L’art du dressage

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Finaliste du Prix Orange du Livre 2023

En deux mots
Marceau est amateur de maquettes d’avions de combat. À ses enfants, il veut inculquer la discipline militaire, les valeurs d’ordre et de discipline. Son fils Gilles va commencer par le suivre sur cette voie avant de bifurquer. Mais quand il rencontre Nour, sa future épouse et mère de son enfant, il va retrouver L’art du dressage.

Ma note
★★★ (bien aimé)

Ma chronique

Il va falloir resserrer la longe, tirer sur les rênes

Le second roman de Christel Périssé-Nasr décrit les ravages que peut provoquer une éducation virile. Sous couvert de passion, un père va inculquer à ses fils des principes qui finiront par les perdre.

C’est d’abord une histoire de passion. Celle de Marceau pour l’aéronautique qu’il traduit en mettant beaucoup de soin à sa collection de maquettes. Il est en particulier fier des avions de la Seconde Guerre mondiale, comme ces Junkers avec lesquels Hitler ambitionnait de s’imposer sur tous les champs de bataille.
Une passion qu’il transmet à son fils, qui ne peut intégrer l’armée, car il a perdu un œil. Il poursuivra donc son œuvre, tandis que Gilles, son second enfant, portera l’uniforme. Lorsque ce dernier accepte d’intégrer un collège militaire, il se dit que son éducation a payé. Mais à la fois le bizutage et les idées qui règnent du côté de Saint-Cyr auront raison de sa bonne volonté. Gilles jette l’éponge et entend oublier les militaires. Il va choisir de faire son service comme coopérant en Afrique. Puis croise Nour et décide rapidement d’en faire la femme de sa vie. Tandis que le couple s’installe et que la famille s’agrandit avec la naissance d’une fille, Mais tout aussi rapidement, les ennuis commencent et l’orage gronde. Alors Gilles et Nour se séparent, provoquant l’incompréhension d’un mari qui aura su grimper les échelons jusqu’à ce statut social qui lui est dû et qui devrait faire l’admiration de son épouse. C’est du moins ce qu’il pense. Mais peut-être lui a-t-il laissé trop de liberté, oubliant de serrer les rênes.
C’est ce système que dénonce subtilement ce livre. En s’appuyant sur les petites manies et les grands principes, la représentation du pouvoir et la domination des grands mâles. Ici tout tient dans les habitudes et les gestes sournois plutôt que dans les démonstrations de force. Pour être pernicieuse, la violence n’en est pas moins réelle.
Ce roman sur l’emprise, celle du père sur ses fils, celle du mari sur son épouse, pose aussi la question du statut de l’homme, bousculé dans sa virilité. On le sent ici fragilisé et déstabilisé. Alors il répond par la force et par le mépris. Un conte glaçant qui démontre combien le chemin vers une relation équilibrée et apaisée est encore long.

L’art du dressage
Christel Périssé-Nasr
Éditions du sonneur
Second roman
256 p., 00 €
EAN 9782373852707
Paru le 12/01/2023

Ce qu’en dit l’éditeur
Trop jeune pour avoir connu la Seconde Guerre mondiale, trop âgé pour avoir « fait l’Algérie », Marceau inculque les vertus de la chose militaire à ses fils. Ensemble, on fantasme des combats épiques mais on tue des petits animaux, on rêve de panache mais on soumet des enfants ; quant à la guerre, on ne la fait plus que sur des maquettes de petits garçons…
Authentique conte moral contemporain, L’Art du dressage ausculte les affres familiales tout en sondant les présupposés d’une inaccessible masculinité.

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Revue Etudes (Antoine Corman)
Ouest-France (Amandine Clévarec)
Blog de Marc Villemain
Blog Joellebooks

Les premières pages du livre
« L’avion Ju 87 trône sur une étagère de la chambre. Derrière lui, vingt-quatre de ses congénères sont alignés au garde-à-vous. Religieusement époussetés chaque semaine, ils pointent leur nez vers la fenêtre. Leur propriétaire en est fier, ce sont des répliques presque parfaites. Leurs détails si authentiques, si savamment reconstitués donnent une certaine tenue à la chambre, rappellent l’Histoire, son grand H. Le Ju 87 est à la même échelle que les autres, mais incontestablement supérieur. Il n’est qu’à contempler ses deux canons BK 37 fixés en gondole sous ses ailes, dérivés du canon antiaérien Flak 18, de calibre identique. Avec cet équipement, la merveille est surnommée Kanonenvogel. L’oiseau-canon. Une splendeur. Blindage amélioré en 1943 avec pour objectif de dézinguer les chars russes directement sur les champs de bataille. L’oiseau pouvait enfourner dans son ventre quatre bombes de cinquante kilos. Il faut imaginer la prouesse que cela représente à l’époque. Il faut imaginer le plein de la guerre et ces oiseaux-là dans le ciel de 1943. La guerre aérienne est une tueuse de premier ordre. Par exemple, fin juillet, les Britanniques bombardent Hambourg et massacrent quarante-deux mille civils en quelques jours. On peut tenter une reconstitution mentale en visualisant des statuettes : une statuette pour un civil tué, une deuxième pour deux civils tués, une troisième pour trois civils tués, etc. On n’ira pas loin. Jusqu’à quelques dizaines tout au plus, puis on perdra la représentation. On reprendra l’exercice d’un bloc, en convoquant directement quelques centaines de statuettes. On ne les voit plus une à une, mais ça tient dans l’esprit, quelques centaines de statuettes. Il y a une forme qui ressemble à cela. On l’appelle une armée. Mais quarante-deux mille, jamais. Quarante-deux mille humains, c’est irreprésentable. Cette extraordinaire donnée de 1943 – les avions de guerre sachant tuer quarante-deux mille personnes en quelques jours – fascine. La fascination, qui signifie « irrésistible séduction », est un terme qui a de très beaux synonymes. Le plus intense est l’envoûtement. Il a des relents vaudou, de la poudre magique, on perd la tête, on rêve. On y revient ; on se documente, on collecte. On dispose sur une étagère l’objet de l’envoûtement, on chérit sa passion. Le B-17 américain côtoie le Lancaster de la Royal Air Force, ce Lancaster qui fut lui aussi à l’œuvre dans le ciel de Hambourg en 1943. Ils sont tous dépoussiérés chaque semaine avec des égards sacrés, mais le Kanonenvogel, lui, suscite un envoûtement particulier : c’est l’oiseau-canon du Führer. C’est son petit nom pour les habitués, parce que son nom entier est Junkers. Une sorte de nom de famille, partagé par de nombreux modèles perfectionnés au fil de la tuerie. De massacre en massacre, l’industrie – ô envoûtement intense ! – du fer et du feu innove et optimise ses bijoux. Elle a donné à ce Junkers-là Gustav comme prénom. Il faut le prononcer à l’allemande pour en goûter la douceur et le feulement. La tête de son hélice avant, affublée de ce prénom qui fait dans le lointain résonner des symphonies, deviendrait presque un nez. On trouve qu’il a une gueule quand même, ce Gustav, une bonne gueule. On le décale sur l’étagère. Gustav. On l’aime, celui-là. On peut le dire, c’est de l’amour.

À dix-huit ans, le collectionneur envoûté décide d’intégrer l’armée française. Il n’est pas gourmand : première classe sera déjà un honneur. Il remplit un formulaire. Il y est honnête, conscient que c’est dans un espace sacré qu’il souhaite pénétrer. Un espace où l’on entre nu et humble. Il ne cache pas qu’il est aveugle d’un œil depuis la naissance. Un œil suffit amplement pour vivre, conduire, aller au cinéma, nager dans la mer, manger des spaghettis, coller des maquettes très délicates et très réalistes. Il les a toutes, les maquettes, elles sont exactes et patiemment constituées, et avec ça consciencieusement disposées sur l’une de ses étagères, toutes : le Ju 87H, le Ju 87K, le Ju 87D-1/To – ce dernier était une version navale torpilleur, finalement abandonnée, mais il en possède la maquette et a modélisé ce possible non advenu, il le note en bas du formulaire qu’il les a toutes, dans le blanc où il est autorisé à parler de lui avec quelque liberté. Il n’a pas pensé à prendre des photos, c’est vrai, un incendie, un vol et tout ce travail minutieux partirait en fumée, ces après-midi de concentration, ce rêve qui a pris forme sous ses mains, oiseaux-canons, danse du feu, symphonie des bombardiers, au rapport soldat, sa joie, sa jouissance, il va prendre des photos, on ne sait jamais, et les punaisera à la caserne. Il a hâte. Le collectionneur aime la vie, pas la mort, qu’on ne s’y trompe pas, c’est justement sa vie qu’il vient d’inscrire dans les cases du formulaire, son désir et la projection de son devenir. Mais le collectionneur n’a qu’un œil, et pour entrer dans le corps sacré, il en faut deux. C’est ainsi. C’est le réel. Parfois le réel affiche quarante-deux mille civils et nous laisse le soin de nous représenter à loisir les tombes, les champs – combien d’hectares de champs faut-il pour ensevelir ce chiffre, et combien de milliers de litres de larmes, combien de lacs, de zéros au nombre des douleurs ? Parfois le réel affiche quarante-deux mille et parfois il affiche deux, comme deux yeux. Mais bravo pour les Junkers, clin d’œil, on se comprend, j’ai les mêmes à la maison, en revanche pour l’enrôlement, c’est non, au revoir loufiat, il te reste les vaisseaux imaginaires, le cinéma, le ressentiment. Le corps sacré rejette le collectionneur, qui n’est pas une machine parfaite. Les honneurs ne seront pas pour lui, l’uniforme non plus, le clairon ne sonnera pas dans sa cour, le lit au carré, tintin, et le fusil d’assaut, c’est mort.

Le collectionneur a restreint sa jeune vie aux quelques mètres qui séparent son étagère-aux-avions de son bureau. L’espace des obsessions est aussi celui qui abrite les possibles. Il dessine. Et de dessin en dessin, de maquette en maquette, une idée lui vient. Il s’intéresse aux ratés, aux déchets. À celui en particulier qui s’appelle l’Inflatoplane. Un avion expérimental et gonflable, américain, des années 1950, sorte de bouée des airs, amusante en temps de paix, mais parfaitement inutile en temps de guerre, puisqu’une simple flèche suffit à le dégonfler en plein vol. Le collectionneur, touché par les machines qui, pour cause de déficience technique, sont disqualifiées par l’armée, jette donc son dévolu sur l’Inflatoplane : cet avion n’est pas une simple et ridicule tentative datée, c’est la voie de son salut. Il se met en tête de réparer au moins une injustice en ce monde. Et décide de perfectionner l’Inflatoplane, d’en déposer le brevet, d’être courtisé par les industries d’armement, de devenir puissant, de venger son œil aveugle, d’être enfin un homme. Et puisqu’il n’aura, sa vie durant, participé à aucun combat, vibré d’aucune adrénaline mercenaire, au moins aura-t-il survolé, grâce à son invention, les plus belles boucheries du monde. Il dessine donc une manière de coque articulée, façon armure du Moyen Âge, repliée sur elle-même tel un éventail fermé, mais qui se déploie sous la pression de l’air jusqu’à former une coque rigide, sorte de suppositoire, qui se cadenasse autour du cockpit gonflable. Les flèches peuvent pleuvoir, l’Inflatoplane est désormais increvable. Il ajoute à cet incroyable tacot deux ailerons déclipsables d’un simple geste d’urgence. Si bien qu’en cas d’amerrissage forcé, les ailerons décrochent l’armure qui s’éjecte au loin, et alors l’Inflatoplane flotte, majestueux cygne noir au bec de feu, comme une bouée sur la mer. Le collectionneur dépose son brevet rapidement, craignant du fond de sa chambre qu’un œil intéressé, russe possiblement, n’observe avec appétit sa petite cuisine. Il s’acquitte du prix qu’il faut pour protéger son œuvre et attend que son invention soit convoitée par le monde entier. Le temps file. Aucune proposition ne lui parvient. Il passe alors à la phase maquette. Les plans ne suffisent pas, ces gens ne savent pas imaginer, il leur faut une modélisation de la machine, une preuve par l’objet miniature. Cette étape est moins évidente qu’il n’y paraît. Il bricole un engin qui ressemble à un mauvais jouet et trépigne au cours de pathétiques soirées qui ne mènent à rien de probant. C’est un prototype qu’il lui faut, construit par des professionnels dans un lieu professionnel. Or le collectionneur est verni. Comme les familles sont bien faites et qu’elles obéissent souvent aux mêmes obsessions, il a ce qu’il lui faut sous la main : un frère aîné, Gilles.

Deux années séparent le collectionneur de Gilles, ainsi que de nombreux points de moyenne générale en classe. C’est donc à l’aîné qu’est dévolu le soin d’entrer à l’école militaire. Le jour de leur naissance, Marceau, leur père, a passé à chacun de ses fils un cordon au travers de la main droite et un autre au travers de la main gauche. Après la période de cicatrisation, les cordelettes, quoique fines au point de devenir invisibles à l’œil nu, solidarisées qu’elles sont avec la chair, deviennent une composante pour ainsi dire naturelle des corps. Ainsi papa Marceau indique-t-il à ses fils quelques menues orientations, aussi simplement qu’on invite un cheval à prendre à droite ou à gauche en lui caressant les rênes ou la longe. À la veille de l’entrée de Gilles en classe de seconde, Marceau lui fait une proposition. Fils, tu as deux ans de plus que le collectionneur, mais tu as surtout une bien meilleure moyenne. Tu ne collectionnes pas les avions de chasse, ni les tanks, ni les porte-avions, ta passion sans doute est moins vive, mais tu goûtes les films de guerre, surtout les américains, que tu regardes chaque soir jusqu’après minuit sans jamais en louper un, et tu es mon fils, fils. Tu sais que je porte dans la poche de ma chemisette, celle qui est du côté du cœur, la carte d’ancien combattant de ton grand-père. Bien sûr je projette de la brandir devant tout agent de police ou de gendarmerie qui souhaiterait m’aligner comme un vulgaire pékin. Je la brandirai sous son nez en disant voyez qui je suis, voyez dans quelles contrées familiales j’ai galopé, sous quel soleil mon propre père a cuit, dans quelle tourmente il a fait ses classes, ne reculant jamais devant un ennemi pourtant féroce. Regardez la date de sa mort. Ton grand-père faisait partie du corps de l’armée de l’air, Gilles, de ce grand corps volant et sacré. Je garde sa carte sur mon cœur, je suis le fils de cet homme avant d’être moi-même, et quand d’autres ont lu tous les livres, moi j’ai loupé toutes les guerres. Bébé d’après la Seconde Guerre mondiale, trop jeune pour Alger. Mal né. Mais je suis père d’un collectionneur qui aligne obsessionnellement des avions de chasse sur une étagère, et j’ai un Gilles qui va me répondre, oui papa, je veux bien, si c’est ainsi qu’il faut être ton fils, je veux bien intégrer une école militaire. À peine Marceau caresse-t-il la longe qu’elle vibre toute seule dans la brise familiale. Ainsi va l’éternité, qu’on recherche bêtement dans la continuation d’un seul individu, quand elle se duplique simplement, mécaniquement, d’un individu à l’autre.
Marceau tapote le tabouret à côté de lui, assieds-toi là, fils aimant. Je sens en toi le goût de la force et des chants militaires. »

Extrait
« Nour veut perdurer dans la corbeille dorée que lui a offerte son papa, ne pas trimer comme nous, n’est-ce pas ? Offre-le lui, ce confort. Tu la tiens par la pelote et on lui pliera doucement l’échine. Elle apprendra à compenser son petit temps et son petit silence, à te les payer au prix fort. Tu l’auras, ta servante. »

À propos de l’auteur
PERISSE-NASR_Christel_DRChristelle Périssé-Nasr © Photo DR – Ouest-France

Christel Périssé-Nasr vit à Nantes, où elle anime des ateliers d’écriture et des formations. Elle a publié un premier roman aux Éditions Rivages, Il n’y a pas de grand soir (2012). (Source: Éditions du Sonneur)

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Eloge de la séduction

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En deux mots:
Voilà des décennies que le machisme ordinaire fait des ravages, avec en point d’orgue, la suite des affaires #MeToo. Désormais, les relations hommes-femmes ressemblent à une guerre de tranchées. Alors, le temps est venu de demander conseil à Casanova pour retrouver une générosité complice, à égalité.

Ma note:
★★★★ (j’ai adoré)

Ma chronique:

Savoir aimer

Un essai revigorant et riche pour bien commencer 2022. Avec David Medioni, qui veut redonner ses lettres de noblesse à la séduction, je vous souhaite la plus belle des années 2022, sous le signe de la générosité, de la fraternité et de l’égalité.

«Et si, au fond, la séduction et l’érotisme tels que nous les entendons n’étaient rien d’autre qu’une générosité complice où l’on donne autant que l’on reçoit, où l’on partage et où l’on ouvre l’ensemble de ses sens? Pour ressentir ensemble.» C’est la thèse défendue par David Medioni qui, après Être en train, nous offre cet essai qui fait le constat d’un dérangement des relations entre hommes et femmes qui soit se joue sur le rôle agressif, chacun des sexes défendant son pré carré et s’arc-boutant sur ses conquêtes, soit sur un nouvel ordre amoureux qui donne aux femmes, après #MeToo, le rôle de juge des règles autorisées en matière de séduction. Ce qui pour l’hétérosexuel commun est plutôt paralysant. Et ne parlons pas de la crise sanitaire venue compliquer encore davantage les choses.
Le constat ne date pourtant pas d’hier. Déjà, il y a des décennies on vilipendait Romain Gary lorsqu’il affirmait que «le drame des hommes et des femmes, en dehors des situations d’amour, en dehors des situations d’attachement profond, est une sorte d’absence de fraternité. Tout cela est dû à des siècles et des siècles de préjugés qui font que l’homme doit conserver son image virile et supérieure, la femme son image féminine, douce et soumise et que finalement, l’égalité dans l’explication franche, ouverte et libre (y compris dans les questions sexuelles) est un tabou.»
En critiquant cette «intoxication, cette infection virile» qui n’a que très peu de rapports authentiques avec la virilité ou ce qu’elle est réellement, le romancier était dans le vrai. On ne l’a pas écouté. Alors David Medioni, qui cherche à «tracer les lignes d’une masculinité pour le XXIe siècle a l’idée de partir pour Venise afin d’y rencontrer un maître en matière de séduction, le grand Casanova. Et le miracle se produit, assis dans une trattoria, il peut deviser avec l’auteur d’Histoire de ma vie, manuel inspirant pour tout séducteur et lui exposer son projet, «réinventer l’homme, pris dans un étau entre la performance patriarcale qui incombe – qu’on le veuille ou non – à chacun des hommes, et le nécessaire accueil des femmes dans l’égalité, C’est maintenant. Ou jamais.»
Après un instant de sidération devant l’état des relations entre hommes et femmes aujourd’hui, le Vénitien ne tarde pas à reprendre la main et à donner raison à son interlocuteur, fervent amateur du badinage et même de l’amour galant. Car il s’agit bien plus d’avancer ensemble, de se découvrir dans un respect mutuel que de conquérir. La séduction n’est pas une bataille, mais un subtil besoin de découvrir l’autre, quitte à se découvrir soi-même. Reste la délicate question de la sexualité. Que David et son interlocuteur cernent, notamment avec les femmes et les réflexions de Belinda Cannone Belinda, Amandine Dhée, Anne Dufourmantelle ou encore Delphine Horvilleur (voir à ce propos la bibliographie éclairante ci-dessous).
«Recentrons nous. Ce que j’avançais était qu’en plus de se transformer en érotisme au moment où elle entre dans le champ charnel, la séduction mute aussi en une curiosité complice et égalitaire des deux êtres humains concernés. Toujours entre deux partenaires de jeux. C’est ainsi que la sexualité érotique, faite de séduction, de complicité et d’égalité, est peut-être le plus grand champ des possibles qui soit et, par la même occasion, un terreau fertile d’élaboration d’un nouvel ordre social où l’homme et la femme, suite aux jeux qu’ils ont explorés et auxquels ils ont gagné ensemble, trônent désormais sur le pied d’égalité le plus parfait.»
Joli programme pour 2022!
Je vous souhaite à tous qui me faites l’honneur de me lire, de pouvoir partager la même émotion que Maria Casarès s’adressant à Albert Camus: «nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes reconnus, nous nous sommes abandonnés l’un à l’autre, nous avons réussi un amour brûlant de cristal pur, te rends-tu compte de notre bonheur et de ce qui nous a été donné?»

Bibliographie proposée par l’auteur
Breton André, L’Amour fou, Paris, Gallimard, 1937. Camus Albert, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2008.
Camus Albert, Casarès Maria, Correspondance (1944-1959), Paris, Gallimard, 2017.
Cannone Belinda, Petit éloge du désir, Paris, Gallimard, 2013.
Cannone Belinda, S’émerveiller, Paris, Stock, 2017.
Cannone Belinda, Le Nouveau Nom de l’amour, Paris, Stock, 2020.
Casanova Jacques, Histoire de ma vie, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2015.
Char René, La Parole en archipel, Paris, Gallimard, 1962.
De Luca Erri, Impossible, Paris, Gallimard, 2020.
Dhée Amandine, À mains nues, Bègles, Le Castor Astral, 2020.
Dufourmantelle Anne, Blind date. Sexe et philosophie, Paris, Calmann-Lévy, 2003.
Dufourmantelle Anne, Éloge du risque, Paris, Payot et Rivages, 2011.
Dufourmantelle Anne, Puissance de la douceur, Paris, Payot et Rivages, 2013.
Emmanuelle Camille, Sexpowerment. Quand le sexe libère la femme et l’homme, Paris, Anne Carrière, 2016.
Flem Lydia, Casanova, l’homme qui aimait vraiment les femmes, Paris, Seuil, 2011.
Horvilleur Delphine, En tenue d’Ève. Féminin, pudeur et judaïsme, Paris, Grasset, 2013.
Kundera Milan, L’Insoutenable Légèreté de l’être, Paris, Gallimard, 1984.
Le Tellier Hervé, Assez parlé d’amour, Paris, JC Lattès, 2009.
Lipovetsky Gilles, Plaire et toucher. Essai sur la société de séduction, Paris, Gallimard, 2017.
Marcuse Herbert, Éros et civilisation, Paris, Minuit, 1955.
Mitterrand François, Lettres à Anne (1962-1995), Paris, Gallimard, 2016.
Nin Anaïs, La Séduction du Minotaure, Paris, Stock, 1958.
Nin Anaïs, Vénus Erotica, Paris, Le Livre de Poche, 1978.
Page Martin, Au-delà de la pénétration, Paris, Le Nouvel Attila, 2019.
Pépin Charles, La Rencontre. Une philosophie, Paris, Allary, 2021.
Sapienza Goliarda, L’Art de la joie, Paris, Viviane Hamy, 2005.
Sollers Philippe, Casanova l’admirable, Paris, Plon, 1998.
Thomas Chantal, Casanova. Un voyage libertin, Paris, Denoël, 1985,
Zeldin Théodore, De la conversation. Comment parler peut changer votre vie, Paris, Fayard, 2013.
Toute l’œuvre de Romain Gary, publiée chez Gallimard.

Éloge de la séduction
David Medioni
Éditions de L’Aube
Essai
160 p., 17 €
EAN 9782815943840
Paru le 3/12/2022

Ce qu’en dit l’éditeur
« Je vous écris de chez ces hommes qui se sont mis à douter, à s’interroger et à se dire qu’un changement était souhaitable. Je vous écris de chez ces hommes qui s’étonnèrent qu’aucun d’entre eux ne vienne prendre la parole et porter une voix aux côtés des femmes qui révélaient alors ce qu’elles avaient subi ou subissaient encore. Je vous écris de chez ces hommes qui exprimèrent alors la volonté et l’envie de se battre ensemble, femmes et hommes. Pour inventer du nouveau. […] Par où commencer ce que l’on pourrait appeler un chemin de désir, une construction intime, voire la création d’un “mâle” ? »
Dans ce vif essai, David Medioni déconstruit la virilité, brosse les contours d’une séduction égalitaire entre les sexes et rêve de générosité.

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Goodbook.fr

Les premières pages du livre
« Introduction
Lettre d’un homme un peu perdu
Je suis un homme hétérosexuel de 41 ans. Je vous écris de chez les lourds, les porcs, les connards, les dragueurs, les manspreaders, les harceleurs, les lâches, les qui « ne rappellent pas après une nuit de sexe », les qui ne se « rendent même pas compte que leur conception du monde est profondément machiste et genrée », les mariés qui cachent leurs alliances, les visionneurs de YouPorn, les peine-à-jouir, les deux minutes douche comprise, les qui « s’endorment après l’amour », les « qui se barrent au milieu de la nuit », les qui « ont fait des listes de leurs nanas avec les copains », les qui ne voient pas bien pourquoi c’est choquant de tenir la porte à une femme ou de lui proposer de porter sa valise, les qui ne trouvent pas choquant de dire « Mademoiselle » à une femme qui n’est pas mariée, les qui ont enterré leur vie de garçon avec une strip-teaseuse… Je vous écris de chez les hommes. De chez ces collabos du patriarcat qui oppresse les femmes. De chez ces hommes dont il ne faut plus « lire les livres », « regarder les films », « écouter les chansons », et qu’il conviendrait de « détester », voire « d’éliminer ».

Ça ne fait pas rêver. Et pourtant, convenons-en, si la barque est aussi chargée, c’est bien que quelque chose cloche. Profondément, intensément, structurellement. Un portrait ne peut pas être aussi négatif sans être basé sur des faits tangibles, sur un ras-le-bol, sur une souffrance intense, sur une forme de sentiment d’impuissance face au mur du patriarcat tellement consubstantiel à notre société que l’on ne le voit plus. Ce portrait, celui que certaines font des hommes, est légitime, nécessaire, mérité parfois, indispensable pour réinventer nos rapports. Pour qu’ils soient plus égalitaires, plus universels. Et pourtant, faut-il qu’il soit aussi violent, aussi peu nuancé, aussi à charge ?

Je vous écris aussi de chez les hommes qui ont ressenti un profond sentiment de sidération devant l’ampleur de la libération de la parole qu’a été le mouvement #MeToo. Dans cette sidération, il y avait à la fois le sentiment d’avoir peut-être été un jour le « porc » en étant un peu trop insistant dans la drague ; il y avait aussi le sentiment d’avoir été sourd, aveugle, et d’avoir profité allègrement et inconsciemment d’un privilège uniquement basé sur le sexe. Il y avait également l’interrogation de savoir si nos mères, nos femmes, nos sœurs, nos filles étaient elles aussi victimes de tout ce que #MeToo révélait. Je vous écris de chez ces hommes qui se sont mis à douter, à s’interroger et à se dire qu’un changement était souhaitable. Je vous écris de chez ces hommes qui s’étonnèrent qu’aucun d’entre eux ne vienne prendre la parole et porter une voix aux côtés des femmes qui révélaient alors ce qu’elles avaient subi ou subissaient encore. Je vous écris de chez ces hommes qui exprimèrent alors la volonté et l’envie de se battre ensemble, femmes et hommes. Pour inventer du nouveau. Je vous écris de chez ces hommes qui pensent qu’il faut encourager les colleuses d’affiches qui rappellent le massacre dont sont victimes les femmes, et qu’il convient aussi de ne plus jamais taire cette violence et lutter contre ceux qui voudraient le faire.
Je vous écris de chez ces hommes qui ont sincèrement cru que la déflagration serait telle qu’elle nous amènerait – collectivement – à construire de concert. Mais ce ne fut pas le cas. Les hommes ne furent globalement pas au rendez-vous. Se terrant dans le silence, se demandant comment agir, ou pis, critiquant la façon dont la parole s’exprimait. Puis, les fronts se divisèrent. Pour ou contre le « droit d’importuner ». Tu ne peux pas parler, toi, « actrice bourgeoise » tu es « has-been », tu marques un but contre ton camp. Tu en as bien profité de l’époque, alors ne « viens pas maintenant salir notre combat et ce pourquoi nous nous battons ». Et toi, l’homme, tu restes un ennemi. Tu continues de nous oppresser, de ne pas comprendre, de nous payer 25 % de moins à compétences égales. Tu continues de ne pas vouloir que nous puissions accéder à la même visibilité dans l’espace public. Tu nous infliges des Polanski, des Darmanin, des « Ligue du LOL », etc. Tu nous agaces avec ton male gaze ou tes porte-parole « masculinistes » qui viennent nous expliquer que nous sommes en train de vous « castrer ».

Je vous écris de chez les hommes qui ont vu ce débat passer d’un mouvement de société puissant, joyeux, nécessaire, indispensable, salutaire – pour les hommes comme pour les femmes – à une guerre de tranchées. Celle des féministes pro-sexe contre les autres, celles des intersectionnelles essentialistes contre les universalistes et celle, surtout, des femmes contre les hommes, alors tous mis dans le même sac.

C’est ainsi que nous en sommes arrivés à voir un homme barbu demander à un animateur télé qui lui donnait du « Monsieur » : « qui vous dit que je suis un homme ? ». C’est ainsi que l’on en est venu à lire des chroniques intitulées, dans des médias sérieux, « L’hétérosexualité est dangereuse1 », à voir émerger des « lieux de débats ou des médias qui s’affirment non mixtes », ouverts seulement aux femmes. C’est ainsi que lors d’un débat nauséabond sur la possibilité ou non d’adopter ou d’avoir des enfants pour un couple de lesbiennes on a pu entendre les propos suivants : « j’aimerais que l’on revienne sur la question de la référence paternelle. On peut arrêter deux minutes avec ça ? J’aimerais que l’on m’explique pourquoi il faut avoir une référence paternelle. Vous voulez faire sortir un peu des études sur le rôle des pères dans la société dans le monde entier ? Moi, j’attends hein, parce que personnellement, en tant que femme, ne pas avoir de mari m’expose plutôt à ne pas être violée, à ne pas être tuée, à ne pas être tabassée, et ça évite que mes enfants le soient aussi. » Ces mots sont terribles, caricaturaux certainement. Certes, ils viennent contredire des propos lamentables sur le fait que sans père, un enfant ne pourrait pas grandir normalement – les exemples inverses sont légion et ce n’est pas exactement le débat ici –, mais en les écoutant et en les réécoutant, une chose frappe : pourquoi ce ton guerrier, martial, péremptoire et définitif ?

Des mots et une tonalité qui font désormais partie de tout un discours militant qui n’a qu’un seul objectif : faire émerger un affrontement. Sinon, pourquoi n’est-il pas rare d’entendre des appels à l’élimination des hommes ? Pourquoi n’est-il pas rare de lire que l’imaginaire des hommes aurait conquis l’esprit des femmes ? »

Extraits
« Esprit de séduction et esprit critique, voilà deux outils que Casanova possède et qui nous seront certainement utiles pour interroger tous les dogmatismes d’aujourd’hui. Ils seront aussi un moyen pour tracer les lignes d’une masculinité pour le XXIe siècle, qui peut peut-être s’inspirer de la masculinité «casanovienne». Loin des schémas de la virilité de vestiaire, mais aussi loin des caricatures de l’homme comme ennemi. «Il faut réinventer l’amour», scandait Rimbaud. En le paraphrasant, disons qu’aujourd’hui, il faut réinventer l’homme, pris dans un étau entre la performance patriarcale qui incombe – qu’on le veuille ou non – à chacun des hommes, et le nécessaire accueil des femmes dans l’égalité, C’est maintenant. Ou jamais.
Et en général, pour se réinventer, il faut revenir aux racines. Non pas aux racines romaines, mais aux racines vénitiennes. Aux racines qui viennent du passé mais tendent clairement vers l’avenir.
Entre donc ici Casanova, avec ton cortège de mots, de sens, d’aventures. » p. 29

« le drame des hommes et des femmes, en dehors des situations d’amour, en dehors des situations d’attachement profond, est une sorte d’absence de fraternité. Tout cela est dû à des siècles et des siècles de préjugés qui font que l’homme doit conserver son image virile et supérieure, la femme son image féminine, douce et soumise et que finalement, l’égalité dans l’explication franche, ouverte et libre (y compris dans les questions sexuelles) est un tabou. Au moment de la parution du livre, Romain Gary est vilipendé. On l’accuse même de porter atteinte à la virilité des hommes et de vouloir mettre à mal l’ordre social. Chancel lui en parle. Il précise encore sa pensée. “Je ne critique pas l’homme, je critique deux mille ans de civilisation qui font peser sur l’homme une hypothèse de fausse virilité qui pèse sur la société et qui est catastrophique. Cette intoxication, cette infection virile, n’a que très peu de rapports authentiques avec la virilité ou ce qu’elle est réellement. » p. 44-45

« Recentrons nous. Ce que j’avançais était qu’en plus de se transformer en érotisme au moment où elle entre dans le champ charnel, la séduction mute aussi en une curiosité complice et égalitaire des deux êtres humains concernés. Toujours entre deux partenaires de jeux. C’est ainsi que la sexualité érotique, faite de séduction, de complicité et d’égalité, est peut-être le plus grand champ des possibles qui soit et, par la même occasion, un terreau fertile d’élaboration d’un nouvel ordre social où l’homme et la femme, suite aux jeux qu’ils ont explorés et auxquels ils ont gagné ensemble, trônent désormais sur le pied d’égalité le plus parfait. » p. 90

« Ovidie, si elle fait le procès de nos constructions érotiques et sexuelles, invite également chacune et chacun à l’interrogation et surtout à l’invention. Ainsi, elle rappelle aux hommes qu’il ne convient pas de « baiser tout seul », mais elle demande aussi aux femmes de s’interroger sur la façon dont leurs fantasmes sont construits. Surtout, ce qui est passionnant dans tous ces ouvrages, c’est qu’ils ne sont jamais normatifs et, au contraire, ouvrent un grand éventail de possibilités et de discussions. En liberté et en égalité. Dans une curiosité complice et égalitaire. Dans une forme de réhabilitation de l’idée même de générosité. Et si, au fond, la séduction et l’érotisme tels que nous les entendons n’étaient rien d’autre qu’une générosité complice où l’on donne autant que l’on reçoit, où l’on partage et où l’on ouvre l’ensemble de ses sens? Pour ressentir ensemble. Plus globalement, ce que viennent souligner avec intelligence et humour ces ouvrages, c’est que cette libération salutaire des mots doit entraîner une nouvelle donne. Une nouvelle donne dans les mœurs de nos sociétés encore plombées par des siècles de patriarcat. » p. 100-101

« Je les imagine toujours s’écrire des mots d’amour. Comme ceux d’une irradiante certitude de Maria Casarès à Albert Camus: « nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes reconnus, nous nous sommes abandonnés l’un à l’autre, nous avons réussi un amour brûlant de cristal pur, te rends-tu compte de notre bonheur et de ce qui nous a été donné? ». Camus et Casarès qui, eux aussi, choisissent la vie, la séduction, l’amour en parallèle. En addition. » p. 146

À propos de l’auteur
MEDIONI_David_©Anna_LailletDavid Medioni © Photo Anna Laillet

David Medioni est journaliste, fondateur et rédacteur en chef d’Ernest, qui lui a permis de rassembler ses deux passions, les livres et le journalisme. Celle des livres qu’il a cultivé très tôt en étant vendeur pendant ses études à la librairie la Griffe Noire. Après avoir bourlingué 13 ans durant dans les médias. À CB News, d’abord où il a rencontré Christian Blachas et appris son métier. Blachas lui a transmis deux mantras: «Ton sujet a l’air intéressant, mais c’est quoi ton titre?», et aussi: «Tu as vu qui aujourd’hui? Tu as des infos?». Le dernier mantra est plus festif: «Il y a toujours une bonne raison de faire un pot». David a également été rédacteur en chef d’Arrêt Sur images.net où il a aiguisé son sens de l’enquête, mais aussi l’approche économique du fonctionnement d’un média en ligne sur abonnement. (Source: Éditions de l’Aube / Ernest)

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