Plasmas

MINARD_plasmas RL-automne-2021

En deux mots
Une poignée de survivants dans le monde d’après la catastrophe tente de survivre et de comprendre par quel enchainement de circonstances ils en sont arrivés là. Parviendront-ils à se construire un avenir? C’est tout l’enjeu du combat qui s’engage entre des tribus rivales et des projets différents.

Ma note
★★★ (bien aimé)

Ma chronique

Bienvenue dans le monde d’après

Céline Minard poursuit son exploration des différents genres littéraires avec toujours le même bonheur. Après le joyeusement iconoclaste Bacchantes, qui explorait les codes du polar, nous voici dans la science-fiction avec Plasmas.

Situé dans un lointain futur, le roman nous entraine dans un univers qui a déjà connu bien des bouleversements. En consultant les archives, on peut par exemple retrouver les tentatives de colonisation menées sur la lune ou sur mars et qui se sont toutes soldées par des échecs. Et sur terre la situation est tout sauf florissante. «Tout était gris, noir, couvert d’une couche de poudre épaisse, un tapis de fractales irrégulières, mêlé de brun, strié de blanc. Les vents balayaient et recomposaient les sols. Les marées brassaient la roche et la cendre avec le sable. Les braises s’étouffaient dans la zone de nuit jusqu’à l’extinction complète. Les nuages perdaient de la masse et se reformaient, plus clairs, lessivant les terres depuis les sommets. Des montagnes glissaient, les grands fleuves remuaient, prenaient du volume, poussaient les alluvions et forçaient les barrages pour rejoindre les mers. Les coulées sales s’éclaircissaient. Et le vert apparaissait. En points, puis en taches de plus en plus larges sur l’ensemble des terres émergées. Il occupait la côte est de l’Amérique du Nord suivant l’ancien maillage du réseau lumineux jusqu’au centre du continent, par capillarité, il soutenait les fleuves dans leur course, courait sur les plateaux, sautait sur les versants. L’Eurasie se couvrait d’un manteau clair ininterrompu dans sa partie nord, l’Australie se bordait, l’Afrique retrouvait un cœur, l’Amérique du Sud une coiffe, une robe, une parure. Et les cyclones continuaient de brasser, les océans d’éclaircir et d’engloutir les îles et les bordures.»
La poignée de survivants a compris que cette terre n’aura d’avenir que dans la préservation de tous les êtres vivants, végétaux et animaux. Que la recherche devait être axée sur les moyens de la développer. C’est par exemple l’exploit réalisé par Aliona Ilinitchna Belova, qui «avait mis au point, seule, dans son laboratoire pouilleux de Bratsk, la technique de clonage la plus économique du monde» et avait réussi à développer une nouvelle race de petits chevaux que le monde entier s’arrachait.
Le projet littéraire de Céline Minard est ici en parfaite phase avec l’histoire proposée. Entre poésie et nécessité, elle a élaboré de nouveaux mots pour décrire une réalité située dans le futur où l’univers est bien différent d’aujourd’hui, où de nouveaux êtres apparaissent, de nouveaux objets, de nouvelles fonctionnalités. J’imagine que cette écriture pourra dérouter le lecteur, mais j’ai pris pour ma part beaucoup de plaisir en compagnie des Bjorgs, des Arrecifs ou encore de Rhif et de la Küin, sans oublier tous les héros Marvel et les icônes des jeux vidéo convoqués pour un final en apothéose.
Oubliant le récit linéaire, la romancière a choisi un assemblage de récits qui dressent une sorte de panorama de ce «monde d’après». On passe ainsi des acrobates dont les prouesses servent à enrichir la connaissance scientifique à une exploration de la faune et de la flore qui, pour survivre, a subi bien des mutations. Mutations auxquelles les humains n’ont pas pu résister non plus. Au fil des chapitres, on constatera par exemple combien leur cinq sens ont évolué, jusqu’à bouleverser la hiérarchie actuelle. Et combien la cohabitation avec la nature a pris une autre dimension.
En fait, derrière la fantaisie et l’imagination débridée se cache une profonde réflexion sur l’écologie, sur la place de l’homme au côté des autres espèces (et non au-dessus) et sur les enjeux technologiques de notre futur. Jamais peut-être les mots science et fiction n’auront été mieux accolés.

Plasmas
Céline Minard
Éditions Rivages
Roman
160 p., 18,00€
EAN 9782743653675
Paru le 18/08/2021

Où?
Le roman est situé en principalement sur notre planète, mais on y évoque aussi la lune et mars.

Quand?
L’action se déroule dans un futur lointain.

Ce qu’en dit l’éditeur
Céline Minard nous plonge dans un univers renversant, où les espèces et les genres s’enchevêtrent, le réel et le virtuel communiquent par des fils ténus et invisibles. Qu’elle décrive les mesures sensorielles effectuées sur des acrobates dans un monde post-humain, la conservation de la mémoire de la Terre après son extinction, la chute d’un parallélépipède d’aluminium tombé des étoiles et du futur à travers un couloir du temps, ou bien encore la création accidentelle d’un monstre génétique dans une écurie de chevaux sibérienne, l’auteure dessine le tableau d’une fascinante cosmo-vision, dont les recombinaisons infinies forment un jeu permanent de métamorphoses. Fidèle à sa poétique des frontières, elle invente, ce faisant, un genre littéraire, forme éclatée et renouvelée du livre-monde.

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Goodbook.fr
Page des Libraires (Anne Canoville Librairie du Tramway, Lyon)
France Inter (Un monde nouveau)
Kube.com
Blog Sur la route de Jostein


Céline Minard s’entretient avec Madeleine Rigopoulos à propos de Plasmas © Production Éditions Rivages

Les premières pages du livre
« En l’air
La salle bourdonne d’électricité. Ils sont tous là, ils attendent dans le noir, caméras en veille, capteurs éteints, à l’arrêt depuis qu’ils ont pris place un à un dans l’ordre, en silence, immobiles.
Galván est debout sur la plateforme de départ, chaud, étiré, frémissant, il attend le faisceau de lumière qui le lancera dans l’action. Il sait comment passer les vingt secondes entre le coup de projecteur et l’envol. Les yeux fermés, concentré sur la disparition progressive du phosphène provoqué par la poursuite qui le reprendra et ne le lâchera plus durant les trente-cinq minutes à venir. Si tout va bien.
Rodric est en train de grimper en contrebas face à lui, il l’entend. Léna le rejoindra dans quelques secondes en pleine lumière. Elle s’appuiera sur son épaule pour saisir la barre. Ils percevront alors tous les trois le déclic unique de trois mille capteurs réactivés.
Galván respire avec application, il compte. Sa transpiration commence à imbiber son intégrale sous les aisselles, au creux des genoux et des reins. Le tissu gonfle imperceptiblement, la ventilation s’amorce. Il regrette son antique léotard en graphène qui puait bien avant la fin de l’échauffement. Mais plus aucun humain n’est autorisé à circuler sans sa gaine électro-organique connectée. Ils traitent toutes les données, tout le temps. Et ce n’est pas maintenant, pas ce soir, qu’il va y échapper.
Les trois mille Bjorgs qui occupent le parterre sont venus pour ça, recueillir, analyser et transformer les informations. En temps immédiat et en conditions réelles reconstituées.
Les agrès sont d’époque, le filet se déploie douze mètres sous les plateformes, quatre au-dessus de la sciure et du sable qui jonchent la piste, on s’y croirait. Les gradins ont été adaptés. Aucun siège, mais une rampe de résine souple spiralée en pente douce autour du cercle central, sur laquelle ils ont roulé pour monter jusqu’à leurs points d’arrêt respectifs. Les différences de captation seront négligeables.
L’observation mécanique n’est plus l’enjeu. Galván connaît la longue histoire des Bjorgs vers la fluidité du mouvement. L’acharnement des hommes puis des modulaires pour égaler l’agilité des organismes. Il y a longtemps que les records humains ont été pulvérisés. En toute discipline. Ils sautent, ils nagent, ils volent, ils lancent plus haut, plus loin, plus profond, ils frappent plus fort, ils courent plus vite. Sur des lames d’acier tendre, les Bjorgs équipés au minimum servent de leurre lors des courses de lévriers. Avec les préréglages requis pour garder les chiens en haleine et les emmener plus vite, toujours plus vite vers leur fin. Ils en ont épuisé des milliers avant de réduire la zone de seuil critique à un point. Précis, indépassable. L’analyse des Bjorgs est efficace.
L’échelle de corde oscille contre le métal du portique. Léna monte sans peser, elle coule son ascension à l’intérieur de la tresse de chanvre qui la supporte, elle passe d’un degré à l’autre sans en marquer aucun, dépasse la plateforme et s’y pose. Elle touche Galván à l’épaule, le projecteur les inonde. Elle attrape la barre, la garde dans sa main, la réchauffe. Galván a les yeux clos. Rodric est sur le trapèze en face d’eux, assis, en mouvement. Ses avant-bras sont blancs, poudrés jusqu’aux coudes. Ses maniques brillent d’un éclat mat. Il se balance, en équilibre sur une fesse et un bout de cuisse, les jambes pendantes. Le fantôme lumineux s’est estompé sous les paupières de Galván, Rodric est accroché par les jarrets, épaules et tête relâchées, il prend de la vitesse à chaque aller, chaque retour. C’est un moment qu’il aime. La progressive inversion de l’orientation de son corps. Cette minute d’installation, de retrouvailles avec la posture, l’ancrage dans ses cuisses, la présence de son crâne, les fourmis dans ses doigts. Il en profite, il est chez lui, solide, un porteur.
Et Galván tout à coup tient la barre des deux mains. Produit son petit saut de départ, jambes tendues, pointes, et part. Sans tambour ni trompette, les seuls sons seront ceux des agrès, des corps, des souffles, des chocs et du vent. Il siffle à ses oreilles dès le premier ballant. Bras tendus, gainé, jambes à l’équerre au retour, il monte en force, s’allège, s’alourdit d’autant, encaisse la pression, la convoque, la révoque et passe sa figure. Un double saut périlleux au bout duquel Rodric lui dit « Donne ! », et il donne, ses mains, sa vie, son cœur dans le même geste. Un seul coup d’œil entre eux et Galván exécute son retour en pirouette et demie. Ample, lente, une promenade fulgurante. Dix secondes de vie en tout et pour tout. La plateforme vibre sous l’autorité de son poids retrouvé. Il y est, il est dans son élément, en pleine possession de ses moyens, lucide, affûté, il ne pense qu’à la quitter de nouveau. Mais Léna s’est enfuie avec le trapèze, il faudra l’attendre. Elle remonte le deuxième ballant, entame sa descente, la pointe de chaque pied à chaque extrémité de la barre, elle atteint l’apogée, lâche, plonge, verticale, jambes refermées, bras tendus, paumes jointes, et propose ses chevilles à Rodric qui les prend.
Il la tient, tête en bas, pleine d’eau, pleine de sang, il sent sa résistance descendre dans les jambes de Léna qui frôle l’air de ses doigts et semble le dessiner, le déchirer, il la tient pour la relancer, lui transmettre en élan ce qu’elle lui a fourni en impact qui les a entraînés tous les deux vers l’arrière, vers l’avant, il la lance, la barre lui cisaille les tibias, Galván a renvoyé le bâton, Léna le surmonte, pirouette et saisit le retour comme il passe. Ses mains sont immenses. Toutes veines apparentes. Elle ne sourit pas en rejoignant la plateforme. Elle n’a jamais eu à le faire. Ce n’est pas un spectacle. Ce n’est pas une espèce qui en regarde une autre – et repart, sauvage. Il n’y a que ces trois-là, ce soir, pour savoir ce qu’ils font.
Le trapèze fait six mouvements à vide pendant que Rodric ouvre le sac de magnésie accroché à sa ceinture, y enfonce la main droite, le referme, et laisse un sillage de poudre se former sur l’étendue de la courbe qu’il traverse, son ambitus, son territoire.
Les Bjorgs sont étanches, insensibles aux particules fines.
Galván est là pour tourner le triple comme il se tourne depuis des siècles, à l’antique. Sa technique est irréprochable, elle est rodée. Les Bjorgs qui maîtrisent la quinte et le sixte n’en ont pourtant pas fini avec lui, avec son art, avec sa peur peut-être. Les variations de son taux d’adrénaline qui grimpe en flèche au tout début du départ, descend pendant le ballant, s’installe dans la figure, plus stable qu’un centre de gravité pendant qu’il tourne sur lui-même comme autour d’un axe inamovible, et remonte au moment de la rencontre, juste avant d’entendre le porteur, de le sentir, de le voir enfin, ses yeux comme deux lacs inversés, gorgés de vie, de larmes retenues.
Ils n’en ont pas fini avec Rodric non plus. Avec ce qui les lie au travers du vide, qui échappe à leurs mesures. Au calcul des forces, à la mécanique des fluides, à la chimie.
Il le tourne et revient. Rodric tape dans ses mains. Léna repart.
Elle se lance de la plateforme d’un saut sec, très réduit, le seul effort qu’elle semble fournir d’elle-même, tirer de son corps, de sa force personnelle, le seul acte où sa volonté se manifeste, décisive et ramassée comme une balle. Le geste après quoi tout est dit alors que rien encore n’est joué, n’a eu lieu, ni pris forme sinon dans sa chair et déjà dans l’air qui la porte. Elle est au-delà de la figure qu’elle va accomplir. Occupée seulement de sa suspension, paumes fermées sur la barre, immobile dans le mouvement de l’agrès, dans la masse du gaz qui l’entoure. Ce n’est pas elle qui bouge mais les éléments autour d’elle. La barre, le porteur, le filet, le portique. Elle les lâche dans les quatre directions, elle les fait tourner, les reprend pendant qu’ils tombent, les replace, les renvoie, les affole, et revient la barre dans ses mains, la plateforme sous ses pieds, la barre sans ses mains, la gravité dans la terre, l’air dans sa bouche.
Léna n’est pas une voltigeuse, elle n’a que faire de la chute.
Les Bjorgs ne parviennent pas à quantifier son degré d’absence.
Galván est en place pour le quad. Il inspire et souffle en sautant. Toujours le même, une corde, un assemblage de bâtons et d’élastiques, un mental trempé comme l’acier, une flèche dure qui va devenir toupie et s’envoyer dans le volume, hors de prise, de toute atteinte, intraitable. C’est ce moment qui le fait voler. La seconde, le dixième de seconde où le mouvement se déclenche et l’envahit, l’embarque, le prend comme s’il était lui la vague dans l’océan, la force élémentaire, le contact. Bien moins qu’une durée, une éternité. Après quoi, les bras de Rodric lui rendent son corps, les yeux de Rodric attestent son vol, et la barre son poids.
Les Bjorgs refont sans cesse le calcul de sa densité. »

Extraits
« Le cœur de la sphère disparaissait un moment sous un aérosol homogène moucheté de paillettes. On tenait alors une boule de fumée aussi fragile qu’une bulle de savon, tout aussi vide.
La poussière de la floraison retombait. Elle décantait, lentement, se posait sur les surfaces immobiles, accentuait les reliefs, tapissait les plaines, marquait les liquides. Tout était gris, noir, couvert d’une couche de poudre épaisse, un tapis de fractales irrégulières, mêlé de brun, strié de blanc. Les vents balayaient et recomposaient les sols. Les marées brassaient la roche et la cendre avec le sable. Les braises s’étouffaient dans la zone de nuit jusqu’à l’extinction complète. Les nuages perdaient de la masse et se reformaient, plus clairs, lessivant les terres depuis les sommets. Des montagnes glissaient, les grands fleuves remuaient, prenaient du volume, poussaient les alluvions et forçaient les barrages pour rejoindre les mers. Les coulées sales s’éclaircissaient. Et le vert apparaissait. En points, puis en taches de plus en plus larges sur l’ensemble des terres émergées. Il occupait la côte est de l’Amérique du Nord suivant l’ancien maillage du réseau lumineux jusqu’au centre du continent, par capillarité, il soutenait les fleuves dans leur course, courait sur les plateaux, sautait sur les versants. L’Eurasie se couvrait d’un manteau clair ininterrompu dans sa partie nord, l’Australie se bordait, l’Afrique retrouvait un cœur, l’Amérique du Sud une coiffe, une robe, une parure.
Et les cyclones continuaient de brasser, les océans d’éclaircir et d’engloutir les îles et les bordures. Quand le sable se distinguait de l’écume sur les littoraux et formait un trait de contour blond, quand les lagunes apparaissaient en mer Caspienne, les mangroves à la pointe de la Somalie, les récifs-barrières en Australie, Helen arrêtait l’animation. Tout le monde connaissait la suite. Son auditoire ne supportait plus la mention de la série d’événements qui avaient eu lieu dans cette tardive Antiquité. La lassitude, plus rarement la colère, le rendait sourd à cette période historique.
Elle reposait la sphère sur l’étagère XVIII de la vitrine et proposait à deux de ses étudiantes, de préférence, de prendre et d’allumer les deux autres manumériques simultanément. La Lune blafarde et Mars la poussiéreuse. Les hypothèses de l’époque.
Ils voyaient alors le satellite et la planète rouge s’animer d’une vie minuscule, circonscrite à quelques cratères. D’abord sur la Lune, avec les structures de vie, de forage et d’assemblage rapide, puis sur Mars, quelques minutes après. Les réacteurs nucléaires, les panneaux solaires, les bulles à eau, à oxygène, les serres, l’entrée des tunnels à vivre, le parc des Rovers et des Voltigers qui couvraient bientôt des centaines d’hectares. Les data de cette période dite d’installation étaient toujours disponibles. Ainsi qu’une petite dizaine de récits d’explorateurs qu’Helen affectionnait pour leur enthousiasme et leur maladresse. » p. 20-21

« Quand ils eurent à leurs pieds, tout net, le parallélépipède parfait, désenfoui de millénaires d’alluvions et d’innombrables brassages souterrains, quand ils l’eurent sous les yeux, nu, aveuglant, excessivement géométrique, ils comprirent qu’ils avaient eu une vie qui ne reviendrait pas.
Les résultats des tests chimiques étaient indubitables. Le bloc était de l’aluminium pur. Un monolithe. Il venait de l’espace. Ce qui n’était pas une grande affaire. Il ne venait pas de notre système solaire, ce qui était déjà plus solide. Et sans doute ne venait-il pas du passé, en quelques milliards d’années qu’on le compte.
Mais il était là, considérable.
C’était un fait. » p. 43

« Le nombre des commandes était monté en flèche après la publication des résultats des tests à l’effort et du tableau complet des rapports puissance-énergie-résistance dans Nature and Adaptation. Aliona Ilinitchna Belova avait dû agrandir son installation, recruter, former et produire à une échelle dont elle n’aurait jamais osé rêver. Les investisseurs se bousculaient à sa porte, les préparateurs se présentaient par centaines, spontanément, les entraîneurs rivalisaient d’adresse, les amants de déclarations. (Les amantes étaient plus discrètes.)
La Sibérie entière en réclamait, l’Australie proposait des avances fabuleuses contre la garantie d’être fournie en priorité. Les ranchers de l’Ouest américain s’étaient arraché les premières cargaisons aux enchères, l’Europe, après un temps de réflexion, s’était lancée dans la course en déléguant de grands dresseurs décidés à prêter main-forte et à définir les meilleures souches. Aliona Ilinitchna n’avait pas besoin de leur expertise. Elle avait mis au point, seule, dans son laboratoire pouilleux de Bratsk, la technique de clonage la plus économique du monde, sans l’aide ni la bénédiction de qui que ce soit, et elle comptait bien garder la main. Elle ne regrettait pas ses choix. En regardant le fenil branlant, la grange borgne et la boue de patate à ses pieds, elle se sentait en accord avec le passé, et elle le resterait tant que ses cinquante coursiers s’ébattraient sous ses yeux dans le pré. » p. 62

À propos de l’auteur
MINARD_Celine_©Elizabeth_Carecchio

Céline Minard © Photo Elizabeth Carecchio

Céline Minard a écrit notamment Le Dernier Monde (2007), Faillir être flingué (prix du Livre Inter 2014), Le Grand Jeu (2016) et Bacchantes (2019). Elle est saluée comme une voix majeure de la littérature française actuelle. (Source: Éditions Rivages)

Page Wikipédia de l’auteur

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Vie de Gérard Fulmard

ECHENOZ_vie-de-gerard-fulmard

  RL2020

En deux mots:
Après avoir perdu son emploi Gérard Fulmard crée une officine de renseignements. Malgré son peu d’expérience, il va être approché par un parti politique et se retrouvé dans une affaire d’enlèvement qui ne va pas tarder à le dépasser. Mais s’en rend-il seulement compte?

Ma note:
★★★ (bien aimé)

Ma chronique:

L’envoyé spécial

Satire du milieu politique sous forme de polar déjanté, la Vie de Gérard Fulmard permet à nouveau à Jean Echenoz de casser les codes et de nous régaler avec un anti-héros dépassé par les événements.

S’il n’est pas question de parler de «génie du lieu» pour une rue propice aux faits divers en tout genre, on peut toutefois dire que la rue Erlanger, sise dans le XVIe arrondissement de Paris, a enflammé l’imagination de Jean Echenoz. C’est ainsi que la Vie de Gérard Fulmard s’inscrit dans une série impressionnante. Il n’avait pas un an quand sa mère a failli être victime collatérale du suicide de Mike Brant. Quand le chanteur s’est jeté dans le vide, elle se rendait du marché et, à quelques minutes près, aurait pu être heurté par ce corps devenu projectile. Quelques années plus tard, à quelques mètres de là, sa mère a également vu un étudiant japonais chargé de deux lourdes valises et découvrira quelques jours plus tard qu’elles contenaient les restes du corps de Renée Hartevelt qu’il avait assassinée avant de la découper, «en avait entreposé sept kilos dans le réfrigérateur et, deux jours durant, en avait préparé la plupart selon différents modes de cuisson pour s’en nourrir, l’accompagnant à l’occasion de petits pois».
Quand s’ouvre le roman Gérard Fulmard vit seul rue Erlanger, après le décès de sa mère, et peut poursuivre cette chronique effrayante. Car en revenant du centre commercial voisin, il échappe de peu à la chute d’un vieux satellite russe qui pulvérise le bâtiment. Parmi les victimes se trouve le propriétaire de son appartement, lui offrant ainsi l’occasion de sursoir provisoirement au paiement de son loyer. Comme il a perdu son emploi de steward, cela l’arrange plutôt. D’autant que ses finances sont inversement proportionnelles à son poids. D’un côté le calme plat, de l’autre une surcharge pondérale. Mais Gérard a une idée, il va créer son entreprise. Après avoir un peu tâtonné, il trouve l’inspiration en passant devant un cabinet de détectives et publie cette annonce: «Cabinet Fulmard Assistance, Renseignements & Recherches, Litiges & Recouvrements, Promptitude & Discrétion». Comme on peut l’imaginer, les clients ne se bousculent pas, si ce n’est un énergumène décidé à le piéger. Aussi quand il est approché par un responsable de la FPI (Fédération populaire indépendante), un parti politique qui rêve de jouer les premiers plans, il se laisse entraîner dans ce qui va se révéler une bien sombre affaire, car Nicole Tourneur, une «figure notable de cette sphère», a été enlevée.
Gérard, qui trouve Nicole «pas mal dans le genre de son âge, catégorie mature», va aller de surprises en surprises.
Jean Echenoz, dont on sait au moins depuis Envoyée spéciale, qu’il aime jouer avec les codes, nous offre ici un vrai-faux polar mâtiné de combines politiques où tous les coups sont permis et où le pire devient de plus en plus sûr. Le lecteur, à l’image de Gérard Fulmard, va être ballotté par les rebondissements de cette affaire tortueuse qui va créer un joli désordre. En «aiguisant les convoitises et chauffant les rivalités», la situation va vite dégénérer et nous offrir une satire qui pourrait bien sonner comme un avertissement !

Vie de Gérard Fulmard
Jean Echenoz
Éditions de Minuit
Roman
236 p., 18,50 €
EAN 9782707345875
Paru le 2/01/2020

Où?
Le roman se déroule en France, principalement à Paris

Quand?
L’action se situe de nos jours, avec des retours en arrière jusqu’au années 70.

Ce qu’en dit l’éditeur
La carrière de Gérard Fulmard n’a pas assez retenu l’attention du public. Peut-être était-il temps qu’on en dresse les grandes lignes.
Après des expériences diverses et peu couronnées de succès, Fulmard s’est retrouvé enrôlé au titre d’homme de main dans un parti politique mineur où s’aiguisent, comme partout, les complots et les passions.
Autant dire qu’il a mis les pieds dans un drame. Et croire, comme il l’a fait, qu’il est tombé là par hasard, c’est oublier que le hasard est souvent l’ignorance des causes.

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Libération (Philippe Lançon)
Diacritik(Johan Faerber)
RTS (Entretien avec Sylvie Tanette)
Franceinfo (Laurence Houot)
Libération (Philippe Lançon)
En attendant Nadeau(Gabrielle Napoli)
La règle du jeu (Christine Bini)
Blog Nyctalopes
Blog Tête de lecture

INCIPIT (Les premières pages du livre)
« J’en étais là de mes réflexions quand la catastrophe s’est produite.
Je sais bien qu’on en a déjà beaucoup parlé, qu’elle a fait éclore de nombreux témoignages, donné lieu à toute sorte de commentaires et d’analyses, que son ampleur et sa singularité l’ont érigée en classique des faits divers de notre temps. Je sais qu’il est inutile et peut-être lassant de revenir sur cette affaire mais je me dois de mentionner l’un de ses contrecoups car il me touche de près, même s’il n’en est qu’une conséquence mineure.
Propulsé à une vitesse de trente mètres par seconde, un boulon géant – format de sèche-cheveux ou de fer à repasser – est entré en force par la fenêtre d’un appartement, au cinquième étage d’un immeuble de standing, désagrégeant ses vitres en ébréchant son embrasure et, en bout de course, son point d’impact a été le propriétaire de cet appartement, un nommé Robert D’Ortho dont le boulon a ravagé la région sternale et provoqué la mort subite.
D’autres boulons s’en sont tenus à des dommages matériels, l’un défonçant une antenne parabolique, l’autre éventrant le portail d’une résidence située face à l’entrée du centre commercial. Épars, on en trouverait encore pas mal, plus tard, de ces boulons, au fil des investigations menées par des agents porteurs de combinaisons blanches, cagoulés et gantés. Mais ce ne seraient là qu’effets secondaires, épiphénomènes du désastre majeur qui vient de frapper la grande surface elle-même.
L’état de cet hypermarché, de fait, est désespérant. Depuis les débris de sa toiture effondrée s’élève une brume de poussière lourde qu’ajourent les hésitantes flammèches d’un incendie naissant. Dentelé, crénelé, ce qui reste de ses murs porteurs laisse voir à nu leur poutraison métallique griffue, deux d’entre eux se penchent l’un vers l’autre en rupture d’équilibre au-dessus de la zone de choc. La verrerie de ses façades, d’ordinaire constellée d’annonces promotionnelles, offres aguicheuses et slogans arrogants, se retrouve zébrée de pied en cap et disloquée aux angles. Dressés devant l’accueil, trois lampadaires se sont affaissés en s’embrassant, entortillant leurs têtes d’où pendillent les ampoules à vapeur de sodium, disjointes de leur douille.
Quelques voitures, sur le parking attenant, ont été renversées sous la puissance du souffle, d’autres bossuées par des heurts de matières et, sous leurs essuie-glaces en parenthèses tordues, l’ensemble des pare-brise fait à présent défaut.
Même si, par chance, le sinistre s’est produit en tout début de matinée, peu après l’ouverture de la grande surface où l’affluence est encore faible, à première vue les dégâts humains ne devraient pas être bénins : avant toute estimation précise, et pendant que s’organisent les recherches dans le secteur catastrophé, le bilan menace d’émouvoir le public. On a tôt fait de boucler le quartier dans lequel se concentrent les forces de l’ordre et les ambulanciers, les démineurs à tout hasard mais l’armée pas encore, et l’on s’est empressé de mettre en place une cellule d’aide psychologique. Les efforts des sauveteurs se concentrant d’abord sur la zone, on ne trouvera qu’après-demain, dans sa périphérie, le corps troué à domicile de Robert D’Ortho. Et, j’y reviens, c’est là le point qui me concerne car ce D’Ortho étant propriétaire entre autres biens des deux pièces et demie où je réside, son décès devrait me permettre de surseoir – ne serait-ce que momentanément – au versement de mon loyer mensuel.
Cet événement s’est donc déroulé non loin de chez moi qui, vivant à trois rues de là, connais bien le centre commercial où souvent je m’approvisionne. Il était dans les neuf heures et demie, comme d’habitude à ce moment-là je somnolais en essayant de réfléchir à ce que j’allais pouvoir faire de ma journée quand le fracas du phénomène m’a distrait. J’ai d’abord cru pouvoir le négliger puis mes tentatives de penser ont été contrariées par les sirènes d’alarme, les piaillants véhicules de police et de secours ainsi que les exclamations, appels et cris du tout-venant. Mais la curiosité n’étant pas mon plus sombre travers, cela ne m’a guère donné envie d’en savoir plus dans l’immédiat.
Ce contrairement à la foule qui s’est aussitôt mouvementée sur les lieux : certains fuyant la scène quand d’autres l’accouraient voir, on s’y est bousculé, parfois trop brusquement, jusqu’à ce que les agents de l’autorité viennent y mettre du leur, pas plus eux que les autres ne comprenant d’ailleurs ce qui venait de se produire. Tout, au vu et au son, dénotant certes une explosion, l’idée d’une bombe et donc d’un attentat mais aussi celle d’une fuite de gaz se sont mises à fleurir : le peuple s’égarait entre sidération, commentaires spontanés et développements contradictoires. Si la thèse terroriste a tenu d’abord le haut de l’opinion, la rumeur d’une chute inopinée de météorite s’est ensuite insinuée dans les esprits: de telles choses se produisent et les exemples abondent. Il a fallu attendre que les médias s’en mêlent et nous annoncent enfin que, revenu des espaces infinis, c’était un gros fragment de satellite soviétique obsolète qui venait d’écraser le centre commercial d’Auteuil. Comme il en tombe sur Terre à peu près tous les jours. Sans que nul ne le remarque hormis les spécialistes. »

Extraits
« Si l’on peut s’étonner que ces chutes de déchets spatiaux provoquent si peu d’accidents fâcheux, on peut aussi les supposer amenées à se multiplier. Car après les quelque cinq mille lancements consécutifs à celui de Spoutnik 1 en 1957, ce sont à peu près sept mille tonnes de matériel qui orbitent aujourd’hui dans la voûte céleste au-dessus de nos boîtes crâniennes. Et ce, dans ces dernières, afin d’alimenter nos cerveaux en informations diverses et, naturellement, de mâcher le travail de renseignement sur nos personnes. Des vingt milliers d’objets qui se promènent ainsi, nous surplombant en orbe, on est en droit d’imaginer que les trois quarts, ceux qui évoluent à moins de mille kilomètres d’altitude, retomberont un de ces jours n’importe où, pourquoi pas à tes pieds. Notons avec soulagement qu’au-delà de cette distance, l’espérance de vie du quart restant est une affaire de siècles et peut même prétendre, dans les hauteurs extrêmes, à l’éternité. »

« Revenons à moi qui me nomme Fulmard, me prénomme Gérard et suis né le 13 mai 1974 à Gisors (Eure). Taille : 1,68 m. Poids : 89 kg. Couleur des yeux : marron. Profession : steward. Domicilié rue Erlanger, Paris XVIe, où je vis seul.
Gérard Fulmard, donc, et si j’ai quelques raisons de me plaindre, du moins ne suis-je pas mécontent de ce patronyme assez peu courant, qui ne sonne pas mal, qui est presque le nom d’un bel oiseau marin auquel j’aimerais m’identifier sauf qu’il est grégaire et moi pas plus que ça. Sauf aussi que je n’ai pas le physique, ma surcharge pondérale s’opposant en toute hypothèse à ce que je prenne un jour mon vol. Même si des vols, vu mon métier j’en ai pris pas mal, mais d’abord ce n’est pas la même chose et ensuite, cette profession de steward, je ne l’exerce plus. Mon vrai statut actuel est celui de demandeur d’emploi en passe de se reconvertir, mais je vais développer ce point. » p. 16

« confronté à ce qui semblait être un enlèvement d’ordre politique – et pas n’importe lequel, Nicole Tourneur étant une figure notable de cette sphère –, l’unanimisme grave a encore été de rigueur, Chanelle malgré son excellente forme s’est aligné sur ce registre, choisissant de rester sobre, digne, drapé dans une posture de hauteur blessée. Rediffusion de la vidéo pour ceux, a précisé l’animateur, qui viennent de nous rejoindre. Et là, j’ai plus attentivement écouté ce que disait la mère Tourneur. Il ressortait de ses propos qu’elle était retenue par un groupe dont la nature et le but m’ont paru flous, les revendications elliptiques et l’idéologie brumeuse, mais qui semblait ouvrir la porte à des négociations : la nature de celles-ci serait précisée dans un prochain communiqué. Tout cela était bien vague à moins que je n’aie su l’analyser. En attendant mieux, je dois témoigner que Nicole Tourneur n’est vraiment pas mal dans le genre de son âge, catégorie mature que je ne dédaigne point. » p. 32

« Profitons-en plutôt, nous avons un peu de temps, pour esquisser une vie brève de Dorothée Lopez. Enfant unique du professeur Patrick Lopez– gastroentérologue à Sèvres, clientèle à boyaux fortunés, doyen de l’Académie de médecine, lauréat du prix Shanti Swarup Bhatnagar – et de Geneviève Lopez née du Gavial – présidente de la Fédération des comités familiaux œcuméniques –, la jeune Dorothée s’est précocement fait remarquer par une vive indépendance de pensée. Mettant le plus tôt possible un terme à ses études, après six semaines d’École du Louvre en auditrice libre elle a choisi de s’orienter vers une carrière de star, destin qui cependant ne se décide pas comme ça. Figurant d’abord dans quelques spots publicitaires – Moulinex, Ultrabrite, Lactel –, elle a déniché diverses panouilles dans le milieu cinématographique rose avant d’obtenir un vrai rôle, enfin, dans un téléfilm normal, sa part de dialogues étant hélas réduite après montage à ces mots : « Ah bon ? Deux mois ? » Son engagement artistique semble s’être ensuite effrangé, cédant la place à une consommation accélérée d’hommes plus ou moins jeunes, tous dotés d’une très brève espérance de lit en attendant de trouver mieux, ce mieux étant un amant à péremption plus tardive qu’elle suivra aux îles Baléares. On en sait peu sur ce moment de sa vie, interrompu par le retour précipité de Dorothée Lopez vers la France, plus précisément vers un office notarial de Marnes-la-Coquette après la mort accidentelle de Patrick et Geneviève Lopez dans l’explosion en vol d’un Fokker F100 Bruxelles-Oslo. » p. 99-100

« Comme si cela me regardait, Bardot a tenu à m’expliquer la situation au sein de la Fédération populaire indépendante. Ainsi que l’on pouvait s’y attendre après la mort de Nicole Tourneur, la vacance de sa direction était en train de créer le désordre, aiguisant les convoitises et chauffant les rivalités. » p. 119

« Alors qu’elle lisait ce poème devant un magnétophone, tournant le dos à l’étudiant japonais, celui-ci avait saisi une carabine 22 LR achetée la semaine précédente et tué Renée Hartevelt d’une seule balle dans la nuque. Cela fait, l’ayant plus ou moins pénétrée post mortem– ce point ne serait jamais vraiment élucidé –, il avait découpé les plus tendres parties de son corps, en avait entreposé sept kilos dans le réfrigérateur et, deux jours durant, en avait préparé la plupart selon différents modes de cuisson pour s’en nourrir, l’accompagnant à l’occasion de petits pois. Au cours de ces journées, à trente-neuf reprises, il avait également photographié l’évolution du processus – plans généraux du corps, gros plans sur les organes prélevés, présentation des plats, etc. Dans la matinée du samedi 13 juin, faute de congélateur et pour les raisons qu’on imagine quand il fait chaud, l’étudiant japonais avait dû se résoudre à se défaire de Renée Hartevelt. Ayant débité ce qui restait d’elle en gros morceaux, il avait emballé le tout dans deux valises – tête et tronc dans l’une, bras et jambes dans l’autre qu’il avait chargées sur un diable avant de commander un taxi puis de quitter son studio du premier étage en traînant laborieusement sa charge. C’est après l’arrivée de ce taxi que ma mère, revenant cette fois-ci de ses courses, avait remarqué ce jeune homme aidé par le chauffeur à caser ses valises dans le coffre devant son immeuble, au n o 10 de la rue Erlanger. » p. 147

À propos de l’auteur
Jean Echenoz est né à Orange (Vaucluse) en 1947. Prix Médicis 1983 pour Cherokee. Prix Goncourt 1999 pour Je m’en vais. (Source: Éditions de Minuit)

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