Vernon Subutex 1
Virginie Despentes
Grasset
Roman
400 p., 19,90 €
ISBN: 9782246713517
Paru le 7 janvier 2015
Où?
Le roman se déroule principalement à Paris, avec un court séjour à Barcelone et l’évocation de luttes ouvrières à Longwy.
Quand?
L’action est située de nos jours.
Ce qu’en dit l’éditeur
Une légende urbaine. Un ange déchu. Un disparu qui ne cesse de ressurgir. Le détenteur d’un secret. Le dernier témoin d’un monde révolu. L’ultime visage de notre comédie inhumaine. Notre fantôme à tous.
Ce que j’en pense
****
Vernon Subutex à la cinquantaine. Le premier tome de ses «aventures» est d’abord celui de sa déchéance. Une histoire malheureusement banale d’un homme qui se retrouve brutalement pris dans la spirale infernale qui l’entraîne du chômage à la précarité, puis à la rue. Pourtant, tout avait bien commencé pour lui. A vingt ans, il était devenu vendeur au «Revolver», un magasin de disques et « avait repris la baraque à son compte quand le boss avait décidé de partir en Australie, où il était devenu restaurateur. Si on lui avait dit, dès la première année, qu’il passerait l’essentiel de sa vie dans cette boutique, il aurait répondu sûrement pas j’ai trop de choses à faire. C’est quand on devient vieux qu’on comprend que l’expression «putain ça passe vite» est celle qui résume le plus pertinemment l’esprit des opérations. Il avait fallu fermer en 2006. »
Pour Vernon, c’est le plus mauvais moment, car avant il aurait sans doute pu rebondir, trouver dans le milieu de la musique au pire un poste d’intermittent ou au mieux de label manager. Mais le numérique a, dans cette industrie aussi, tout laminé.
Après avoir vendu toutes ses reliques et tous ses souvenirs, lui qui en tant que chef d’entreprise n’â pas droit aux allocations chômage, se retrouve bientôt sans rien. Il conserve encore les entretiens avec Alex Bleach, une star du rock, qui vient de mourir. Dernier vestige de l’époque «sex, drugs ans rock’n’roll».
Il a bien encore quelques relations, comme cet ami scénariste qui essaie lui aussi de s’en sortir. Qui va peut-être pouvoir l’héberger quelques temps quand il faudra qu’il quitte son appartement. Qui pourra peut être lui faire rencontrer un producteur qui voudra faire quelques choses des confessions qu’il détient.
Sauf que le temps devient une notion bien différente quand on se retrouve sans perspectives réelles, sans autre but que survivre. On s’attache alors à quelques illusions, de celles que procurent un rail de cocaïne, voire une histoire d’amour. Sauf que les femmes qui l’hébergent ont appris à se méfier. Elles ont assez d’expérience pour savoir que les histoires d’amour finissent mal en général, quand elles ne s’achèvent pas avant d’avoir commencé. Mais ce qui est pris est pris. Faire l’amour tient aussi de la thérapie, même si les sentiments sont feints.
Depuis Baise-moi, on sait que Virginie Despentes sait mettre les mots sur cette misère sociale, sexuelle, sociétale comme on aime à la qualifier aujourd’hui.
Avec un sens certain de la formule (voir les quelques citations ci-dessous), elle fait le portrait de cette génération sacrifiée, de la déshumanisation, de la désillusion. C’est dur, c’est cru, mais c’est si juste qu’on n’a qu’une hâte : découvrir le tome 2 en juin 2015.
Autres critiques
Babelio
L’Express (François Busnel)
Libération
Télérama
Les Echos
On l’a lu
Citations
«Il s’habillait comme un Playmobil endimanché et sortait des conneries de mec de droite, dix avant que ce soit à la mode. A cette époque la chose était si atypique que cela avait un certain cachet. » p.24
« A notre époque, si on aimait faire chier le monde, on faisait du X, mais aujourd’hui porter le voile suffit. »
« Passé un certain âge, on ne se sépare plus des morts, on reste dans leur temps, en leur compagnie. »
« Le diable est bon danseur, sinon personne ne le suivrait sur la piste. »
« L’âme est un navire imposant, qu’il faut manœuvrer avec prudence. »
« Il n’y a qu’une seule façon de rester fidèle, c’est de garder une distance physique. Tant qu’on se tient à trois mètres du corps désiré, les chances que ça dégénère se réduisent considérablement. » p. 69
« L’âme est un navire imposant, qu’il faut manœuvrer avec prudence. »
« La vie est ainsi faite, dans un premier temps, elle t’endort en te faisant croire que tu gères et, sur la deuxième partie, quand elle te voit détendu et désarmé, elle repasse les plats et te défonce. »
« Il est resté le même qu’à 20 ans, à croire qu’il a vieilli dans du formol. »
« Passé un certain âge, on ne se sépare plus des morts, on reste dans leur temps, en leur compagnie. »
A propos de l’auteur
Virginie Despentes est l’auteur, notamment, de Baise-moi (1993, adapté au cinéma et coréalisé avec Coralie Trinh Thi), Les jolies choses (1998), Teen Spirit (2002), Bye bye Blondie (2004, adapté au cinéma par l’auteur), King Kong Théorie (2006), Apocalypse bébé (2010, prix Renaudot). (Source : Editions Grasset)
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