l’Expérience

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En deux mots
En entrant dans la salle de cinéma, Léo ne se doute pas qu’il a rendez-vous avec lui-même. Même quand sur l’écran s’affiche «Ça va, Léo?». Même quand Théa, qui l’accompagne dans cette expérience lui propose de jouer le jeu. Pourtant il va finir par accepter la proposition et se trouver.

Ma note
★★★ (bien aimé)

Ma chronique

Une séance de cinéma très particulière

Pour son premier roman Maurice Barthélemy a choisi une touche de fantastique pour retracer l’expérience singulière vécue par Léo, son personnage, lors d’une séance de cinéma choisie au hasard. Elle va changer sa vie.

Il y a des jours comme ça où rien ne va. Le moral dans les talons, Léo décide de se changer les idées en s’offrant une séance de cinéma. Peu importe le film, il a juste envie de faire un break.
Mais une fois assis dans la salle, il a droit à un message personnel. Sur l’écran s’affiche une question à son intention: «Ça va, Léo?»
En se retournant, il ne croise que le doux regard d’une femme assise quelques sièges plus haut. Est-il victime d’un coup monté? En tant cas, si c’est une blague, elle est drôlement bien faite, car son l’écran les messages à son intention se succèdent. Jusqu’à le troubler. Jusqu’à cette promesse de lui dévoiler le secret de cet interrogatoire à condition qu’il effectue un tour de la salle à cloche-pied.
Après tout, que risque-t-il? C’est ce que lui explique Théa, la spectatrice qui l’accompagne et qui a bien envie de connaître ce secret. Le voilà parti pour quatre minutes d’un exercice pas si simple. À 45 ans, il est un peu rouillé question sport. Finalement, il va parvenir à relever le défi proposé et découvrir le secret promis.
En me gardant bien de le dévoiler ici, je préfère souligner l’originalité de la construction de ce roman. Le récit est en effet complété par différentes pièces ajoutées au dossier, un article paru dans le Courrier vendéen en 2021, un procès-verbal d’audition d’un enfant datant de juin 2017, une lettre de Léo adressée à sa mère alors qu’il avait huit ans et quelques textos de son employeur envoyés en 2019. Autant d’éléments qui permettent de mieux cerner la personnalité de notre homme pour lequel cette séance de cinéma très particulière devient un exercice d’introspection. De cette auto-analyse, il va sortir un peu secoué, mais surtout beaucoup plus riche qu’avant.
On savait Maurice Barthélémy Fort comme un hypersensible. On le découvre ici romancier avec un style virevoltant, plein de fantaisie. On l’imagine avoir apprécié La rose pourpre du Caire de Woody Allen et s’être un peu identifié à Tom Baxter lorsqu’il sort de l’écran pour interpeller les spectateurs dans la salle. À moins qu’il n’ait été inspiré par ces auteurs qui aiment le fantastique et se dédoublent dans leurs romans, tels que Dostoïevski, Borges, Gogol ou plus près de nous Guy de Maupassant. Ce qui cependant sûr, c’est que la plume de l’ex-robin des Bois est pleine de fantaisie et de vivacité. De celles dont on se dit qu’il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin!

L’expérience
Maurice Barthélemy
Éditions Plon
Premier roman
124 p., 16,90 €
EAN 9782259315913
Paru le 24/08/2023

Où?
Le roman est situé principalement en France, à Paris.

Quand?
L’action se déroule de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
«L’expérience la plus belle et la plus profonde que puisse faire l’homme est celle du mystère.» Albert Einstein
A 45 ans, Léo flirte doucement mais sûrement avec un burn-out en sourdine. Sa vie vole en éclats depuis des mois, et lui avec. Au bord de l’asphyxie, par un après-midi de grosse déprime, il se réfugie dans une salle de cinéma. La pénombre du lieu le rassure, le velours des sièges l’enveloppe d’une chaleur dont il a besoin.
Quand l’écran noir l’interroge en trois mots: «Ça va, Léo?», il se dit qu’il est devenu complètement fou. Sans le savoir, l’expérience a commencé… Drôle, incisif et percutant, ce premier roman est une invitation à accepter l’inattendu. Maurice Barthélemy révèle une plume aussi hypersensible que lui. Délectable.

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
France Inter (Un monde nouveau)
20 minutes (Caroline Vié)
Blog ABCD Livres
Blog Rainfolk’s Diaries

Les premières pages du livre
« Ce n’est pas la première fois que Léo va au cinéma. Mais entrer dans une salle sans savoir ce qu’il va voir: c’est nouveau pour lui.

Souffler. Juste souffler. Mettre sur pause cette journée abrutissante.

Vas-y, Léo, rentre dans ce cinéma. Paie ton billet et prends la première salle. Ne choisis pas ta place. Laisse-la te choisir. Pose ton cul et ta vie. Tu l’as bien mérité.

Ça va, Léo ?
Ça vibre au niveau de sa poche. Soit c’est une poche vibrante, soit c’est le téléphone qui est dans sa poche qui vibre. Va pour la seconde option. Plus réaliste. Il décroche.
— Oui ? Je suis au ciné. J’ai besoin de décrocher.
Ça blablotte au téléphone. Léo l’interrompt.
— Je sais pas ce que je vais voir. J’ai choisi au hasard.
Son interlocuteur lui répond trop longuement. Il le coupe.
— Eh ben, tu lui diras que Léo n’est pas dispo. Que tu ne sais pas où il est. Et que Léo le rappellera demain.
Il raccroche sèchement et éteint son téléphone dans la foulée.
— Foutez-moi la paix, bordel…

Léo parle souvent seul. Surtout en période troublée. Une sénilité précoce ? Pas vraiment, il n’a que 44 ans. 45 en avril. Disons que ça le rassure. Que c’est un bon moyen de se sentir moins seul. Les navigateurs en solitaire se parlent pour ne pas se rouiller les dents.
Léo n’a jamais mis les pieds sur un bateau, mais c’est un solitaire. Il autodiscute avec lui-même depuis qu’il est tout petit. Sa mère Mathilde le couchait toujours trop tôt. Il n’avait jamais sommeil à 18 heures. Sous couvert que les gamins ont besoin de sommeil, les adultes les collent au pieu en fin d’après-midi. Tout ça pour avoir la paix. Ça l’a rendu totalement insomniaque, le Léo. Tu m’étonnes. À l’heure où ses petits camarades se coltinaient des Prince de Lu au lait chaud devant un bon dessin animé japonais, lui devait aller se coucher tout ça pour que sa mère puisse avoir un moment pour elle. Mathilde n’avait pas envisagé qu’elle ait pu concilier son temps libre avec celui de son fils. Non, un enfant, ça se couche tôt : c’est bon pour le développement de son cerveau. Donc au dodo avec les poules ! Et encore, je suis certain qu’à cette époque les poules devaient se demander ce que foutait ce gamin au lit avant elles.

— C’est quoi cette vie ? marmonne-t-il. Pourquoi je m’impose ça ?
Cette salle respire le repos. Un cinéma, c’est toujours une promesse. Les fauteuils qui puent le confort. L’odeur des pop-corn oubliés. La lumière flottante. La température gloussante. Le son assourdi. Même l’odeur de pied de la moquette murale est réconfortante. Tout est réuni pour te disponibiliser. C’est une caresse avant la claque. Quel que soit le film. Au cinéma, on se prend toujours une gifle. Une trempe d’ennui. De génie. De rire. De nullité. De larmes. Rien ne remplacera le cinéma. Aller voir un film, c’est une sortie. On le choisit. On se renseigne. On prend rendez-vous avec soi-même ou avec quelqu’un. On se prépare.
Alors qu’on ne se déplace pas pour aller voir Netflix. On ne regarde pas les horaires pour aller sur Netflix. »

Extraits
« – Tu veux savoir si tout va bien? C’est ça? Eh bien non, ça ne va pas. Ça ne va même pas du tout! Pourquoi tu crois que je suis là ? Je suis rentré dans cette salle parce que tout foire autour de moi. Rien ne me rend heureux. Ma vie sentimentale est une catastrophe. Mon boulot m’emmerde. Je ne parle plus à ma fille depuis quatre ans. Et là, je suis dans une salle de cinéma en train de parler à un écran. Ça te va comme réponse? » p.20

« LE CLEANER
Je suis « cleaner » depuis bientôt neuf ans maintenant. « Cleaner », ça vient des États-Unis. Chez nous, on appelle ça : « nettoyeur après décès ».

Interview de Léo D. accordée au Courrier vendéen, le 18 novembre 2021.
Léo D. « Je suis installé à La Roche-sur-Yon depuis une vingtaine d’années. Avant de gérer cette entreprise de nettoyage « particulière », j’étais dans l’entretien des piscines. La société s’appelait « Ma Pool », ça marchait pas mal mais à la disparition du propriétaire, je n’avais pas les moyens de reprendre la boîte, alors on a déposé le bilan et je me suis retrouvé sans emploi. À la suite de ça, j’ai enchaîné plusieurs intérims dans le nettoyage et l’entretien. Jusqu’au jour où j’ai rencontré mon actuel patron, Samuel F., qui dirigeait cette entreprise, NOE (Nettoyage organique express), dont la spécialité est le nettoyage des scènes de crimes et de suicides.
À l’époque, mon boss voulait prendre un peu de recul et cherchait un gérant. J’avais fait ça dans mon précédent métier. C’était aussi dans l’entretien. J’étais qualifié. Alors, j’ai été embauché. Depuis, je gère NOE. On n’intervient pas seulement dans la région vendéenne, mais sur l’ensemble du territoire. On a développé chez NOE un ensemble de compétences qui nous permettent d’intervenir tant sur des scènes de crimes que sur des morts naturelles, mais également des suicides. » p. 51

À propos de l’auteur
BARTHELEMY_maurice_Capucine_de_ChocqueuseMaurice Barthélemy © Photo Capucine de Choqueuse

Scénariste et réalisateur depuis plus de vingt ans, Maurice Barthélemy est un hypersensible. Après avoir témoigné dans un livre au succès de librairie important, Fort comme un hypersensible, il a décidé de poursuivre l’écriture avec ce premier roman qui lui ressemble beaucoup. (Source: Éditions Plon)

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