impressionnistes, Clovis et Hector Malot.
Mais voici venu le moment de l’un de ces rebondissements dont il ne faut pas trop abreuver le lecteur.
En arrivant à Mantes, notre trio avise un ponton pour y faire une halte, un ponton trop haut pour leur frêle esquif. Ajoutons-y des courants d’une rare traîtrise et c’est le drame. Le canoë se retourne. «Je m’efforce de décrire cet épisode avec détachement, sans lyrisme excessif, mais son évocation me glace encore le sang. Voir d’un coup d’un seul mes hommes basculer dans les eaux noires est un souvenir franchement pénible. Nos affaires s’éparpillèrent en surface, d’autres coulèrent à pic. (…) Je tirai péniblement Bateau à la berge pendant que les deux autres sauvaient ce qu’ils pouvaient de notre chargement.»
De tels moments peuvent ruiner un projet. Ils peuvent aussi souder un groupe. C’est le cas ici, le voyage parviendra à son terme et notre trio devient ainsi héroïque !
S’il faut lire ce roman burlesque, c’est d’abord parce qu’il vous assure de passer un bon moment. C’est ensuite une invitation à (re)lire Three men in a boat (Trois hommes dans un bateau) de Jerome K. Jerome. L’histoire des trois gentlemen qui remontent la Tamise aura en effet inspiré l’auteur qui en partage la fantaisie et l’humour. Enfin, parce qu’une telle expérience ne s’oublie pas.
Oui, décidément, Roman fleuve aurait pu s’appeler Les copains d’abord.

Roman-fleuve
Philibert Humm
Éditions des Équateurs
Roman
288 p. 19 €
EAN 9782382842096
Paru le 24/08/2022

Où?
Le roman est situé en France, principalement à Paris et en région parisienne, puis tout au long de la Seine jusqu’à l’embouchure.

Quand?
L’action se déroule durant l’été 2018.

Ce qu’en dit l’éditeur
Ce périple, les trois jeunes gens l’ont entrepris au mépris du danger, au péril de leur vie, et malgré les supplications de leurs fiancées respectives. Ils l’ont fait pour le rayonnement de la France, le progrès de la science et aussi un peu pour passer le temps.
Il en résulte un roman d’aventure avec de l’action à l’intérieur et aussi des temps calmes et du passé simple. Ceci est une expérience de lecture immersive. Hormis deux ou trois passages inquiétants, le suspense y est supportable et l’œuvre reste accessible au public poitrinaire. A noter la présence de nombreux adverbes.
L’éditeur ne saurait être tenu responsable des mauvaises idées que ce livre ne manquera pas d’instiller dans le cerveau vicié des nouvelles générations gavées d’écran et pourries à la moelle.

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Actualitté
Les hôtels littéraires (entretien d’Hélène Montjean avec l’auteur)


Chronique de Nicolas carreau sur Roman fleuve de Philibert Humm © Production Europe1


Philibert Humm s’entretient avec Augustin Trapenard et Sylvain Tesson durant La Grande Librairie © Production France Télévisions

Les premières pages du livre
« Note de l’éditeur
Ce périple, trois jeunes gens l’ont réellement entrepris, au mépris du danger, au péril de leur vie, et malgré les supplications de leurs familles respectives. Ils l’ont fait pour le rayonnement de la France, le progrès de la science et aussi un peu pour passer le temps. Il en résulte ce roman d’aventure avec de l’action à l’intérieur et aussi des temps calmes et du passé simple. Hormis deux ou trois passages inquiétants, le suspense y est supportable et l’œuvre reste accessible au public poitrinaire. A noter la présence de nombreux adverbes (un millier environ). Pour plus de commodité dans la lecture, la carte utilisée pour l’expédition a été reproduite en fin d’ouvrage, avec l’aimable autorisation de la Société de Géographie, sise 184 boulevard Saint-Germain à Paris (Seine).
L’éditeur ne saurait être tenu responsable des mauvaises idées que ce livre ne manquera pas d’instiller dans le cerveau vicié des nouvelles générations gavées d’écran et pourries à la moelle. Cette aventure a été réalisée par des professionnels. N’essayez pas de la reproduire chez vous.

1. Typologie du genre humain– L’aventurier contre tout chacal.
Il existe deux catégories d’individus. Ceux qui prennent des risques et ceux qui n’en prennent pas. Les aventuriers et les autres. Pour ce qui me concerne, j’appartiens à la première catégorie. Les aventuriers vivent une vie trépidante et portent des gilets à poches; Ils courent le monde, gravissent des sommets, tombent dans des crevasses, s’écorchent les genoux et se fourrent dans des tas de situations impossibles. Quand ils rentrent à la maison, ils racontent leur aventure en enjolivant à peine, parce que c’est bien joli de ficher le camp aux cinq cents diables, si on ne peut en parler au retour, ça ne sert rien. Quand l’entourage a suffisamment soupé du récit des aventures, il est temps de repartir à l’aventure. Telle est la destinée des aventuriers. C’est à ce prix, à ce prix seulement, qu’ils font rêver les enfants, dont un sur dix-mille environ deviendra aventurier à son tour. Les autres seront commissaires de police, fonctionnaires des Postes, épiciers, assureurs, vendeurs de cigarettes électroniques, Bid managers, Scrum masters ou chief hapiness officer comme tout un chacun. On entoure les aventuriers d’un certain prestige et c’est pourquoi les autres, c’est-à-dire les individus non-aventuriers ne les aiment pas beaucoup. Ils disent que les aventuriers se vantent. Nous ne nous vantons pas. Nous enchantons le monde en l’honorant de notre visite et portons à la connaissance d’autrui le merveilleux des confins par le récit époustouflant de nos folles tribulations. Aussi, il arrive que nous passions à la télévision. Sur des plateaux climatisés, devant des animateurs aux dents excessivement blanches, nous célébrons les joies de la vie au grand air. A ces fins, j’ai moi-même entrepris d’étaler sur deux-cent-onze pages, au passé simple et à l’imparfait, le récit de mon aventure. Les événements que je m’apprête à raconter se sont déroulés comme suit, il y a quelques années de cela. Je dis quelques années par effet de style mais je sais fort bien qu’ils eurent lieu à l’été 2018. J’avais 26 ans et laisserai dire, si ça vous amuse, que c’est le plus bel âge de la vie. C’était l’été, donc, un été de canicule. Pour ceux qui n’auraient pas compris: il faisait chaud. Un matin, c’était un lundi je crois, je longeais les quais de Seine pour me rendre dans une boutique de modélisme ferroviaire, quand, soudain, me vient cette réflexion: «Toute cette eau, quand même…» Puis je pense à autre chose, mon esprit est si libre. Un quart d’heure plus tard j’y reviens: «Vraiment ça en fait de l’eau, et qui coule jour et nuit… D’où vient cette eau, où va-t-elle? Sans doute à la mer… Comme il serait plaisant d’aller le vérifier, d’en descendre le cours jusqu’à l’estuaire. Cela ferait une sacrée aventure, n’est-ce pas?» Personne ne répondit car j’étais seul. En ce temps-là je débutais dans le métier d’aventurier professionnel. J’en étais encore à croire qu’il me faudrait cueillir des baies sur la rive et vivre du produit de la pêche. Je m’imaginais chasseur-cueilleur, glaneur, baroudeur à la mode d’autrefois. De nos jours, les aventuriers ne traquent plus le gibier pour manger ni ne se nourrissent de racines. Comme tout le monde nous scannons sous blister aux caisses automatiques. Qui va à la chasse perd sa place, qui va chez Auchan la reprend.
Je commençai par m’attacher les services d’un autre aventurier. Partir à l’aventure seul est une entreprise hasardeuse. On n’est jamais trop de deux s’il arrive un malheur. Et puis ça fait le temps moins long. Et puis on se sent moins seul. Quelqu’un est là pour vous écouter raconter vos souvenirs autour du feu et le cas échéant il peut porter les sacs. Je m’ouvrai l’après-midi même du projet de descendre la Seine à mon ami Samuel Adrian. C’est un bon garçon, avec deux bras solides et de la conversation. Lui aussi est aventurier depuis peu. Il était précédemment khâgneux, candidat
malheureux aux concours de l’École normale supérieure puis employé des pompes funèbres. J’y reviendrai.
— En voilà une idée, dit Adrian. Quand partons-nous?
J’étais pris de court. Je n’avais pas réfléchi à la question. Et quand je ne réfléchis pas, je me précipite:
— Nous partons vendredi en huit, mon vieux. En attendant tiens ta langue. Quelques heures plus tard, je retrouvai François Waquet au bar-tabac l’Étincelle, rue Saint-Sébastien, à Paris. Waquet n’est pas un aventurier en tant que tel. Il a pu lui arriver de brûler des feux rouges à vélo et, par deux fois il a gravi la dune du Pyla, mais d’une manière générale la prise de risque n’est pas son fort et Waquet voyage aussi mal que le maroilles. Volontiers pleutre et résolument réfractaire à l’exercice physique, il serait plutôt ce qu’on appelle une tête bien faite. Je ne parle pas là de l’enveloppe mais de ce qu’elle contient. Waquet étudie le droit romain à la Sorbonne. De ce fait, il parle couramment latin et peut sans mal comprendre le grec ancien. Cela allait s’avérer, pour la suite de notre aventure, de la plus grande inutilité.
— Sais-tu où nous allons, Adrian et moi?, lui dis-je en ménageant mon effet.
— A la mer à la rame, répondit-il, heureux de me couper la chique sous le pied. Adrian m’a prévenu tout à l’heure. C’est une bien mauvaise idée. D’ailleurs je n’irai pas.
De quel droit se croyait-il invité ? S’il n’allait pas, c’est d’abord parce que je ne lui proposais pas et c’est ensuite parce que je l‘en savais d’avance incapable. Waquet est un universitaire. Les universitaires ne vont pas à la mer à la rame. Ils prennent le métro aux heures de pointe, cela leur suffit bien. Mais c’est une manie chez Waquet: on s’ouvre d’un projet, on lui montre nos plans, il se figure qu’on lui tient la portière.
— Pas si mauvaise idée, répliqué-je sèchement. Et je payai ma tournée pour lui faire voir combien ses petits jugements à l’emporte-pièce me passent bien au-dessus de la tête. Deux bocks plus tard, Waquet commençait déjà de trouver l’idée moins mauvaise. Au troisième bock, il était près de la trouver bonne et au quatrième bock, il consentit à nous accompagner. Je ne le lui avais toujours pas proposé.
— Grand fou, dit-il, en me tapant familièrement le dos. Tu as gagné, je pars avec vous. Ce sera l’aventure! Que savait-il de l’aventure, lui qui n’avait jamais passé le périphérique sauf pour se rendre en vacances au Moulleau et dans le Morbihan? Je réglai l’addition. Le recrutement de Waquet m’avait couté quatre tournées. Avec le recul, je considère que c’était le prix.

2. De l’absolue nécessité de se procurer un canot pour canoter – Négocier le prix d’un canot – Slim Batteux et Véronique Sanson.

La première chose à faire, quand on entend pratiquer le canotage, est de se procurer un canot, un esquif, une chaloupe ou tout autre embarcation flottante à propulsion humaine. Sans cela, impossible d’arriver à rien.
— Nous n’avons pas de bateau, fit justement remarquer Adrian en ouverture de notre première réunion préparatoire. Cette réunion se tenait dans le pavillon des parents d’Adrian, à Saint-Cloud, Hauts-de-Seine. Adrian débute dans l’aventure et il n’a pas eu le temps de se constituer un patrimoine en propre.
— C’est juste, retorqué-je. Nous n’avons pas de bateau mais il ne tient qu’à nous d’en acheter. Soudain animé, Waquet parla d’un cotre à trinquette et voile aurique dans la cabine duquel il avait eu l’occasion de monter l’année dernière au salon nautique de Mandelieu-la-Napoule. Je n’ai aucune idée de ce que fichait Waquet au salon nautique de Mandelieu-la-Napoule. J’ignorais d’ailleurs qu’il y eut un salon nautique à Mandelieu-la-Napoule et aussi que la commune de Mandelieu-la-Napoule existât. Vérifications faites auprès du préfet des Alpes-Maritimes, tel est effectivement le cas: Mandelieu-la-Napoule existe et se porte bien. Ses habitants sont appelés les Mandolociens et Napoulois. Ils sont au nombre de douze mille. Le temps de prendre ces renseignements, mon attention revint à Waquet. On ne l’arrêtait plus. Pris dans son élan, aussi causant qu’un catalogue Beneteau, il parlait maintenant d’un quetch breton insubmersible, auto-videur et transportable, avec pont de promenade et bain de soleil. Quand il en eut fini, je lui rappelai l’état de nos finances, des siennes en particulier. Waquet me devait dix sacs, sans compter les tournées de l’autre soir.
— Exact, dit-il, nettement moins enjoué. Nous irons en barque. Une simple barque à fond plat. Ce sera l’aventure. Au lieu d’une barque, ce fut un canoë. Un canoë datant de l’an 1987. Le canoë, ou canoé, également appelé canotau Canada et canoë canadien en France, est un type de pirogue légère non pontée, destiné à la navigation sur les rivières et les lacs. Un dénommé Yodabreton vendait le sien aux abords de la Marne. C’était dans notre région la troisième annonce disponible sur le site leboncoin, et aussi la moins chère. Nous allâmes le trouver. «C’est ici», dit Yodabreton qui préférait qu’on l‘appelât Jean-Philippe. Dieu que c’est triste un canoë encalminé! Celui-ci était d’aluminium et de polyéthylène. Dix saisons de feuilles mortes en avaient rempli la coque. A l’ombre d’un saule, la mousse gagnait ses plats-bords, une bouée gisait à l’intérieur. Nous en avions le cœur noué.
—Cent cinquante euros avec les rames, dis-je à Jean-Philippe sans rien laisser paraitre de mon émotion.
— Deux cents et je vous aide à le porter sur le toit de votre camionnette.
— Topons là, dit Adrian. Et nous topâmes là. »

Extraits
« Il convient de ménager ce lecteur, de lui réserver des temps calmes qu’on appelle entre nous ventilations narratives. Sans quoi celui-ci s’essouffle, perd haleine, suffoque et meurt parfois. Par conséquent je serai dans
les pages qui suivent économe en rebondissements. » p. 39

« Un aventurier de mes relations nous attendait au restaurant de la Grenouillère.
Ce qui serait bath, m’avait écrit Sylvain Tesson la semaine précédente, c’est de vous apporter un panier de cochonnailles à Chatou quand vous y passerez. On pique-niquerait devant l’île des impressionnistes, là où venaient Tourgueniev et Maupassant. Ainsi tout le monde saura que la jeunesse rame. Je t’embrasse mon petit vieux, en espérant saluer les valeureux canotiers vendredi. Mes bons saluts, respects cordiaux, considération distinguée, etc. » p. 56

« Je m’efforce de décrire cet épisode avec détachement, sans lyrisme excessif, mais son évocation me glace encore le sang. Voir d’un coup d’un seul mes hommes basculer dans les eaux noires est un souvenir franchement pénible. Nos affaires s’éparpillèrent en surface, d’autres coulèrent à pic. L’une de mes sandalettes fut immédiatement aspirée par le fond. Je sauvai l’autre de justesse — mais à quoi sert une sandalette orpheline? —, cela sans parler du canoë dont nous découvrîmes qu’il ne flottait pas malgré la présence à la poupe et la proue de coussins dits flotteurs. Je tirai péniblement Bateau à la berge pendant que les deux autres sauvaient ce qu’ils pouvaient de notre chargement. En cas de naufrage, il convient d’agir vite. Chaque seconde compte. Mais surtout il faut pratiquer des choix. On ne peut espérer tout repêcher. Par exemple, mon réchaud à pétrole Eva-Sport (figure 3) fut sacrifié par le major au profit de son sac à dos personnel, lequel contenait un sachet de petits-beurre aux deux-tiers entamé. Adrian quant à lui fut héroïque, et je pèse mes mots. Je le revois plonger, remonter à la surface, prendre à peine sa respiration et replonger encore. Grâce à ses efforts répétés les bidons et la tente purent s’en tirer. La carte aussi, et les contes de Maupassant, dont je faisais la lecture au moment du naufrage… » p. 115

À propos de l’auteur
HUMM_philibert_DRPhilibert Humm © Photo DR

Philibert Humm, journaliste et écrivain est notamment l’auteur du Tour de France par deux enfants d’aujourd’hui. (Source: Éditions des Équateurs)

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Tribu

YOT_tribu RL_Hiver_2022  Logo_second_roman

En deux mots
Elvire et Yann vont devoir se séparer pour quelques temps. Elle doit se rendre à Rouen pour une série de concerts, lui surveiller une propriété à Saint-Aubin-de-Médoc. Elvire propose alors à Mina, Croisée dans un café, d’accompagner Yann. Le piège se referme.

Ma note
★★★★ (j’ai adoré)

Ma chronique

Tous des sauvages

Pour son second roman, Nathalie Yot a décidé de réunir un improbable trio, Elvire et Yann, un couple très amoureux et Mina, agente d’entretien. Un roman qui mêle avec délectation instinct animal, fantasmes et comédie noire.

C’est un de ces instants de plénitude comme il y en a peu. Elvire laisse ses pensées vagabonder jusqu’à imaginer qu’elle pourrait croquer davantage que la vie à pleines dents. Elle pourrait manger Yann, son amour.
Bien entendu, il rit quand elle lui raconte ce fantasme. Rit avant de l’embrasser, rit avant qu’elle ne quitte Bordeaux pour aller jusqu’à Rouen où elle a été engagée pour une série de concerts. Car Elvire est une violoncelliste talentueuse aux mains magiques.
Pendant ce temps, Yann ira à Saint-Aubin-de-Médoc où de riches propriétaires lui ont confié les clefs de leur domaine. Il est chargé de menus travaux d’entretien et d’assurer la sécurité de la propriété.
Avant le départ, ils se retrouvent au café où ils croisent le regard de Mina. D’origine marocaine, elle a fui son pays pour échapper à un mariage forcé et travaille comme agent d’entretien. La conversation s’engage alors jusqu’à ce qu’Elvire propose à Mina un autre emploi, surveiller Yann durant son absence. Car elle pense qu’il ne supportera pas cet éloignement forcé.
C’est alors que les choses vont prendre une tournure dramatique. À Rouen Elvire fait l’admiration du chef d’orchestre, mais se met aussi à dos la quasi-totalité des musiciens. La tension monte sur les bords de la Seine, mais aussi dans le bordelais. Yann n’a pas seulement fait visiter la propriété qu’il est censé surveiller à Mina, il l’a séquestrée. Son idée est alors d’offrir un joli cadeau à Elvire à son retour, lui permettre d’assouvir son fantasme et de manger la prisonnière!
Mina parviendra-t-elle à ce sortir de ce piège mortel? C’est tout l’enjeu de la dernière partie de ce roman qui flirte avec le fantastique, pour ne pas dire la folie.
Nathalie Yot ménage le suspense tout en explorant la psyché de chacun des membres de cet improbable trio. En creusant dans leur passé, en explorant leur milieu culturel et social, en cherchant ce qui les motive, on va finalement se rendre compte qu’ils ont bien davantage à partager que ce qu’à priori ils imaginent.
Comme dans Le Nord du monde, son précédent roman, la romancière construit son roman autour de scènes fortes et réserve à ses lecteurs un épilogue des plus surprenants. Et en refermant le livre, vous pourrez vous interroger sur la part animale qui est en vous et que vous cachez peut-être derrière le vernis des conventions.

Tribu
Nathalie Yot
Éditions La Contre Allée
Roman
176 p., 17,50 €
EAN 9782376650263
Paru le 18/02/2022

Où?
Le roman est situé en France, à Bordeaux, Rouen et Saint-Aubin-de-Médoc.

Quand?
L’action se déroule de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Elvire et Yann d’un côté, Mina de l’autre. Trois personnages que tout oppose, qui n’auraient sans doute jamais dû se rencontrer. Elvire, violoncelliste de renom ; Yann, prêt à tout pour conserver l’amour d’Elvire ; et Mina, femme de ménage qui n’aurait rien contre le fait de bouleverser sa vie. Des parcours différents, des milieux sociaux et culturels éloignés, trois personnalités, trois corps, qui vivent l’expérience de l’autre, avec attirance et répulsion en ritournelle.
Mina, Elvire et Yann, trois personnages en quête d’une vie plus grande, aux frontières des tabous et des interdits. Vivre plus fort, vivre vraiment. Mais les relations établies peuvent-elles réellement évoluer? Domination et dépendance ne modèlent-elles pas les liens entre les êtres? Jusqu’où Mina, Elvire et Yann seront-ils prêts à aller pour souder leur relation? L’ un ou l’ autre ne se fera-t-il pas manger par les autres ?

Les critiques
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Nathalie Yot présente son roman Tribu © Production La Contre Allée

Les premières pages du livre
« PREMIER MOUVEMENT
Elvire se sent bien. Bien comme tranquille. Comme après un bain de mer. La peau détendue, lâchée. Elle ne veut rien. Elle n’a pas d’avis. Ça la repose de ne pas avoir d’avis, d’être neutre. Et la neutralité fait son effet habituel. Celui de laisser les gens en paix cinq minutes. Elle se frotte les yeux exagérément et ça aussi ça la détend. Les mains dans les yeux, on ne le fait jamais assez. On oublie.
Dans cet état, il n’y a plus rien de chamaillé en elle, le tracas s’est effondré, à même le sol. Elle pense à Yann.
Elle se dit que l’autre compte. Tous les autres. Et elle se frotte à nouveau les yeux. Ce soir, j’ai un concert. Faut que je me concentre un peu.
Elle est dans sa douche. Celle d’avant l’entrée en scène. Depuis cet après-midi, elle expulse. Ses pensées vont faire un tour dehors. Dedans, c’est blanc maintenant. L’eau glisse sur son corps et finit le travail d’épuration. Puis elle se sèche lentement, se prépare lentement et s’étend jusqu’à ce qu’on vienne la chercher. Ça toque à la porte. Il est temps d’y aller.
Elle marche au ralenti. On marche toujours au ralenti quand on va monter sur scène. Elle traverse le rideau, comme si elle traversait un mur de beurre et avance sans hésiter, toujours au ralenti, jusqu’à son instrument installé au milieu de la scène face au public. Elle salue, s’assoit et attaque le prélude de la Suite n° 1 en sol majeur de Bach.
Les yeux du public sont rivés sur elle, sur ses doigts qui dévoilent toute la blancheur du dedans. Un homme crie dans la salle. Immédiatement les « chut » fusent et les regards se tournent vers celui qui perturbe. La musicienne n’entend rien, elle joue, mais elle sait. Elle sait à qui appartiennent ces cris d’orage. C’est Yann.
Il ne s’est rien passé. Rien de catastrophique. Yann s’est tu et elle a continué de jouer sa suite en sol majeur. Jusqu’à la fin. Jusqu’aux applaudissements. De longs applaudissements. C’est après qu’elle est devenue étrange. La transformation, c’est après qu’elle a eu lieu, quand le théâtre s’est vidé. Presque une bête. Avec des mouvements incertains, vifs et maladroits. À se cogner aux murs, aux chaises, aux coins de tout. Je vais manger quelqu’un, a-t-elle pensé. C’est sûr, il faut que je dévore. Je veux ce gout dans ma bouche. Un gout de chair. Il me faut ça.
Elle a un peu bavé seule dans sa loge. Elle a grogné aussi. Puis le calme est revenu. Quelques tics cependant.
Manger quelqu’un, ce n’est pas la première fois qu’elle y pense. Ce n’est pas la première fois que cette envie surgit. Elle sait que c’est impossible. On ne mange pas les gens. Les faits divers, elle les connait. C’est un écœurement pour tout le monde. On est complè¬tement fou si on mange de la chair humaine. Elle en a bien conscience. Mais elle aimerait qu’il existe la possibilité de le faire. Alors elle le ferait. Elle sourit en y pensant. Elle sourit d’être différente. Ça lui va de l’être. Elle fait déjà le boulot de la musique qui n’est pas si courant, qui étonne quand elle le dit. Je suis violoncelliste. Oui, c’est mon métier. Ça épate et ça fait froncer les sourcils. La singularité fait froncer les sourcils. On ne sait pas si c’est bien ou si c’est mal. On se dit juste que ce ne doit pas être facile.
Quand le régisseur du théâtre vient lui dire qu’il va fermer, elle le regarde avec appétit puis elle détourne les yeux en rangeant ses affaires et le suit vers la sortie. Il n’y a plus de spectateurs sur le parvis, elle en est soulagée, ce soir elle n’avait pas envie de parler, d’écouter les compliments, de sourire pour faire plaisir. Son état ne lui aurait pas permis de se plier aux convenances d’usage. Parfois, elle y va. Elle va recevoir quelques flatteries. Mais très souvent, elle reste terrée dans sa loge. Ses proches le savent et l’acceptent. Elvire est un peu sauvage, disent-ils entre eux.
Dehors, l’air vivant circule. Elle avance dans cette circulation. Elle voudrait remuer l’espace. Elle fait des détours pour rentrer chez elle, traverse quelques terrasses en essayant de renverser une table ou au moins un verre sur une table. Un verre qui tombe ce n’est rien. C’est un accident. On peut s’excuser. On peut toujours s’excuser.
La nuit piétine. Il n’y a pas de cadre bousculé.
Elle prend son téléphone et appelle Yann. Pourquoi a-t-il hurlé dans la salle ? Ça ne lui a pas plu. Ça complique. Pour créer un évènement, dit-il. Tu sais bien que cette ambiance est étouffante. Tous ces regards sur toi. Ce besoin qu’ont les gens d’être en osmose avec ta musique. On ne le supporte pas tous les deux. Il faut que quelque chose d’autre se passe. Et mes cris sont sortis tout seuls. Pour toi. J’ai cherché un endroit opportun dans ta parti¬tion. Tu n’as pas trouvé qu’on était ensemble à ce moment-là ? Tu n’as pas trouvé ? Hein ? Tu n’as pas trouvé ?
Elle laisse courir le discours de Yann sans y prêter attention. Elle admet tout de lui. C’est une histoire réglée. Il peut tout faire, même n’importe quoi.
Elvire est seule dans son appartement maintenant. Elle jette ses habits par terre, comme ça d’un seul coup, comme elle en a l’habitude. Ses habits épar¬pillés. Taches de tissu sur le carrelage. Elle n’allume aucune lampe. Les lumières extérieures, celles de la rue, suffisent. Cette pénombre lui permet d’être elle-même. Plus précisément. La femme qu’elle sait qu’elle est. Dans la pénombre, elle sait.
Elle attendra Yann toute la nuit, ce qu’il reste de toute la nuit. Elle est persuadée qu’il finira par venir. Même à l’aube, elle sera là à l’attendre. Cela existe, les nuits de certitude.
Elle regarde le dessus de ses mains. Elle lit sa vie sur le dessus de ses mains. Pas à l’intérieur comme les gitanes. Non, dessus. La vie c’est dessus. Et elle répète deux mots en boucle, comme un mantra.
Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains. Mes mains.
À chaque syllabe, elle enfonce un clou. Cette litanie la berce, la console, de quoi elle l’ignore, on a toujours besoin d’être consolé. Un réconfort se fait sentir, elle embrasse chacune de ses mains, les lèche un peu aussi, puis elle se tait.
Ma peau est un couloir qui résonne à mort, pense-t-elle encore. Ensuite elle ne pense plus rien. Elle reste une heure ou deux à savoir qui elle est, puis elle entend des clefs tourner dans la serrure. Yann.
Il entre. N’allume pas la lumière. Ce serait enfreindre leur consentement à l’obscurité. Il se tient aux murs pour avancer. Elle l’observe tâtonner, hésiter, trébucher. Elle rit de notre inaptitude à nous diriger sans y voir.
Yann slalome entre la table basse et le fauteuil, puis contourne un pupitre, marche sur les taches de tissu. Elle le suit des yeux avec la nuque qui craque. C’est un bruit discret la nuque qui craque. C’est surtout à l’intérieur. La nuque qui craque ne dérange personne.
— Qu’est-ce que tu proposes, Yann ? dit-elle. J’ai attendu ton retour pour que les murs vibrent.
— Rien. Ce soir les murs resteront immobiles. »

À propos de l’auteur
YOT_Nathalie_©marc_ginotNathalie Yot © Photo Marc Ginot

Nathalie Yot est née à Strasbourg et vit à Montpellier. Artiste pluridisciplinaire, passionnée des mots, de musique et d’art, architecte et chanteuse, performeuse et auteure, elle a un parcours hétéroclite à l’image de son écriture. Elle est diplômée de l’école d’architecture mais préfère se consacrer à la musique (auteure, compositeur, interprète signée chez Barclay) puis à l’écriture poétique.
D’abord dans le domaine de l’érotisme, elle publie deux nouvelles Au Diable Vauvert (Prix Hemingway 2009 et 2010) sous le pseudonyme de NATYOT ainsi qu’un premier recueil chez l’Harmattan (Erotik Mental Food). Elle explore ensuite d’autres thèmes, ne laissant de côté ni l’intime, ni la chair car elle dit beaucoup d’elle, fait le tour de son isolement, toujours avec la même intensité. Elle obtient une bourse de la Région Languedoc Roussillon pour D.I.R.E (Gros Textes mai 2011). Elle est alors invitée à dire ses textes en France comme à l’étranger (Voix de La Méditerranée, BIPVAL, Expoésie, Déklamons, Voix Vives, Poésie Marseille, Parole Spalancate, Maelstrom Festival…) et représentera la langue française en Chine (Festival villes jumelées / Chengdu) en 2013.
Ces lectures sont des performances, accompagnées de musiciens, danseurs ou encore plasticiens. Elle inclut parfois des vidéos ou dessine en live. Natyot crée Ma Poétic Party, laboratoire d’expérimentation poétique où se mêlent diverses disciplines artistiques, et dont le but est d’explorer le processus de création, ce qui l’amènera à se tourner vers le théâtre. Un de ses textes (Hotdog, Éditions Le Pédalo Ivre) est monté au Théâtre du Périscope à Nîmes en 2015. Elle anime des ateliers d’écriture dans les écoles et les lycées ainsi que pour les publics empêchés et continue de publier des textes courts qu’elle performe sur diverses scènes. Elle obtient une nouvelle bourse de la Région Languedoc Roussillon pour l’écriture de son premier roman, Le Nord du Monde. Avec un dj et aménageur sonore, elle crée un duo d’électro-poésie, NATYOTCASSAN. Un album est en préparation. Pendant quatre ans, elle fut chargée de mission par la Mairie de Montpellier pour le Printemps des poètes (Festival « Les Anormales » de la poésie). (Source: Éditions La Contre Allée)

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Jacques à la guerre

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En deux mots:
Jacques a vécu la Seconde Guerre mondiale alors qu’il n’était qu’adolescent puis, jeune homme, il est parti pour l’Indochine. Alors qu’il sent que sur son lit d’hôpital il n’a plus beaucoup de temps à vivre, il se souvient… L’hommage de son fils est émouvant.

Ma note:
★★★★ (j’ai adoré)

Ma chronique:

La plus belle des épitaphes

En se mettant à la place de son père, Philippe Torreton raconte une vie ordinaire qui va par deux fois être confrontée à la grande Histoire et rendre un vibrant hommage à cet homme.

À sa riche carrière d’acteur, de comédien, de metteur en scène et à ses engagements politiques Philippe Torreton ajoute l’écriture. Voici qui paraît déjà son sixième livre, sans doute le plus personnel et le plus intime après Mémé, un bel hommage à Shakespeare et des essais. Et s’il revient sur quelques souvenirs, notamment au début et à la fin du roman, il choisit de se substituer à son père pour lui rendre un émouvant hommage. Jacques va nous raconter sa vie, depuis l’enfance et la Seconde Guerre mondiale vécue à Rouen jusqu’à son retour d’Indochine.
Un récit que Philippe Torreton interrompt tout au long du livre par les pensées de cet homme sur son lit de mort, espérant laisser une image digne au moment de faire se révérence et montrer aux siens qu’il les aime.
C’est sur les routes de Normandie que s’ouvre cet émouvant récit, par ce merveilleux souvenir de Jacques qui a été autorisé à voyager aux côtés de son père, alors que les frères et sœurs et la mère sont restés à la maison. Dans la Renault Celta 4, il partage l’intimité dont son père est avare, se souviendra de sa main posée sur son genou, de son port altier. Un instant de bonheur fugace.
« Mon père a dû trouver chez ma mère le rêve d’une famille… mais a oublié d’en être le père au quotidien. Il avait sa maison, ses deux tantes et sa femme pour l’intendance, il pouvait filer sur les routes l’esprit libre. »
Jacques raconte le quotidien et cette impression de liberté que confèrent alors une automobile, les sorties dominicales chez les oncles et tantes, la montée de périls qu’il ne peut guère s’imaginer…
« — On va droit à la guerre.
André m’expliqua toutefois qu’on n’avait rien à craindre, la France avait la meilleure armée du monde, on avait gagné la grande et puis on possédait la ligne Maginot, infranchissable:
— Les Allemands vont se casser les dents sur elle et capituler tout de suite après, ils n’auront même pas la possibilité de poser un pied chez nous.
Il semblait si sûr de lui, mais ce frère avait peur le soir en se couchant et je pensais à ça en l’écoutant. »
La suite se déroule en scènes fortes de familles jetées sur les routes, comme ces Belges recueillis brièvement, de bombes et de morts, de personnes qui disparaissent sans laisser de traces. Au sortir du conflit, l’insouciance a fait place à la responsabilité, d’autant que Jacques va se retrouver sans père. Il lui faut alors travailler, aider à la reconstruction dans une ville défigurée, sans oublier ses obligations militaires. Ses états de service lui vaudront d’être sollicité pour rempiler et partir pour l’Indochine.
Les pages sur la découverte du Vietnam et de ses habitants montrent combien cette guerre était absurde avec la tragédie de Dien Bien Phu en point d’orgue. Un épisode qui va marquer durablement cet homme bon et humble et donner à ce livre encore davantage d’épaisseur. De l’anecdote, on passe au réquisitoire, de la chronique familiale à l’engagement politique.
Voilà non seulement Jacques transformé par la guerre, mais son fils durablement marqué. Et quand viendra son tour de se présenter sous les drapeaux… Mais je vous laisse découvrir les derniers chapitres de ce livre qui vous touchera au cœur. Merci Jacques et merci Philippe.

Jacques à la guerre
Philippe Torreton
Éditions Plon
Roman
384 p., 19,90 €
EAN : 9782259263641
Paru le 23 août 2018

Où?
Le roman se déroule en France, principalement en Normandie, à Rouen, Granville dans les environs ainsi qu’en Indochine, à Hanoï et Dien Bien Phu. On y évoque aussi le voyage de France au Vietnam, de Marseille en passant par le canal de Suez et les casernes du Nord de la France di côté de Douai.

Quand?
L’action se situe de la Seconde Guerre mondiale à nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
« Mon père me manquait, mais à voir la silhouette de ma mère s’attardant sur le quai sans un bras pour la soutenir, sans une main caressante qui écrit sur la toile grise de son dos qu’il ne faut pas s’en faire, que le fiston va revenir vite, je lui aurais bien souhaité de retrouver un homme. S’il y avait une peine perdue d’avance, c’était celle-là; elle allait s’accrocher à son deuil comme la misère sur le monde, maintenant qu’il était mort, son mari elle l’avait pour elle, rien que pour elle.
Et puis, dans son monde on ne s’épousaille qu’une fois, on ne divorce pas et quand la mort vient rebattre les cartes, on continue de jouer avec la mise d’avant, une chaise vide en face de soi. Je suis parti en la plaignant un peu. Finalement l’armée avait du bon : en la voyant s’éloigner, immobile sur ce quai, j’avais de la peine pour elle. Au moins, ces départs étaient l’occasion de recueillir un brin d’affection. J’allais lui manquer; je comptais. »
Jacques, enfant, a subi la guerre en Normandie. Envoyé en Indochine, l’absurdité du monde lui saute aux yeux. Comment vit-on la violence lorsqu’on est un homme simple aspirant à une vie calme? Plein d’humanité et d’émotion, porté par une écriture enflammée unique, ce livre de Philippe Torreton est dans la lignée de son bestseller Mémé. Jacques à la guerre ou le roman de son père.

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Le Parisien / Aujourd’hui en France (Pierre Vavasseur)
Livres Hebdo (Léopoldine Leblanc)
Blog Médiapart (Colette Lallement-Duchoze)
Le blog de YV


Philippe Torreton parle de son roman Jacques à la guerre © Production France Bleu

Les premières pages du livre
« On roulait tous les deux, mon père et moi. Mais mon père, pour la seule fois de ma vie, était là rien que pour moi. Il avait négocié ça avec ma mère, c’était mon tour.
C’est la dernière fois que la vie fut belle. Après, la guerre est arrivée. Juste après la guerre, mon père est mort d’une crise cardiaque, et encore après je me suis retrouvé comme un couillon en Indochine.
Pour l’instant j’ai sa main sur ma cuisse gauche. Il me parle de ses clients que l’on va visiter et sa voiture file sur les routes nationales de cette Normandie printanière. Seuls les impératifs de la conduite nous séparent, mais une fois le levier de vitesse du volant repositionné sur le bon rapport, sa main me revient. Pour moi, la vie peut commencer ou s’arrêter là, c’est comme elle voudra, je m’en moque. Le bon Dieu que ma mère sollicite si souvent peut décider, je lui laisse la main, moi j’ai celle de mon père sur la cuisse gauche et elle me suffit amplement.
Je vois mon père de profil. En voiture je le voyais toujours de dos.
Cette lisière impeccable entre le col de chemise et ses cheveux noirs, je l’ai contemplée des heures durant. Distante de trois centimètres exactement. Mon père était soigné, élégant. Quand il se trouvait à la maison, on pouvait frapper à la porte à n’importe quelle heure de la journée, celui qui ouvrait en souriant était toujours soigneusement habillé, présentable, bien mis comme on disait ; c’était ça mon père, un homme bien mis.
Comme nous étions quatre frères et sœurs à occuper la banquette arrière et que la Renault n’offrait pas une habitabilité record, il en fallait toujours un assis sur une fesse et accroché au siège avant pour que les autres puissent aligner leurs croupes fraternelles. En général c’est moi qui m’y collais ; ma truffe se retrouvait à une poignée de centimètres de la nuque de mon père, je pouvais m’en repaître secrètement. J’ai passé des trajets entiers à l’étudier, à la respirer afin de savoir exactement quoi dire au coiffeur le jour où je serais en âge de décider. Ses cheveux étaient enduits d’une crème qui sentait bon, il avait un petit grain de beauté là où, trois ans plus tard, exactement au même endroit, une écharde métallique déchirée d’une bombe anglaise me ferait une jolie cicatrice en forme de croix catholique. Lui c’était un grain de beauté, juste à mi-chemin entre la base de ses cheveux et son col de chemise, légèrement sur la gauche. En avait-il ailleurs? Je ne pourrais le dire, je ne l’ai jamais vu torse nu et je pense que ma mère serait bien en peine de répondre. J’aimais les plis de son cou lorsque sa tête tournait de droite et de gauche. Les plis, les cheveux, les cols de chemise, la crème lissante et la voiture, c’était mon père.
C’était une première, car d’habitude le privilège des sorties entre hommes revenait à mon frère. Je les ai vus partir plus d’une fois faire des choses que je n’avais pas à savoir. Ce frère plus vif, plus habile aux filles, brillant, répondant et drôle, agaçant et charmeur je l’aimais et le maudissais : il déflorait tout avant moi. Quoi que je fasse, il l’avait fait. Quoi que je dise, il l’avait dit et en mieux, en plus enlevé, les mots dans le bon ordre ; mes plus grands rêves étaient noyés dans ses plus faibles soupirs. En plus d’être l’aîné, il était le dieu sur pattes de la tante Léopoldine, celle qui à Noël et à son anniversaire doublait la mise de cadeaux et lui garderait le plus gros pour la fin.
Là où je le tenais, c’était la nuit. Il avait peur du noir. Moi pas, jamais. Pour moi, la nuit c’est comme le jour sans la lumière; lui, il en devenait godiche faut voir comme, son droit d’aînesse devenait prière, supplique et demande d’asile. On dormait ensemble au premier étage dans le même lit et chaque soir c’était le même tintouin. Il se déshabillait nerveusement en regardant autour de lui, se cassait une fois sur deux la figure en retirant fébrilement ses chaussettes, vérifiait les fenêtres comme un expert en fenêtres fermées, puis fonçait dans le lit en évitant soigneusement que ses pieds nus se rapprochent trop près du dessous du cadre – ce qui en général lui faisait faire un bond –, se recroquevillait sous le drap en emportant l’édredon dans sa panique et là, emmitouflé dans sa trouille, me demandait d’une voix étouffée d’aller vérifier sous le sommier. Chaque soir, pendant une pincée de secondes, j’étais l’aîné, le grand qui rassure le petit – même que parfois je le charriais mais il n’aimait pas ça, et comme cet animal pouvait me faire la lippe pendant des jours, je préférais vérifier sans rien dire. Je l’aimais, il le savait et ça me rendait faible.
Ce frère aîné s’appelait André, mon père s’appelait André et moi c’était Jacques.
En regardant mon père de profil, je me disais que, plus tard, je n’aurais qu’un enfant. Un fils et c’est tout. »

Extrait
«Ces dimanches et cette voiture étaient une preuve de belle vie, de liberté, cela signifiait un métier, un peu d’argent de côté, une famille avec des mouflets qui se suivent et une épouse à la maison. Souvent, je me suis demandé si elle était bien sa femme puisqu’il l’appelait gentiment « ma mère » ; il se comportait plus comme l’aîné de la fratrie que comme son homme : elle avait cinq gosses et le grand conduisait la Celta.
Je m’en voulais de penser ça, mais nos trajets dans la Renault m’y poussaient ; je passais beaucoup de temps à essayer de comprendre pourquoi mon père était tombé amoureux de ma mère. Après le décès de ses parents, il avait été élevé par sa tante Berthe, une vieille fille bossue qui vivait chez sa sœur, la fameuse Léopoldine, laquelle avait hérité différents biens immobiliers de ses patrons, monsieur et madame Lacassagne. La pauvre Léopoldine, gouvernante de son état, s’était donc retrouvée riche, mais vite dépossédée de son pactole par un notaire et un pharmacien de Rouen qui, prétextant aides et protections, l’avaient méticuleusement spoliée. Des fauves. De ce pillage en règle ne subsistaient que la maison du boulevard, au 67, et quelques petits appartements qui assureront un peu de revenus à la famille – nous mangions, les jours de fête, dans des assiettes en porcelaine mais nous n’avions pas vraiment de quoi remplir les plats à viandes et les services à poissons. »

À propos de l’auteur
Philippe Torreton mène une brillante carrière entre théâtre et cinéma. César du meilleur acteur en 1997, lauréat de nombreux prix, il est aussi écrivain. (Source: Éditions Plon)

Page Wikipédia de l’auteur 

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Au commencement du septième jour

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Au commencement du septième jour
Luc Lang
Éditions Stock
Roman
544 p., 22,50 €
EAN : 9782234081857
Paru en août 2016

Où?
Le roman se déroule en trois parties, chacune géographiquement dinstincte. Le «livre un» nous conduit de la région parisienne en Normandie, de Paris, Saint-Mandé, Guyancourt à Bolbec, Le Havre, Sainte Adresse, Rouen, Tancarville, Épretot, Saint-Eustache-la-Forêt, Gruchet-le-Valasse, La Haie-Bance, le Grand-Trait, La Remuée, Évreux. Le «livre deux» se déroule dans le Sud-Ouest, de Bordeaux à Pau et Bayonne, Oloron, Sévignacq-Meyracq, Laruns, Ossau, Lescun, Pouey, sur le parcours du GR 10 près du lac d’Anie.
Le «livre trois» mènera le lecteur au Cameroun, de Yaoundé à Douala, en passant par Mokolo, Maroua, Garoua, N’Gaoundéré, Mokolo.
Berkeley, la Californie, le Colorado et le Nouveau-Mexique y sont également évoqués.

Quand?
L’action se situe de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
4 h du matin, dans une belle maison à l’orée du bois de Vincennes, le téléphone sonne. Thomas, 37 ans, informaticien, père de deux jeunes enfants, apprend par un appel de la gendarmerie que sa femme vient d’avoir un très grave accident, sur une route où elle n’aurait pas dû se trouver.
Commence une enquête sans répit alors que Camille lutte entre la vie et la mort. Puis une quête durant laquelle chacun des rôles qu’il incarne : époux, père, fils et frère devient un combat. Jour après jour, il découvre des secrets de famille qui sont autant d’abîmes sous ses pas.
De Paris au Havre, des Pyrénées à l’Afrique noire, Thomas se trouve emporté par une course dans les tempêtes, une traversée des territoires intimes et des géographies lointaines.
Un roman d’une ambition rare.

Ce que j’en pense
*****
Thomas et Camille Texier ont réussi leur vie. Tous deux sont cadres, proches de la quarantaine et vivent près de Paris avec leur deux enfants Elsa et Anton. Seul petit bémol, Camille doit s’absenter fréquemment car le siège de son entreprise, Delta Energy, est en Normandie. Mais Thomas et les enfants ont appris à faire avec. Jusqu’à ce soir où le téléphone sonne pour informer Thomas que son épouse a été victime d’un grave accident et qu’elle a sombré dans un coma de stade 3 : «L hématome temporal était considérable, il nous fallait de toute urgence réduire la pression crânienne avant d’engager d’’autres interventions.»

Commence alors un pénible voyage d’un hôpital à l’autre en passant par la gendarmerie, le lieu de l’accident – une route de la campagne normande – la ferme voisine et le casse auto où ce qui reste du véhicule a été déposé.
Car Thomas veut essayer de comprendre ce que son épouse faisait en pleine nuit sur une route sans réel danger, pourquoi «L’auto a chaviré dans le fossé, des haies ont été arrachées sur 20 m et quand elle est remontée de l‘autre côté du talus, au lieu de s’immobiliser là, avec l’élan inouï, dame, elle a fini en tonneaux, plusieurs, 50m plus loin sur la chaussée, une trajectoire impossible, impossible…»
Les données techniques, le téléphone portable et l’ordinateur portable qu’il va décrypter ne feront qu’augmenter le mystère. Sans compter cette «lampe Art déco signée, en pâte de verre violette et orangée, pas du tout le genre de la maison» qui était en paquet-cadeau qu’elle transportait à l’arrière de sa voiture.
Les messages plus que cordiaux échangés avec un collègue, Hubert Demestre, font naître de nouveaux soupçons, d’autant que le médecin lui annonce que Camille était
enceinte de huit semaines. Des chocs multiples que Thomas doit gérer en essayant de préserver ses enfants, la famille et son travail. Pendant ce temps, le coma est en voie de résorption. Peut-être que Camille pourra expliquer son attitude? Un espoir qui sera vite deçu. Si la malade se réveille, elle reste totalement absente et finit par sombrer. Une vie résumée à une pierre tombale : Camille Granier, épouse Texier, 1976-2012. Ce «llivre un» s’achève dans la noirceur la plus totale : «La vie est une prison, on est enfermés dans le malheur.»
Le «livre deux» est celui de la remise en question et du rapprochement avec ceux qui restent. Thomas part avec ses enfants rejoindre son frère Jean qui élève des chèvres dans les Hautes-Pyrénées. L’occasion, en cheminant sur les entiers du GR 10, de retrouver ses racines, mais aussi de dévoiler quelques secrets de famille. Au bord du lac d’Anie, il va notamment se retrouver confronté à une autre mort : celle de son père, victime d’une chute mortelle. Les non-dits, qui ont provoqué l’éclatement de la famille, poussent à agir, à chercher à renouer avec sa sœur qui a choisi de tout quitter pour fonder un dispensaire en Afrique.
Autre décor, autre quête. Nous voici au Cameroun où il n’est pas aisé de faire des kilomètres, surtout pour rejoindre un endroit peu sûr ou Boka Haram commet régulièrement des exactions. Thomas va du reste vite faire l’expérience des coutumes locales, de la corruption et de la gestion du temps. Il est arrêté, soupçonné d’être un agent étranger infiltré par le Tchad ou le Nigeria, puis relâché au bout de quatre jours, délesté de quelques billets. Il va finir par retrouver sa sœur. À nouveau, quelques vérités enfouies vont ressurgir…
J’aime beaucoup la formule d’Éric Libiot qui dans L’Express explique le travail de Luc Lang en expliquant qu’«il cuisine de la théorie dans un grand chaudron romanesque» et que les «500 pages passent comme une respiration. Un rythme de sprinteur pour un roman de coureur de fond.» J’ajouterai que ce roman, dans sa quête individuelle, touche à l’universel. Fruit de plusieurs années de travail, cette œuvre est tout simplement ce que j’ai lu de plus beau cette année. Il mériterait amplement les lauriers d’un prix littéraire.

Autres critiques
Babelio 
Télérama (Fabienne Pascaud)
L’Express (Éric Libiot)
Blog Je lis au lit 
Blog La plume d’Eco 

A propos de l’auteur
Luc Lang est l’auteur d’une dizaine de romans, recueils de nouvelles, essais sur les arts et la littérature contemporains, dont Mille six cents ventres (prix Goncourt des lycéens), La Fin des paysages et Mother. (Source : Éditions Stock)

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