Croire – Sur les pouvoirs de la littérature

AUGIER_croire  RL_2023  

En deux mots
Le projet d’écrire un livre sur la force de la littérature va être contrarié par la leucémie de sa mère. Sauf que la malade est une femme engagée qui va encourager sa fille à réaliser son projet. En retraçant leurs lectures communes puis son propre cheminement, Justine Augier lui rend un bel hommage.

Ma note
★★★ (bien aimé)

Ma chronique

Lire et écrire, actes de résistance

Justine Augier a grandi avec les livres et a compris combien ils étaient essentiels. Dans ce court essai, qui rend aussi hommage à sa mère, elle dit le pouvoir de la littérature. En partageant ses combats et sa peine, elle nous offre un nouvel horizon. Lumineux.

C’est durant le confinement, ce temps suspendu, que Justine Augier a eu l’idée d’écrire sur les pouvoirs de la littérature. Une idée qui va l’accompagner quelques temps et qu’elle va confier à sa mort qui se bat contre une leucémie qui finira par l’emporter. Mais avant sa mort, elle aura eu le temps d’intimer à sa fille sa volonté de la voir mener à bien ce projet. Alors, il n’est plus question de tergiverser. Elle reprend ses notes et se met au travail. Assez vite, elle dresse ce constat: «Les livres sédimentent en moi d’une façon mystérieuse, ils déclenchent de longues et lentes transformations dont il m’arrive parfois de repérer les effets, discernant une preuve du cheminement. Le philosophe Emanuele Coccia n’hésite pas à évoquer la radioactivité de l’écriture, pour tenter d’approcher cette façon dont la matière mutante ne cesse de cheminer en nous et d’irradier.» Alors revenir à ses lectures, surtout celles partagées avec sa mère, c’est continuer à vivre avec elle. C’est retrouver dans les souvenirs toute ces «figures d’une génération qui font le lien avec une époque qui commence à se dessiner, floue encore, une époque vouée à imprégner mon enfance.» Il y a là Romain Gary mais aussi Simone de Beauvoir, Boris Vian, André Malraux et Albert Camus. Des auteurs qu’elle idolâtre et aime découvrir au fil des parutions. Puis viendront Miller, Lowry et Lawrence Durrell auquel Justine doit du reste son prénom.
Des lectures qui donnent des envies d’ailleurs mais poussent aussi à la liberté, y compris celle de s’émanciper de sa mère, de choisir d’autres auteurs, d’autres styles. C’est l’époque où après Camus, elle choisit Sartre, Proust, Claudel, puis Deleuze et Barthes, Blanchot et Derrida. «J’éprouve une joie profonde à découvrir mes auteurs, à découvrir qu’on peut écrire de tant de manières différentes». Quand sa mère lit Yourcenar, elle tourne vers une autre Marguerite, Duras qui lui paraît «tellement plus essentielle et profonde. La grande découverte c’est Le Ravissement de Lol V. Stein» et ces mots qui sonnent si justes, ces combats qui réveillent les consciences.
Sa Marguerite a poussé Justine vers la révolte, vers les témoignages, vers d’autres héros tels que Razan engagé en Syrie contre le dictateur. «La littérature prend soin des rêves défaits et les attise, dans l’espoir aussi que peut-être et d’une façon mystérieuse, ils puissent cheminer pour en embraser d’autres.»
La fille de Marielle de Sarnez, femme politique et brièvement ministre des affaires européennes, réussit avec brio et bonheur à nous faire partager ses bonheurs de lecture et sa conviction qu’il faut toujours avancer dans la vie avec les livres. Quel beau message pour ouvrir la rentrée littéraire 2023 et la promesse de découvrir les nouveaux livres d’auteurs avec lesquels nous cheminons, mais aussi de faire de nouvelles découvertes.

Signalons une rencontre-lecture ce 10 janvier à la Maison de la poésie animée par Sophie Joubert avec des lectures de Constance Dollé.

Croire, sur les pouvoirs de la littérature
Justine Augier
Éditions Actes Sud
Récit
144 p., 18 €
EAN 9782330174835
Paru le 2/01/2023

Ce qu’en dit l’éditeur
Justine Augier (« De l’ardeur », « Par une espèce de miracle »…) qui pratique et incarne une forme de pudeur et d’éthique littéraire assez uniques voit son projet d’écrire sur la littérature comme lieu de l’engagement entrer en collision avec la maladie et bientôt la mort de sa mère. Alors que la nature même de l’urgence mute, l’intime et l’universel se tressent dans un texte bouleversant de justesse et de clairvoyance. Et qui rappelle le potentiel devenir résistant de chaque lecteur.
À l’intersection du littéraire et du politique un livre bref et fulgurant qui trouve sa place entre Hannah Arendt et Joan Didion. Pas moins.
« Dans un temps d’enfermement et de suspens qui rendait curieusement attentif aux dangers de l’époque, l’envie d’écrire sur la littérature et ses pouvoirs m’a traversée une première fois. Elle naissait d’une croyance familière bien qu’intermittente en la puissance de la littérature face à ce qui enferme, écrase le temps, les identités, la langue, les possibles, les luttes et les espoirs. En ces temps suspendus qui nous enjoignaient de revenir à l’essentiel, dans lesquels vibraient toutes nos craintes, existentielles et politiques, j’ai pensé trouver de quoi tenir en revenant à cette croyance en une capacité des phrases à changer quelque chose au réel, par l’entremise de ceux qui lisent. Puis, à mesure que la vie a repris son cours, cette foi a peu à peu faibli, a fini par perdre de son aura brûlante, et j’ai mis de côté les quelques pages écrites.
L’hiver suivant, mon envie s’est imposée de nouveau. Cinq mois plus tôt, nous avions découvert que ma mère souffrait d’une leucémie dont elle allait mourir un mois plus tard. Elle avait passé la plus grande partie des cinq mois qui venaient de s’écouler enfermée dans une chambre stérile d’hôpital, séparée du reste du monde, une pièce dans laquelle, à part le personnel médical, seuls mon frère et moi avions le droit de pénétrer. Lors d’une visite, j’ai évoqué l’envie qui m’avait traversée et, des semaines plus tard, alors que nous pressentions une rechute après des mois de rémission, alors que nous attendions dans la chambre les résultats d’une analyse devant confirmer nos craintes, elle a prononcé ces mots : Il faut que tu l’écrives, ce livre sur la littérature et ses pouvoirs. J’ignorais quelle idée elle pouvait s’en faire depuis son enfermement mais je savais une chose, la possibilité de ne pas l’écrire avait disparu.» J. A.

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Actualitté (Hocine Bouhadjera)

Les premières pages du livre
« Dans un temps d’enfermement et de suspens qui rendait curieusement attentif aux dangers de l’époque, l’envie d’écrire sur la littérature et ses pouvoirs m’a traversée une première fois. Elle naissait d’une croyance familière bien qu’intermittente en la puissance de la littérature face à ce qui enferme, écrase le temps, les identités, la langue, les possibles, les luttes et les espoirs. Pendant le confinement, cette croyance est donc revenue m’habiter, et les pouvoirs du livre trouvaient des contours presque nets alors que je venais de raconter l’histoire de Razan Zaitouneh, avocate, écrivaine et figure de la révolution syrienne, et celle de son ami, le penseur et écrivain Yassin al-Haj Saleh.
Tous deux nous mettaient en garde – Yassin avait prévenu, s’adressant aux Européens : La Syrie est votre futur, et cette phrase ne cessait de me hanter –, mais ils dégageaient aussi de l’espace, eux qui inventaient, pensaient et écrivaient d’une façon neuve, ouvraient des brèches, laissaient entrevoir un peu de ces échappées tant espérées.
Je le devinais, la clarté de cette vision serait éphémère, vouée à s’effilocher et se défaire, ses contours seraient bientôt perdus, rendus au mystère pour être de nouveau cherchés. Mais en ces temps suspendus qui nous enjoignaient de revenir à l’essentiel, dans lesquels vibraient toutes nos craintes, existentielles et politiques, j’ai pensé trouver de quoi tenir en me tournant vers ce que peut la littérature contre ce qui entrave, au-delà de ces semaines confinées, en revenant à cette croyance ténue mais entière en une capacité des phrases à changer quelque chose au réel, par l’entremise de ceux qui lisent. Puis, à mesure que la vie reprenait son cours, cette foi a faibli et bientôt, quand je la considérais hors du travail d’écriture, revenue de l’immersion profonde, elle avait perdu de son aura brûlante, avait laissé place à une sorte de lubie, vaguement ridicule. J’aurais pu tenter de raconter l’intermittence de cette croyance puisqu’elle fait partie de la question, cette difficulté que nous avons à croire une fois pour toutes à la possibilité de déplacer, même de façon infime, une situation qui semble perdue d’avance, mais j’ai renoncé et mis de côté les quelques pages écrites.
L’hiver suivant, cette envie s’est imposée de nouveau. Cinq mois plus tôt, nous avions découvert que ma mère souffrait d’une leucémie dont elle allait mourir un mois plus tard. Elle avait passé la plus grande partie des cinq mois qui venaient de s’écouler enfermée dans une chambre semi-stérile à la Pitié-Salpêtrière, une pièce séparée du reste de l’hôpital et du monde par un sas, une pièce dans laquelle, à part le personnel médical, seuls mon frère et moi avions le droit de pénétrer mais pas en même temps, chacun de nous s’y rendant un jour sur deux pour y passer quelques heures. L’un de ces jours sur deux, j’ai évoqué l’envie qui m’avait traversée. Quand ma mère était séduite par une idée, elle devenait incapable d’y renoncer, s’y consacrait à sa manière, subtile et tenace, résolue à agir mais sans trop en avoir l’air, trouvant des moyens détournés, et s’il s’agissait ainsi de soutenir et d’accompagner, elle donnait l’impression d’une présence presque magique à vos côtés, tant elle savait se faire discrète et efficace.
Cinq mois après le diagnostic et un mois avant sa mort, en décembre 2020, elle porte un pull en laine bleu marine col en v, bien droite, le pull devenu trop grand, le bout de ses doigts repliés sur le revers des manches (J’insiste sur le fait qu’il y a toujours un détail qui “crispe” le souvenir, qui provoque cet arrêt sur image, la sensation et tout ce qu’elle déclenche, Annie Ernaux). Le col en v révèle les taches de rousseur sur la peau blonde dont je sais depuis toujours la chaleur et l’odeur, quelque chose dans son visage, dans la place qu’y ont pris ses yeux, donne à chaque mot prononcé, même le plus anodin, une forme de gravité, mais sans peser. On pourrait penser que nous sommes en train de compter les mots qui lui restent à dire mais ce n’est pas le cas, nous nous concentrons entièrement sur l’oubli de la possibilité du pire, et peut-être la gravité vient-elle de là, de cet effort intense que nous fournissons toutes les deux sans relâche. C’est en tout cas ce que je pense sur le moment. Maintenant j’ai compris que ce n’était pas le cas, qu’elle savait très bien ce qu’elle faisait, qu’elle avait comme toujours un coup d’avance.
Nous avons appris à circuler dans la petite chambre aux murs mauves, appris à nous y passer les objets, à nous y croiser, et ce jour de décembre nous attendons les résultats d’une analyse, celle d’un fragment de moelle osseuse prélevé la veille dans sa crête iliaque, et nous pressentons la rechute après des mois d’une rémission qui devait permettre greffe et espoir. Nous avons déjà occupé le temps en regardant sur la petite télévision suspendue un documentaire consacré à la métamorphose des chenilles, concentrées devant la beauté curieusement appropriée du spectacle, et là nous sommes debout, très proches l’une de l’autre, je me suis levée pour la laisser reprendre sa place et je ne sais trop comment dire ce moment, malgré son intention qui aujourd’hui me semble claire, ce n’est pas comme si elle tentait de dramatiser l’instant, comme si elle disait écoute, je te parle depuis ce lieu où je me sais condamnée. Son regard bien planté dans le mien, ses doigts jouant un peu avec le revers de la manche elle dit seulement, alors que nous n’avons pas évoqué ce sujet depuis des semaines: Il faut que tu l’écrives, ce livre sur la littérature et ses pouvoirs. J’ignore quelle idée elle s’en fait, ce qu’elle imagine depuis son enfermement, à quel point son envie peut ressembler à la mienne, mais une chose est sûre, la possibilité de ne pas l’écrire disparaît.
Un an après sa mort je la revois, me laisse envahir par son visage concerné, l’écoute me passer commande et me donner rendez-vous, comme si elle avait su que la force pourrait venir à me manquer, qu’il lui faudrait encore me soutenir et se pencher avec moi sur ce texte à écrire, qui deviendrait aussi un lieu où nous retrouver.

PARLER AU FANTÔME
J’ai découvert l’existence de Razan Zaitouneh en même temps que je découvrais sa disparition, dans un documentaire qui avait été filmé alors qu’elle se trouvait à Douma, une ville de la banlieue de Damas, bombardée et assiégée mais libérée de la présence du régime Assad, où Razan tentait avec d’autres d’in- venter la Syrie nouvelle. Apparition furtive d’une jeune femme blonde et menue de trente-sept ans, qui demande à celui qui tient la caméra d’arrêter de la filmer avant d’ajouter, sourire en coin: Je ne plaisante pas. J’ai vu ce film alors que je vivais à Beyrouth, en 2014, près d’un an déjà après la disparition de Razan, dans la nuit du 9 au 10 décembre 2013.
Razan Zaitouneh s’est toujours opposée au régime de Bachar al-Assad, dont elle s’est acharnée à documenter les crimes, mais elle a été enlevée avec trois camarades par le groupe islamiste qui avait fini par prendre le pouvoir à Douma, a ainsi disparu comme tous ceux qui partageaient la vision d’un régime démocratique et pluriel. Ces opposants avaient méthodiquement été pris pour cible et finissaient alors d’être éradiqués après avoir été poussés à l’exil, torturés, tués ou torturés encore. Ils ont été écrasés avec la révolution et ses promesses, et puis ils ont été écrasés une seconde fois, par l’indifférence et l’oubli que le monde leur a réservés quand pourtant jamais écrasement n’avait été si bien documenté : centaines de milliers de preuves à disposition pour qui aurait la force de chercher à savoir.
Le monde a ignoré la Syrie. L’Europe aussi, qui s’était pourtant construite après la Seconde Guerre mondiale en faisant de certaines valeurs universelles son socle, en affirmant sa détermination à lutter contre le fascisme, en affirmant avec force – et dans cet espoir résidait en grande partie la beauté de son programme – que certains crimes concernaient l’humanité et qu’il fallait tout mettre en œuvre pour que jamais ils ne se reproduisent. J’ai grandi dans une Europe en construction que les pays rejoignaient les uns après les autres et c’était chaque fois une fête, rien ne semblant pouvoir arrêter ce mouvement, idée folle qui était la nôtre d’un progrès constant, d’une modernité dans laquelle dorénavant nous aurions été bien établis. La construction venait après la grande destruction et ces deux termes étaient devenus inséparables : il fallait garder en mémoire les crimes mais c’était certain, nous étions parvenus à sauver quelque chose des ruines. Pourtant nous avons renoncé à considérer les femmes et hommes syriens qui se sont battus pour un idéal que nous prétendons incarner, et ce que révèle ce renoncement est vertigineux – nous l’avons entraperçu peut-être, le temps d’un court frisson, d’une peur ancienne que nous avions cru disparue, alors que la Russie envahissait l’Ukraine.
Razan et ses camarades ont produit des preuves sur les crimes commis par le régime Assad pour échapper à un premier enfermement – c’est toujours ce qu’ils font, ils passent leur temps à trouver des brèches pour se dégager de l’état de siège, pour lutter contre l’idée même d’une absence d’alternative –, enfermement d’un temps défait de son passé, de sa mémoire, un temps statique voué à un éternel présent, privé d’avenir et de la possibilité d’un déplacement du réel. Ils ont réuni ces preuves pour répondre à ce slogan du régime syrien : Assad pour l’éternité, pour répondre à ce régime qui tentait de nier sa propre finitude en privant le peuple syrien de son histoire.
Yassin al-Haj Saleh, qui a passé seize ans dans les prisons d’Hafez al-Assad, dont le frère a disparu après avoir été enlevé par l’État islamique, dont la femme, Samira al-Khalil, a disparu à Douma en même temps que Razan, a écrit sur la façon dont les révolutionnaires ont voulu s’élever contre l’idée d’une Syrie qui serait terre d’oubli, se réappropriant leur histoire et les noms effacés par le régime, nommant les disparus et rouvrant ainsi la possibilité du futur, que chacun parle en son nom. Que chacun résiste à l’oubli général, parce que tout comme la prison et l’exil, l’oubli est d’ordre politique. Et c’est ainsi qu’au péril de leurs vies des milliers de Syriens se sont lancés dans un gigantesque travail de documentation, ont réuni des documents administratifs, des images, des témoignages, des films et des métadonnées, les ont fait sortir de Syrie, les ont confiés – et il faudrait raconter l’histoire de chaque document sauvé, les risques pris pour chaque preuve –, afin de constituer une mémoire, désirant croire que cette matière pourrait un jour venir à bout de l’impunité, poussés par leur désir de justice et le refus du monde tel qu’il va. »

Extraits
« Je l’ai dit, je me souviens très mal des livres, et j’éprouve souvent de grandes difficultés à en extraire des scènes ou des phrases précises. Les livres sédimentent en moi d’une façon mystérieuse, ils déclenchent de longues et lentes transformations dont il m’arrive parfois de repérer les effets, discernant une preuve du cheminement. Le philosophe Emanuele Coccia n’hésite pas à évoquer la radioactivité de l’écriture, pour tenter d’approcher cette façon dont la matière mutante ne cesse de cheminer en nous et d’irradier. » p. 31

« Il y a Gary mais aussi Beauvoir, Vian, Malraux er Camus, figures d’une génération qui font le lien avec une époque qui commence à se dessiner, floue encore, une époque vouée à imprégner mon enfance. Je Les lis, les idolâtre, m’intéresse à leurs vies, aime découvrir les glissements d’un livre à l’autre, voir l’œuvre se métamorphoser. » p. 39

« La littérature fait vivre la pluralité en chacun, donne vie en soi à d’autres regards sur le monde, réactive une manière enfantine de se réinventer, enjoint à déployer des représentations et entraîne l’imagination, fait souffrir un peu l’ego et si je me souviens mal des livres c’est aussi pour cette raison, parce que lorsque je lis vraiment, je deviens incapable de distance critique, m’en remets tout à fait à l’auteur, adhère et le laisse me pousser un peu hors de moi, accepte cette forme d’effraction, de léger bousculement (Au fond, le but final de l’écriture, l’idéal auquel j’aspire, c’est de penser et de sentir dans les autres, comme les autres — des écrivains, mais pas seulement — ont pensé et senti en moi. Annie Ernaux). » p. 54

« Duras, Proust, Claudel, puis Deleuze et Barthes, Blanchot et Derrida un peu plus tard, J’éprouve une joie profonde à découvrir mes auteurs, à découvrir qu’on peut écrire de tant de manières différentes, une exaltation qui accompagne le sentiment d’émancipation et passe par cet endroit, par la découverte de ce qui s’ouvre ainsi et semble sans fond.
Ma mère lit Marguerite Yourcenar, me l’a souvent conseillée mais je refuse de la lire, décide de ne pas lui accorder d’importance, surtout ne plus accepter ses conseils, et je découvre une autre Marguerite qui devient la mienne et paraît tellement plus essentielle et profonde, La grande découverte c’est Le Ravissement de Lol V. Stein… » p. 72

« La littérature prend soin des rêves défaits et les attise, dans l’espoir aussi que peut-être et d’une façon mystérieuse, ils puissent cheminer pour en embraser d’autres. Elle a le pouvoir de renverser les imaginaires, de rendre désirables ces sources lumineuses, aussi parce qu’elle se fait avec l’obscurité, qu’il faut rétablir pour pouvoir repérer les lueurs émises, obscurité peuplée, que l’on traverse sans ricanement et les yeux bien ouverts. » p. 81

À propos de l’auteur
AUGIER_Justine_©Jean-Luc_BertiniJustine Augier © Photo Jean-Luc Bertini

Après avoir passé cinq années à Jérusalem, trois à New York, et trois à Beyrouth, Justine Augier a provisoirement posé ses bagages – et ses trois enfants – à Paris.
Elle est l’autrice de deux romans parus chez Stock (Son absence, 2008 et En règle avec la nuit, 2010). En 2013, Actes Sud publie son récit polyphonique Jérusalem, portrait. En avril 2015, paraît son nouveau roman, Les idées noires. Elle revient ensuite au récit littéraire avec le très impressionnant De l’ardeur (Histoire de Razan Zaitouneh, avocate syrienne) qui lui vaut le prix Renaudot Essai 2017. Elle retrace l’histoire de Razan Zaitouneh, dissidente syrienne enlevée en 2013, en même temps que Samira Khalil, l’épouse de Yassin al-Haj Saleh.
Avec Par une espèce de miracle (2021), elle accompagne dans l’exil celui qui devient sous nos yeux un ami et prolonge le geste qui fait de l’écriture le lieu de son engagement. Elle est également l’autrice du roman pour adolescents Nous sommes tout un monde (Actes Sud junior, 2021) et a récemment traduit Avoir et se faire avoir de l’Américaine Eula Biss pour les éditions Rivages.
Son nouveau récit, Croire. Sur les pouvoirs de la littérature, paraît en janvier 2023. (Source: Éditions Actes Sud)

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