La volonté

DUGAIN_la_volonte  RL-automne-2021

En deux mots
Marc Dugain aura profité du confinement pour fouiller sa généalogie et retracer la vie de son père. Une histoire qui, en l’entraînant au loin, va le ramener à lui. Car ce sont les voyages et les conversations autour de la table familiale qui vont nourrir son œuvre.

Ma note
★★★ (bien aimé)

Ma chronique

Dans les pas de son père

En retraçant la vie de son père et l’histoire familiale, Marc Dugain raconte aussi la France postcoloniale et les années qui ont profondément transformé la France.

«Je me souviens presque mot pour mot du récit fait ce jour-là, il y a trente-six ans. La façon dont je vais le raconter dans ces pages sera certainement différente, car à l’époque je devais convaincre l’interne de m’aider à mettre fin aux souffrances de mon père. Alors que j’écris ces lignes, je suis confiné chez moi, devant la mer, sur la côte bretonne.»
Dans le pavillon des cancéreux où son père affronte la maladie, son fils essaie de convaincre son ami médecin de faire le geste qui abrègerait les souffrances de son patient. C’est précisément ce souvenir qui revient quand Marc Dugain entreprend de se replonger dans l’histoire familiale, au moment où la France est confinée.
Pour raconter la vie de son père, l’écrivain va commencer par remonter un peu plus haut dans l’arbre généalogique, du côté de ses grands-parents. La grand-père, Breton attiré par la mer et qu’il ne connaîtra guère puisqu’il va passer le plus clair de son temps sur les océans, loin des siens. Quand surviendra la Seconde Guerre mondiale, il sera retenu à New York et devra laisser sa femme, sa fille et ses deux fils affronter cette difficile période. Engagé dans des activités qu’il ne peut dévoiler, sa famille restera longtemps sans informations de sa part.
Marguerite aurait pourtant bien besoin de bras pour subvenir aux besoins du ménage. Elle va pourtant choisir de laisser ses fils poursuivre des études qui s’annoncent brillantes. C’est alors qu’un nouveau coup du sort s’abat sur la famille. L’aîné, qui a dû boire une eau infectée, est atteint de poliomyélite et va être privé de ses jambes. Mais le père de Marc va se battre et recouvrer l’usage d’une jambe. Ce drame ne l’empêchera pas non plus de suivre ses cours, d’apporter son concours à la résistance et même de trouver une épouse.
Quand son père, après six années d’absence, réapparait subitement, il a des raisons d’être ébahi, mais aussi d’être fier de sa progéniture. Cependant le «pacha» n’est pas homme à se complaire dans un cocon familial sédentarisé et ne tarde pas à reprendre goût au large. Est-ce par atavisme que son fils choisira aussi de s’exiler?
Malgré son handicap, il va emmener sa famille découvrir le monde.
Marc Dugain va alors dresser, au gré des affectations un panorama du déclin de l’empire colonial français et nous livrer un témoignage brut de ces années qui vont voir émerger une autre France. Celle de «la politique, de l’avancée, de la reculade, du double langage et de la trahison souriante». Au fil des discussions à la table familiale, les bons connaisseurs de l’œuvre de Marc Dugain verront aussi apparaître les thèmes dont il s’emparera pour ses livres. Si son grand-père maternel, la gueule cassée de La chambre des officiers n’apparaît qu’en filigrane, la fin des empires coloniaux, la Guerre froide et en particulier les politiques russes et américaines sont largement évoquées, entre fascination et répulsion, entre interrogations et spéculations sur cet avenir qui se fera désormais sans ce père qui aura, peut-être inconsciemment qu’il ne le croit, laissé beaucoup de lui à son fils.

La volonté
Marc Dugain
Éditions Gallimard
Roman
288 p., 20 €
EAN 9782072945946
Paru le 19/08/2021

Où?
Le roman est situé en France, principalement à Paris. Mais on y évoque aussi Nouméa, les Nouvelles-Hébrides ou encore Dakar.

Quand?
L’action se déroule de la Seconde Guerre mondiale à nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
« J’ai failli le rater de peu. Au moment où je l’ai vraiment connu et compris, où je l’ai vraiment aimé, où enfin j’allais pouvoir profiter de lui et de son estime, on me l’a arraché, comme si ce que nous devions construire ensemble nous était interdit. Je me suis épuisé tout au long de mon adolescence à lui résister, tuer le père qu’il n’était pas et quand il s’est révélé être lui-même, il est mort pour de bon. Il est parti avec le sentiment d’avoir réussi tout ce qu’il avait entrepris, de n’avoir cédé à rien ni à personne. »
C’est le livre le plus personnel de Marc Dugain. Il retrace le destin de son père, cet homme du XXe siècle à qui il doit beaucoup, en dépit de la difficulté de trouver sa place de fils à ses côtés, mais dont l’inépuisable volonté n’a cessé de l’inspirer.

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Goodbook.fr
Page des libraires (Nathalie Iris Librairie Mots en marge, La Garenne-Colombes)

Les premières pages du livre
« La plus belle des fictions est celle qu’on entretient sur ses proches dans des souvenirs qui jalonnent une mémoire flottante. Ce n’est pas la biographie d’inconnus, c’est un vrai roman.

La ville était cernée de montagnes mais, à cette heure du crépuscule, il était impossible de les distinguer dans la masse sombre du ciel artificiellement éclairée par les seuls lampadaires de la rue. Pour celui qui connaissait les lieux, le froid qui descendait de ces géants inertes suffisait à signaler leur présence, même de nuit. Il pleuvait. Une pluie qui chasse l’hiver pour faire place à un printemps glacial. L’angoisse qui se diffusait dans mes veines s’était installée deux ans auparavant, quand le diagnostic implacable avait été posé.
Il m’était parvenu par l’intermédiaire de son meilleur ami, un médecin militaire de la coloniale, qui m’avait invité à déjeuner pour me dire, désolé, que rien ne pouvait désormais le sauver. Chez d’autres, une tumeur suffisait à éteindre une vie, or on en avait trouvé chez lui des dizaines. Il multipliait les cellules malignes comme le Messie avait multiplié les pains. On avait alors parlé de quelques semaines, au mieux, pourtant deux ans s’étaient écoulés avant que cet homme qui croyait tant à la science ne s’écroule devant son impuissance.
Le parking se vidait. Le personnel hospitalier de jour rejoignait ses pénates en espérant certainement oublier jusqu’au lendemain cette longue procession de la maladie dans laquelle notre corps, notre ennemi le plus intime, finit toujours par vaincre notre esprit pour le précipiter dans des abîmes. La rencontre du froid intérieur et des basses températures venues des montagnes m’avait figé.
J’allais mourir une première fois avec lui et il me faudrait ensuite trouver la force de la résurrection, seul. Je n’avais jamais imaginé que si jeune, au seuil de mon existence, j’allais être confronté à la violence d’une telle épreuve. La question de la dépression qui allait suivre risquait de se poser mais j’en avais déjà démonté les mécanismes : ne sombre dans ce cancer de l’âme que celui qui refuse le monde tel qu’il est. Il faut savoir s’avouer vaincu si l’on veut perdurer dans son être, et toutes les illusions sont permises pour persévérer.
C’est la fin. Lui si fier autrefois de sa carrure de Mohamed Ali s’est rétréci. Il est désormais jaune, frêle, émacié. Ne restent que sa large tête de Celte et ses yeux un peu bridés, mais un voile s’est posé sur son regard, le voile de la pudeur de celui qui, sachant qu’il va disparaître, n’entretient plus aucune chimère, et se prépare dans les vapeurs de la morphine à glisser dans l’au-delà.
On l’a transféré ce matin aux étages élevés, ce pavillon des cancéreux sans espoir qui vivent le drame de l’inexorable extinction. Nul ne peut dire combien de temps il lui reste à souffrir. Quelques jours peut-être, qui assemblés formeront une semaine, voire deux, mais je sais qu’il peut une nouvelle fois déjouer les pronostics et subir un calvaire encore plus long.
Le grand hall de l’hôpital est vide. On se demande ce qui peut justifier un tel espace. Devant l’ascenseur, je croise quelques mines réjouies et d’autres affligées. Les premières viennent sûrement de la maternité, ici la vie entre comme elle sort. Personne ne monte avec moi. Les visites sont terminées. Sauf pour veiller les désespérés. J’ai envie de courir. D’ailleurs, depuis plusieurs mois, je ne fais que ça, courir. Pas très loin de là, sur un stade qui jouxte un incinérateur d’ordures ménagères. Je cours en rond sur une piste de quatre cents mètres.
Il est tout au fond de l’étage, à gauche, seul dans une chambre qui donne sur la ville dont les lumières scintillent d’une fausse joie. Il est assis, des oreillers coincés sous son dos douloureux. Le creux de son bras n’est plus qu’un vaste hématome relié par une aiguille à un goutte-à-goutte qui distille de la morphine à petites doses. De sa souffrance, il ne veut rien montrer, mais parfois il grimace et semble s’en excuser. Alors que rien ne l’y aide, il veut laisser le souvenir de sa dignité : d’une voix éteinte, il demande que l’un d’entre nous se rende à la maison et en rapporte du champagne. Il veut mourir comme Tchekhov, sans vraiment le connaître, mais moi je sais qu’ils ont bien plus que cela en commun.

Il n’en a rien bu, le liquide a coulé sur ses lèvres comme l’eau sur une terre aride. Je suis sorti de la chambre pour pleurer. Ces dernières années, il était le seul avec qui je parlais. J’allais le perdre inexorablement. C’était bien trop pour un vieil adolescent. L’infirmière de garde est venue pour les soins. Je suis sorti et j’ai arpenté ce couloir de la mort, sous les coups de néons péremptoires. Autour du poste des infirmières, deux petits lieux d’attente avaient été maladroitement aménagés, quelques sièges soudés, une table sur laquelle reposaient des revues usées. Rien n’était normal. Ni l’âge auquel il quittait la vie, ni l’extrême proximité que nous entretenions. J’avais passé ces dernières années à célébrer son intelligence, sa sérénité retrouvée, son scepticisme, sa sagesse. Avec lui j’éprouvais mes raisonnements, mes vues sur le monde. On ne me l’enlevait pas, on me l’arrachait.
Je ne voulais briller qu’à ses yeux. Je n’ai jamais accepté d’autre autorité que la sienne et en cela, il a forgé ma détermination à ne dépendre de rien ni de personne.
Sa douleur m’est insupportable. Mais qu’il soit confronté seconde après seconde à la terreur de sa propre fin me l’est plus encore.
Tout à l’heure, d’un signe de la main, il a éconduit poliment l’aumônier de l’hôpital venu lui rendre visite. Tout est là, encore là, rien n’est ailleurs, rien n’y parviendra. Il s’y tient. Lui, si croyant dans son enfance, si assidu à l’église, a rompu avec elle à un âge mystérieux. On ne pourrait lui reprocher de se renier à ce moment où le prêtre lui propose une passerelle céleste. Il n’a pas cette dernière faiblesse. Après la sortie de l’aumônier, je l’ai interrogé du regard et j’ai compris qu’il n’avait pas capitulé. Désormais, il ne compte plus que sur sa descendance pour assurer la continuité de son âme. Il vivra à travers moi. Cela me rassure un moment, avant que je ne craque à nouveau, terrassé par le chagrin.
La douleur s’est accentuée sur son visage. Je lui tiens la main mais je ne peux pas pleurer devant lui. Je sors une nouvelle fois dans le couloir déserté.
Je me laisse tomber sur l’un de ces bancs soudés. De là, je vois le poste de la surveillante d’étage. Elle parle à un homme accoudé devant elle. Ces deux-là se connaissent. Ils examinent silencieusement un état des patients en partance. Il tient sa mâchoire dans sa main un court moment, et sans doute soupire-t-il avant d’inspirer pour se donner du courage. J’envie sa nonchalance. Sa blouse blanche révèle sa carrure. Des cheveux blonds et longs comme ceux d’une femme tombent sur ses épaules. Rien ne presse plus à cet étage. On ne soigne plus, on ne réanime pas, on accompagne un processus physiologique implacable. Nous mourons d’un coup, ou nous mourons lentement. Ici, la lenteur s’impose.
Tout au fond, une dame corpulente s’affaire près de l’ascenseur. Elle tire d’un chariot le nécessaire pour laver et désinfecter. L’homme se retourne. Il n’a que moi dans son champ de vision, replié sur moi-même dans une position quasi fœtale. Je me redresse. Les autres, par leur seule présence, nous rappellent parfois le respect que nous devons à nous-mêmes. Intrigué de me découvrir là, il s’approche, une grande feuille à la main, et déjà je me lève, me sèche machinalement les yeux. Il esquisse un sourire qui pour moitié est une question. Mon étonnement n’est pas feint non plus.
Il y a bien cinq ans que nous ne nous sommes plus vus. Il a gardé son visage de Viking. Qu’est-ce que nous faisons là l’un et l’autre ? Lui est l’interne de service. Moi, il s’en doute, le proche d’un mourant. Je lui désigne la chambre d’un geste de la main. Une famille vient s’asseoir sans bruit près de nous, et on lit sur le visage de la mère la crainte de déranger. On s’éloigne un peu. Je retrouve de ma contenance, j’essaye de me montrer à la hauteur. On ne se connaît pas bien, mais la surprise et le lieu nous rapprochent curieusement. Nous n’avions jamais vraiment parlé, avant. Nous étions partenaires de tennis. Des partenaires réguliers qui n’échangeaient que les salutations d’usage et des balles, deux ou trois fois par semaine. Nous ignorions tout de ce à quoi l’autre se consacrait en dehors du court. Mais quelque chose nous rapprochait, qui justifiait notre assiduité. Un rapport particulier au jeu, une volonté partagée de s’appliquer plutôt que de chercher à gagner à n’importe quel prix. Nous étions complémentaires, lui tout en force, les balles lourdes, et moi plus aérien. Et puis nous avions cessé de jouer. Lui sans doute pour passer l’internat, et moi parce que j’avais commencé à travailler, avant d’avoir un fils. Ma fille doit naître dans quelques jours. Pourquoi me suis-je précipité si jeune dans la paternité ? Pour multiplier mes raisons d’aimer, me créer une responsabilité, me convaincre que je suis capable de l’assumer. Je m’épuise à travailler le jour pour des clopinettes, et étudier la nuit.
Il a posé sa main légèrement sur mon bras pour me dire qu’il devait faire le tour des malades, et qu’il reviendrait me voir. Je le vois passer de chambre en chambre. Les personnes qu’il visite ne sont probablement pas en mesure de lui parler. Douleur et opiacés se mélangent comme dans de sombres harmonies de Chostakovitch. Comment le génie russe a-t-il pu si longtemps écrire de la musique dans un tel état de terreur ? L’interne poursuit sa tournée. Le temps qu’il passe dans les chambres est invariable. Après qu’il en est sorti, j’entre dans la chambre de mon père. Il a les yeux à demi clos et humides, sa douleur l’obsède, elle obstrue son champ de pensée déjà restreint. Il regarde devant lui, la bouche ouverte d’une façon peu naturelle. C’est lui mais ce n’est plus lui : ce qui reste de vie est abîmé par la maladie qui progresse. Quand l’interne revient me voir, je lui demande combien de temps va durer cette souffrance. Il s’assied à côté de moi, à cette extrémité du couloir vide. La courte focale de mes souvenirs l’a considérablement élargi. Il pense que cela peut être long et que je dois m’y préparer. Je lui réponds que ce n’est pas acceptable. Nous pourrions en rester là, mais je lui demande de m’aider à le faire partir, et j’ajoute que s’il ne m’aide pas, je le ferai seul. Il m’oppose calmement que le droit le met dans l’impossibilité d’abréger les souffrances des malades. Je le comprends. Je le prie alors de m’accorder un peu de temps pour lui raconter l’histoire de cette vie qui s’en va, une vie qui mérite selon moi de s’achever plus dignement.

J’ai senti à ce moment précis que ce qui nous liait était plus fort que ces parties de tennis qui nous avaient réunis plus jeunes.
Nous n’avons été dérangés qu’une seule fois, par un malade qui avait trouvé la force d’accéder à sa sonnette pour réclamer une rallonge de morphine. Pour le reste, il m’a écouté, sans jamais m’interrompre, et il m’a semblé que cette histoire avait sur lui quelques effets hypnotiques. La lui raconter m’a redonné goût à la magie de l’existence.
Je me souviens presque mot pour mot du récit fait ce jour-là, il y a trente-six ans. La façon dont je vais le raconter dans ces pages sera certainement différente, car à l’époque je devais convaincre l’interne de m’aider à mettre fin aux souffrances de mon père.

Alors que j’écris ces lignes, je suis confiné chez moi, devant la mer, sur la côte bretonne. Un patrouilleur croise au plus près des plages sur une mer étale. Un hélicoptère est passé plusieurs fois au-dessus de la maison. Le ciel est uniformément bleu, blanchi aux extrémités par les brumes matinales. À l’est, un peuplier géant, l’être vivant le plus ancien des alentours – on lui prête deux cents ans –, surplombe la bande de terre qui me sépare de la digue ensablée par les grandes marées. À ce moment précis, nous sommes un peuple assigné à résidence. Ce n’est ni la liberté, ni la prison, mais cet état intermédiaire que les régimes autoritaires réservent aux détenus de qualité quand ils veulent montrer un peu d’humanité. Est-ce la légèreté de l’air, la lumière, le printemps qui point ? La quiétude l’emporte sur l’inquiétude. Pour le moment. Cette injonction de rester chez soi pourrait rapidement être aggravée en internement médical ou, qui sait, en peine de mort. Tout ce que je crois savoir, c’est qu’un homme aurait mangé un animal infecté par la morsure d’un autre animal. Il en a contracté un virus qui s’est répandu rapidement à la faveur de la mondialisation des échanges. Notre orgueil et notre technologie n’ont rien pu contre ce micro-organisme qui s’en prend à l’animal que nous sommes, et pour longtemps encore, en attendant une hypothétique mutation. L’esprit est resté impuissant face à la plus petite des matières, et voilà notre civilisation conquérante paralysée dans son orgueil. D’ailleurs tout dit que ces évènements ne relèvent pas de l’exception. Bafouée, la nature a entrepris la reconquête de ses territoires perdus.

L’analogie apparemment lointaine entre cette situation et l’histoire de mon père a sans doute déclenché l’écriture de ce roman.
Cette curieuse absence de liberté m’a donné l’opportunité de me consacrer à mon dernier fils, que j’ai eu à l’âge où mon propre père est mort. Nous voilà, ma femme et moi, repliés sur nous-mêmes. Je pense aussi à un autre de mes fils, bloqué là-bas au-delà des frontières, et dont je ne sais pour l’instant quand je le reverrai.
Les forces de l’esprit ont une logique mystérieuse qui me conduit à écrire ce livre maintenant que le silence gagne sur le bruit. Au-dessus du ronflement des vagues, le chant du merle et des tourterelles turques s’épanouit, coupé par quelques mouettes rieuses. À travers ma fenêtre, je vois se succéder sur la mangeoire des oiseaux, la mésange huppée, le rouge-gorge, la fauvette à tête noire, l’accenteur mouchet. Tous sont en couple. Seul manque le moineau, qui disparaît devant notre avancée. Notre droit à la mobilité, une des origines de la destruction de notre planète, est suspendu, et pour quelques jours les autres espèces retrouvent une liberté oubliée, celle de compter autant que nous. Difficile de ne pas m’avouer que ce confinement est ma vraie nature et que, les inconvénients anecdotiques mis à part, je me plais dans cette sidération qui ressemble à un retour à la réalité après l’excès d’illusions. Loin de moi les prophéties et les superstitions, c’est le lot de ceux qui, à trouver leur vie trop ordinaire, attendent de l’extérieur le salut à leur ennui profond. Quelque chose s’ajuste discrètement. La civilisation tout entière a subitement pénétré dans un cloître à l’heure de la prière, laissant derrière elle ses précipitations et le souvenir récent de ses abus. Est-elle prête à s’appauvrir pour retrouver la raison ? Rien n’est moins sûr. Au contraire, l’épidémie éteinte, on la retrouvera à sa frénésie et à son agitation mais, au moins pendant quelques semaines, on aura respiré de l’air pur, on aura profité des siens et éventuellement de soi.

De son enfance, je ne connais que ce qu’il m’en a lui-même raconté, des bribes éparses que je pourrais recoller avec méticulosité. Mais c’est là presque un travail d’historien. Je préfère ma mémoire visuelle, succession d’images d’un film qu’il m’aurait projeté en m’évoquant ses souvenirs.
Le monde de son enfance est celui de la terre, mais ses rêves et ses ambitions sont en mer. Ils accompagnent les longues absences de son propre père embarqué sur des navires transatlantiques. La terre qui longe l’océan dans cette partie de la Bretagne n’est pas assez riche pour nourrir tout le monde. Au début de ce XXe siècle qu’il ne verra pas finir, on ne gagne pas grand-chose à la travailler, pas beaucoup plus qu’aux siècles précédents, quand la famille avait depuis longtemps déjà tout misé sur l’océan. Ce qui n’empêche pas d’aider aux champs des cousins, la lointaine branche terrienne dont une partie s’est exilée en Amérique.
Aîné de trois enfants vivant la plupart du temps seuls avec leur mère, il grandit avec le sens de ses responsabilités. Excessif, parfois, par l’autorité sans doute abusive qu’il exerce sur son frère et sa sœur cadette. La limite entre l’impécuniosité et la pauvreté est ténue, mais la crainte de déchoir est absente de son esprit. La mer les a toujours nourris, même mal. Son père s’est embarqué comme mousse à quatorze ans sur les goélettes qui faisaient voile vers l’Islande, pour des campagnes de pêche qu’il accompagnera jusqu’à Terre-Neuve avant de s’engager comme matelot sur de plus gros navires.
L’image qu’il garde de son père est celle d’un homme de taille moyenne, trapu, solide, à la tête carrée, aussi brave qu’il peut être méchant. Mais sa méchanceté épargne toujours son fils aîné. Comme beaucoup d’hommes de la mer, quand il est là, il n’est pas là non plus. Il s’ennuie sur la terre ferme quand ce n’est pas celle des ports grouillant de marins. Cela pèse sur sa relation avec sa femme, qui a le tort de l’attendre et d’espérer. Espérer quoi, d’ailleurs ? La situation n’a rien d’extraordinaire, et finalement on s’en accommode sans drame. Le vieux, qui est encore jeune, fait souvent la tournée des bars – il n’y en a que deux, dont l’un est sur la grand-route. La tournée des fermes, aussi, où il vient donner un coup de main, besogner avec l’autre branche de la famille qui le rétribue en nature. Il s’y boit du cidre, du brut, et parfois le calva circule. Il lui arrive de rentrer ivre mais jamais au point de faire scandale. Le reste du temps, il s’occupe du potager et des clapiers à lapins dont le maigre produit soulage sa solde. Les enfants sont sérieux et appliqués à l’école. L’aîné et le cadet n’ont qu’une obsession, devenir officiers de marine. L’instituteur exprime ouvertement sa satisfaction les concernant.

Le village n’est pas sur la mer. Il est en retrait, dans une combe où, depuis le XIIe siècle, les cloches de l’église sonnent les baptêmes, les mariages et les enterrements de tous les membres de la famille. Une bonne partie de l’état civil, et du cimetière, leur est consacrée. Dans mon souvenir, le bourg se rétrécit en descendant, pour ne laisser de chaque côté de la route qu’une forêt dense et humide qui aboutit quelques kilomètres plus loin sur une plage immense. C’est là que les enfants viennent s’échapper, construire un imaginaire infini. Les plus téméraires plongent de la jetée à marée haute. Lui se baigne aussi parfois, avec le sentiment du sacrilège car la sentence de son père lui revient toujours : « On ne se vautre pas dans son gagne-pain. » Je l’ai entendu parler des coquillages qu’il ramassait, particulièrement lors des grandes marées, mais pas de pêche, jamais. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Sans doute empruntait-il le chemin qui part vers l’ouest et monte parfois dangereusement le long de la falaise, pour contempler cette étendue où, au loin, finissent par se fondre le ciel et la mer.

La famille ne possède pas grand-chose mais il ne lui manque rien. En tout cas à cette époque. Autour d’eux, aucune fortune indécente, qui susciterait envie et jalousie, ne s’étale. Seule une famille de la haute, celle d’un musicien apprécié jusqu’à Paris, un homme sage et généreux, possède un château, au bourg.
Les petits gars vivent au milieu des femmes, leurs mères, leurs grands-mères, leurs tantes. La plupart d’entre elles ont un mari en mer, d’autres sont devenues veuves prématurément.
Comme cette aïeule dont l’histoire circule dans la famille.
On est venu un matin lui annoncer que son mari avait disparu dans un naufrage en mer de Chine. Savait-elle seulement où était la Chine ?
Le village partage sa douleur, même si on sait qu’elle a depuis longtemps un amant, un garçon de ferme discret et beau garçon qui se faufile entre les prés pour la rejoindre dans sa maison légèrement isolée. Elle prend du bon temps, et elle a raison. Est-ce que son mari se gêne, lui, pendant ses escales ? Mais il est du devoir des femmes d’attendre sagement le retour d’hommes qui prétendent sacrifier leur vie pour elles, pour leur subsistance et celle de leurs enfants. C’est comme ça qu’est écrite la fable de la bienséance. Pourtant certaines n’en ont que faire et y dérogent avec courage, malgré les suspicions et les quolibets qu’on leur accroche comme des guirlandes.
La mort de son mari, elle se l’était certainement imaginée bien des fois, mais pas avec une telle réalité. Elle l’a trompé sans jamais souhaiter le perdre. Au contraire, elle aurait voulu l’avoir près d’elle chaque jour. Mais elle est née au mauvais endroit, dans ces contrées que seuls les hommes quittent, par nécessité. La culpabilité d’avoir trompé le défunt la ronge. Elle renvoie son amant, l’ignore comme s’il n’avait jamais existé. Elle organise un enterrement blanc. Une stèle sans trou, une croix, une photo sous verre. Puis elle tombe dans une sorte de mystique du disparu, alimentée par les reproches qu’elle se fait. On la voit retourner à l’église qu’elle avait désertée, elle reprend le chemin de l’abnégation, comme tant d’autres autour d’elle, que leur compagnon soit mort ou vif. La communauté se montre circonspecte quant à la morale retrouvée de la jeune femme, mais elle n’en a que faire. Elle déambule sur les hauteurs de la grande plage, sa coiffe à la main, cherchant la gifle d’un vent glacial. Certains jugent qu’elle est sur la pente de la folie, ce qui n’est pas rare dans la famille.
Après quelques semaines de ce deuil, une nouvelle vient fracasser cet être fragile. Il est là. Descendu d’une charrette au lieu-dit Le Halte-Là, un peu plus haut que le village. Le mort-vivant est tout à la joie d’avoir survécu quatre jours accroché à des débris de son bateau. Il retrouve sa femme dans leur maison, prostrée auprès de la cheminée, les yeux anormalement ouverts. Elle ne parvient pas à croire que c’est lui, rescapé d’un naufrage à l’autre bout du monde. Elle n’y voit pas un retour, mais une résurrection, elle s’imagine qu’il revient pour la menacer, peut-être pour la punir, et son esprit chancelant finit de se lézarder. À l’étrangeté de ces retrouvailles, il ne peut opposer que la fuite. On l’aperçoit dans le bar du village où il est fêté, on le voit aussi visiter sa propre tombe. Mais les gouttes d’eau qui se sont infiltrées dans ses poumons lors du naufrage font leur œuvre et se transforment en pleurésie. Il s’alite. Elle prend soin de lui, le regard toujours aussi perdu. Ils n’ont jamais eu l’habitude de se parler, et maintenant le temps leur est compté : la fièvre aspire sa conscience, il délire, elle aussi. Le docteur vient dans la petite maison isolée. Il ne dit rien à celle qui désormais pose sur lui des yeux de folle. Il sait que la fièvre associée à l’étouffement va emporter l’homme. Le lendemain, elle retrouve son mari blême, les yeux écarquillés et fixes. Son corps est enterré là où ne manquait que lui. On creuse devant sa croix avant de l’enfouir pendant qu’on tient la veuve qui a complètement perdu l’esprit. Celui-ci vaquera ensuite loin de son corps désormais réduit aux automatismes de la conservation.

Ce village, il le quitte, avec toute la famille, quand son propre père est embauché sur un transatlantique reliant Le Havre et New York. Des rotations courtes et des permissions qui le sont tout autant. Elles ne laissent pas le temps au vieux de regagner la Bretagne. Alors la famille vient à lui et s’installe au quai des brumes, dans un appartement des docks qui donne sur le port. Quand il regarde à travers la fenêtre du modeste logement dont les toilettes, collectives, sont sur le palier, le garçon voit se détacher dans le brouillard ces énormes masses de métal, qui défient Archimède et forgent une indestructible ambition : il en sera un jour le pacha.
Le vieux, qui est à peine plus vieux, apprend à vivre avec une femme et des enfants dont il est fier sans le dire. Ils réussissent à l’école et, dans une famille plutôt pauvre, on ne leur demande pas grand-chose d’autre. L’ascension sociale est en marche. On est avant la guerre. Je n’ai retrouvé de cette époque qu’une seule photo de son père, qu’on surnommera plus tard « le Bosco » car, de mousse, puis matelot, il deviendra quartier-maître. Une photo de famille sur laquelle il pose devant un photographe avec sa mère et sa sœur jumelle, toutes deux en coiffe. Sa sœur et lui se ressemblent, avec leurs yeux étirés et suspicieux, leur menton qui avance en forme de gros galet. Le costume mis pour l’occasion enveloppe maladroitement la carrure du jeune homme. Les manches finissent sur des mains larges. L’étrangeté vient de sa moustache courte, taillée au-dessous du nez, dont la forme sera rendue célèbre par le plus grand scélérat du XXe siècle, de l’autre côté du Rhin. Aucun signe d’allégeance à l’idéologie du petit peintre : c’est la mode, et d’ailleurs, une fois le dictateur déchu, il gardera cette drôle de moustache.
Lui ne fait pas mystère de ses excès. Il se vante de n’utiliser qu’une seule allumette le matin pour sa première cigarette, au réveil. Les autres vont s’allumer ensuite avec le mégot fumant des précédentes. Il boit dru et démarre avec des alcools forts au petit déjeuner, puis se maintient dans une ivresse plus ou moins acceptable, qui lui vaut des éclairs de méchanceté, comme si soudainement les siens lui devenaient étrangers. Sa jumelle, au contraire, cultive la bonté et se plaît à se structurer au rythme de l’Église, de mâtine à vêpres. Elle n’est d’aucun excès. L’un et l’autre mourront la même semaine, à l’aube de leurs quatre-vingt-dix ans. Mon dernier souvenir du Bosco est celui de larmes versées sur la tombe de son fils par un homme mortifié de cette inversion de l’ordre des choses. Mais nous en sommes encore loin. La rudesse qu’on lit dans son regard sur la photo ne dit rien du destin exceptionnel – mais qui ne paraîtra exceptionnel qu’aux autres – qui l’attend. Marguerite, sa femme, a une forme de courage différente, consistant à résister à la peur diffuse qui noue ses tripes et dont elle ne montre rien. Elle craint déjà sans le savoir ce qui va advenir. Le malheur s’annonce sourdement bien avant qu’il ne surgisse.

Comme dans beaucoup de grandes villes portuaires, le présent a été abandonné pour des promesses d’horizons radieux. Mais pour ceux qui restent et n’en voient que les quais, la mer est verte ou grise, sans caractère, souillée par les grands bâtiments qui font vivre l’agglomération. Le privilège, quand on est né pauvre, c’est de ne pas s’imaginer cousu d’or. Le Bosco s’en prend régulièrement aux riches. Avant, il les imaginait plus qu’il ne les connaissait, maintenant il croise sur les coursives, ou quand il est à la manœuvre, les nantis vivant sur ces paquebots la vie des hôtels de luxe dans une vacuité qui l’intrigue. Comment peut-on gagner autant d’argent en se prélassant ? Ils doivent avoir des secrets qu’ils gardent jalousement.
Avant la guerre, sur les docks malfamés du Havre, la tentation est grande pour les enfants d’emprunter des raccourcis plutôt que de travailler à l’école. Marguerite tient la bride courte aux siens. Pourtant cette immersion brutale dans un prolétariat urbain ne les distrait pas de leurs objectifs, leur regard se fixe par-delà les barrières.
De la déflagration qui se prépare, les parents ne perçoivent que des bribes alarmantes. De gros nuages sombres s’accumulent au-dessus de l’Europe mais, comme souvent, les pauvres gens considèrent que ce n’est pas leur affaire, le monde, au loin, avance sans eux. Mais le nœud ne fait que grossir dans le ventre de la Marguerite. On se rassure comme on peut, les journaux qui traînent disent qu’on a sauvé la paix. Une seconde grande guerre dans un même siècle, qui serait assez fou pour déclencher cela ? Le Bosco n’est pas seulement marin, il est aussi socialiste. Il voit qu’ils n’ont pas grand-chose, que d’autres n’en ont jamais assez, et il voudrait que cela cesse. Il ne s’engage pas pour autant auprès des communistes, il n’aime pas l’embrigadement. À bientôt quarante ans, il a passé l’âge de la conscription, ses enfants sont encore trop jeunes, la guerre devrait épargner sa famille. À naviguer entre le Vieux Continent et New York, même si les escales sont de courte durée, il mesure le dynamisme de l’Amérique et il en est émerveillé, quand la vie au Havre, elle, ne lui renvoie que l’image de la lassitude d’une nation tout juste bonne à intellectualiser son désarroi.
La guerre déclarée, il devient urgent d’attendre et de ne rien changer. La Pologne est-elle atomisée par une horde de sauvages blindés ? Qu’importe, nous attendons l’ennemi depuis notre « balcon en forêt ». Ils n’oseront pas.
Finalement, ils osent, et déferlent sur la France. »

Extraits
« Il ne remarque pas tout de suite la jeune femme assise à sa droite qui essaye, les coudes contre le corps, d’ouvrir un cahier. Après un moment de respiration, il note que son cahier contient une suite d’équations qui attendent d’être résolues. Il ne la voit pas parce qu’elle est trop près de lui et que, penchée sur ses devoirs, elle lui offre un profil perdu en contre-jour. Il s’avise, en revanche, que deux jeunes hommes la fixent avec insistance. Lui et elle sont les deux sources d’attraction du wagon, l’une pour ses attraits, l’autre pour son infirmité.
La jeune voisine cale sur ses équations. Son crayon retourné, elle tapote sur la feuille, dépitée. Lui les trouve d’une facilité triviale. Et il n’a pas le triomphe modeste. D’un geste surprenant parce qu’ils ne se sont parlé à aucun moment, il lui prend lentement le cahier des mains, puis le crayon, pour aligner les solutions des équations. Mi-étonnée, mi-vexée, elle le remercie du bout des lèvres sans tourner la tête. Ni l’un ni l’autre ne sait qu’ils sont au seuil d’une histoire d’amour qui les accompagnera jusqu’à la mort.
Ils se croisent plus tard dans le couloir. Elle se tient droite, à un mètre de lui, dévoilant sa beauté. La confiance en elle n’est pas sa première qualité, comme les maths ne sont pas sa matière de prédilection. Pourtant elle entre en dernière année d’une grande école de commerce. Ce qui le charme le plus, d’emblée, est cette façon unique qu’elle a de rendre son handicap transparent. » p. 102-103

« À son retour des Nouvelles-Hébrides, ils font le tour des copains, puis ils dînent chez le gouverneur, qui l’apprécie pour son franc-parler, lui qui est habitué à tant de ménagement. Il raconte à la plus haute autorité de l’île sa rencontre avec un gendarme, quelques semaines avant son voyage, dans une contrée perdue loin de Nouméa, un gendarme breton dont il a découvert qu’il avait été un prétendant sérieux de sa mère. Il est à l’aise en société, tellement à l’aise que, quand le sommeil tombe sur lui, il s’enfonce légèrement dans son fauteuil et se met à dormir, sous les yeux effarés de sa femme qui ne sait pas comment l’excuser. Puis il se réveille, comme si de rien n’était, et reprend la conversation. Ce soir-là, aidé par le vin de qualité, il se laisse aller à de sombres prévisions au sujet de la politique coloniale de la France. Il prédit qu’au tournant de la décennie l’indépendance sera la règle et la colonie l’exception. Son directeur hausse les sourcils en adressant au gouverneur un sourire apaisant, mais à la surprise générale le gouverneur avoue qu’il craint qu’il n’ait raison. Il aura d’autres occasions dans sa vie de constater que les hauts responsables ont conscience individuellement des désastres auxquels conduit leur action, mais qu’ils sont submergés par la force du système et liés par leurs intérêts de carrière. On en reste là, sans plus creuser la question, puis ils rentrent chez eux où il est subitement pris de courbatures et d’une fièvre qui n’en finit plus de monter. » p. 173

À propos de l’auteur
DUGAIN_Marc_©Ulf_AndersenMarc Dugain © Photo Ulf Andersen

Marc Dugain est né au Sénégal où son père était coopérant. Il est revenu en France à l’âge de sept ans et durant son enfance, il accompagnait son grand-père à La maison des Gueules cassées de Moussy-le-Vieux, château qui avait accueilli les soldats de la Première Guerre mondiale mutilés du visage.
Il obtient ensuite son diplôme de l’Institut d’études politiques de Grenoble et travaille dans la finance avant de devenir entrepreneur florissant dans l’aéronautique. Avant son premier roman, Marc Dugain n’avait jamais écrit, excepté un bon millier de lettres à son amie d’enfance et quasi-sœur, l’écrivain Fred Vargas.
À trente-cinq ans, il commence une carrière littéraire en racontant le destin de son grand-père maternel, gueule cassée de la guerre de 14-18 dans La Chambre des officiers, publié (1999) qui obtiendra 20 prix littéraires dont le Prix des libraires, le Prix des Deux-Magots et le Prix Roger-Nimier. En 2005, il retrace la vie de John Edgar Hoover, chef trouble du FBI pendant quarante-huit ans dans La Malédiction d’Edgar (2005), détaille les rouages soviétiques et la catastrophe du sous-marin Koursk sous Vladimir Poutine dans Une exécution ordinaire (2007), ou encore Avenue des géants (2012) qui raconte le destin du tueur en série américain Edmund Kemper. Suivront une trilogie sur le combat politique en France avec L’Emprise, Quinquennat et Ultime Partie publiée de 2014 à 2016, Ils vont tuer Robert Kennedy en 2017, Intérieur jour en 2018 et Transparence, un roman d’anticipation en 2019. Il est également chroniqueur aux Échos week-end, réalisateur et scénariste. Il a réalisé plusieurs grandes enquêtes notamment sur le naufrage du sous-marin Koursk et sur le crash du MH 370. (Source: babelio.com)

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