Zéro K

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Voici cinq bonnes raisons de lire ce livre:
1. Parce que Don DeLillo fait partie, surtout depuis L’homme qui tombe, des auteurs que j’aime retrouver.

2. Parce qu’il explore un sujet qui m’intéresse. Don DeLillo le résume ainsi: «Le titre fait référence à la mesure de la température : le K est celui de Kelvin et zéro K, c’est le zéro absolu, soit – 273,15 degrés Celsius. Le roman se passe dans une zone très isolée du monde et s’intéresse à la cryogénisation, cette technique de congélation des morts dans l’espoir de les faire revivre un jour, peut-être même de manière permanente.»

3. Parce que Nelly Kaprièlan, dans les Inrocks, souligne que « Chaque roman de Don DeLillo dégage une aura prophétique – ou métaphysique et philosophique. En tout cas, un parfum de mystère. Celui-ci est encore décuplé avec Zero K: l’écrivain s’attaque à la vie après la mort, dans les deux premiers tiers du roman, en nous entraînant au laboratoire Convergence, un centre de cryogénisation (ambiance SF garantie). »

4. Parce que, comme le dit Jean-Louis Legalery le message de Don DeLillo semble clair et je suis en parfait accord avec lui, « à savoir que l’espoir selon lequel le progrès technologique puisse constituer une solution à la mortalité relève de la plus haute plaisanterie (tout comme la religion dans l’esprit de l’auteur) et éloigne les humains dangereusement de ce qui doit être leur préoccupation majeure, la vie quotidienne, ici et maintenant. »

5. Pour cette critique élogieuse de Michel Schneider dans Le Point: « Un très beau livre, une fable « sci-fi » sur l’avenir de l’Amérique et le nôtre, montrant à nouveau comment le langage du capitalisme nous fait parler, et à quel point la cyberculture de masse programme nos cerveaux et définit nos relations personnelles et sociales. Mais aussi une méditation atrocement glaçante, c’est le cas de le dire, sur ce que Norbert Elias a appelé la solitude des mourants. Autant dire qu’en des temps où méditer sur la mort semble devenir une manie ringarde et mourir une maladie évitable — pour les riches en tout cas — il est urgent de lire Zero K. »

Zero K
Don DeLillo
Éditions Actes Sud
Roman
traduit de l’anglais (États-Unis) par Francis Kerline
304 p., 22,80 €
EAN : 9782330081560
Paru en septembre 2017

Ce qu’en dit l’éditeur
Choisir de mourir pour prendre la mort de vitesse, décider de se transformer en créature-éprouvette dans l’attente de jours meilleurs afin de revenir au monde en être humain augmenté et radicalement inédit, telle est l’offre de Zero K, un centre de recherches secret. Son principal actionnaire, le richissime Ross Lockhart, décide de faire appel à ses services pour son épouse, atteinte d’une maladie incurable, et convoque son fils unique pour assister à la fin programmée de la jeune femme consentante.
Un roman d’une puissance et d’une portée rares, tant sur le plan littéraire que philosophique.

Les critiques
Babelio
BibliObs (Didier Jacob)
La règle du jeu (Christine Bini)
Télérama (Nathalie Crom)
Diacritik (Jean-Louis Legalery)
Libération (Mathieu Lindon)
En attendant Nadeau (Steven Sampson)
Blog Les carnets du Pr. Platypus
Le Temps (André Clavel)
Grazia (Sylvain Bourmeau – entretien avec l’auteur)
Fragments de lecture… les chroniques littéraires de Virginie Neufville

Les premières lignes du livre
« Tout le monde veut posséder la fin du monde.
C’est ce que déclara mon père, debout près des fenêtres à petits carreaux de son bureau de New York – gestion de fortune, transmission de patrimoine, marchés émergents. Nous partagions un moment rare, contemplatif, impression parachevée par ses lunettes de soleil à l’ancienne, qui faisaient entrer la nuit. En observant les œuvres d’art dans la pièce, diversement abstraites, je commençai à comprendre que le silence prolongé qui avait suivi sa remarque n’appartenait à aucun de nous deux. Je pensai à son épouse, la deuxième, l’archéologue, celle dont l’esprit et le corps défaillant allaient bientôt dériver, à l’heure dite, dans le grand vide.
Ce moment me revint en mémoire quelques mois plus tard et une moitié de monde plus loin. J’étais assis, ceinture bouclée, à l’arrière d’un break blindé aux vitres fumées, aveuglé de part et d’autre. Le chauffeur, séparé par une cloison, portait un maillot de football et un pantalon de survêtement dont le renflement, à hauteur de hanche, indiquait une arme de poing. Après une heure de trajet sur de mauvaises routes il arrêta la voiture et dit quelque chose dans son micro de poitrine. Puis il tourna la tête de quarante-cinq degrés en direction du siège passager arrière droit. Ce que j’interprétai comme une invite à déboucler ma ceinture et à sortir.
Ce trajet était la dernière étape d’un voyage marathon et, en descendant du véhicule, je m’immobilisai un instant, étourdi par la chaleur, mon sac de voyage à la main, tandis que mon corps se dénouait. J’entendis le moteur redémarrer et me retournai. La voiture repartait vers l’aérodrome privé, unique objet mobile en vue, bientôt enveloppé par la terre ou la lumière déclinante ou tout simplement l’horizon. »

Extrait
« Il sourit, adopta une attitude de fausse réminiscence, puis changea de physionomie, en manipulateur rompu, et s’adressa à moi d’un ton sec.
“Pense à ici, à ce que c’est, à qui est ici. Imagine la fin de tous les petits malheurs minables que tu as accumulés depuis des années. Pense au-delà de l’expérience personnelle. Laisse ça derrière toi. Ce qui se passe dans cette communauté n’est pas seulement la création d’une science médicale. Il y a des sociologues dans l’opération, des biologistes, des futurologues, des généticiens, des climatologues, des neuroscientifiques, des psychologues, des éthiciens, si c’est le mot juste. niveaux. Tous les esprits vitaux. Du global English, d’accord, mais aussi d’autres langues. Des traducteurs sont nécessaires, humains et électroniques. Il y a des philologues qui concoctent une langue élaborée, unique, pour la Convergence. Les racines, inflexions, même les gestes. Les gens l’apprendront et la parleront. Une langue qui nous permettra d’exprimer des choses que nous ne savons pas exprimer aujourd’hui, de voir des choses que nous ne voyons pas encore, de nous voir nous-mêmes et les autres d’une manière qui nous unisse et élargisse tous les possibles.”
Il s’envoya une ou deux gorgées supplémentaires, puis porta son verre à son nez et le renifla. Il était vide, maintenant.
“Nous prévoyons que le site que nous occupons actuellement deviendra, avec le temps, le cœur d’une nouvelle métropole, peut-être un État indépendant, différent de tous ceux que nous avons connus. C’est le sens de mon propos quand je me présente comme un homme sérieux.
— Avec un sérieux fric.
— Du fric, oui.
— Des masses.
— Et d’autres donateurs. Des individus, des fondations, des corporations, des fonds secrets de divers gouvernements par le biais de leurs services de renseignements. Cette idée est une révélation pour des gens avisés dans de nombreuses disciplines. Ils comprennent que le moment est venu. Pas seulement dans le domaine des sciences et de la technologie, mais de la politique et même de la stratégie militaire. Une autre façon de penser et de vivre.” »

À propos de l’auteur
Don DeLillo s’est aujourd’hui imposé comme un auteur culte sur le plan international. Il a obtenu les distinctions littéraires les plus prestigieuses dont The National Book Award, The Pen / Faulkner Award pour l’ensemble de son œuvre et The Jerusalem Prize en 1999. En France, toute son œuvre est publiée par Actes Sud. (Source : Éditions Actes Sud)

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