Blasmusik Pop

KAISER_Blasmusikpop

Blasmusik Pop
Vea Kaiser
Presses de la Cité
Roman
Traduit de l’allemand (Autriche) par Corinna Gepner
528 p., 22 €
ISBN: 9782258113374
Paru en août 2015

Où?
Le roman se déroule en Autriche, dans un village oublié des Alpes : Saint-Peter-sur-Anger. Lenk, la principale ville des alentours est également évoquée, tout comme la capitale ainsi que quelques villages alentour ainsi que Sankt-Pauli, un quartier de Hambourg.

Quand?
Le récit se situe sur deux périodes en parallèle : d’une part la chronique historique du village qui remonte à la nuit des temps et principalement la seconde moitié du XXe siècle jusqu’à nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
Au commencement était le ver.
Johannes se destinait à autre chose qu’à cette vie fruste dans le village de ses ancêtres. Son grand-père, Johannes premier du nom, avait lui-même quitté Saint-Peter-sur-Anger pour aller étudier en ville – et observer le développement des vers solitaires ! –, avant de revenir et de s’établir comme médecin. C’est ce dernier qui a communiqué à son petit-fils son goût du savoir et sa passion pour Hérodote, qui font de lui aussi un original dans ce microcosme alpin où se cultiver est considéré comme hautement suspect. Ainsi, lorsque le jeune homme échoue au baccalauréat, quel drame ! Le voici condamné à rester parmi les « barbares ». Et il ne tarde pas à se faire embrigader dans l’un des événements majeurs de la localité : la venue d’un grand club de football hambourgeois…
Des dialogues savoureux, une langue inventive, tantôt désuète, tantôt moderne, des personnages hauts en couleur, un luxe de détails, de l’esprit, beaucoup d’esprit. Avec son premier roman, très remarqué au moment de sa parution, Vea Kaiser s’en est donné à coeur joie.
«Un premier roman épique sur la vie d’un village, racontée avec fraîcheur et audace.» Zeit Literatur
«Vea Kaiser s’impose comme l’un des plus passionnants auteurs débutants de cette rentrée littéraire.» SonntagsZeitung

Ce que j’en pense
****
La chronique d’un village perdu dans les Alpes autrichiennes, la tentation du repli sur soi, la difficulté à s’extirper de son milieu, la crainte du progrès et la science, les raisons du développement de l’extrême-droite et du populisme, le combat entre la ville et la campagne : le premier roman de la jeune Autrichienne Vea Kaiser nous offre une belle palette de thèmes et de réflexion. Le tout sous couvert d’une histoire de famille contée avec beaucoup d’érudition et de fantaisie.
Dans la version originale, le sous-titre du livre est «Comment la science arriva dans les montagnes». Dans la version française, ce sous-titre se transforme en «Comment un ver solitaire changea le monde». Autrement dit, on peut mettre à la fois l’érudition en avant ou la fantaisie.
Pour incarner ce récit, l’auteur imagine Johannes Gerlitzen, un descendant de cette longue lignée de «barbares des montagnes». Trois événements vont pousser ce sculpteur sur bois à sortir du moule imposé par l’histoire et par la géographie : une blessure qui va l’empêcher de courir les bois, la naissance d’un enfant qui ressemble davantage au voisin et surtout la maladie qui le ronge : un ver solitaire qui s’ébat dans ses entrailles et qu’il parviendra à extraire après seize heures d’un combat douloureux. « Lorsqu’il eut enfin sous les yeux l’animal dûment nettoyé, quatorze mètres quatre-vingts de longueur et presque aussi large que l’annulaire d’Elisabeth, il rayonna de fierté, comme s’il avait réalisé la première ascension du Grand Sporzer.»
Marqué par cette expérience, il décide de se consacrer à l’étude des vers : «J’allons dans la capitale por devegnir docteur. » (Saluons à ce propos le talent de Corinna Gepner, la traductrice de l’ouvrage, qui a su inventer un patois susceptible de rendre le curieux langage des autochtones et qui parsèment le récit de dialogues savoureux).
A force de petits boulots et de persévérance, Johannes parvint à son but et une décennie plus tard put revenir auréolé de gloire dans son village où il accompagna sa femme atteinte d’une maladie incurable et aida sa fille Ilse à grandir. Au printemps 1974 Elisabeth meurt et Ilse entre dans l’âge de la puberté. Un double choc pour Johannes qui se retranche dans ses études et note dans observations dans ses carnets qui mélangent l’analyse scientifique et le journal intime.
C’est a peu près à cette période qu’Alois Irrwein, apprenti charpentier, va s’amouracher d’Ilse. Une liaison qui, à l’instar de celles de nombreux autres jeunes du village, ne peut déboucher que sur un mariage. Si Johannes ne voit pas cette union d’un bon œil, il y trouvera cependant quelques années plus tard une belle satisfaction : la naissance de son petit-fils Johannes, le vrai héros du livre.
Car ce dernier va pousser plus loin encore sa différence. Suivant les pas de son grand-père, il entend lui aussi s’émanciper en étudiant. Une façon aussi de rendre hommage à son aïeul, qui disparait tragiquement en venant au secours d’un villageois qu’il ne portait pas vraiment dans son cœur.
On va suivre avec délectation les pérégrinations du jeune homme dans la grande ville. Nous sommes en 2002. Au sein du monastère bénédictin où il va poursuivre ses études, il va apprendra bien davantage que les sciences naturelles, la philosophie ou les mathématiques. Sous l’égide d’Hérodote, il a aussi apprendre la compromission, la trahison, l’injustice et le sens du secret. C’est avec ce bagage, et un examen de baccalauréat qui le marquera sans doute à vie, qu’il retourne dans son village. Et découvre que les Saint-Pétruciens méritent toute son attention. «En son temps, docteur Papi (son grand-père) avait étudié leurs corps. Johannes comprenait qu’il devait, lui, se pencher sur leur esprit.»
La dernière partie du livre est sans doute la plus riche et la plus entraînante. Johannes devient un homme, tombe amoureux, va changer les mentalités, devenir une sorte de sauveur et faire entrer son village dans la modernité. Mais il serait dommage de dévoiler ici comment tout cela va arriver. Laissez-vous plutôt emporter par le souffle de ce premier roman étonnant.

Autres critiques
Babelio
L’Express
Métronews
RTBF culture (Thierry Bellefroid)
Blog huit plumes (Véronique Poirson)
Blog Café Powell
Blog Le brocoli de Merlin

Extrait
Les 20 premières pages du livre

A propos de l’auteur
Vea Kaiser est née en 1988 en Autriche. Blasmusik Pop, son premier roman, a enthousiasmé la presse et s’est vendu à plus de 80 000 exemplaires. Une adaptation cinématographique est en cours. (Source : Presses de la Cité)

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