L’été en poche (06): Les vies de Jacob

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En deux mots
Une collection de photos trouvées dans une brocante constituent le point de départ d’une chasse à l’homme. Qui peut bien être ce Jacob B’Chiri que l’on retrouve en France, en Italie, en Tunisie, en Israël? De l’agent secret à l’artiste affabulateur, le kaléidoscope est fascinant.

Ma note
★★★ (beaucoup aimé)

Si vous voulez en savoir plus…
Ma chronique complète publiée lors de la parution du roman en grand format : Les vies de Jacob

Les premières pages du livre
« Tu marches vers le rideau et regardes forcément en dessous afin de t’assurer qu’il n’y a personne. Le tissu plissé, lourd et épais doit te rappeler les draperies d’un théâtre. Son lever et sa chute ne marquent-ils pas ton entrée en scène ? Tu l’écartes du bout des doigts et disparais derrière, comme par magie. Au passage, ta tête effleure sa surface rêche, pleine de poussière, moirée de gris noirâtre. Tu le refermes d’un geste brusque, de la même manière que tu claques une porte. Tu préfères te produire à huis clos et tu étais certainement pressé de sortir de la cohue. En tirant sur la tringle, tu traces un pointillé, une frontière tremblante entre toi et les autres. C’est ta façon de faire un pas de côté, de te singulariser. Et aussi de trouver ta case.

Tu quittes ton métro blafard et tout ce qui rime avec, des mots en o synonymes de routine et d’ennui. Une simple tenture flottant à mi-hauteur suffit à t’isoler du monde. Te voici reclus au milieu de la foule. Tes semblables n’ont plus de visage. Ils sont réduits à des pas, à un va-et-vient de chaussures sur le bitume. Tu aimes sans doute cette sensation d’entre-deux, d’être à la fois dedans et dehors, de te dissimuler derrière un voile, tout en étant exposé à la vue de tous.

Adossée à un mur carrelé, la cabine photomaton trône à l’angle d’un couloir, entre le guichet et les escaliers mécaniques. Surmontée d’une enseigne lumineuse, on ne voit qu’elle et personne ne la remarque. Son emplacement importe peu. Elle pourrait être n’importe où. Dans une salle des pas perdus, une agence postale, un grand magasin. Ta cachette affectionne l’ombre, les courants d’air, les allées couvertes, les lieux à la fois peuplés et anonymes, là où les gens se croisent sans se regarder. À force, elle fait partie du mobilier urbain, au même titre que les kiosques à journaux ou les colonnes Morris. Tu es heureux de retrouver partout où tu vas la même forme parallélépipédique, le même sol en acier strié, le même siège rotatif en fonte, le même décor aseptisé de bloc opératoire.

Tu vides tes poches et vérifies que tu as de la monnaie. Tu prélèves quatre pièces d’un franc, car nous sommes au début des années 1970. Dans cette période de bouleversements, tu dois aimer les choses carrées. Les machines bien huilées. Les opérations strictement minutées.

La lumière crue des projecteurs fait cligner tes paupières. Tu n’es déjà plus le même. Ton écrin en métal te procure un semblant d’assise. Pareil à un bouddha posé sur son socle, indifférent au tumulte sourd des passants et aux bruits d’essieux venus des profondeurs, tu ne prêtes pas davantage attention aux tremblements sous tes pieds qui accompagnent le passage des rames. Là où tu es, rien ni personne ne peut t’atteindre. Immobile, presque hiératique, tu essaies de te concentrer, comme un sportif avant une rencontre importante. Tu as rendez-vous avec toi-même.

Malgré l’étroitesse, la saleté, les relents de sueur, les graffiti obscènes, tu te sens chez toi dans ce cube ouvert à tout le monde. Tu éprouves chaque fois que tu y retournes une forme d’ivresse. Tu respires comme un seigneur en train de croître. C’est ta machine à te dupliquer. Tu arrives seul et tu repars en quatre exemplaires. Tu te soustrais pour mieux t’additionner.

Le tabouret est-il trop bas ? Tu le relèves, avec le plat de la main, tout en scrutant un point invisible, quelque part à l’horizon. Tu entreprends maintenant de retirer ton manteau, un exercice délicat quand on n’a même pas la place de tendre les bras. À l’issue d’une suite d’acrobaties plutôt disgracieuses, tu peux enfin t’asseoir et redonner un semblant d’ordre à ta personne. Tu inspectes ta silhouette dans le carré de verre fixé en face de toi et découvres une rangée de dents immaculées. Un clavier d’un ivoire étincelant, sans dièse ni bémol. Zygomatiques étirés au maximum, maxillaires serrés, bouche ouverte jusqu’aux oreilles. Tous tes muscles contribuent à façonner ce sourire de marbre, impassible, d’une rigidité quasi sépulcrale.

Sous l’effet de la contraction de tes commissures, les deux buissons suspendus au-dessus de tes orbites n’en forment plus qu’un. Tu parais tendu, surtout, plus sérieux que d’habitude. Tu poses de trois quarts, la tête légèrement penchée. Ton apparence est soignée. Tu portes une chemise claire à col anglais, parfaitement repassée, qui tranche avec ta peau mate, une veste de coupe classique, d’une couleur grise ou brune, et une cravate club assortie. Impossible d’être plus précis. La photo qui témoigne de ton passage est en noir et blanc.

Tu as discipliné ta grosse tignasse. Rien ne fourche ni ne tournicote. Tes cheveux sont plus touffus au sommet du crâne ; plaqués en arrière, taillés sur les tempes, ils te donnent un air de premier de la classe. Tu dois sortir de chez le coiffeur. Ta peau est glabre, du moins rasée du matin ou de la veille au soir. Une aréole, comme la trace d’une estafilade, obombre ta lèvre inférieure. La torsion de tes traits révèle une mâchoire légèrement prognathe. Avec ta grande bouche, tes pommettes saillantes, ton front haut, ton menton pointu, ton visage expressif, un peu clownesque, tu présentes une vague ressemblance avec l’acteur Roberto Benigni. Tu as vingt-quatre ou vingt-cinq ans.

Tu as ôté tes grandes lunettes ovales à la monture épaisse. Conformément à l’usage, tu gardes le visage dégagé, la peau nue, le regard ouvert. Tu t’exposes sans défense, le plus dépouillé possible, comme si la vérité de ton être en dépendait, alors que c’est tout le contraire qui se produit. L’apprêt nous humanise, le dénuement nous nivèle.

Tu entames probablement la première étape d’une longue procédure menant à la délivrance d’un document quelconque. Cela expliquerait ton attitude un peu guindée. Ta boîte à peine plus grande qu’un cercueil remplit une mission de service public. Elle aide à cartographier les gens, à les mettre en fiche, à les plastifier, les tamponner et les enfermer dans une enveloppe. C’est un peu comme si tu entrais dans l’antichambre d’une mairie ou d’une préfecture. Face à ton guichet automatique, à coup sûr, tu es impressionné et te comportes avec la plus grande prudence, comme chaque fois que tu affrontes un monstre froid.

Alors, tu bombes le torse, retiens ta respiration, tends tes muscles orbiculaires afin de garder les pupilles bien ouvertes quand l’éclair jaillira. À tâtons, tu glisses les pièces de monnaie dans la fente cerclée de métal. Ton corps tout entier s’immobilise. L’appareil produit quatre bruits sourds, semblables au claquement d’une bulle d’air à la surface de l’eau ou d’un pistolet muni d’un silencieux dans un film de Michel Audiard. Un rayon aveuglant sort de ses entrailles et irradie ton visage. Et puis, plus rien. Plus une lueur, plus un son. Encore ébloui, tu perds de ta prestance et t’affaisses, tels ces vieux comiques frappés d’une forme de catalepsie dès que leurs numéros éculés prennent fin. Sortant de ta torpeur, tu te dépêches de remettre ton manteau. Une dernière injonction t’invite à lever le camp au plus vite : « Vous êtes priés de ne pas rester dans la cabine. Quelqu’un d’autre attend peut-être pour s’en servir », peut-on lire, tout en bas du panneau, en guise d’épilogue.

Personne ne vient briguer ta place. L’appareil n’attire jamais grand monde. Tu te demandes parfois si tu n’es pas son unique client. Les gens autour de toi ne cherchent qu’à remonter à l’air libre ou à effectuer le chemin inverse, ce qui crée un embouteillage à l’endroit précis où tu te tiens. Tu te retrouves ballotté entre deux flots d’usagers de forces et de densités inégales. Les premiers ressortent par paquets, au rythme des trains, tandis que les seconds affluent en plus petit nombre, mais à jet continu. Tu t’impatientes. Le regard rivé sur ta montre, tu comptes les minutes. Impossible de partir sans ta gueule en celluloïd. Tu ne vas pas la laisser là, collée contre la paroi, à titre de spécimen, ou traînant par terre comme un vieux ticket. Tu tends l’oreille et imagines ton avatar prisonnier d’un immense mécanisme d’horlogerie, emporté par des roues dentées, des bielles et des courroies, décrivant des huit entre deux cylindres, comme Charlie Chaplin dans Les Temps modernes. Tu guettes un déclic, un bruit de ressort, qui annoncerait ta délivrance. Et soudain, tu te vois émerger de la machine, tête la première, frissonner comme une feuille, sous l’effet de la soufflerie, et tomber délicatement dans la corbeille.
Lorsque je parcourus les premières pages, je ne vis qu’une figure de gaieté. Les coins d’une bouche légèrement relevés et, entre les deux, un étalage d’émail. Le sourire flottait, semblable à un râtelier, à un clapet amovible, doté d’une existence propre. Il marquait de son cachet ovale la première photo et revenait inlassablement, à la manière d’un motif sur un tissu. Il n’adhérait pas vraiment au reste du corps. Il s’apparentait plutôt à une parure, un collier, une espèce d’alacrité en sautoir, quelque chose que l’on peut mettre et retirer. On pouvait presque le découper selon les pointillés et l’attacher derrière les oreilles avec des élastiques, comme protection.

Omniprésent, il rayonnait au centre du cadre et drainait l’attention sans toutefois faire événement. D’une pesanteur de pierre, il ne disait rien. Il restait muet. Ce n’était pas une béance, ni un hiatus, mais un sourire plein, un sourire fermé qui ne renvoyait qu’un éclat de diamant. On y cherchait en vain une trace d’ironie, une légèreté, une jubilation, l’expression d’un sentiment particulier, un soupçon d’équivoque. Un sourire parle. Un sourire, c’est éphémère, ça ne dure qu’un instant. Celui-là semblait avoir été taillé dans un bloc de résine. Il devait être l’œuvre d’un orthodontiste. Solidité et brillance garanties dix ans.

Était-il de circonstance ? Associée généralement à des réjouissances collectives, une caméra appelle l’hilarité des muscles. Le sourire se faisait, ici, plus machinal, comme l’appareil qui l’avait enregistré. Le lieu n’invitait pas au relâchement. Il poussait plutôt au garde-à-vous. Comment rester naturel face à un robot ? Peut-on être vif et alerte dans un caisson de métal ? Cette mimique, sortie d’une boîte de conserve, manquait de fraîcheur et, fatalement, virait à la grimace, au tic nerveux.

En dépit de son conditionnement, ce demi-masque de comédie m’intrigua. Il constituait le point fixe d’un tableau vivant. Sa charnière autour de laquelle tous les autres éléments gravitaient : la posture du visage, l’implantation des cheveux, les vêtements, les gestes de la main. Autant de micas qui se recomposaient à l’infini, comme un kaléidoscope pivotant sur son axe. À tel point que je crus au début avoir affaire non pas à un mais plusieurs individus, chacun réductible à quelques attributs remarquables, et tous affublés du même rictus figé.

L’effet d’optique ne résistait pas à un examen plus attentif. Derrière ce sourire inaugural, il n’y avait qu’une seule personne. Un inconnu résumé à son buste en hermès, un homme-tronc et manchot enfermé dans un petit rectangle de carton bordé d’un contour blanc. Des tirages de dimensions standard : 3,5 centimètres de large, 4,5 centimètres de haut, le format prévu pour un passeport ou un permis de conduire. Quoi de plus banal ? La photo d’identité figure parmi les choses les mieux partagées du monde. Reliquats administratifs, miroirs d’une jeunesse perdue, on en possède tous quelques exemplaires démonétisés enfouis au fond d’un tiroir.

Pris séparément, ces portraits conformes ou déclarés tels ne présentent à dire vrai qu’un intérêt modéré. À quelques exceptions près, ils n’appellent pas de commentaire particulier. C’est inévitable. Un photomaton ne fait pas de miracle. Règles de prises de vue simplifiées à l’extrême, usage du flash qui écrase les blancs et gomme les reliefs, afin d’obtenir une image uniforme, cadrage et distance imposés. Tous ces visages successifs étaient installés dans la même forme monotone.

Ce qui me frappait, c’était leur nombre. Ils composaient une masse compacte, une multitude homogène, issue par scissiparité d’une même matrice. Ils défilaient derrière un film de cellophane, en colonnes par quatre ou cinq, droits, impassibles, telle une armée de clones. Entassés les uns contre les autres, alignés en rangs serrés sur des feuilles cartonnées jaunies par le temps, ils remplissaient un cahier entier.

Avec sa reliure en similicuir marbrée de vert, poisseuse au toucher, sillonnée de ridules noirâtres, l’album ressemblait à un vieux grimoire. Lourd, volumineux, plein de poussière, il exhalait des relents de bas-fond. On s’attendait à y dénicher des signes cabalistiques, des rites occultes. On tombait sur des centaines de selfies. Précisément, sur trois cent soixante-sept clichés en noir et blanc et deux en couleurs, tous ou presque réalisés dans une cabine automatique de photographie, comme l’attestaient le cadre unique, la focale fixe, la lumière venue de face et l’éternel rideau en arrière-plan.

Rien à voir avec un ensemble disparate, accumulé au fil des ans, avec des souvenirs glanés ici et là, réunis dans un même volume, parce qu’il faut bien les classer quelque part. L’objet que je voyais pour la première fois ne relevait pas du hasard, de la nostalgie, de la rareté, de l’instant soigneusement sauvegardé, mais de la production en série, d’une forme d’usinage. Il participait d’une entreprise méthodique, quasi obsessionnelle, presque sans limites.

« Le type est ouf, tu ne trouves pas ? » me lança la productrice de cinéma au moment où je redressais la tête. En toute chose, elle manifestait un égal enthousiasme. « Quand j’ai vu ça, c’était l’hallu totale. » Par habitude, elle m’avait tutoyé d’emblée. Les mêmes réflexes professionnels l’amenaient à abuser de superlatifs et à manger la moitié des mots. Je venais de perdre mon emploi quand elle m’avait invité à déjeuner dans une cantine vietnamienne située en face du bureau de sa société baptisée Les Copains d’abord. Cela faisait longtemps qu’elle souhaitait faire quelque chose de cet album trouvé aux puces quatre ans plus tôt. Elle voulait me le confier pour que j’en tire la matière d’un synopsis. Elle hésitait entre le documentaire et la fiction, entre, disait-elle, un « rail réaliste » et un autre « plus loufoque », « plus déjanté ». À l’entendre, tout paraissait ouvert. Je pouvais laisser libre cours à mon imagination. « Et si le film ne se fait pas, tu pourras toujours en faire un livre », ajouta-t-elle pour me convaincre.

Elle se disait fascinée par ce jeune homme affligé d’une curieuse manie, celle d’accumuler des images à son effigie, toujours différentes, en proie à de perpétuelles mutations, à des métamorphoses infinies, qui semblaient explorer toutes les possibilités de son être. Il était un et multiple. Il faisait collection de lui-même et d’autrui. « C’est quelqu’un et tout le monde à la fois », remarqua fort à propos la productrice.

Il ne se contentait pas de vous regarder de face avec son sourire carnassier. À la longue, il paraissait se lasser de son « cheese » sur commande. Une crampe des muscles bucco-faciaux, peut-être ? Entre deux murs de blancheur, il montrait son profil découpé à la serpette, le droit le plus souvent, écartait les babines et contemplait le plafond ou peut-être un au-delà céleste. Aspiré par une lumière surnaturelle, son visage était soudain en extase. Il lui arrivait aussi de poser de trois quarts, les yeux encore une fois levés, touchés non plus par la grâce mais par un optimisme résolu, tourné vers un avenir radieux, une aube nouvelle, tel un candidat sur une affiche électorale.

À la moitié du recueil, il semblait progressivement gagné par la mélancolie et arborait un masque triste à la Buster Keaton. Sur plusieurs planches, il se montrait lymphatique et nuageux. Plongé dans ses pensées, il paraissait indifférent à la présence de l’objectif, fermait les paupières, courbait l’échine. Clic ! Il simulait une gueule de bois, paupières mi-closes, lèvres pendantes. Clic ! Appuyait sur sa tête comme si elle allait exploser. Clic ! Affectait l’ennui en étouffant un bâillement. Clic ! Fumait une cigarette qu’il tenait en évidence, entre le majeur et l’index. Puis retrouvait son entrain et riait aux éclats. Clic ! Ou émettait un ricanement plus grinçant, plus sardonique. Clic !

De nouveau, il faisait le pitre. Il jouait. Au jeune premier, au mauvais garçon, à l’employé modèle, à l’agent secret, lunettes noires et costume gris. Il endossait des rôles. Tantôt Elvis, coiffure gominée, chemise ouverte au col pelle à tarte, rictus charmeur, tantôt Raspoutine, les deux globes exorbités, la chevelure en bataille. Un prophète sorti de l’asile.

C’était à chaque fois une saynète différente. Quelqu’un avait-il crié, de l’autre côté du rideau ? Il tendait l’oreille et dessinait un cornet avec sa main, avec l’exagération d’un Pierrot sur le qui-vive. Plus loin, il décochait une œillade de crooner, dans le style du studio Harcourt, le menton appuyé sur l’index, le pouce dressé le long de la joue, montre d’aviateur au poignet, mèche rebelle, col de chemise largement ouvert au-dessus de la veste à carreaux. Il exécutait une pantomime. Il nous parlait en silence. Quand il ouvrait la gueule jusqu’à se décrocher la mâchoire, on l’entendait presque pousser un ah ! comme chez le médecin. Page après page, il enchaînait ses numéros, avec son air tour à tour satisfait, entendu, étonné, farceur, narquois, vaguement strabique, grave ou alors habité, presque fou, limite inquiétant. »

L’avis de… Christine Marcandier (Diacritik)
« Christophe Boltanski est le romancier de vies réelles passées sous silence, des strates et documents qui gardent leurs traces. L’écrivain les exhume pour retrouver un récit souterrain et oublié pourtant articulé à la grande histoire et aux scansions sociales et politiques de nos présents. »

Vidéo


Christophe Boltanski présente «les vies de Jacob». © Production Librairie Mollat

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